Journée d’étude : le métier d’illustrateur des sciences médicales (18/11)

La BIU Santé organise une journée d’étude le vendredi 18 novembre 2016 sur le thème :

Fecit ex natura : le métier d’illustrateur des sciences médicales du XVIe au XXe siècle

Nicolas Henri Jacob : Muscles du dos (étude). Dessin pour le Traité complet de l'anatomie de l'homme de J. M. Bourgery, 1831-1854. Paris, BIU Santé, cote : Ms 81.
Nicolas Henri Jacob : Muscles du dos (étude). Dessin pour le Traité complet de l’anatomie de l’homme de J. M. Bourgery, 1831-1854. Paris, BIU Santé, cote : Ms 81.

Sous la direction de Maxime Georges METRAUX (université Paris-Sorbonne), Chloé PERROT (université de Lille 3), Jean-François VINCENT (Bibliothèque interuniversitaire de santé, Paris).

À Paris, 12, rue de l’École-de-Médecine, grand amphithéâtre de l’université Paris Descartes (métro Odéon).

Entrée libre.

L’illustration médicale a attiré de nombreux collectionneurs et institutions en raison de son intérêt scientifique comme pour ses qualités formelles. Certaines de ces œuvres ont été abondamment diffusées et commentées. À ce jour, les métiers de cette imagerie spécialisée ainsi que les relations entre praticiens et artistes ont pourtant peu intéressé la recherche.

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Offrez-vous un écorché de Sagemolen !

Après les émotions d’avant les vacances, l’histoire de l’anatomie est toujours d’actualité en cette rentrée 2016-2017.

Rappel des épisodes précédents : en juin 2016, le service Histoire de la BIU Santé a eu la chance de retrouver dans ses collections des dessins du Siècle d’or hollandais de Johannes Van Horne et Marten Sagemolen, qu’on croyait jusqu’alors disparus.

Voir à ce propos la version définitive (31 août 2016) de l’article présentant la découverte, par Jean-François Vincent et Chloé Perrot. L’article contient notamment un inventaire complet et détaillé des dessins, mais aussi diverses informations nouvelles et quelques corrections.

Marten Sagemolen est un peintre inconnu du grand public, et méconnu des amateurs d’art. Preuve de cette discrétion, il ne bénéficie que d’une ébauche de notice dans l’édition anglaise de Wikipédia, rien en hollandais, ni en français (avis aux wikignomes !). Les différentes graphies adoptées pour son patronyme n’aident pas non plus à sa notoriété : il est tantôt Marten Sagemolen, tantôt Martin Zaagmolen, voire Martinus Saeghmolen, entre autres.

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© Christie’s Images Limited 2016

Pourtant, par un heureux hasard du calendrier, c’est bien une toile de cet artiste qui sera mise en vente chez Christie’s le 14 septembre prochain. En l’occurrence le lot 32 de la vente 12702, tableaux de la période 1400-1900.

Cette œuvre pourrait n’avoir aucun rapport avec les planches anatomiques, et c’est pourtant le cas. Sous prétexte de présenter le supplice de Marsyas, le peintre nous livre un corps digne de l’atlas de Van Horne, mais cette fois-ci mis en scène.

Pour mémoire, Marsyas est un satyre phrygien qui attira la jalousie d’Apollon. Ce dernier, rancunier comme peuvent l’être les dieux grecs, fit dépecer son malheureux rival.

johann-lyss-le-supplice-de-marsyasC’est souvent le début de l’exécution que les artistes affectionnent : Marsyas est entravé, le couteau commence à peine à entailler ses chairs, dans le meilleur des cas. Le Hollandais Johann Lyss, au début du 17e s. opte par exemple pour cette composition bienséante (ci-contre). Au siècle précédent (et plus au sud), Le Titien était à peine plus audiacieux, même si le satyre est déjà en bien mauvaise posture (ci-dessous).

Titian_-_The_Flaying_of_MarsyasSagemolen ne se contente pas de ces préliminaires, et nous confronte sans détour aux conséquences du supplice : c’est un écorché presque intégral qui est exposé, de face, dans une posture aussi inconfortable que peu naturelle.

