Les remèdes de Salerne

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De manière générale, les cosmétiques semblent avoir occupé une place peu importante durant l'époque médiévale. Les remèdes de l'école de Salerne, qui circulent largement en Europe forment le socle de la médecine savante et populaire. Les recettes consignées dans les livres à usage domestique font la part belle aux emplâtres, onguents, ainsi qu’aux produits utilisés contre les taches, dartres, chancres, fistules, plaies, etc.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, la Grande peste, au XIVe siècle, ne favorise pas l’hygiène au sein des populations. En revanche, elle a pour conséquence un usage nouveau des senteurs et parfums censés protéger des miasmes putrides.

 

 

Livres de remèdes. Manuscrit anonyme (XVe siècle).
Dans ce manuscrit médiéval, une place importante est accordée aux maladies de la peau, qu’il s’agisse de plaies, de blessures, ou comme ici, de dartres. On peut facilement imaginer que sous le nom de « dertres » étaient alors confondues toute sorte d’affections de la peau provoquant des plaques, des démangeaisons, des dépigmentations ou des rougeurs. L’auteur consigne plusieurs recettes. Les deux premières indiquent que l’on soignait les dartres à l’aide de vinaigre (vin aigre) dans lesquels on laissait « détremper » des substances d’origine végétale (gomme ou racine de cerisier), ou à l’aide de substances grasses (huile de genêt), ou encore à partir des résidus de bois brûlés.
BIU Santé Pharmacie : cote MS 01.
Arnauld de Villeneuve (XIIIe siècle). Medicina Salernitana. Id est conservandae bonae valetudinis praecepta ... Genève : Jacobus Stoer, 1591.
 
BIU Santé Pharmacie : cote RES 200162(1).

Barthelemy Glanville (XIIIe siècle). Le Proprietaire des choses tres utille et proffitable aux corps humains avec aulcunes additions nouvellement adjoustees, cest assavoir les vertuz et proprietez des eaues artificielles et des herbes pareillement … ... Rouen : Richard Macé, 1512.
L'ouvrage du moine franciscain Barthélemy Glanville, Le Proprietaire des choses (ou Livre des propriétés des choses) connut un succès important à la fin du Moyen-Âge. On y trouve de très nombreux remèdes utiles dans tous les domaines de la santé. Cet ouvrage a aussi contribué à transmettre plusieurs recettes de beauté médiévales, traditionnelles, composées à partir d'ingrédients faciles à trouver. Le bois gravé en page de titre du chapitre sur « Les eaux artificielles » annonce les progrès de la distillation. De ces eaux artificielles, il est fait différents usages à la fois thérapeutiques et cosmétiques. C'est le cas, par exemple, de « l'eau de fleurs de lys et de feuilles » dont il est dit : « Ceste eaue est moult abstersive et mondisicative […] mêlée avecques miel elle esclarcist et embellist le visage et les mains, à s'en laver aplanist et enrougist le visage moderement et oste les taches du visage » (fol. 274).
BIU Santé Pharmacie : cote RES 6290.


Habits des médecins et autres personnes qui visitent les pestiférés. Traité de la peste recueilli des meilleurs auteurs anciens et modernes, de Jean-Jacques Manget. Genève : Philippe Planchi, 1721.
En temps de peste, les médecins et autres visiteurs de pestiférés revêtaient des habits particuliers. Ils portaient notamment un bec, ou long nez, renfermant des parfums censés protéger des miasmes. Ces becs pouvaient contenir des herbes aromatiques ou des plantes à huiles essentielles jouant un rôle antiseptique.
BIU Santé Médecine : image 01195.



Fac-simile d'une illustration du Tacuinum Sanitatis (XIVe siècle) – Bibliothèque nationale (N.A.L. 1673)
L'Hysope (Hysopus officinalis) est une plante de la famille des Lamaciées, riche en huiles essentielles antiseptiques. C'est une plante biblique, cultivée dans les jardins des simples au Moyen-Âge. Son nom viendrait de l'araméen « eshob » ou « azob » signifiant « herbe sacrée ». On l'appelait probablement ainsi à cause de son usage en tant qu'herbe purificatrice, employée comme l'encens dans les temps des Hébreux, et pour assainir l'air dans les lieux sacrés. Son usage a traversé les siècles. Après le Concile de Trente, au début du rite catholique, lors de la messe du dimanche, était chantée l'antienne : « Asperges me, Domine, hyssopo et mundabor, Lavabis me, et super nivem dealdabor ».
BIU Santé Médecine : image CISA 0894.