Les thèses d’Ancien Régime sortent des combles

Héritière de la bibliothèque de l’ancienne Faculté de médecine de Paris, la BIU Santé conserve en ses murs certains documents et archives produits par cette institution, témoins précieux de la vie et du fonctionnement d’une faculté depuis la fin du Moyen Âge jusqu’à sa suppression à la Révolution française.

Parmi eux, la collection des thèses d’Ancien Régime est longtemps restée un trésor peu mis en valeur. Sa récente numérisation et sa mise en ligne dans la bibliothèque numérique Medic@ entendent remédier à cette anomalie.

Exceptionnelle, cette collection l’est entre autres par sa complétude. En effet, si on trouve des thèses d’Ancien Régime dans de nombreuses bibliothèques françaises[1], c’est, à notre connaissance, la seule collection qui comprend la suite ininterrompue de la production d’une seule et même faculté pendant près de trois siècles (début XVIsiècle – fin XVIIIe siècle). Les Commentaires de la Faculté de médecine[2] nous permettent de savoir qu’il se soutenait déjà des thèses en 1395. Sans doute cette pratique est-elle encore plus ancienne, la collection de la BIU Santé commence, elle, à la date (déjà très reculée) de 1539.

La plus ancienne thèse de médecine conservée à la BIU Santé, présidée par Jacques de Forment en 1539.

En fait de thèses, les documents parvenus jusqu’à nous peuvent paraître bien légers pour un œil contemporain : cinq paragraphes écrits en latins sur le recto d’une grande feuille ou plus tard sous la forme d’un livret de quatre ou huit pages (les thèses faisant plus d’une vingtaine de pages se comptent sur les doigts d’une main[3]). D’autres types de thèses ne faisaient pas du tout l’objet d’un texte imprimé et nous avons uniquement connaissance du sujet traité par l’intermédiaire de billets d’invitation conservés pour la période allant de 1730 à 1754, et par les mentions régulières faites de ces thèses dans les Commentaires à partir de 1576.

Il faut dire que l’exercice auquel les bacheliers étaient soumis – ou plutôt les exercices puisque un étudiant soutenait six ou sept thèses durant ces trois années en tant que bachelier à la Faculté – n’a rien à voir avec celui des thésards actuels. Pas de défense d’un travail personnel (les textes étaient souvent écrits par les présidents, parfois repris plus tard par d’autres bacheliers sous une autre présidence…), mais plutôt un exercice de rhétorique où durant plusieurs heures l’impétrant était soumis aux questions et contradictions des autres bacheliers et docteurs-régents de la Faculté. Dans de très rares cas, ces textes ont été traduits : on peut ainsi savoir, si «la situation de la colline de Meudon est aussi salutaire qu’elle est agréable» ou si «la méthode d’Hippocrate est le plus certaine, la plus seure & la plus excellente de toutes à guarir les maladies» sans nécessairement entendre le latin.

Portrait de Hyacinthe-Théodore Baron (1707-1787) ouvrant le premier volume de la collection des thèses

Aucun règlement n’imposait aux facultés de conserver ces documents, ce qui explique que bon nombre d’entre eux ait disparu. Si la BIU Santé conserve une collection aussi importante, c’est grâce à l’intérêt personnel de deux doyens de la Faculté de médecine, Hyacinthe Théodore Baron père (1686-1758) et fils (1707-1787) pour ces travaux[4]. Ils ont réuni les thèses qu’ils ont trouvées, ont fait recopier celles qui manquaient et ont organisé la collecte systématique des thèses sous leurs décanats. Un catalogue imprimé a été rédigé à la suite de cette collation. Leurs successeurs ont poursuivi cette collecte jusqu’en 1778. Les thèses les plus tardives ont été rassemblées par Noé Legrand, bibliothécaire de la faculté de médecine au début du XXe siècle, en un volume dans lequel ont été insérées des pages blanches pour représenter les thèses qu’il savait avoir été soutenues mais dont nous n’avions pas d’exemplaire. En 2015, un don de la bibliothèque de médecine et de pharmacie de Bordeaux nous a permis de compléter en partie ces lacunes[5].