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© Christie’s Images Limited 2016

Le tableau est signé de 1658. Il est donc parfaitement contemporain des dessins commandés par Van Horne, datés entre 1654 et 1660. Les corps représentés sont d’ailleurs approximativement de mêmes dimensions (la toile mesure 115,4 x 101,5 cm). Cette concomitance offre une perspective nouvelle sur le choix étonnant des muscles mis à nu.

Le supplice de Marsyas appartenait autrefois à l’Allemand Binder, avant de passer dans une collection française. Il était connu par des reproductions en noir et blanc datant du début du 20e siècle. La vente Christie’s permet désormais d’en admirer des clichés en couleur (reproduits ici avec l’aimable autorisation de la maison de vente).

Il sera également possible de le contempler sur place à partir du 9 septembre. La notice accompagnant le tableau est riche d’enseignements (cliquer sur l’icône + en face de la rubrique «Lot notes»).

Et si vous disposez de 40.000 à 60.000 euros (suivant les estimations), n’hésitez pas à offrir cette belle œuvre à la bibliothèque, en complément parfait de nos planches !

Les amateurs d’anatomie sont invités à suivre notre blog dans les semaines qui viennent : nous y parlerons bientôt de la grande exposition Lairesse (auquel un destin facétieux a lié Van Horne et Sagemolen dans nos collections) et d’une journée d’étude à venir sur le thème de l’illustration médicale.

9, avenue Matignon
Paris, Île-de-France
75008
FR

La bibliothèque du collège de pharmacie (1570-1789) en ligne !

Dans le cadre du projet «Bibliothèque Scientifique Numérique» (BSN5) financé par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, la BIU Santé a procédé ces trois dernières années à l’identification, puis à la numérisation, l’indexation et la mise en ligne des ouvrages qui constituaient, à la veille de la Révolution française, la bibliothèque du collège de pharmacie de Paris.

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Intérieur du collège de pharmacie, rue de l’Arbalète. Gravure de la Bibliothèque Nationale due à Auguste Guillaumot (1815-1892) d’après un dessin de E. Rouyer (1827-1901), extraite de l’ouvrage La salle des actes de la faculté de pharmacie-Paris V.

Cette bibliothèque, créée en 1570 à partir d’un don princeps de sept volumes, a d’abord connu une croissance lente de ses collections. Les maîtres apothicaires et épiciers ayant la charge de leur communauté prirent, dès la fin du XVIe siècle, l’habitude de laisser quelques volumes à la bibliothèque en souvenir de leur passage à la jurande. Ainsi, sur près de deux cents ans, seulement quelques dizaines de volumes vinrent compléter et accroître le fonds initial. C’est surtout à partir du milieu du XVIIIe siècle, à la faveur de dons plus importants, que la bibliothèque commune des maîtres apothicaires et épiciers de la ville de Paris put résolument changer d’échelle : des centaines de livres se trouvèrent désormais disposés sur les tablettes des trois armoires principales situées dans le «bureau» de la communauté, au premier étage d’un bâtiment acquis rue de l’Arbalète.

Lorsqu’en 1777 fut institué par ordonnance royale le collège de pharmacie de Paris, l’assemblée des maîtres apothicaires, séparés définitivement des maîtres épiciers, décida de procéder à l’inventaire des biens de la communauté. Il parut alors nécessaire de dresser le catalogue de la bibliothèque. Cette entreprise fut confiée aux prévôts René Tassart et Jean-François Hérissant. Commencé en 1780, ce catalogue fut achevé au terme de sept années de travail, puis transmis à l’écrivain-déchiffreur Saintotte qui le mit au propre. Il fut alors complété par un «État de la bibliothèque mise en ordre en 1787» et une «Table alphabétique des livres décrits ci-devant ….» ajoutée en 1788. Ce catalogue semble avoir été augmenté des nouvelles acquisitions au moins jusqu’en 1789. À cette date, la bibliothèque rassemblait déjà près de 500 volumes.

