Les dievx de la BIV vous offrent un bel écorché pour juin

Les DIEVX retournent ce mois-ci à leurs premières amours avec cet écorché dessiné par Edmé Bouchardon et gravé par Gabriel Huquier pour L’anatomie nécessaire pour l’usage du dessein (1741).

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À son retour d’Italie, à la fin années 1730, Edmé Bouchardon (1698-1762) produit un grand nombre d’académies qu’il fait graver par Gabriel Huquier (1695-1772)[1]. Elles sont destinées à la formation des artistes et au plaisir des amateurs. Mais Huquier ne vend pas que les recueils. Il fournit également des écorchés de terre cuite qui permettent une étude du corps humain en trois dimensions, pour qui n’a pas la chance de dessiner d’après nature[2]. En effet, la carte professionnelle du graveur et marchand montre la présence de la statuette. Il pourrait s’agir d’une simple évocation du recueil mais le catalogue de vente d’une partie de sa collection, en 1771, indique qu’il possédait «un autre écorché exécuté en terre cuite, très-utile à ceux [qui] étudient le Dessein, par Bouchardon»[3] et un «creux fait pour en tirer des plâtre[4].

De la même manière, quand il diffuse par la gravure les dessins de l’ornemaniste Juste-Aurèle Meissonnier, il a également à sa disposition des «Moules, Plâtres & Plombs, d’après Meysonier»[5] décrits comme des modèles «pour orfèvrerie et bijoux» et comme des «petits creux en terre pour bijoux, tabatières, etc.»[6].

On peut supposer que la version 3D des objets, toujours complexes, dessinés par Meissonnier, a pu être d’un grand secours au graveur dans le processus de reproduction des dessins sur la planche de cuivre.

Mais Huquier s’est également fait une spécialité : fournir le matériel nécessaire à eux qui veulent apprendre à dessiner. Et dès lors, il ne se contente pas de vendre des recueils de gravures à reproduire. Il semble qu’il ait proposé de véritables kits pour amateurs de loisirs créatifs : une anatomie et sa statuette, tirée d’après une œuvre de sculpteur de renom, des modèles de la plus belle Rocaille et un tirage qui permet de mieux apprécier le jeu des courbes et contre-courbes ou encore des estampes prêtes à être découpées, probablement mises en couleur et collées sur un paravent[7].

En éditant ses recueils en plusieurs livres, souvent par souscription, il avait devancé les Éditions Atlas et autres du même type qui proposent d’acquérir progressivement de quoi construire un petit squelette ou la maquette d’une célèbre caravelle. Mais il est vrai que les recueils d’Huquier, relativement onéreux, ne permettaient pas à tout un chacun d’acquérir pour une somme dérisoire une mandibule en plastique d’un blanc crémeux, éternellement vouée à la solitude et à la poussière, en raison du prix toujours croissant des numéros suivants.

Chloé Perrot

[1] Catalogue d’exposition 1698-1762 Bouchardon, une idée du Beau, Musée du Louvre, 14 septembre au 5 décembre 2016, p.8.

[2] Privilège en principe réservé aux élèves de l’Académie.

[3] Catalogue des tableaux, gouaches, desseins… du Cabinet de M*** [Huquier père], Paris, 1771, p.148 – 149, lot 874. La description indique « un autre écorché », pourtant, aucun autre objet identique ne figure dans la vente.

[4] Ibidem

[5] JOULLAIN (François-Charles), Catalogue des tableaux à l’huile, à gouasse et au pastel : peintures de la Chine, enluminures… de feu M. Huquier, graveur, Paris, vente du 9 Novembre 1772.

[6] Ibidem

[7] Mercure de France, Juillet 1737, p.1622.

En savoir plus

Un fascicule sur le traité de Bouchardon de 1741 : Le Traité d’anatomie d’Edme Bouchardon — communication de M. Henry Ronot

Un autre recueil de Gabriel Huquier dans nos collections : Livre de différentes espèces d’oiseaux, insectes, plantes, fleurs et trophées de la Chine : Tirés du Cabinet du Roi

Le Syndrome de Garcin : une thèse (1927), un récit (2018)

Fin mars 2018, le récit de Jérôme Garcin, «Le Syndrome de Garcin», a reçu le prix «Humanisme et Médecine», créé en 2001 par le Collège Français de Pathologie Vasculaire, dont le thème, cette année, était : «La médecine, une histoire de famille ?»

Issu de deux lignées ancestralement vouées  à l’exercice et à l’enseignement de la médecine comme à un sacerdoce, Jérôme Garcin (Le Masque et la plume, Le Nouvel Obs) retrace la généalogie de ses ancêtres.

«Familles hippocratiques», par alliance chez les Garcin, de père en fils chez les Launay, perpétuant une  tradition endogamique, dont  les deux éminents grands-pères  de l’auteur sont issus : Raymond Garcin (1897-1971) le neurologue et Clément Launay (1901-1992),  pédopsychiatre.

«Premier de cordée», Alexis Boyer (1757-1833), fils d’un tailleur et d’une mercière, du fond de sa Corrèze «ignorait encore le protocole que sa fille allait inaugurer puisqu’il épousa Gabrielle-Adélaïde Tripot, la fille d’une blanchisseuse qui le soigna d’une fièvre typhoïde avec un simple bouillon de légumes». Ayant gagné Paris, il  devint professeur, chirurgien et baron d’Empire, donna en mariage sa fille Adélaïde à un professeur de pathologie chirurgicale, inaugurant cette dynastie de gendres, à la fin de laquelle le grand-père paternel tant aimé de Jérôme, le neurologue Raymond Garcin, s’inscrira comme sixième du genre.

Collection BIU Santé Médecine  Collection de portraits : Garcin, Raymond M. Mathieu J.
Réf. image : CIPB1710

Nostalgique de son île natale de la Martinique, Raymond Garcin, lycéen puis étudiant  boursier à Paris, affronte la 1ère Guerre mondiale, puis démobilisé, devient externe et interne dans le service du Professeur  de Clinique des maladies du système nerveux, Georges Guillain, à la Salpêtrière. Celui-ci, appréciant à leur juste valeur ses qualités morales et médicales, ne tarde pas à lui accorder la main de sa fille aînée.

