Adieu Perruques !

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A la Révolution, adieu perruques poudrées, mouches, fards vifs et brillants, symbole d’une société hiérarchisée et d’une élite cultivée. Les têtes parfumées tombent sur l’échafaud … et avec elles les trois passions du XVIIIe siècle : les poudres, les mouches [1] et les fards [2]. C’est dans le sang que le siècle du rouge s’achève. Le rouge, ou plutôt les rouges, si l’on considère la dizaine de variétés reconnues et utilisées (rouge d’été, rouge d’hiver, rouge de nuit, rouge de la ville, rouge du petit jour, etc.)

La Révolution impose de nouveaux codes et donne à la blancheur ses lettres de noblesse. Et ça n’est pas là le moindre de ses paradoxes.

J.E. Bertrand. Descriptions des arts et métiers, faites ou approuvées par Messieurs de l’Académie royale des Sciences de Paris ... A Neuchâtel : De l’Imprimerie de la Société Typographique, 1780.
 
BIU Santé Pharmacie : cote 6940.
L’Art de connaître les hommes par la physionomie, par Gaspard Lavater. Paris : Depélafoi, 1820.
La parution entre 1781 et 1809 de l’ouvrage de Gaspard Lavater (1740-1801), L’Art de faire connaître les hommes et de les faire aimer marque une étape importante dans le changement de conception des canons de la beauté à l’époque contemporaine. En effet, en actualisant la tradition antique de la physiognomonie (observation reposant sur la croyance en des rapports étroits entre les traits physiques et les caractères moraux des hommes), Lavater contribue à individualiser les passions et jette ainsi un pont entre classicisme et romantisme. Il n’y a plus de beauté idéale à atteindre, mais des beautés distinctes, propres, mais codifiées. Chaque visage demeure unique et, comme l’écrit Lavater dans son chapitre sur « La beauté », « nul homme ne peut remplacer un autre homme » (p. 339). A chacun donc ses recettes de beauté …

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BIU Santé Médecine : cote 60075.
Des moyens de faire du savon dans chaque ménage … Lettre de Jean-Antoine Chaptal au citoyen Brunet, datée du 5 pluviôse an II (24 janvier 1794).
Chimiste de formation, Jean-Antoine Chaptal (1756-1832) est alors membre du Comité de salubrité public et Inspecteur des poudres et salpêtre pour l’arrondissement du Midi lorsqu’il écrit cette lettre au citoyen Brunet, commissaire des subsistances et approvisionnements de la République. Il lui annonce l’envoi d’un « très joli et très intéressant » mémoire sur les moyens de fabriquer la soude et sur les moyens de faire le savon dans chaque ménage « en tout temps et à peu de frais ». Ce document témoigne des préoccupations constantes des membres du Comité de salubrité public en matière d’hygiène et leur volonté, dans une période particulièrement troublée, de mettre la science au service des citoyens.
BIU Santé Pharmacie : cote MS 137.
P.J. Marie de Saint-Ursin. L'ami des femmes, ou lettres d'un médecin concernant l'influence de l'habillement des femmes sur leurs mœurs et leur santé, et la nécessité de l'usage habituel des bains en conservant leur costume actuel : suivies d'un Appendix contenant des recettes cosmétiques et curatives : ornées de sept gravures en taille-douce, par P.J. Marie De Saint Ursin : dédié à Madame Bonaparte. Paris : Chez Barba, 1804.
En ce début de siècle, la médecine n'acquière pas de connaissances nouvelles concernant les produits de soin et de beauté. Elle continue toutefois de produire un discours à vocation globalisante pour maintenir son prestige et son pouvoir. C’est le cas ici avec L’Ami des femmes … du docteur Marie de Saint-Ursin qui adresse à Madame Bonaparte des conseils touchant aussi bien à la santé qu’à la beauté. Le bain, l’eau pure, la toilette sont au cœur de ce texte qui se veut savant.
BIU Santé Pharmacie : cote RES 212721.
Edme-Jean-Baptiste Bouillon-Lagrange. L'art de composer facilement et à peu de frais, les liqueurs de table, les eaux de senteurs, et autres objets d'économie domestique, publié jusqu'ici sous le titre de Nouvelle chimie du goût et de l'odorat. A Paris , chez Delalain fils, 1805 [an XIV].
 
BIU Santé Pharmacie : cote 14754.
Auguste Caron. Toilette des dames ou Encyclopédie de la beauté … Paris : A.G. Debray, 1806.
A la suite de la Révolution, l’Empire promeut la légèreté, la pureté, la toilette intime et le souci du corps. Les produits à la mode sont les eaux de senteurs, les masques de nuit qui font la peau blanche et éclattante, les beaumes exfoliants, les huiles de coco et toutes sortes de lotions censées blanchir la peau, gommer les rides et aténuer les tâches de soleil. Aux vinaigres astringents de l’Ancien régime, le docteur Caron, auteur de La Toilette pour dames, recommande les cosmétiques mucilagineux, doux et suaves. Il proscrit sévèrement les fards.

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BIU Santé Pharmacie : cote 209271.
×Mouche : faux grain de beauté en tissu noir utilisé dès le XVIIe siècle et destiné à faire ressortir la blancheur du visage ou à cacher une imperfection.
×Fard : produit de maquillage semi-solide destiné à apporter de la couleur ou une touche de couleur essentiellement sur les paupières (fard à paupières) ou les joues (fard à joues).