Ce sont ainsi près de 4 000 thèses et billets d’invitation, de 1539 jusqu’en 1793, qui ont été regroupés, reliés en 26 volumes (9 volumes in-folio, 17 in-quarto). On trouve aussi dans la collection quelques thèses soutenues dans des facultés de province (Montpellier, Reims…), ainsi que des pièces relatives à la vie de la Faculté (des listes de docteurs-régents, statuts et décrets de la Faculté, arrêts de la cour du Parlement…).

4 000, le chiffre paraît imposant mais rapportée à la période couverte, la production est finalement assez modeste, une dizaine de thèses seulement étaient imprimées chaque année. Si l’on rajoute à cela le fait que les bacheliers soutenaient plusieurs thèses chacun, on se rend assez vite compte que le nombre de personnes réellement concernées par l’exercice et a fortiori membres de la Faculté de médecine (que ce soit en tant que bachelier, puis en tant que docteur-régent) est assez faible : en moyenne, au XVIIe siècle, sept nouveaux bacheliers intégraient la Faculté tous les deux ans…

Les premières thèses étaient donc des grands placards, écrits à la main sur papier ou parchemin. À partir de 1569, on voit apparaître les premières thèses imprimées[6]. En 1662, les thèses prennent systématiquement la forme de livret[7], même si les placards demeurent une pratique courante jusqu’en 1724, ainsi un grand nombre de thèses existent dans la collection Baron dans les deux formats :

Thèse cardinale de Claude Quiqueboeuf, soutenue en 1622, et présidée par Guillaume du Val : An aqua vino salubrior ?
Première page de cette même thèse, au format in-quarto

 

 

 

 

 

 

 

 

Si la plupart des thèses ont un aspect un peu austère, répliquant à l’infini la même présentation, utilisant les mêmes bois gravés pour les en-têtes, on voit apparaître au début du XVIIe siècle, accompagnant les dédicaces, des frontispices gravés qui vont prendre des proportions considérables à partir des années 1625-1630 : peu à peu, on fait appel à des graveurs de talent tels que Mellan, Roussel ou Firens. Les candidats peuvent ainsi dépenser une somme d’argent importante pour faire illustrer leurs thèses avec magnificence. Dans le courant du XVIIIe siècle, des critiques sur les dépenses somptuaires liées aux thèses et à la cérémonie de soutenance ont peu à peu fait décliner cette pratique.

Dédicace de la thèse de Claude Séguyn soutenue le 8 janvier 1643 à Claude Gallard, conseiller au parlement dessiné et gravé par Mellan. La Paix, Mars et la Justice entourent son écusson armorié.

Nous espérons que cette numérisation permettra de mieux faire connaître cet ensemble. En effet, les derniers travaux connus (de nous en tout cas) sur cette collection datent du début du XXe siècle lorsque Noé Legrand, bibliothécaire à la Faculté de médecine et Anna Delage, docteure en médecine, les ont étudiées pour rédiger l’un un catalogue, l’autre sa thèse de médecine. Or de nombreuses questions restent en suspens ou méritent d’être réétudiées : d’où venaient les bacheliers de la Faculté ? Quels ont été ou comment ont évolué les sujets des thèses au fil du temps ? Jusqu’à quel point des docteurs-régents prenaient-ils les thèses au sérieux ? Quel savoir se fabriquait-il à l’occasion de ces exercices et de ces publications ? Dans quelle mesure la thèse a-t-elle été un moyen de diffusion du savoir médical ? Ces questions ne sont bien sûr que des pistes de réflexion qui font écho aux questions que se sont posées les bibliothécaires lors du traitement de cette collection.

En croisant l’étude de cette collection avec celle des Commentaires de la Faculté de médecineautre collection exceptionnelle de la bibliothèque, un grand pan de l’histoire de la faculté reste à (ré)écrire…

Solenne Coutagne

Bibliographie partielle

Voir aussi, dans la même édition, les reproductions, textes intégraux et traductions commentées de deux thèses quodlibétaires écrites et présidées par Guy Patin : «Annexe. Une thèse de Guy Patin. ″L’homme n’est que maladie″ (1643)» () et «Annexe. Thomas Diafoirus et sa thèse».

