108. STRUCHNON

Dioscoride (M.M. IV, 70 à 74) en distingue quatre espèces qui sont en fait quatre plantes totalement différentes. La première espèce (struchnon kêpaion) est généralement identifiée à la morelle noire (Solanum nigrum L.) (Matthioli, "Morelle ou Sol.hort"). Selon Dioscoride, cette plante est rafraîchissante et convient pour soigner l'érysipèle, les ulcères serpentins (herpes), les maux de tête, les brûlures d'estomac, les fistules lacrymales (aigilops), les inflammations des parotides, les fièvres de chaleur qui surviennent chez les enfants, en particulier au temps de Sirius, i.e. à la canicule (seiriasis), les écoulements , notamment ceux des femmes, les otalgies. La seconde espèce qui était également appelée halikakabon ou phusallis est l'alkekenge ou coqueret (Physalis alkekengi L.) qui a sensiblement les mêmes propriétés que la première. Dioscoride ajoute toutefois qu'elle convient aussi pour soigner la jaunisse et les diurétiques (Matthioli, "Sol. ou Alchequange"). La troisième espèce mentionnée par Dioscoride est le struchnon hupnôtikon, une plante qui provoque le sommeil; elle a aussi des propriétés diurétiques et elle est bonne pour traiter l'hydropisie, les maux de dents, les faiblesses de la vue (ambluôpia) et calmer les douleurs. On l'identifie en général à Whitania somnifera (L) Dunal. ( Matthioli, "Solanum dormitif I"). La quatrième espèce enfin est le struchnon manikon : sa racine prise à la dose d'une drachme (6 gr environ) donne des visions plaisantes; à la dose de 2 drachmes prise pendant trois jours, elle trouble la raison ; à la dose de quatre drachmes, elle provoque la mort. Cette dernière espèce est difficile à identifier. Il peut s'agir de la stramoine (Datura stramonium L.) ou de la belladone (Atropa belladonna L.) (Matthioli, "Solanum dormitif II" ou "Belle Dame"). Un autre dessin de Matthioli évoque une autre espèce de Solanum L. ("Vésicaire rempant") qui pourrait être Solanum villosum L.