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Première page du catalogue dressé par René Tassart, copié par Saintotte

Précieusement conservé dans les collections du pôle Pharmacie-Biologie-Cosmétologie de la BIU Santé, ce catalogue a pu servir de base à la reconstitution virtuelle de la bibliothèque du collège de pharmacie. Le travail d’identification et de localisation des exemplaires a montré qu’une grande partie des volumes se trouvait toujours conservée dans les collections de la bibliothèque de la faculté de pharmacie de Paris. Quelques exemplaires ont également pu être retrouvés à la faculté de pharmacie et de médecine de Toulouse (SICD Toulouse) qui a eu l’amabilité de les numériser pour aider la BIU Santé dans son projet de reconstitution.

Aujourd’hui, c’est un ensemble de 388 volumes qui est accessible dans la bibliothèque numérique Medic@, ce qui représente un taux de reconstitution d’environ 80%.

Ce projet de numérisation devrait permettre d’apporter un éclairage nouveau sur l’environnement intellectuel et matériel d’une communauté d’Ancien Régime : celle des apothicaires et épiciers parisiens. Dans cette perspective, la BIU Santé a établi plusieurs partenariats de recherche visant à promouvoir et valoriser un ensemble documentaire unique. Ces partenaires sont la Société d’histoire de la pharmacie, le club Histoire de la chimie (Société chimique de France) et le Laboratoire S2HEP (Sciences et Sociétés : Historicité, Éducation et Pratiques) de l’université Claude-Bernard Lyon 1.

college-pharmacieÀ la suite de la numérisation de cet ensemble, un site a été élaboré par deux étudiants du master «Technologies numériques appliquées à l’histoire» (École nationale des chartes) dans le cadre de leur stage proposant une recherche simple et avancée au sein de ce corpus ainsi qu’une reconstitution virtuelle de la bibliothèque.

Solenne Coutagne & Philippe Galanopoulos

 

Lectures de vacances : une invitation au voyage

À l’approche de l’été et avant que vous ne vous envoliez vers d’autres cieux (pensez à nous ramener des photos d’officines !), le pôle Pharmacie de la BIU Santé vous invite à découvrir dans sa salle de lecture à la faculté de pharmacie une sélection d’ouvrages anciens et contemporains sur le thème de la botanique et du récit de voyage.

Source : Internet Archive
Source : Internet Archive

Qu’ils soient animés par des visées civilisatrices et éducatives ou par «le seul désir de satisfaire la curiosité des personnes qui aiment à entendre parler des pays éloignés», les naturalistes et voyageurs de la sélection rapportent de leur expédition descriptions et croquis qui enchantent le lecteur contemporain. Certains s’attardent exclusivement sur la description de la faune et de la flore des régions qu’ils visitent, d’autres s’attachent également à décrire les sociétés autochtones.

Si les premiers récits de voyage remontent au Moyen-Âge, le plus ancien ouvrage présenté ici date de 1648. Historiae naturalis Brasilae de Willem Piso (1611-1678) relate le voyage effectué au Brésil en 1637 par ce médecin et naturaliste néerlandais, accompagné par une équipe de scientifiques. La faune et la flore, ainsi que les maladies tropicales et leurs remèdes locaux y sont décrits avec minutie.

Lullier-Lagaudiers (16..-17..) est un voyageur français surtout connu pour son Nouveau voyage aux grandes Indes publié en 1726. Il agrémente son récit d’un exposé sur les pratiques commerciales à l’œuvre dans cette région du globe.

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Source : gallica.bnf.fr
À la fois dessinateur et naturaliste, Pierre Sonnerat (1748-1814) voyage aux Philippines et aux Moluques en 1771-1772. Voyage à la Nouvelle Guinée est le récit de cette expédition. Richement illustré, l’ouvrage dépeint plantes et oiseaux croisés lors de ce voyage, dont certains étaient encore inconnus en Europe à l’époque.

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Voyage dans les quatre principales îles des mers d’Afrique décrit le périple qu’effectua Jean-Baptiste Bory de Saint-Vincent (1778-1846), officier militaire et naturaliste, dans le cadre de l’expédition Baudin en octobre 1800. L’ouvrage permit au lecteur de l’époque de découvrir de nouvelles espèces marines ainsi que terrestres.

Les deux autres ouvrages exposés sont la Collection des Orchidées les plus remarquables de l’Archipel Indien et du Japon de Carl Ludwig Blume (Amsterdam, C. G. Sulpke : 1858-[1859) et les Voyages de M. P. S. Pallas en différentes provinces de l’empire de Russie, et dans l’Asie septentrionale (Maradan Paris, sn : 1789-1793).