  • Delage, Anna. Histoire de la thèse de doctorat en médecine d’après les thèses soutenues devant la Faculté de médecine de Paris. Thèse d’exercice de Médecine. Paris : Librairie de la Faculté de médecine Ollier-Henry, 1913
  • Legrand, Noé. La collection des Thèses de l’Ancienne Faculté de Médecine de Paris depuis 1539 et son Catalogue inédit jusqu’en 1793. Paris : Honoré Champion, 1913 (en ligne sur Medic@)
  • Meyer, Véronique. L’illustration des thèses à Paris dans la seconde moitié du XVIIe siècle : peintres, graveurs, éditeurs. préface de Bruno Neveu ; [sous la responsabilité de la] Commission des travaux historiques de la Ville de Paris. Paris : Paris Musées, 2002

 

[1] Pour n’en citer que quelques-unes, on en trouve à la Bibliothèque nationale de France, à la bibliothèque Sainte-Geneviève, à la bibliothèque Mazarine, à la BIU Cujas, à la bibliothèque de la Sorbonne. Plus spécifiquement, on trouve des thèses en médecine à la bibliothèque de la faculté de médecine de Montpellier, ou à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg par exemple.

[2] Histoire de la Faculté de 1395 jusqu’à 1786 écrite par 194 doyens contenus dans 25 volumes manuscrits : ils comprennent la liste des docteurs régents, les comptes rendus des assemblées et délibérations, les relations des cérémonies, l’énumération des examens subis, les thèses soutenues, l’indication des procès, les inventaires des biens… Ils n’ont été édités que pour les années 1395 à 1560 et 1777 à 1786.

[3] Nous citerons ici l’exemple exceptionnel de la thèse soutenue par Théophile de Bordeu le 25 février 1754, portant sur les eaux minérales d’Aquitaine, qui fait 74 pages !

[4] Une autre collection faite par un autre doyen, Thomas-Bernard Bertrand, est conservée à la bibliothèque (ms 2308-ms 2320). Moins complète que celle de H.-T. Baron, elle est réputée ne contenir aucune thèse qui ne se trouverait pas dans la collection Baron. Mais, en réalité, l’étude et le dépouillement de cette collection reste à faire.

[5]  Il ne nous manque plus que 39 thèses soutenues entre 1778 et 1793. A bon entendeur !

[6] La première thèse imprimée est celle soutenue par Claude Bazin en 1563, présidée par Claude Bailly et dont le titre est : « An mas celerius foemina tardius conformatur ? »

[7] La collection des thèses in-quarto commence en 1597 mais la suite ininterrompue ne commence qu’à partir de 1662. Les thèses précédentes ne sont qu’une petite fraction de celles soutenues précédemment qui se trouvent toutes dans la collection in-folio. Ce sont d’ailleurs souvent des rééditions postérieures : par exemple la thèse de Jérôme Taquet, soutenue en 1597 porte la date de 1649 dans sa mention d’édition.

En mars, les Dievx enlèvent le haut

Avec le redoux de mars (va-t-il durer ?), les dievx de la BIV n’hésitent pas à se dévoiler davantage.

En témoigne cet éphèbe dépoitraillé (au sens propre du terme) échappé tout droit du 17e s. italien. On notera le déhanché et le couvre-chef de circonstance.

Télécharger le calendrier de mars 2018.

Cette illustration provient des Tabulae anatomicae de l’anatomiste Giulio Casserio. Avis aux Wikipédiens, ce bon docteur ne bénéficie d’aucune notice en français !

Les illustrations, souvent très expressives, sont l’œuvre de Francesco Valesio, d’après Odiardo Fialetti, peintre italien de l’école du Titien.

L’ensemble de l’ouvrage est disponible gratuitement dans notre bibliothèque numérique Medic@ (plus de 230.000 documents, 4 millions de pages numérisées).

Actes Journée d’étude « Fecit ex natura »

Le 18 novembre 2016, la BIU Santé organisait une journée d’étude sous le titre «Fecit ex natura. Le métier d’illustrateur des sciences médicales du XVIe au XXe siècle».

Nous avions invité les intervenants à exposer leurs travaux sur les différents aspects de la production d’illustrations dont la bibliothèque possède une vaste collection.

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’annoncer à ceux qui n’ont pas pu être présents ce jour-là ou à ceux qui souhaiteraient retrouver les différentes allocutions, que nous avons réuni et publié en ligne les actes de cette journée.