Raymond Garcin fonde sa spécialisation de neurologiste sur une très grande culture générale, qu’attestent le nombre et la valeur de ses publications de pure pathologie médicale en rapport avec la neurologie. Sa thèse sur le syndrome paralytique unilatéral global des nerfs crâniens (1927) deviendra classique en quelques années sous le nom de syndrome de Garcin.

De la cruelle expérience de la deuxième guerre mondiale sortira, en 1942, Traitement des blessures et des lésions traumatiques crânio-cérébrales récentes, prix Montyon de Médecine et de Chirurgie de l’Académie des Sciences. L’humanité de Raymond Garcin, à la IIIème armée, devient légendaire et ne le quittera pas dans sa pratique. «Écoutez vos malades, ce sont vos seuls maîtres.»

L’année 1948, capitale pour lui, marque son retour définitif à la Salpêtrière, division Mazarin, où il dirige bientôt un service pilote  et crée une unité de microscopie électronique, qu’il dirigera toujours après sa retraite en 1968. Ses fonctions, professeur titulaire d’une  chaire  de clinique neurologique, secrétaire général de la Société de neurologie, vice-président de congrès neurologiques internationaux, membre de l’académie de Médecine, son œuvre publiée, importante et variée, sont à mettre au premier plan.

Même lorsqu’il se détendait en famille, en peignant d’après nature à Saint-Laurent-sur-Mer, en compagnie de son petit-fils Jérôme, «ce sémiologue ne se reposait jamais […] le monde était pour lui un malade menacé dont, en même temps, il fixait la beauté provisoire, diagnostiquait le symptôme et voulait absolument traduire le silence». On rapporte que «ses examens sémiologiques, où il faisait preuve d’une « patience contemplative presque irritante », avaient toujours la précision et l’élégance d’une « œuvre d’art »».

Clément Launay, grand-père maternel de l’auteur, est, quant à lui, spécialisé en médecine  puis en neuro-psychiatrie pour les enfants, chef de service à l’hôpital Hérold, professeur à la faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie nationale de médecine. Les deux hommes se sont croisés, rencontrés sans être intimes.

Il avait lu Freud, était l’ami de Françoise Dolto, entreprit une psychanalyse et cherchait dans le milieu familial «la source des régressions intellectuelles, des stagnations affectives de l’enfant, de ses troubles du comportement et du langage». Clément Launay fonda  le premier centre médico-psycho-pédagogique et se consacra également à la question de l’adoption.  Il demandait à la psychiatrie de traiter différemment les adultes et les enfants, dont il avait le souci de favoriser la personnalité, l’originalité, ambitionnant de «préparer le petit d’homme à exercer plus tard sa pleine liberté, et de ne jamais empêcher un destin de s’accomplir».

Ces deux personnages, intimement liés à l’enfance et à la jeunesse de l’auteur, donnent lieu à des portraits attachants en même temps qu’au  panégyrique d’une tradition médicale qui place l’humain, l’humanité, l’humanisme au centre de sa pratique et de son éthique. Et qui possède sa propre temporalité, distincte des grandes dates du calendrier national – cours, publications, congrès,  ses hauts-lieux – La Salpêtrière, l’Hôtel-Dieu, Laennec, Bicêtre, Trousseau, Hérold, l’académie de Médecine…

Launay, Clément  Collection BIU Santé Médecine : Collection de portraits. Réf. image : CIPB1900

Et Jérôme Garcin, dont la vie a été précocement marquée par les deuils familiaux, qu’il exorcise en écrivant, de conclure : «Quelle consolation ou quelle argumentation, enfin, suis-je donc allé chercher en visitant cette dynastie de mandarins ? Peut-être l’idée toute simple que si soigner, c’est sauver des vies, écrire, c’est les prolonger.»

Emmanuelle Prévost

Bibliographie

Ouvrages de Raymond Garcin et Clément Launay disponibles à la BIU Santé, ou accessibles en ligne, bibliothèque Medic@ :