Catherine Blum

Debut: 06/20/2016
Fin: 07/22/2016
4 avenue de l'Observatoire
Paris
75006
FR

« La cambrure des reins, ça, c’est une trouvaille ! »

Calendrier des DIEVX DE LA BIV – Juillet 2016

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Guido Reni, Apollon et Marsyas, 1620-1625, Musée des Augustins, Toulouse

Télécharger le calendrier de juillet 2016

Nous nous devions d’honorer, dans le calendrier de juillet 2016, l’identification récente de quatre volumes de myologie de Johannes Van Horne et Marten Sagemolen. La myologie du tronc et sa chute de reins particulièrement remarquable s’y prêtaient parfaitement.

La peinture d’histoire a été confrontée à la représentation d’écorchés célèbres comme Marsyas, saint Philippe ou saint Barthélémy entre autres. Deux solutions ont alors été proposées par les artistes. Le martyre peut être simplement suggéré par la mise en présence de la future victime et de l’instrument tranchant, la suite étant laissée à l’imagination du spectateur. Ou bien le martyre lui-même est représenté, imposant à celui qui regarde la violence extrême de la scène. Toutefois, le corps n’est alors pas entièrement dépecé et seule une partie assez limitée de la musculature mise à nue est rendue visible.

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Jan van Calcar ?, Ecorché dans un paysage in André Vésale, De humani corporis fabrica libri septem, Bâle, Joannes Oporinus, 1543. Cote BIU Santé : 302 B

Illustrer une myologie suppose bien sûr d’aller plus loin dans la mesure où il s’agit, à des fins didactiques, de montrer l’intégralité des muscles du corps, superficiels et profonds, grâce à une dissection progressive.

La problématique à laquelle l’artiste peut alors être confronté concerne le degré de pathos dont les images doivent être investies. En d’autres termes, comment représenter la chair à vif dans le cadre d’un contenu scientifique ? Que faire de la dimension dramatique de la dissection ? Quel degré de mise en scène adopter ?

Nous le savons, les solutions choisies par les illustrateurs d’anatomies varient sur ce point, que nous pensions aux planches de De humani corporis fabrica de Vésale ou aux célèbres dessins de Gérard de Lairesse pour l’Anatomia humani corporis de Bidloo.

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Gérard de Lairesse, Myologie du dos, c.1680, Paris, BIU Santé. Cote: Ms 26

 

Marten Sagemolen, lui-même peintre d’histoire, a pris le parti d’éviter assez systématiquement toute forme de mise en scène dans ses dessins préparatoires destinés à un ouvrage de Van Horne demeuré inédit. Il y présente les pièces d’anatomie sans éléments de décor et sans ombres portées, à de rares exceptions près.

Il a pourtant choisi de composer pour la myologie du tronc un drapé qui confère à l’insupportable vision du corps privé de son épiderme une esthétique séduisante. Notons d’ailleurs que si le but de Sagemolen était de mettre en valeur le tronc, objet principal de l’étude, le regard en est cependant détourné, inévitablement attiré par ce lourd drapé. Et soulignons enfin que la matière qui le compose demeure ambiguë, le tissu se refusant à révéler sa vraie nature : textile ou cutanée.

Myologie du torse et du bras avec volet mobile (Ms 28)
Myologie du torse et du bras avec volet mobile (Ms 28)

Télécharger le calendrier de juillet 2016

Chloé Perrot

Après 270 ans d’oubli, redécouverte de l’anatomie de Van Horne, trésor du 17e s.

[english version of this post]

251 dessins du Siècle d’or hollandais de Johannes Van Horne et Marten Sagemolen

van-horneEn 1656, à Amsterdam, Rembrandt peignait sa deuxième leçon d’anatomie. Au même moment, à Leyde, dans cette Hollande du Siècle d’or bouillonnant de nouveautés artistiques et scientifiques, le professeur d’anatomie Johannes Van Horne et le dessinateur Marten Sagemolen travaillaient à un grand atlas d’anatomie des muscles en couleur, sans équivalent à l’époque. Bien qu’elle soit restée inédite, la valeur de cette entreprise fut reconnue par des sommités de l’Europe savante. Puis ces dessins furent, étonnamment, perdus de vue au cours du XVIIIe siècle.