De nombreuses pistes de recherche ont été évoquées et nous ne pouvons qu’espérer qu’elles ouvrent la voie à de nombreuses et fructueuses recherches.

Chloé Perrot

 

 

Bonne lecture à tous !

Calendrier des dievx de novembre : la vie, la mort et Marie Chaufour

En ces lendemains de Toussaint, les DIEVX invitent à nouveau un jeune chercheur. Marie Chaufour nous fait le plaisir d’évoquer l’Histoire de la vie & de la mort de Francis Bacon à travers l’analyse du frontispice de la version française traduite par l’académicien[1] et polygraphe du XVIIe siècle, Jean Baudoin.

Télécharger le calendrier de novembre 2017.

Marie Chaufour est docteur en histoire de l’art moderne et chercheur associé au Centre Pluridisciplinaire Textes et Cultures de l’université de Bourgogne Franche-Comté. Elle a soutenu en 2013 une thèse intitulée Le moraliste et les images :  recherches sur l’expression emblématique chez Jean Baudoin, sous la direction de Paulette Choné. Elle s’intéresse de manière plus générale à l’emblème, à l’image symbolique et à l’iconographie.

Elle fait partie du comité scientifique de l’Association des études emblémistes en France et a co-organisé le 11e congrès de la Society for Emblem Studies qui s’est tenu à Nancy en juillet 2017.

Ceux qui souhaiteraient l’entendre pourront la retrouver lors de la journée d’étude Minerve pensive. La réflexion sur la guerre au temps de Tristan L’Hermite, le 23 février 2018, à l’université Paris-Sorbonne. Son intervention portera sur «Le motif du guerrier dans la culture visuelle de l’époque Louis XIII».

[1] Ce qui nous prive définitivement de qualifier notre invitée de chercheu.r.se.

L’Art est long, & la Vie est courte ![1]

L’image choisie pour le calendrier ce mois-ci provient de l’Histoire de la Vie & de la Mort du chancelier Francis Bacon (1561-1626) traduite en 1647 par Jean Baudoin[2] – l’un des premiers académiciens français, traducteur de la fameuse Iconologia de Cesare Ripa et «restaurateur» du genre emblématique en France au XVIIe siècle. C’est lui qui introduisit la philosophie baconienne en France. Il avait en effet obtenu un privilège lui accordant «de faire imprimer par tel imprimeur qu’il voudra choisir, toutes les Œuvres du Chancelier Bacon par lui traduittes, en un ou plusieurs volume», chose plutôt rare et qui dénotait le grand intérêt de Baudoin pour la pensée de l’homme de lettres et philosophe anglais et plus encore l’intérêt du public français pour des textes scientifiques. Il était donc clairement question de «faire parler le français aux sciences[3]».

Bacon consacra une grande partie de son œuvre à la promotion et à la restauration de la science. Ses recherches le conduisirent à proposer une nouvelle philosophie fondée en partie sur la réforme des savoirs en s’appuyant sur l’observation et l’expérimentation. Il exposa son point de vue dans plusieurs ouvrages, tels the Advancement of Learnings ou le De Saptientia Veterum dans lequel il donnait une interprétation scientifique aux mythes antiques. Puis il se consacra à l’histoire naturelle et publia notamment, en 1623, l’Histoire de la Vie et de la Mort dans laquelle il étudia la longévité des mondes minéral, végétal et animal ; avant d’examiner la vie humaine. Dans ce livre, Bacon ne propose nullement des remèdes aux maladies, mais des méthodes afin de prolonger la vie offerte par Dieu, qui était pour lui la partie la plus noble de l’art médical.

En choisissant d’occuper l’espace par un autel d’une grande simplicité – orné de colonnettes ioniques, le graveur accentue la dimension religieuse de la philosophie scientifique de Bacon, tout en proposant au lecteur une méditation sur la fugacité de la vie. Deux chandelles prennent place sur la plate-forme de l’autel recouvert d’un tapis richement brodé. La première bougie vient à peine d’être allumée, tandis que la seconde est en train de s’éteindre en fumant. Ce motif est également présent dans les Emblemata politica (1618) de Jacob a Bruck Angermundt, accompagné du motto «Transeundum» afin de souligner l’instabilité des choses terrestres. Dans le langage emblématique, la chandelle qui se consume nous rappelle que notre mort commence à l’instant où nous arrivons sur terre[4].

