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L’Université de Copenhague présente un exceptionnel musée
médical fondé en 1906 situé, Frederiksstaden, dans les locaux anciens de
l’Académie Royale de Chirurgie inaugurés en 1787.
Dans le cadre très intéressant de ce bâtiment toujours 18ème (escaliers et
sols en bois d’époque), on est impressionné tout d’abord par un remarquable
amphithéâtre, naturellement toujours en fonction.
Les pièces des collections du musée très bien exposées font partie d’un
ensemble particulièrement riche. Parmi celles-ci nous avons retenu le jour
de notre visite quelques éléments suivants en dehors d’une exposition
temporaire de qualité.
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Table d’accouchement 18ème |
Coffret d’amputation |
Appareil d’épuration d’air, Prague |
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Rare modèle anatomique avec injections vaisseaux |
Une belle et grande vitrine 1800 nous rappelle que ce musée existe depuis
longue date.
La reconstitution de l’exceptionnelle pharmacie fin 18ème est certainement
une pièce maitresse de ce musée.
Mais c’est sans oublier la visite de la reconstitution de deux cabinets
dentaires au deuxième étage. Attention, non ouverts aux visiteurs, ils ne
sont visitables que sur demande. Insistez à l’accueil pour y avoir accès car
ils en valent vraiment la peine.
PREMIER CABINET, vers 1890
Le premier cabinet est datable des années 1890. Dés l’entrée nous remarquons
un grand poêle typiquement danois indispensable pour chauffer la pièce. Au
centre un rare fauteuil dentaire de O.C. White et O’hara, vers 1876, en fonte
à pattes de lion, recouvert de velours rouge, avec son mécanisme d’élévation
par vis et manivelle. Ce modèle sera amélioré dés 1878 par S.S.White avec un
système mécanisé à pédale levier et à sustentation hydrostatique pour
devenir en 1879, avec son marchepied ajustable, le fameux « Pedal lever
chair » de S.S.White qui connu un succès considérable. Ce fauteuil
précurseur est l’unique exemplaire connu.
Sa têtière est multi fonctions avec repose main. Un astucieux système
mécanique permet la bascule du dossier adaptable. Une tablette mobile en
noyer avec opaline sur bras articulé compensé est équipée d’un réflecteur à
optique électrique de Telschow adaptable, sans oublier une petite lampe à
alcool. Il va sans dire qu’en réalité le fauteuil devrait être orienté face
à la lumière de la fenêtre
On trouve à son coté un grand crachoir colonne et son porte verre, vers 1880,
avec sa réserve d’eau à pompe sans branchement sanitaire. Le grand seau
qu’il contenait pour récupérer les eaux usées était prévu pour n’être vidé
qu’une fois par jour ! Le tour à pédale de Morrison est un des rares
premiers modèles des années 1880 avec courroie d’entrainement métallique à
ouverture de remplacement (ici manquante). De l’autre coté de la pièce un
tour dentaire électrique, S.S.White motor stand outfit n°5 de 1901, avec sa
pédale de commande directe sur moteur. Bel ensemble d’une paire de
bouteilles de gaz narcotique NO², agrémenté d’une décoration fleurie typique
des années 1860.
Le cabinet est éclairé par un magnifique lustre quatre boules électrique
vers
1890, suspendu à une potence mobile permettant une adaptation parfaite de la
distribution de lumière.
Examinons l’exceptionnel meuble dentaire 1889 complètement sculpté de motifs
dentaires, dont une Sainte Apolline et une réplique du fameux tableau de
Gérard Dou de 1672 « Le Dentiste » du musée de Dresde. Les six autres têtes
devaient correspondre à des célébrités du monde dentaire d’alors. Deux
autres patients se font soigner sur les derniers fauteuils de l’époque
facilement reconnaissables : un Justus Ask et un Wilkerson. Remarquons la
présence de fleurs de pavot symbole de la « Narcotique ».
Un autre meuble se distingue par sa belle prestance : un American Cabinet
n°51 en acajou de la célèbre firme de Two Rivers.Wis.USA. Toujours d’une
excellente finition ergonomique avec son porte-fraise et supports pour
porte-empreinte (de 1882 jusque vers 1920). Un autre meuble lave-main en
placage de noyer vers 1880, sans branchement sanitaire, recevait sa réserve
d’eau par le haut et les eaux usées du lavabo, lors de sa bascule, passaient
dans un seau de récupération placé en dessous.
N’oublions pas aux murs une belle copie du tableau de Francesco Magiotto «
Il cavidenti » vers 1780, une lithographie de L.Boilly « Le baume d’acier »
ainsi qu’une rare gravure originale, d’après le tableau inversé de Jacob
Jordaens à Anvers, « Le martyre de Sainte Apolline ».
