MONET (Jacques)

Emergence de la Kinésithérapie en France à la fin du XIXème et au début du XXème siècle : une spécialité médicale impossible. Genèse, acteurs et intérêts de 1880 à 1914

Thèse pour le doctorat en sociologie, juin 2003

© Jacques Monet, 2005

Texte intégral, vol. 1 (Document PDF, 6061 Ko)
Texte intégral, vol. 2 (Document PDF, 14735 Ko)
Texte intégral, vol. 3 (Document PDF, 14592 Ko)

Résumé

La recherche porte sur l’analyse des processus qui ont abouti à la pénétration, à l’utilisation et à une certaine légitimation de la kinésithérapie (massage et gymnastique) dans le champ médical, en particulier dans celui des spécialités émergentes. Dans la mouvance hygiéniste de la fin du XIXème siècle, la médicalisation de ces pratiques ouvre la voie à des perspectives dans l’art de guérir. Les médecins initiateurs en reconnaissant la qualité d’agent thérapeutique aux méthodes préconisées, tentent de leur conférer un statut médical, consignant et énonçant un savoir théorique et abstrait, attribut des professions établies pour qu’elles soient enseignées à la Faculté. Pour les médecins promoteurs d’une médecine naturelle ou physique, ces nouveaux outils thérapeutiques sont à considérer comme une nouvelle discipline, voire une nouvelle spécialité médicale. Mais, les thérapeutiques manuelles et mécaniques, sont l’apanage des rebouteurs, guérisseurs, magnétiseurs, gymnastes et autres profanes, voire des charlatans, considérées comme indignes des docteurs en médecine. Le réseau d’intérêts qui se constitue, rassemble un groupe multiforme d’acteurs qui, dans la mouvance de l’application d’autres agents physiques (électricité, eau, air), tentent d’élargir et de rassembler les traitements par ces agents dans une nouvelle vision de la thérapeutique : la physiothérapie. Quelques médecins praticiens réclament l’exclusivité des pratiques, d’autres préfèrent les confier à des aides de proximité formés à la disposition du corps médical pour assurer les manipulations pénibles. On se situe alors dans le cadre d’une division du travail particulière où le médecin est contraint de partager une branche de la thérapeutique. La structuration des méthodes et la présence d’un praticien formé pour les appliquer, limitent la pénétration de ces méthodes qui imposent au médecin d’exercer un métier manuel. La création des centres de physiothérapie organisés par l’Institution militaire pendant la guerre de 1914-1918, légitime la physiothérapie dans ce qu’elle a d’utile pour la récupération et la rééducation des blessés. Le massage apparaît comme un invariant de l’ensemble des pratiques qui justifie la présence d’un professionnel formé dans des écoles en ville, dirigées par un médecin pour l'exercice d'un métier médical.