La fragilité de la vie humaine est également mise en scène par la frise florale brodée sur le tapis d’autel. À droite des fleurs fanées et des chardons se substituent aux bouquets de tulipes, de roses ou de pivoines épanouies, fleurs éphémères par excellence. Bon nombre de natures mortes mêlent des fleurs commençant à s’étioler à d’autres parfaitement fraîches afin d’accentuer la caducité des biens terrestres devant la mort. Ici, il peut également s’agir de dévoiler la lutte contre le vieillissement ou plutôt pour «le rajeunissement des corps vieillis» ainsi que l’écrit Bacon. La brièveté de la vie est encore mise en scène par la course du soleil qui apparaît sur les deux devises entre les colonnes de l’autel, la première ayant pour corps un lever de soleil accompagné du motto «surgit que», tandis que la seconde est composée d’un soleil couchant et du mot «cadit que», métaphore de la vie qui file inexorablement. Enfin la sentence développée sur l’autel propose une méditation sur l’implacabilité de la mort et achève de transformer ce frontispice en un parfait Memento mori.

Marie Chaufour

Université Bourgogne Franche-Comté

[1] F. Bacon, Histoire de la Vie et de la Mort, Introduction, n.p.

[2] J. Baudoin, Histoire de la Vie et de la Mort, Où il est traitté de la longue et de la courte durée de toute sorte de Corps ; Des causes de leur decadence ; et des moyens d’en reparer les defauts, autant qu’il se peut. Composé par Mre François Bacon, Grand Chancelier d’Angleterre, et fidelement traduitte par J. Baudoin, Paris, Guillaume Loyson, 1647.

[3] M. Le Dœuff, « Bacon chez les grands au siècle de Louis XIII », Fattori, Marta (dir.), Francis Bacon : terminologia e fortuna nel xvii secolo, Rome, Edizioni dell’Ateneo, 1984, p. 155-178, p. 160.

[4] Paulette Choné, L’atelier des nuits, Presses universitaires de Nancy, 1992, p. 82

Les poisons à la Faculté de pharmacie

Si vous avez raté les Journées du patrimoine organisées à la Faculté de pharmacie de Paris le 16 septembre dernier, le pôle Pharmacie de la BIU Santé vous donne une chance de vous rattraper ce mois-ci avec une sélection d’ouvrages anciens illustrant l’histoire des poisons présentés en salle Dorveaux jusqu’au 3 novembre 2017. Une sélection d’ouvrages contemporains empruntables en salle de lecture complète cette présentation. Vous pouvez également poursuivre vos pérégrinations dans notre Banque d’images et de portraits et dans la bibliothèque numérique Medic@, sur les traces de Mathieu Orfila, père de la toxicologie moderne, ou en parcourant les planches de nos flores médicales et herbiers.

Gautier d’Agoty. Planche représentant la jusquiame noire

Catherine Blum

Les poisons, arme du crime et remède
Debut: 09/01/2017
Fin: 11/03/2017
4 avenue de l'Observatoire
Paris
75006
FR

Calendrier d’octobre : Danse avec les Dievx

 

Télécharger le calendrier d’octobre 2017.

Le squelette comme motif iconographique n’a pas attendu Halloween et s’est développé dès l’Antiquité.

Les gobelets aux squelettes du Louvre (1er s. av.- 1er s. de n. è.)[1] mettent en scène la dépouille de poètes et philosophes grecs célèbres et sont gravés de sentences telles que «Jouis de la vie pendant que tu es encore en vie, le lendemain est incertain».

Photo RMN.

Mais il n’y a rien de macabre à servir à boire à ses invités dans de tels contenants. Bien au contraire, ils appellent ceux qui viennent festoyer à un certain épicurisme.

Tout autre est le message des danses macabres[2], apparues pour la première fois à Paris en 1424, au charnier des Saints Innocents[3]. Le thème ne cesse ensuite de se répandre. Dépourvu de toute invitation à profiter de la vie terrestre, il se pare au contraire de morale chrétienne. Il se fait vanité et met en garde les plus fortunés : les biens matériels ne sont qu’éphémères et il faudra rendre compte de sa vie après la mort. Pour les humbles, il est une promesse d’égalité dans l’au-delà.