Raymond GARCIN

  1. Garcin R. Physiologie normale et pathologique des nerfs crâniens: trijumeau, nerf vestibulaire glosso-pharyngien, pneumogastrique, spinal et grand hypoglosse. Paris: Masson; 193X.
  2. Garcin R. Le syndrome paralytique unilatéral global des nerfs craniens: contribution à l’étude des tumeurs de la base du crâne thèse pour le Doctorat en médecine [Internet]. [Paris]: A. Legrand; 1927. Disponible sur: http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/cote?epo1111
  3. Garcin R. Les ataxies: rapport de neurologie. Paris: Masson et Cie; 1933.
  4. Garcin R, Bertrand I. Etude anatomo-clinique d’un cas d’hémiballismus. Lésion dégénérative du corps de Luys et de la zona incerta. Poitiers: Société française d’imprimerie et de librairie; 1933.
  5. Garcin R, Bertrand I, Frumusan P. Etude anatomo-clinique d’un cas de syndrome de Parinaud et de myoclonies rythmiques du voile du palais. Paris: Masson; 1933.
  6. Garcin R, Bertrand I, Thévenard A, Schwob RA. Sur un cas de melanoblastome diffus primitif des centres nerveux: étude anatomo-clinique. Paris: Masson; 1933.
  7. Garcin R, Chevalley M, Bize R. Etude anatomique d’un cas de dysostose cranio-faciale. Maladie de Crouzon. Paris: s.n.; 1934.
  8. Garcin R, Halbron P. Contribution à l’étude des migraines accompagnées et en particulier de la physiopathologie des migraines ophtalmiques accompagnées. Paris: Masson; 1934.
  9. Garcin R, Petit-Dutaillis D, Sigwald J. Tumeur latente de l’angle fronto-cerebelleux révélée tardivement par un syndrome de sclérose en plaques aiguë sur la valeur diagnostique. Paris: Masson; 1934.
  10. Garcin R, Bertrand I. Etude expérimentale des lésions du névraxe consécutives aux chocs anaphylactiques répétés et aux injections réitératives espacées d’albumine étrangère: Sur quelques considérations pathogéniques applicables à la pathologie humaine. Paris: s.n.; 1935.
  11. Garcin R, Bertrand I, Laplane R. Sur certaines lésions histologiques du névraxe consécutives aux chocs anaphylactiques et aux injections réitératives espacées d’albumines étrangères chez l’animal. Paris? s.n.; 1935.
  12. Garcin R, Bertrand Y, Petit-Dutaillis D. Compression medullaire par épidurite chronique staphylococcupie chez une diabétique. Paris: Masson; 1935.
  13. Garcin R, Kipfer M. Réaction pupillaire tonique à la convergence et immobilité à la lumière au cours d’une paralysie unilatérale de la IIIe paire associée à une double atteinte trigémellaire: Excentration marquée et de topographie variable de la pupille au repos. Paris: Masson; 1935.
  14. Garcin R, Rouguès L, Laudat M, Frumusan. Syndrome thomsenien et syndrome mysoedemateurx cliniquement associés: début simultané et évolution parallèle Etude clinique. Paris: Masson; 1935.
  15. Garcin R. Sclérose en plaques familiale ou paraplégie spasmodique familiale à forme de sclérose en plaques. Paris: Masson; 1936.
  16. Garcin R, Deparis M, Hadji-Dimo A. Hémiplégie spasmodique de l’adulte avec atrophie musculaire tardive considérable: Contribution à l’étude pathogénique des atrophies musculaires de l’hémiplégie cérébrale de l’adulte. Paris: Masson; 1936.
  17. Garcin R, Kipfer M. A propos du phénomène de l’excitation pupillaire variable. Paris: Masson; 1936.
  18. Garcin R, Darquier J, Tiret J. Sur deux cas de cataplexie. Paris: Masson; 1937.
  19. Garcin R, Legrand G, Bernard P. Sur un cas de fissures osseuses symétriques imulant des fractures spontanées (syndrome de Milkman) d’étiologie inconnue avec guérison clinique et réparation radiographique sous l’influence d’un traitement calcique et vitaminé. Sur l’intérêt pronostique de la connaissance de ce syndrome. Paris: s.n.; 1937.
  20. Garcin R, Varay A, Hadji-Dimo A. Effondrement vertébral aigu au cours d’une maladie osseuse de Paget. Quadriplégie transitoire. Syndrome de Brown-Séquard résiduel. S. l.: Hadji-Dimo; 1937.
  21. Garcin R. Contribution à l’étude semeiologique des tremblements, intentionnels et des hyperkinésies volitionnelles. Paris: Masson; 1938.
  22. Garcin R, Varay A, Hadji-Dimo A. Document pour servir à l’étude des troubles du shéma corporel (sur quelques phénomènes moteurs, gnosiques et quelques troubles de l’utilisation des membres du côté gauche au cours d’un syndrome temporo-pariétal par tumeur, envisagés dans leurs rapports avec l’agosognosie et les troubles du shéma corporel). Paris: Masson; 1938.
  23. Garcin R, Kipfer M. Syndrome de Claude Bernard – Horner et troubles oculo-sympathiques dans les lésions du thalamus optique. Paris: Masson; 1939.
  24. Garcin R, Guillaume J. Traitement des blessures et des lésions traumatiques cranio-cérébrales récentes. Paris: Masson et Cie, libraires de l’Académie de médecine; 1942.
  25. Garcin R, Pestel M. Thrombo-phlébites cérébrales. Paris: Masson; 1949.
  26. Garcin R. Titres et travaux scientifiques du Dr Raymond Garcin. Paris: Masson; 1953.
  27. Garcin R, Oeconomos D. Les aspects neurologiques des malformations congénitales de la charniere cranio-rachidienne. Paris: Masson; 1953.
  28. Garcin R. Addendum aux titres et travaux scientifiques (1953-1960) du Dr Raymond Garcin. Paris: Masson et Cie; 1960.
  29. Garcin R, Zülch KJ, Lazorthes G. Pathologie vasculaire de la moelle: Rapports presentés à la XXVe Réunion Neurologique Internationale (Paris, 5-6 juin 1962). Paris: Masson et Cie; 1962.
  30. Godlewski S, Dry J, Garcin R. Les anomalies congénitales de la charnière cervico-occipitale. Paris: Expansion scientifique française; 1964.
  31. Garcin R. Le syndrome paralytique unilatéral global des nerfs craniens: contribution à l’étude des tumeurs de la base du crâne thèse pour le Doctorat en médecine [Internet]. [Paris]: BIUM; 2003. Disponible sur: http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/cote?epo1111
  32. Garcin R. Bibliothèque numérique Medic@ – BIU Santé, Paris [Internet]. [cité 3 mai 2018]. Disponible sur: https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=fullsearch&tout=garcin+raymond&op=OU&tout2=garcin+raymond&statut=charg

Clément LAUNAY

  1. Launay C. Des tumeurs adénoïdes ou hypertrophies partielles de la mamelle. [Paris]: Imp. Rignoux; 1863.
  2. Launay C. Contribution à l’étude clinique et biologique de la maladie de Charcot et de ses formes anormales. [Paris]: A. Legrand; 1931.
  3. Launay C, Lemoyne de Morgues J, Laurence G. Précis de médecine infantile. Paris: Masson; 1948. (Collection de précis médicaux).
  4. Launay C, Soulé M. L’Adoption: ses données psychologiques et sociales. Paris: Ed. Sociales françaises; 1954. (Problèmes humains, techniques sociales).
  5. Launay C, Duché D-J. L’enfant physiquement handicapé: rôle médico-social du médecin. Paris: Doin & Cie; 1958. (Bibliothèque de thérapeutique médicale).
  6. Launay C. L’hygiène mentale de l’écolier: de 6 à 10 ans. Paris: Presses universitaires de France; 1959. (Paideïa).
  7. Launay C, Grenet P, Verliac F. Précis de médecine infantile. 2. éd. entièrement nouv. Paris: Masson; 1961.
  8. Launay C. Dyslexie. Paris: Choay; 1966. (Les Monographies Choay).
  9. Launay C, Houzel D. Dyslexie. Paris: Laboratoire Choay; 1968. (Les monographies Choay).
  10. Launay C, Soulé M, Veil S. L’adoption: données médicales, psychologiques et sociales. 3. éd., revue et mise à jour. Paris: Editions sociales françaises; 1968.
  11. Launay C, Davy C, Col C. Les enfants difficiles dans l’exercice journalier de la médecine praticienne. Paris: Maloine; 1969. (Pour le praticien).
  12. Launay C (1901-1992) A du texte, Borel-Maisonny S (1900-1995) A du texte. Les troubles du langage, de la parole et de la voix chez l’enfant (2 éd. revue et corrigée) / par Clément Launay et S. Borel-Maisonny ; avec la collaboration de A. Brauner, F. Brauner, Cl. Brocard, C. Chevrie… [etc.] [Internet]. Paris: Masson; 1975 [cité 27 avr 2018]. Disponible sur: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48148712
  13. Launay C, Borel-Maisonny S. Les troubles du langage, de la parole et de la voix chez l’enfant. 2e édition revue et corrigée. Paris: Masson; 1975.