Quatre grands volumes, contenant 251 dessins, systématiquement réalisés et organisés en plusieurs séries et constituant une large partie de cet atlas d’anatomie, viennent d’être identifiés dans la collection de la BIU Santé.

La bibliothèque dévoile ainsi un nouveau trésor, avec lequel les historiens de la médecine et des sciences devront désormais compter, et qui devrait aussi exciter la curiosité des historiens de l’art.

IMG_6418-2A Myology by Johannes Van Horne and Marten Sagemolen: four books of original drawings dated from the Dutch Golden Age discovered at BIU Santé (Paris).
Identification, provenance, inventory.

In 1656 in Amsterdam, Rembrandt was painting his second lesson of Anatomy. At the same time, in Leiden, Johannes Van Horne, the renowned professor of Anatomy, and the painter Marten Sagemolen were working together at an unprecedented type of Anatomia. Despite the fact that the book remained unpublished, it was so innovative that the drawings almost instantly became famous among the European intelligentsia. But, strange as it may seem, they were totally forgotten during the eighteenth century and later on. Four large format sets of drawings for a total of 251 plates, organized in series – a large part of Van Horne and Sagemolen’s project – have just been identified in the BIU Santé collection. Today the library is enlightening a jewel and a milestone of significant interest to scholars in the History of Medicine, Sciences and Art.

L’identification a été effectuée grâce à Hans Buijs (Fondation Custodia, Paris) le vendredi 17 juin 2016. La lecture d’une phrase unique en marge d’un dessin daté de 1654 nous a donné le nom du dessinateur, mais aussi, de façon certaine, celle de son commanditaire, ainsi que d’importantes informations sur la constitution de la collection.

Signature de Marten Sagemolen datée de 1660 (Ms 29)
Signature de Marten Sagemolen datée de 1660 (Ms 29)
Le nom de Johannes Van Horne dans le Ms 29
Le nom de Johannes Van Horne dans le Ms 29

Cette même phrase se trouve en effet dans les papiers du célèbre médecin Herman Boerhaave (1668-1738), un des anciens propriétaire de ces volumes. Or Tim Huisman, dans sa thèse de doctorat de 2008, The Finger of God, Anatomical Practice in 17th-Century Leiden (univ. de Leyde, 2008. p. 73 sq), a édité et documenté ces fragments. Après l’examen des quatre manuscrits sous cette nouvelle et vive lumière, aucun doute ne subsiste plus sur leur identité.

Petite myologie du bras et de l'épaule, datée de 1654 et signée par Marten Sagemolen (Ms 29)
Petite myologie du bras et de l’épaule, datée de 1654 et signée par Marten Sagemolen (Ms 29)

Nous publions un article qui démontre l’identité des documents, donne une partie de leur histoire, et fournit un inventaire des quatre volumes. Cet article est susceptible de modifications : on trouvera les éventuelles versions corrigées à partir du présent billet et à la même adresse.

Télécharger l’article : La myologie de Johannes Van Horne et Marten Sagemolen : quatre volumes de dessins d’anatomie du Siècle d’or retrouvés à la Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), par Jean-François Vincent et Chloé Perrot (version définitive, 31 août 2016. Licence CC By-SA 4.0)

Download the article: Johannes Van Horne and Marten Sagemolen’s myology: Four volumes of anatomical drawings of the Golden Age rediscovered at the Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), by Jean-François Vincent and Chloé Perrot (final version, August 31, 2016. License CC By-SA 4.0)

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Nicolas Lémery, une révolution en chimie et en pharmacie ? Colloque

LémeryUn colloque international consacré à Nicolas Lémery (1645-1715), apothicaire, chimiste et auteur de nombreux traités, se tiendra le 28 mai 2016 à l’hôpital Notre-Dame à la Rose à Lessines en Belgique. Ce colloque est organisé par l’ASBL Mémosciences, le Centre d’histoire de la pharmacie et du médicament (UCL, Louvain-en-Woluwe) et le musée de Notre-Dame à la Rose de Lessines.

Inscription obligatoire. Plus de détails ici.