Le traité de myologie de Cowper (dont est issue l’illustration du calendrier – traité à télécharger dans notre bibliothèque numérique Medic@) semble bien emprunter à ce modèle pour représenter la charpente du corps et la couche musculaire la plus profonde. La représentation qui pourrait être crue et macabre se fait ainsi plus légère voire teintée d’une touche d’humour.

Source : Pinterest

À l’inverse, le De humani corporis de Vésale (à retrouver à la BIU Santé et dans une édition critique en ligne sur notre site) prête sa gravure la plus célèbre à un relief d’ivoire allemand du XVIIe siècle. Elle est cependant détournée et retrouve pleinement son statut de vanité puisque le squelette foule «aux pieds les attributs du pouvoir ecclésiastique, monarchique et guerrier»[4].

Chloé Perrot

Nous souhaitons dédier ce court billet à la mémoire de Solange Fouilleul[5]

[1] Découverts à Boscoréale en 1895. Aile Sully, 1er étage, Salle 33.

[2] Sur ce thème voir le site de l’Association Danses Macabres d’Europe

[3] La Danse macabre [composée par maistre Jehan Gerson], peinte en 1425 au cimetière des Innocents, fac-similé de l’édition de 1484, précédé de recherches par l’abbé Valentin Dufour

[4] Catalogue d’exposition Paris, C’est la vie, Vanités de Pompéi à Damien Hirst, Musée Maillol 3 février- 28 juin 2010, Paris, Skira Flammarion, 2010, p.50.

[5] Présidente de l’association des Danses Macabres d’Europe. Pour retrouver ses études sur le sujet

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Les danses macabres dans la banque d’images de la BIU Santé (plus de 200.000 images libres de droits à télécharger gratuitement)

Des ouvrages sur les danses macabres dans le catalogue de la BIU Santé

 

 

Visites privées : la naissance de Louis XIII

Mercredi 25 janvier 2017, l’émission Visites privées (France 2, 15h40), animée par Stéphane Bern avait pour sujet l’accouchement public des reines de France.

bernC’est plus particulièrement la naissance de Louis XIII qui a été mise en avant.

Jacques Gélis, historien spécialiste de la naissance, a été interviewé dans le cadre du musée d’histoire de la médecine de l’université Paris Descartes.

bourgeois

À cette occasion, la Bibliothèque interuniversitaire de Santé a prêté deux de ses ouvrages :

Ainsi que la reproduction d’un portrait de Louise Bourgeois, l’auteure des deux ouvrages précédents. Sage-femme ayant accouché Marie de Médicis, elle est la première de son métier à avoir rédigé un traité d’obstétrique, très novateur pour l’époque.


Accouchement public des reines de France

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Fecit ex natura : journée d’étude du 18/11

Plus que quelques jours avant notre journée d’étude sur le métier d’illustrateur des sciences médicales du XVIe au XXe siècle, «Fecit ex natura».

fecitexnatura_final-page-001Pour mémoire, elle aura lieu le vendredi 18 novembre 2016, à partir de 9h50, dans le grand amphithéâtre de l’université Paris Descartes (12, rue de l’École-de-Médecine, 75006 Paris – métro Odéon).

L’entrée est libre et gratuite dans la limite des places disponibles.

Le hashtag utilisé pour la journée sera

Retrouvez les informations complémentaires sur ce billet de blog et notamment le programme détaillé (PDF).

expo-biu-sante-a1-page-001Attention, le service d’histoire de la santé (salle de la Réserve) sera exceptionnellement fermé pendant cette journée. La consultation des ouvrages de la Réserve ou publiés avant 1800 ne sera donc pas possible ce jour-là. En revanche les autres documents pourront être communiqués dans la grande salle de lecture.

En parallèle de cet événement, la Bibliothèque interuniversitaire de santé présente l’exposition Anatomie d’une image.