Les dievx du 18e emmaillotent les enfants

Ce mois-ci les DIEVX DE LA BIV ont l’honneur de recevoir Florence Fesneau, qui achève une thèse en histoire de l’art moderne sous la direction du Pr Étienne Jollet (université Paris 1). Ses recherches portent sur Le sommeil et ses représentations : dormeurs et dormeuses au XVIIIe siècle.

Sa dernière publication, «Les secrets plaisirs de la voyeuse au temps des Lumières» est parue dans le numéro 37 de la revue Lumen. Membre actif du GRHAM, Florence Fesneau est co-organisatrice de la prochaine journée d’étude du groupe : «Le mou : saisir la mollesse de la matière au motif dans les arts visuels à l’époque moderne» qui se tiendra le 13 juin à l’INHA.

Nous la remercions chaleureusement de sa passionnante contribution.

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Emmailloter les enfants au XVIIIe siècle

Anon., Enfant endormi dans son berceau, gravure dans Nicolas Andry de Boisregard, L’Orthopédie, ou l’Art de prévenir et de corriger dans les enfants les difformités du corps, Paris, Vve Alix, 1741, face p. 258.

Le XVIIIe siècle exprime un intérêt renouvelé pour le bien-être de l’enfant[1] qui se manifeste non seulement dans la littérature de nouvelles, mais aussi dans la littérature médicale adressée à un large public, ainsi que dans les gravures d’illustration qui accompagnent ces ouvrages, dont deux sont ici prises en exemple.

En 1741 Nicolas Andry de Boisregard publie L’Orthopédie, ou l’Art de prévenir et de corriger dans les enfants les difformités du corps, ouvrage dans lequel il professe cette science nouvelle dont il a créé le nom en rapprochant deux mots grecs (ortho : droit ; paido : enfant). Dans un des chapitres de ce livre, l’auteur observe «que la plupart des enfans n’ont les pieds en dedans, & d’autres difformités, que par la faute des Nourrices, qui les emmaillotent mal[2].» La gravure qui illustre le propos montre un enfant endormi tout nu, le corps libre de toute entrave avec un petit coussin à ses pieds. Il ne s’agit pas encore de proclamer la fin du maillot, mais de montrer comment les nourrices pourraient mieux emmailloter les enfants en fixant les pieds talon contre talon «par le moyen d’un petit coussinet engagé entre les deux pieds de l’enfant & figuré en forme de cœur, dont la pointe seroit mise entre les deux pieds de l’enfant, & la base entre les deux extrémités de ses pieds[3]». Le procédé permettrait ainsi de diminuer fortement le nombre «de cagneux & de cagneuses[4]». Andry reconnaît que «l’art d’emmailloter les enfants, n’est pas une petite chose[5]», mais il ne le réprouve pas, pour autant que les nourrices ne garrotent pas les enfants «comme si c’étoient des ballots qu’elles eussent à envoyer dans quelque Païs éloigné» et qu’elles les changent régulièrement de telle manière à «les tenir dans la propreté nécessaire à leur accroissement & à leur santé[6]

Nicolas de Launay d’après Hubert-François Gravelot, Frontispice dans Raulin, Joseph, De la conservation des enfants, Paris, Merlin, 1768, BIU Santé.

Le débat prend de l’ampleur quand, en 1762, Jean-Jacques Rousseau préconise dans l’Émile l’abandon du maillot au profit de langes flottants[7] . En 1768 et 1769, le médecin-accoucheur Joseph Raulin[8] fait paraître un ouvrage en deux volumes traitant De la conservation des enfants, Ou les moyens de les fortifier, de les préserver & guérir des maladies, depuis l’infant de leur existence, jusqu’à l’âge  de leur puberté. Le premier tome est orné d’un frontispice qui résume le propos, en montrant des enfants à tous les stades de leur développement sous l’œil bienveillant d’Esculape. Raulin professe une nouvelle manière d’élever les enfants et bataille pour que les nouveau-nés soient enfin débarrassés du carcan que représente le maillot disposé en bandes si serrées qu’il empêche tout mouvement et nuit à un développement harmonieux[9]. La nourrice de la gravure suit les recommandations de Raulin : elle tient dans ses bras un enfant entouré d’un simple lange flottant et le nourrisson qui se trouve à côté d’elle, dans le berceau, a les bras libres. Raulin préconise d’ailleurs une juste utilisation du berceau dans lequel l’enfant doit être à son aise sans pouvoir se blesser. Il indique que les nourrices doivent agir avec modération et savoir ne pas se montrer trop brutales dans l’usage du berceau : «il est certain que si l’on berce un enfant dès qu’il a tété, on trouble sa digestion ; si on l’agite violemment, comme l’on a coutume de le faire pour l’empêcher de crier, on s’expose à des accidents dangereux[10].» L’éventuel risque que représentent des mouvements trop brusques du berceau est résolu dans la gravure car le grand panier d’osier tressé dans lequel repose tranquillement le nourrisson est sur pieds fixes, comme le préconisait déjà Rousseau dans l’Émile[11].

Si l’iconographie se prête volontiers à la diffusion des thèmes rousseauistes[12], elle témoigne aussi de résistances qui ne seront vaincues qu’à la toute fin du siècle. Les petites filles – en particulier celle représentée de dos levant les bras vers le cerf-volant de son frère dans la gravure de Gravelot – continuent en effet de voir leurs mouvements entravés par le port du corset qui marque fortement la taille, en dépit l’opinion professée par Raulin dans son ouvrage : «On donne des corps de jupe aux enfans à l’âge de sept à huit mois ; on les avoit déjà mis à la torture par le maillot, on délivre alors les extrémités de ce supplice, pour mettre dans une plus grande contrainte, les viscères & les entrailles, & pour mutiler les os[13]

[1] Philippe ARIES, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Paris, Plon, 1960.

[2] Nicolas ANDRY DE BOISREGARD, L’Orthopédie, ou l’Art de prévenir et de corriger dans les enfants les difformités du corps, Le tout par des moyens a la portée des Peres & des Mères & des personnes qui ont des enfans à élever, Paris, Vve Alix, 1741, p. 258.

[3] Id.