Pour en savoir plus sur Nicolas Lémery, découvrez l’exposition virtuelle que lui consacre la Société d’histoire de la pharmacie. Retrouvez également le compte rendu du colloque du 9 décembre 2015 organisé par la Société d’histoire de la pharmacie et le Club d’histoire de la chimie de la Société chimique de France dans ce billet. Les enregistrements audio de ce colloque sont disponibles sur le site de la SHP.

Catherine Blum

Programme

La formation d’un maître

10.00 : Professeur Olivier LAFONT : Nicolas Lémery : une carrière au service de la chimie et Continuer la lecture de « Nicolas Lémery, une révolution en chimie et en pharmacie ? Colloque »

Retours sur le colloque et l’exposition Lémery

À l’occasion du tricentenaire de la mort de Nicolas Lémery (1645-1715), une exposition et un colloque ont permis de découvrir ou redécouvrir cet apothicaire, médecin et chimiste français, grand personnage de l’histoire des sciences aux XVIIe et XVIIIe siècles qui a marqué la profession à travers ses publications.

lemery-colloqueLe mercredi 9 décembre, la Société d’histoire de la pharmacie et le Club d’histoire de la Chimie de la Société Chimique de France, présidés respectivement par Olivier Lafont et Patrice Bret, ont organisé une journée consacrée au savant et à son œuvre.

Un savant

Afficher l'image d'origine Nicolas Lémery est né à Rouen, le 17 novembre 1645. Il effectue ses études à l’Académie protestante de Quévilly et entre en apprentissage chez son oncle Pierre Duchemin, maître apothicaire à Rouen. En 1666, il rejoint la capitale afin d’étudier la chimie auprès de Christophe Glaser, apothicaire ordinaire du roi Louis XIV, démonstrateur de chimie au Jardin du Roy (actuel Jardin des Plantes) et auteur d’un Traité de chymie (1663).

En 1668, il s’établit dans la ville de Montpellier, où il devint démonstrateur de chimie. Son maître à l’école de médecine était alors Sébastien Matte La Faveur qui a écrit Pratique de chymie (1671). La faculté de Montpellier donnait alors des cours pour les apothicaires, ce qui ne se faisait pas à Paris.

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La mort du roi vue par les médecins

affiche-page-roi-mort-250L’exposition actuellement présentée au Château de Versailles met en lumière un document des collections de la BIU Santé rarement accessible au public : un volume manuscrit contenant la relation de la mort de Louis XIV par les médecins de la Faculté de Paris.

L’on peut ainsi y trouver la transcription de la lettre envoyée par Desgranges, Grand maître des Cérémonies, à Jean-Baptiste Doye, Doyen de la Faculté médecine, pour le convoquer à Versailles pour l’ouverture du corps du roi. Outre le Doyen et un Docteur régent de la Faculté, Guy Fagon, premier médecin du roi, et Georges Mareschal, premier chirurgien, assistèrent à l’ouverture du corps de Louis XIV.

convocation« L’autopsie du corps du roi se pratique systématiquement depuis le XVIe siècle sur un mode public et médical ; elle intervient après l’éviscération pratiquée pour l’embaumement et l’extraction du cœur. Le premier médecin du roi préside à la cérémonie tandis que les chirurgiens procèdent à l’ouverture du corps. L’équipe médicale est composée des traditionnels thérapeutes de la cour, présents en nombre imposant, et de praticiens externes. L’usage de requérir la présence du doyen de la faculté de médecine de Paris, et d’un de ses collègues, apparaît avec le décès de Louis XIII, date à laquelle la Faculté fait insérer dans ses registres le procès-verbal d’autopsie.  »

Alexandre Lunel (éd.), La représentation de la faculté de médecine de Paris lors de l’autopsie des rois de France, Paris, Cour de France.fr, 2009. Documents inédits publiés en ligne le 1er février 2009 dans le cadre du projet de recherche « La médecine à la cour de France »

Le procès-verbal de l’autopsie de Louis XIV, consigné au feuillet 86 du volume, détaille l’aspect extérieur des différentes parties du corps, très atteintes par la gangrène, puis passe en revue les organes internes, demeurés sains.