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Annonce détaillée de la journée d’étude

After 270 years of oblivion, Van Horne’s atlas of anatomy, a jewel of the 17th century, has been rediscovered

[French version of this post]

251 drawings from the Dutch Golden Age by Johannes Van Horne and Marten Sagemolen

van-horneIn 1656, in Amsterdam, Rembrandt painted his second Anatomy lesson. At the same time, in Leiden, in the Netherlands Golden Age that was brimming with artistic and scientific innovations, anatomy professor Johannes Van Horne and artist Marten Sagemolen were working on an unprecedented anatomical atlas of the muscles in color. Although it remained unpublished, the European intelligentsia celebrated this work. Then, strangely enough, these drawings fell into oblivion in the course of the 18th century.

Four large volumes comprising 251 drawings, systematically organized in several series and constituting a large part of this anatomical atlas, have just been identified in the collection of the BIU Santé (Health Inter-University Library).

The Library is now unveiling this jewel, which should be of major interest to both historians of medicine and sciences and historians of art.

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Identification was made by Hans Buijs (Fondation Custodia, Paris) on Friday, June 17, 2016. One single sentence found in the margin of a drawing dated 1654 revealed the name of the artist, but also, with absolute certainty, that of his patron, as well as important pieces of information on the constitution of the collection.

Marten Sagemolen’s signature, dated 1660 (Ms 29)
Marten Sagemolen’s signature, dated 1660 (Ms 29)
Johannes Van Horne’s name, in Ms 29
Johannes Van Horne’s name, in Ms 29

The very same sentence is indeed featured in the notes of famous physician Herman Boerhaave (1668-1738), one of the former owners of these volumes. Tim Huisman, in his doctoral dissertation in 2008, The Finger of God, Anatomical Practice in 17th-Century Leiden (Leiden University, 2008. p. 73 sq), published and documented these fragments. After examination of the four manuscripts under this bright new light, there can be no doubt whatsoever on their identity.

Small myology of the arm and shoulder, dated 1654 and signed by Marten Sagemolen (Ms 29)
Small myology of the arm and shoulder, dated 1654 and signed by Marten Sagemolen (Ms 29)

We publish an article that establishes the authenticity of the documents, gives part of their history, and provides an inventory of the four volumes. The article is subject to modifications: potential corrected versions will be available from the present column, at the same address.

Download the article: Johannes Van Horne and Marten Sagemolen’s myology: Four volumes of anatomical drawings of the Golden Age rediscovered
at the Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris)
, by Jean-François Vincent and Chloé Perrot (final version, August 31, 2016. License CC By-SA 4.0)

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Exposition Gérard de Lairesse

À Enschede (Pays-Bas) vient de s’ouvrir une grande exposition consacrée aux œuvres de Gérard de Lairesse.

dsc01670Elle se tient au Rijksmuseum Twenthe du 10 septembre 2016 au 22 janvier 2017. C’est la première exposition d’envergure autour de cet artiste important de la fin du Siècle d’or, assez peu connu du grand public.

Gérard de Lairesse (1641-1711) est surtout réputé pour ses peintures bibliques et mythologiques. Mais il est également l’auteur d’admirables dessins d’anatomie réalisés pour l’Anatomia Humani Corporis de son ami le médecin Govert Bidloo (1685). La BIU Santé conserve dans ses collections les cent six dessins originaux qui subsistent.

lairesseEn tout, une soixantaine d’œuvres, parfois monumentales, ont été réunies pour l’exposition, en provenance de plusieurs musées d’Europe.

La BIU Santé a pour l’occasion prêté neuf des précieux dessins de l’atlas de Bidloo, ainsi qu’un exemplaire de l’atlas lui-même. Une salle entière leur est consacrée.

C’est la troisième fois seulement en 220 ans que ces dessins sont présentés en-dehors de l’enceinte de la bibliothèque ; et jamais jusqu’ici plusieurs de ces dessins n’avaient été exposés en même temps : il a fallu en effet les retirer temporairement de leur lourde reliure pour que les visiteurs puissent en voir neuf à la fois.

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Retrouvez l’ensemble des dessins de Lairesse dans notre bibliothèque numérique Medic@ (plus de 4 millions de pages accessibles gratuitement). Les gravures de l’atlas de Bidloo firent d’ailleurs l’objet d’une retentissante affaire de contrefaçons à l’époque, mais ceci est une autre histoire.

En savoir plus

Présentation de l’exposition (en néerlandais)

Une vidéo du montage de l’exposition :

Debut: 09/10/2016
Fin: 01/22/2017
Lasondersingel 129-131
Enschede
7514
NL