[4] Id.

[5] Id.

[6] Ibid. p. 259.

[7] Jean-Jacques ROUSSEAU, Œuvres, L’Émile, Paris, Werdet et Lequien, 1826, t. I, p. 58 : «Au moment que l’enfant respire en sortant de ses enveloppes, ne souffrez pas qu’on lui en donne d’autres qui le tiennent plus à l’étroit. Point de têtières, point de bandes, point de maillot ; des langes flottants et larges, qui laissent tous ses membres en liberté, et ne soient ni assez pesants pour gêner ses mouvements, ni assez chauds pour empêcher qu’il ne sente les impressions de l’air.»

[8] Joseph RAULIN (1708 – 1784) est mieux connu pour son Traité des affections vaporeuses du sexe, publié en 1758, qui marque un tournant dans l’histoire des maladies des femmes, car il est l’un des premiers à totalement adapter la théorie fibrillaire à la pathologie féminine cf. DORLIN, Elsa, La matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la Nation française, Paris, La Découverte, 2006.

[9] Joseph RAULIN, De la conservation des enfants, Ou les moyens de les fortifier, de les préserver & guérir des maladies, depuis l’infant de leur existence, jusqu’à l’âge  de leur puberté, Paris, Merlin, 1769, t. II, p. 118 – 139.

[10] Ibid., p. 133.

[11] ROUSSEAU, 1826, t. I, p. 58 : «Je dis un berceau, pour employer un mot usité faute d’autre, car d’ailleurs je suis persuadé qu’il n’est jamais nécessaire de bercer les enfants, et que cet usage leur est souvent pernicieux

[12] Anne SANCIAUD-AZANZA, «L’évolution du costume enfantin au XVIIIe siècle : un enjeu politique et social», Revue d’histoire moderne et contemporaine, t. 46 n°4, Octobre-Décembre 1999, p. 770 – 783.

[13] RAULIN, 1769, t. II, p. 255.

Actes Journée d’étude « Fecit ex natura »

Le 18 novembre 2016, la BIU Santé organisait une journée d’étude sous le titre «Fecit ex natura. Le métier d’illustrateur des sciences médicales du XVIe au XXe siècle».

Nous avions invité les intervenants à exposer leurs travaux sur les différents aspects de la production d’illustrations dont la bibliothèque possède une vaste collection.

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’annoncer à ceux qui n’ont pas pu être présents ce jour-là ou à ceux qui souhaiteraient retrouver les différentes allocutions, que nous avons réuni et publié en ligne les actes de cette journée.

De nombreuses pistes de recherche ont été évoquées et nous ne pouvons qu’espérer qu’elles ouvrent la voie à de nombreuses et fructueuses recherches.

Chloé Perrot

 

 

Bonne lecture à tous !

Nudité, santé, beauté pour les Dievx de février

Bénédicte Prot a soutenu en juin 2017 une thèse de doctorat en littérature sur La représentation de la nudité dans la littérature du XVIIIe siècle sous la direction de Catriona Seth (Université de Lorraine) et Alexandre Wenger (Université de Fribourg). Elle est aujourd’hui assistante-docteure de la chaire Médecine et société de l’Université de Fribourg et s’intéresse notamment aux liens qui unissent la médecine à la littérature.

Nous avons eu le plaisir de la rencontrer lors du colloque Habillage du texte aux XVIIe et XVIIIe qui s’est tenu à Metz en septembre 2017. Son intervention portait sur «Nudité et habillage du texte dans L’Ami des femmes (1804) du docteur P. J. Marie de Saint-Ursin» [1]. L’occasion était trop belle et nous n’avons pas résisté à l’envie de la solliciter pour notre rendez-vous mensuel. Nous la remercions infiniment d’avoir bien voulu nous faire l’amitié de se prêter à l’exercice et lui cédons la tribune sans plus tarder.

Chloé Perrot

[1] La publication des actes est prévue courant 2018.

L’Ami des femmes

En ce mois de février, les amoureux de médecine et de littérature seront ravis de découvrir L’Ami des femmes du méconnu docteur P.-J. Marie de Saint-Ursin (1763-1818).

Télécharger le calendrier de février 2018.

Publié en 1804, réédité l’année suivante, le texte est dédié à l’impératrice Joséphine et se présente comme les lettres d’un médecin concernant l’influence de l’habillement des femmes sur leurs mœurs et leur santé, et la nécessité de l’usage habituel des bains en conservant leur costume actuel, avec un Appendix contenant des recettes cosmétiques et curatives.

C’est non sans ironie que le médecin-accoucheur Jean-François Sacombe (1750 (1755 ?)-1822) observe que son contemporain a «mis à contribution tous les arts, la poésie, la gravure, la typographie, et jusqu’au prestige d’un grand nom, pour mieux s’assurer le succès de son ouvrage[1]», étant entendu que la majorité des lecteurs «ne jug[e] du mérite d’une production littéraire que sur l’étiquette du sac[2]».

Au-delà de son caractère péjoratif, cette remarque attire notre attention sur les éléments composant ce qu’on appelle aujourd’hui le paratexte. Titre, épigraphe et frontispice sont autant de seuils de lecture où se manifeste la double appartenance au littéraire et au médical de L’Ami des femmes.

Par la mince frontière sémantique qui sépare l’ami de l’amant, L’Ami des femmes affiche d’entrée de jeu l’ambivalence de la figure du médecin. Cet ouvrage d’hygiène féminine sur la conservation de la beauté et de la santé s’inscrit en cela dans la continuité des textes médico-littéraires, en particulier du roman médical d’Antoine Le Camus (1722-1772) Abdecker, ou l’art de conserver la beauté (1754) – à consulter gratuitement dans notre bibliothèque numérique Medic@.

L’Ami des femmes comprend un frontispice allégorique réalisé sous la direction du célèbre graveur et dessinateur Nicolas Ponce (1746-1831). Le bain et l’habillement y sont respectivement suggérés par la nudité de la figure de la Beauté et par les petits génies tenant des plumes de paon symboles des modes changeantes. Les éléments de végétation et d’architecture antique ne permettent pas de déterminer précisément le lieu de cette scène mythologique. Cette dernière se déroule-t-elle dans le temple de la déesse Hygie entourée de rayons célestes ? Sommes-nous plutôt dans le sanctuaire de la Beauté, qui ne se distingue de Vénus que par la guirlande fleurie qui lui sert d’attribut[3] ? Les deux figures féminines font ici l’objet d’un culte commun, se faisant les incarnations d’un discours qui entremêle l’art de préserver ses charmes à celui d’entretenir sa santé.