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Reliure en parchemin de Commentaires
Reliure en parchemin des Commentaires

Le manuscrit exposé fait partie de la collection des Commentaires de la Faculté de médecine de Paris, série de registres où les doyens ont tenu le journal de leur administration depuis 1395 jusqu’à la veille de la Révolution. Cet ensemble, qui constitue une mine d’informations sur l’histoire et la vie de la Faculté au fil des siècles, reste cependant en grande partie inédit. Seuls les six premiers volumes ainsi que le dernier des vingt-quatre volumes existants ont été édités, de sorte que les années 1560 à 1777, soit plus de deux siècles, demeurent largement inexploitées. À la fois pour mettre en valeur et pour préserver cette collection unique et fragile, la BIU Santé a initié une campagne de numérisation qui permettra à terme de consulter ces volumes en ligne dans sa bibliothèque numérique Medic@.

Estelle Lambert

En savoir plus

Le site Internet de l’exposition

Le catalogue de l’exposition, consultable au pôle Médecine de la BIU Santé

Le Musée d’Histoire de la Médecine propose une conférence, «La mort du Roi : rituels et symboles», donnée par le Dr Philippe CHARLIER, le vendredi 29 janvier 2016 à 19h, 12 rue de l’École-de-Médecine 75006 Paris. Entrée libre dans la limite des places disponibles.

Commentaires de la Faculté de médecine de Paris : 1395-1516, publiés par E. Wickersheimer, Paris, 1915 (cote 147168-1)

Commentaires de la Faculté de médecine de Paris : 1516-1560, publiés par M.-L. Concasty, Paris, 1964 (cote 147168-2)

Commentaires de la Faculté de médecine de Paris : 1777-1786, publiés par A. Pinard, H. Varnier, H. Hartmann, F. Widal, G. Steinheil, Paris, 1903 (cote 23034)

Debut: 10/27/2015
Fin: 02/21/2016
Château de Versailles, Place d'Armes
Versailles, Île-de-France
78000
FR

Être femme sous Louis XIV : du mythe à la réalité

Le Musée-promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes propose jusqu’au 14 février 2016 une exposition temporaire sur la condition féminine et la place des femmes dans la société française au XVIIe siècle. Cette exposition explore à la fois le monde des femmes de pouvoir, des femmes intellectuelles, cherchant à déterminer quel rôle elles ont réellement joué, et celui des femmes anonymes et de leur vie quotidiennebourgeois.

De nombreux tableaux, objets et livres ont été réunis à cette occasion. Pour la partie scientifique la BIU Santé a prêté 10 ouvrages de ses collections pour illustrer la thématique de la représentation du corps féminin et celle des soins du corps :

  • Un traité de Louise Bourgeois, Observations diverses sur la stérilité, perte de fruit, fécondité, accouchements et maladies des femmes et enfants nouveau-nés, un des rares ouvrages médicaux de cette époque écrits par une femme, Louise Bourgeois, sage-femme de la reine Marie de Médicis (pôle Médecine, cote 34751)
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Ambroise Paré
  • Le De formato foetu d’Adrian Van der Spieghel illustré de planches in folio gravées sur cuivre présentant l’anatomie de la femme enceinte (pôle Médecine, cote 261).
  • Dans le domaine de la cosmétologie, deux ouvrages de recettes à base de fleurs de Simon Barbe, Le Parfumeur royal (pôle Pharmacie cote RES 14233 (aussi dans Medic@) et Le Parfumeur françois (pôle Pharmacie cote 21893).
  • Enfin le Recueil de recettes où il est expliqué la manière de guérir à peu de frais toute sorte de maux de Madame François Fouquet, recueil de remèdes populaires de l’époque (pôle Pharmacie cote RES 22208)

Le catalogue de l’exposition est consultable à la BIU Santé pôle médecine.

Estelle Lambert

Pl. IV du De formato foetu de Van der Spieghel
Pl. IV du De formato foetu de Van der Spieghel
Musée-Promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes La Grille Royale Parc de Marly 78430 LOUVECIENNES
Debut: 10/03/2015
Fin: 02/14/2016
Musée-Promenade de Marly-le-Roi / Louveciennes, La Grille Royale, Parc de Marly
Louveciennes, Île-de-France
78430
FR