La Médecine a très longtemps été fidèle à des concepts directement hérités de l’Antiquité gréco-romaine et à peine modifiés.

Au premier rang de ceux-ci, la théorie des humeurs, établie par Hippocrate à partir de la philosophie pythagoricienne et affinée et systématisée par Galien, fut pendant des siècles un présupposé incontournable conditionnant étiologie et thérapeutique. Parmi les liquides du corps, Hippocrate retient quatre humeurs principales : le sang dont la source est le cœur, le phlegme ou pituite venu du cerveau, la bile jaune produite par le foie, et la bile noire ou atrabile concentrée dans la rate. Leur mélange en proportions harmonieuses (" crase ") induit l’état de santé. La maladie apparaît lorsque, sous l’effet d’un dérèglement humoral interne ou d’une agression externe (physique ou psychique), l’une des humeurs est altérée et devient nocive ou " peccante ", est en insuffisance ou en excès, ou s’isole et se met à fluer, causant une double douleur, à l’endroit qu’elle quitte et à l’endroit où elle se fixe.

On pensait toutefois qu’il y avait naturellement prédominance de telle ou telle humeur selon les âges de l’homme ou les saisons de l’année : le sang au printemps et dans l’enfance, le phlegme en hiver et dans la vieillesse, la bile jaune en été et dans la jeunesse, la bile noire en automne et dans l’âge mûr. Outre les quatre saisons de la nature et de la vie, ce sont aussi les quatre qualités élémentaires (chaud ou froid, sec ou humide), les quatre éléments et enfin les quatre grands " tempéraments " ou caractères humains qui sont liés aux humeurs.
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