On peut s’étonner de l’absence de toute figuration picturale du médecin à l’orée d’un texte qui, par son titre, lui accorde une place prépondérante. La légende de la gravure, l’imposant livre posé sur les genoux de la Beauté ainsi que la théâtralité qui préside à cette scène – voyez le rideau au bord supérieur du cadre – indiquent que le sujet de l’image est avant tout la mise en scène de l’écriture. C’est à travers cette représentation de l’acte d’écrire que la figure du médecin apparaît, et plus spécialement celle du médecin-écrivain mettant sa plume et les beautés du langage au service du discours hygiéniste.

S’éloignant du ton prescriptif du traité, le docteur et auteur cherche tout autant à séduire qu’à instruire les dames. Son style est parfois salué et souvent critiqué. La mise en place d’un contexte sans doute fictif destine les lettres qui composent L’Ami des femmes à une mère de famille en vue de l’éducation de ses filles. Le choix de la lettre n’est pas sans rappeler les correspondances entretenues entre patients et médecins (comme par exemple Samuel-Auguste Tissot). Il s’agit également de cibler le lectorat en se basant sur l’idée selon laquelle l’épistolaire serait un genre littéraire féminin. Les lettres sont en outre agrémentées de vignettes et de reproductions de médailles représentant différentes figures de Vénus. Tirées pour la plupart de la Dissertation sur les attributs de Vénus (1776) de l’abbé de La Chau, ces illustrations font de la déesse un modèle pour les lectrices et contribuent à faire de L’Ami des femmes un livre dont la matérialité tout autant que le propos doit demeurer plaisant.

Portons enfin notre attention sur l’épigraphe située en bas du frontispice et qui place d’emblée le texte sous le patronage de Jean-François Guichard (1731-1811), dramaturge et auteur de contes et de fables légères. Par son rythme et sa construction, l’alexandrin «La pudeur le demande et la santé l’exige» rapproche sur un même plan les deux notions. Le sens de ce vers à valeur de maxime joue de la quasi-synonymie et des nuances entre les verbes demander et exiger, la pudeur étant du côté du côté du souhait et la santé relevant d’un impératif. Le vers de Guichard fait référence aux critiques que suscitent les tenues vestimentaires féminines du début du XIXe siècle, jugées trop découvertes et trop légères par bien des médecins. Saint-Ursin est de ceux qui y voient un péril pour la santé et pour les mœurs, au point de considérer l’habillement des femmes à la mode comme un «appareil plus séduisant que la nudité[4]».

Les seuils de lecture en disent long sur la nature de cet ouvrage entre médecine et littérature galante. L’auteur se verra satisfait s’il «rencontre quelque fois [L’Ami des femmes] sur leur toilette, se glissant entre Gentil Bernard, Dumoustier, Bertin et Legouvé[5]». Ce souhait convie non seulement à de bien réjouissantes lectures mais témoigne encore de manière concrète de l’ambivalence d’un livre médical qui circule aisément de la bibliothèque à la toilette des dames.

Bénédicte PROT, Université de Fribourg

[1] Jean-François Sacombe, « L’ami des femmes », Lucine française, ou Recueil d’Observations médicales, chirurgicales, pharmaceutiques, historiques, critiques et littéraires, relatives à la Science des Accouchements, t. II, à Paris, Au bureau de la Lucine française, Chez Lefebvre, imprimeur, Ier. Vendémiaire An XII [1804], p. 438.

[2] Ibid.

[3] « Beauté », Iconologie par Figures, ou Traité complet des Allégories, Emblèmes, etc. Ouvrage utile aux Artistes, aux Amateurs, et pouvant servir à l’éducation des jeunes personnes, par MM. Gravelot et Cochin, Chez Le Pan, s.d., t. II, pp. 81-82.

[4] P. J. Marie de Saint-Ursin, L’Ami des femmes, ou lettres d’un médecin concernant l’influence de l’habillement des femmes sur leurs mœurs et leur santé, et la nécessité de l’usage habituel des bains en conservant leur costume actuel, avec un Appendix contenant des recettes cosmétiques et curatives, à Paris, chez Barba, 1804, p. 62.

[5] Ibid., p. xii.

Les collections patrimoniales du pôle Pharmacie : sélection de nouveautés

Recueil de remèdes et recettes en français et en espagnol, fin XVIIIe-début XIXe s.

Le pôle Pharmacie de la BIU Santé vous présente une sélection de documents récemment entrés dans ses collections patrimoniales en salle de lecture Dorveaux jusqu’au vendredi 2 mars 2018. Manuscrits, brochures et objets datant du XVIe au XXe siècle viennent enrichir les collections patrimoniales de la bibliothèque, héritière de la bibliothèque de la communauté des apothicaires de Paris puis du Collège de pharmacie sous l’Ancien Régime.

Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer jusqu’à la Faculté de pharmacie de Paris, la plupart des documents libres de droits entrant dans les collections patrimoniales sont numérisés et visibles dans la bibliothèque numérique Medic@ ou dans la Banque d’images et de portraits de la BIU Santé. La sélection ci-après témoigne de la grande variété documentaire de nos collections patrimoniales, que ce soit en termes de support, date de publication ou contenu :

  • Fermentation pour les tumeurs exémateuses, pierre vulnéraire

    Recueil de remèdes et recettes en français et en espagnol, fin XVIIIe-début XIXe s.
    Manuscrit contenant de nombreuses recettes de remèdes contre divers maux, vérole, fièvre quarte, dysenterie, gale… Reliure en parchemin
    Cote : MS 224
    Numérisé dans Medic@

Les recueils de remèdes manuscrits sont une source utile pour connaître l’histoire des pratiques thérapeutiques, et plus particulièrement de la médecine populaire. Les rédacteurs de ces recueils y consignaient les remèdes réputés soigner les maladies les plus fréquemment rencontrées à une époque et dans un lieu donnés. Les recettes, parfois assez hétéroclites (incluant notamment le nettoyage des métaux, du cuir, la cuisine…), proviennent de livres imprimés ou sont issues de la tradition orale.
Découvrez d’autres documents consacrés aux remèdes dans Medic@.