DEUXIÈME CABINET, vers 1910
Le deuxième cabinet nous entraine dans les années 1910. Au milieu, face à la
fenêtre, est présenté un fauteuil « New Simplex » produit par la firme Adam
Schneider de Berlin dés 1883. C’est un modèle complètement métallique,
simple avec une bascule du dossier, libéré par une pédale postérieure,
entrainant l’allongement du marchepied. Un système de vis à manivelle permet
la montée de l’assise. D’un prix modéré, d’une belle esthétique flambant
neuf avec ses liserés dorés, simple sans entretien, bien adaptable, léger
sans installation, toutes conditions pour en faire un fauteuil de choix pour
de nombreux praticiens européens Ce modèle rencontra un énorme succès et fut
copié par d’autres constructeurs. Le génial système d’immédiat ajustage de
la têtière d’un quart de tour avec repose main nous permet de penser qu’on
serait bien en présence d’un modèle produit par la firme allemande Biber.
Il est accompagné d’un crachoir sur pied, avec branchement sanitaire, type «
Clark A Single » avec repose verre, pompe à salive et jet d’eau de rinçage.
Ce modèle, vers 1900, était équipé d’une double vasque souvent colorée qui
semble manquer ici. Une tablette Aseptic de S.S.White métallique à deux
tiroirs, vers 1910, est supportée par un bras ajustable articulé. Au niveau
de la fenêtre on aperçoit un moteur boule électrique « Columbia » n°2 de
Ritter USA, vers 1910, avec son flexible de transmission, suspendu à une
potence mobile et contrebalancé par un contrepoids sur le câble
d’alimentation le long de la fenêtre.
Mais ce cabinet est équipé d’un très exceptionnel appareil de radiographie.
Cette installation fut réalisée autour de 1905 par les établissements Levring et Larsen de Copenhague.
L’alimentation d’un courant de ville continu ou alternatif est contrôlée par
un tableau régulateur en marbre probablement d’origine allemande de chez AEG
ou RGS (Reiniger, Gebbert, SChall à Erlangen), comme l’interrupteur turbine
à mercure suspendu par des ressorts à la base du tableau et destiné à
déclencher les multi ruptures de courant indispensables pour l’alimentation
de la bobine d’induction. Cette importante bobine de Ruhmkorff qui doit
produire des courants de l’ordre 60 000 à 80 000 volts ! d’une intensité de
10 à 15 mA , pesant sans doute une cinquantaine de kilos, est soutenue bien
haute par un support de bois contenant une masse de feuilles d’étain
(Etablissements Sanitas à Berlin). Cet élément complémentaire joue un rôle
de condensateur en réduisant les extra-courants pour une augmentation de la
capacité de la bobine d’induction. Les deux bornes d’étincelage de la bobine
sont directement reliées à deux longs rails très judicieusement placés au
plafond et isolés pour des raisons de sécurité afin d’alimenter le tube radiogène en évitant des accidents électriques tout en facilitant les
déplacements du statif porte-tube.
Deux rhéophores viennent alimenter les deux extrémités d’un tube à gaz de
Crookes, type focus radiogène à autorégulation électrochimique, vers 1905. Le
rayonnement est focalisé directement du tube qui est complètement enchâssé
dans un coffre en bois garni d’un lourd revêtement en plomb radio
protecteur, excepté le dessus resté libre pour le dégagement de chaleur. Le
statif en bois mobile sur roulettes est équilibré d’un contrepoids pour
permettre une manipulation aisée et stable du protège tube lourdement plombé
et du fragile tube radiogène.
C’est probablement la seule installation de ce type complète encore visible
en situation.
Sur le mur d’en face on trouve un tableau de distribution électrique de la
firme Ritter USA très moderne pour l’époque, vers 1915, malheureusement sans
ses éléments instrumentaux. Belle vitrine de rangement métallique Aseptic et
meuble lave main hygiénique vers 1900. Au fond du cabinet, sur un support «
White line princess cabinet » on reconnait un réservoir gazomètre nickelé de
12 gallons pour gaz anesthésique NO²
CONCLUSION et REMERCIEMENTS
Félicitations à l’Université de Copenhague de pouvoir encore nous exposer de
telles pièces exceptionnelles dans des lieux habités de si riches souvenirs
historiques. Merci pour votre accueil, pour cette chaleureuse visite et pour
ces deux remarquables cabinets dentaires.
CONDITIONS DE VISITE
Medical Museion
Bredgade 62
DK 1260 Copenhagen K
Tel : +45 3532 3800
Ouvert du Mardi au Vendredi de 10h à 16h.
Samedi et dimanche de 12h à 16h.
www.museion.ku.dk
CONSEILS
Juste à coté du Medical Museion se trouve le musée du Design Danois, musée
intéressant qui occupe en outre le bâtiment d’un ancien hôpital qui a
conservé toute sa structure (à voir).
Copenhague détient de nombreux musées très riches et d’une rare qualité
muséographique.
Un exemple pour l’Europe.
N’oubliez surtout pas le Musée National, absolument remarquable, d’où
provient cette
photo de la section Etrusque avec un bridge dentaire de contention feuille
d’or.
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Prothèse dentaire Etrusque 300-600 AC. Musée National de Copenhague |
Prothèse dentaire Grecque 500 AC. Musée National d’Athènes. |
Même époque, même technique ! Curieuses coïncidences. |
DOCUMENTATION PHOTOGRAPHIQUE DE L’ASPAD
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