La BIU Santé possède un ensemble composé d’une soixantaine de boîtes de tisanes et documents d’accompagnement (publicités, lettres, brochures). Ces objets et documents témoignent de la production, de la vente et de la consommation de tisanes et boissons à base de plantes à visée thérapeutique ou de bien-être dans la première moitié du XXe siècle.
Plus de détails sur cette collection dans ce billet de blog.

  • Le guide vacances des Laboratoires Sandoz
    Laboratoires Sandoz. Guide vacances
    [Paris], Édition Publicité Parisienne Prenant, [1965]
    Cote : RES 69324

Cette brochure atteste de l’inventivité des Laboratoires Sandoz en matière de publicité et de communication d’entreprise. Elle s’insère parfaitement dans le contexte économique et culturel des Trente Glorieuses, qui permet aux Français les plus aventureux de voyager à l’étranger. Les laboratoires Sandoz ont tout prévu, et vous proposent des médicaments en adéquation avec le pays visité et les maladies que vous êtes susceptibles d’y attraper.
Le pôle Pharmacie possède une collection de plus de 4 500 brochures de laboratoires, présentée dans ce billet de blog.

  • Facture de la pharmacie Cadet pour Monsieur le Baron Danger, XIXe s.
    [Facture à l’en-tête] Cadet, pharmacien, rue Saint-Honoré, n°108, vis-à-vis l’Hôtel d’Aligre, ci-devant au coin de la rue de l’Arbre-Sec.
    [Paris], [Vers 1820]
    Cote : MS 223
    Numérisé dans Medic@

Il s’agit d’une importante facture manuscrite détaillant une cinquantaine de produits vendus à «Monsieur le Baron Danger» au cours des dix premiers mois de 1825 : éther acétique, rouleau de sirop de gomme, sirop d’écorces d’oranges amères, feuilles de mélisse, farine de lin, huile de ricin, emplâtre vésicatoire au camphre, lait d’amandes, laudanum, baume du Pérou, parfum de Russie, seringue à injection, etc.
L’officine appartient à la célèbre famille de médecins et pharmaciens Cadet de Gassicourt.
Pour en savoir plus sur cette illustre famille, consultez notre base biographique.

  • Ordonnancier de la pharmacie Lhopitallier
    Page de la libération de Paris, août 1944 : «Libération de Paris. Glaces brisées»
    Cote : MS 210-16

Les collections d’ordonnanciers apportent un témoignage rare et précieux de l’activité officinale aux XIXe et XXe siècles, qu’il s’agisse des pratiques médicales et pharmaceutiques, de l’évolution des épidémies ou encore du prix des médicaments. La pharmacie Lhopitallier, dont la façade est encore visible aujourd’hui rue Soufflot dans le 5e arrondissement, subit quelques dégâts durant la libération de Paris, visibles sur les pages tâchées d’encre de son ordonnancier datant d’août 1944.
Une thèse d’exercice de pharmacie consacrée à l’histoire de cette officine est disponible sur la page Asclépiades de notre site : Maisonnier, Clotilde. De la pharmacie Lhopitallier au Musée Carnavalet. Thèse pour l’obtention du Diplôme d’État de Docteur en pharmacie. Paris Sud, 2013.
De nombreux articles consacrés aux ordonnanciers sont publiés dans la Revue d’histoire de la pharmacie, notamment « Ordonnancier et préparations magistrales de 1906 à 1960 », par Jean-Marc Aiache, Marie-Dominique Dussaud et Simone Aiache (n°261, 1984. pp. 151-157).

Ces acquisitions sont à la disposition des chercheurs et étudiants en histoire de la pharmacie, de la chimie ou de la cosmétologie souhaitant enrichir leur corpus d’étude ou à la recherche de sources pouvant faire l’objet d’un mémoire d’étude voire d’une thèse. N’hésitez pas à contacter la bibliothèque pour en savoir plus et découvrir nos collections patrimoniales.

Catherine Blum

Les collections patrimoniales du pôle Pharmacie : sélection de nouveautés
Debut: 08/01/2018
Fin: 02/03/2018
4 avenue de l'Observatoire
Paris
75006

222 ans de la bibliothèque de l’Ecole de Santé

Il y a déjà 222 ans, le 17 octobre 1795 (25 vendémiaire an IV), s’ouvrait la bibliothèque de la nouvelle école de Santé de Paris. Prenant la suite de la bibliothèque de la faculté de médecine, ce sont ses collections qui constituent le socle de l’actuelle BIU Santé. Pierre Süe en fut le premier conservateur.

Retrouvez en ligne le discours inaugural de ce « professeur-bibliothécaire », sur la bibliographie médicale.

L’ouverture de cet établissement eut lieu en présence de Jean-François Baraillon, membre de la Convention, et de René-François Plaichard, membre du Conseil des anciens, et sous la présidence de Michel-Augustin Thouret, directeur de l’école.

La bibliothèque était alors ouverte au public quatre fois par décade, de 11h à 14h, les autres jours étant réservés aux élèves.

En savoir plus

Notre billet de 2015 sur l’inauguration de la nouvelle bibliothèque

De l’image du passé… à l’écran du futur : 1395-1795-1995

Les poisons à la Faculté de pharmacie

Si vous avez raté les Journées du patrimoine organisées à la Faculté de pharmacie de Paris le 16 septembre dernier, le pôle Pharmacie de la BIU Santé vous donne une chance de vous rattraper ce mois-ci avec une sélection d’ouvrages anciens illustrant l’histoire des poisons présentés en salle Dorveaux jusqu’au 3 novembre 2017. Une sélection d’ouvrages contemporains empruntables en salle de lecture complète cette présentation. Vous pouvez également poursuivre vos pérégrinations dans notre Banque d’images et de portraits et dans la bibliothèque numérique Medic@, sur les traces de Mathieu Orfila, père de la toxicologie moderne, ou en parcourant les planches de nos flores médicales et herbiers.

Gautier d’Agoty. Planche représentant la jusquiame noire

Catherine Blum

Les poisons, arme du crime et remède
Debut: 09/01/2017
Fin: 11/03/2017
4 avenue de l'Observatoire
Paris
75006
FR

Les tisanes : des « boissons innocentes » en ligne dans la Banque d’images

Tisane de santé Bernardo, dite tisane des cent vertus

La BIU Santé met en ligne dans sa Banque d’images et de portraits un corpus composé d’une soixantaine de boîtes de tisanes et documents d’accompagnement (publicités, lettres, brochures). Ces objets et documents témoignent de la production, de la vente et de la consommation de tisanes et boissons à base de plantes à visée thérapeutique ou de bien-être dans la première moitié du XXe siècle.

Un médicament ?

À l’origine, la tisane, ou ptisane, est un mot dérivé du grec qui désigne une décoction d’orge pilée bouillie dans de l’eau. Hippocrate, dans son livre Du régime dans les maladies aiguës, préconisait déjà l’usage de cette boisson pour soigner et alimenter les malades. Au XVIIIe siècle, l’Encyclopédie entend par tisane « tout liquide médicamenteux qui, contenant peu de parties actives, est destiné à former la boisson ordinaire d’un malade ». Elles constituent ainsi la base de la médecine domestique. Selon Guillaume-François Rouelle (1703-1770), maître-apothicaire à Paris et démonstrateur de chimie au Jardin du roy, « le malade en fait sa boisson ordinaire, c’est pourquoi il faut qu’elle soit agréable et qu’elle ne dégoûte point autant que la vue de la curation le permet ». Le célèbre chimiste et apothicaire Nicolas Lémery, dans sa Pharmacopée universelle publiée en 1697, disait de la tisane « quelle n’est pas si chargée en drogues, car comme elle est employée pour le boire ordinaire, on la rend le moins désagréable qu’on peut ».

Tisane feuilles d’oranger bigarade

Au XIXe siècle, les tisanes figurent en bonne place dans la Pharmacopée française, le Dorvault, ainsi que dans de nombreux formulaires et ouvrages de référence pharmaceutiques. L’édition de 1818 de la Pharmacopée française prend cependant soin de préciser que les tisanes « ne doivent leurs vertus qu’à une très petite quantité de médicaments qu’elles tiennent en dissolution » et que « ces boissons doivent être légères, et le moins désagréables possible, pour que le malade ne s’en dégoûte pas, puisqu’il est obligé d’y revenir souvent ».

Malgré toutes ces précautions d’usage, les tisanes connaissent un tel succès en France que des voix s’élèvent pour en réguler l’usage et en relativiser l’intérêt thérapeutique. Ainsi Jean Buisson, dans ses Observations sur le code pharmaceutique en 1830, indique que l’« on n’établit pas de règles assez sûres et assez précises pour la préparation de ces médicaments. Ainsi par exemple, on ne différencie presque pas les racines, les écorces et les bois qui doivent supporter l’ébullition d’avance ceux qui peuvent la supporter sans altération […]. Les doses ne sont pas assez précisées dans cet ouvrage […]. » Quelques décennies plus tard, le médecin Adolphe Burggraeve (1806-1902) s’exprime ainsi : « Quand on visite les hôpitaux on est frappé du luxe des tisaneries et des innombrables bouteilles, qui de là se répartissent dans les diverses salles, au point que chaque malade a la sienne – quelquefois deux. Les malades non alités trouvent le moyen de les vider autre part que dans leur estomac ; mais pour ceux que la fièvre tient au lit, impossible de leur échapper. »

Zoom sur les tisanes de la Banque d’images et de portraits
Thé mexicain du Dr Jawas

Les boîtes de tisanes et documents d’accompagnement numérisés et disponibles dans la Banque d’images et de portraits forment un ensemble de près de 60 pièces, datant de la première moitié du XXe siècle. On y trouve une grande variété d’informations : famille de tisane, symptômes traités, posologie, formulation, circuit de distribution, prix, timbre ou visas des organismes chargés du contrôle des médicaments, poids, date de fabrication…

Certaines de ces tisanes sont citées dans des formulaires et ouvrages de référence contemporains. Ainsi le Thé mexicain du Dr Jawas contre l’obésite figure dans le Formulaire des principales spécialités de parfumerie et de pharmacie de René Cerbelaud, pharmacien chimiste (Paris, 1905). Les tisanes Dausse sont quant à elles présentées de manière fort élogieuse dans l’édition de 1927 du Dictionnaire des spécialités pharmaceutiques, plus connu sous le nom de Dictionnaire Vidal, comme offrant « le maximum d’activité thérapeutique ». Précisons tout de même que le Vidal laissait à l’époque la description des spécialités à la discrétion du fabricant…

Tisane Sanifer

Nous retrouvons ce même vocabulaire flatteur sur les boîtes de tisanes. Vendues en officine, dans un format parfois insolite, elles se parent de mille propriétés thérapeutiques : purgatives, laxatives, anti-épileptiques, antiseptiques, calmantes, rafraîchissantes, toniques… La liste des vertus que leur bel emballage leur attribue est sans fin. On note également une attention particulière portée au soin de l’appareil digestif dans l’argumentaire commercial. Toute référence au monde clérical est un gage supplémentaire de l’efficacité et de l’authenticité de la préparation (« Thé dépuratif du frère Basile », « Tisane des Chartreux de Durbon », « Tisane de santé de Sœur Ynès », etc.). Enfin, certaines posologies laissent les patients modernes que nous sommes songeurs. Ainsi une boîte entière de tisane des Pères Augustins est « à macérer 4 jours dans un litre de bon vin blanc » tandis qu’un petit verre de cognac peut être ajouté au litre de vin blanc nécessaire à la préparation de la tisane du Curé de Deuil.

Il est ainsi possible d’extraire de ce corpus une grande quantité d’informations. Elles mériteraient très certainement une étude systématique et approfondie, qui nous renseignerait sur la place des tisanes dans l’arsenal thérapeutique du début du XXe siècle, les techniques commerciales employées par les fabricants pour vendre leur produit ainsi que sur la médecine domestique.

Catherine Blum

Société d’Histoire de la Pharmacie : séance du 7/6

Le mercredi 7 juin 2017, la salle des Actes de la faculté de Pharmacie de Paris (4, avenue de l’Observatoire) a accueilli une séance de la Société d’Histoire de la Pharmacie.

Trois interventions se sont succédé au cours de cette séance :

1) Cécile Raynal, membre de la SHP : Le chocolat Pailhasson et les pastilles Malespine, deux confiseries fabriquées par des pharmaciens ;

2) Rached Besbes, pharmacien hospitalier de Tunisie retraité : Ali Bouhageb, pharmacien, ministre de la Santé de Tunisie sous le protectorat français ;

3) Oliver Lafont, président de la SHP : Charles Tanret, pharmacien d’officine et chercheur scientifique.

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