Le MS 2440 : « Lettres médicales du XVIIIe s. Lettres de Albaret, Bonnefoy, Dufort, Goulard chirurgien, Maurillon, Mullard, Pagès, Piegon, Pons au Dr Haguenot de Montpellier (1737-1769). Consultations médicales » d’Haguenot

A. Quelques brouillons analysés

Exemple 1 : Consultation du 15 juin 1763 pour Mr de St Cosme, présentant des douleurs thoraciques aujourd’hui très évocatrices d’angine de poitrine

Le mémoire, écrit fort lisiblement par le patient lui-même, indique que celui-ci a senti 3 ou 4 fois en quelques mois, en marchant, des douleurs au sternum et dans la poitrine qui se dissipaient rapidement en ralentissant la marche. Un épisode à la fois plus long (plus d’un quart d’heure) et plus intense de « douleurs inexprimables et à mourir » « comme si on lui ouvrait et lui écrasait la poitrine » survint 8 jours avant la demande et fut suivit les jours suivants de douleurs encore plus longues et survenant cette fois la nuit, qui inquiétèrent –à juste titre– le patient.

Sur un premier brouillon qu’il a intitulé « relation de Mr de St Cosme Tornier », Haguenot a repris les éléments importants du mémoire du malade, en bonne partie sous forme de verbatims, en les séparant par des traits verticaux ; il s’agit d’éléments positifs : les douleurs, les troubles de la respiration, les bâillements, les « feux au visage », mais aussi négatifs : l’absence de céphalées, le bon appétit, etc. Haguenot a aussi transcrit les traitements pris : l’eau de fleurs d’oranger, la saignée, les purgations (« médecines »). Ce premier brouillon est terminé par une interrogation : « Si le malade fait des vents ». Les passages soulignés ont été repris dans le second brouillon.

Les douleurs que illi a ressent depuis quelques mois | respiration fort genée | douleurs inexprimables et a mourir | il f q[u’] alors il soit frappé de la crainte d’une mort prochaine | co[mm]e si on luy ouvroit et ecrasoit la poitrine | eau de fl d’orange | apres un quart d’heure dans son fauteuil revint | mangea se coucha bonne nuit |

Le lendemain des inspirations qlq f[ois] difficiles et feux au visage alla faire une visite pour eprouver si ces douleurs, a 50 pas reviennent reprit son etat n[or]m[a]l, soupa leviter se coucha dormit bien, le jour suivant meme chose arriva | fut saigné, ne sortit point, eut des aspirations involontaires et feux au visage, se coucha a 10 h, a 1h doul le reprirent, se dissiper, se rendormit | a 6 h medecine | la nuit meme ac[ccid]ent; se dissipa, se rendormit.

Le lendemain ne sortit pas aspir. involont. Baillem[ent]s frequens et feux au visage, le jour suivant meme medecine, la nuit meme ac[ccid]ent.

point de mal de tete, ny d’estomac ny aucune autre incommodité qd doul sont passées

ce qui les occasionna et le r[eme]de | doul[eurs] sont si vives en marchant dans les rues et lorsq[ue] ds la nuit regulierement

co[mm]e ils est arrivé les 3 dernieres nuits qu’il craint si elles duroient davantage de ne pouvoir resister

appetit, mange, boit à son ord[inai]re, joüe, se promene chez luy sans autre incommodité que celles dites cy dessus

Si le malade fait des vents

Le second brouillon de la consultation comprend des passages presque complètement rédigés (avec quelques ratures) et probablement très proches de la version finale (expédiée) et des passages encore très succinctement ébauchés, pour la thérapeutique et surtout pour le régime, qui n’est qu’évoqué. Il est probable que ces éléments du traitement étaient pour Haguenot relativement « standardisés » et ne méritaient donc pas d’être préparés (et conservés) en détail.

La doul. dont M se plaint depuis x quelques mois qu’il rapporte a la poitrine avec gènes [?] inspirations involontaires, des baillemens frequens des feux au visage, ne peuvent etre attribuées qu’a un sang epais qui s’arrete dans le poumon et y cause des tiraillements et un sentiment de pesanteur, puisqu’il xx x assure qu’il a souffert quelques fois des douleurs inexprimables comme si on luy ouvroit et ecrasoit la poitrine.

Mais de plus nous soupconnons qu’il n’y ait dans cette maladie un caractere de vapeur, pour l’aveu q[ue] le malade fait de la crainte qu’il a d’une mort prochaine si ces accidens duroient davantage nous fait soupconner, et que cet arret du sang ne soit occasionné par des mouvemens spasmodiques, nous sommes confirmés dans ce soupcon sur ce que ces a[ccid]ens ne durent pas longtems, qu’il n’ont point de mauvaise suite, que lorsque les douleurs ont cessé il se remet dans l’etat n[orm]al , qu’il a appetit, mange boit a son ord[inai]re, joue, se promene chez luy, passe les nuits assez tranquilles et fait toutes ses fonctions

en sorte que nous croyons qu’outre l’epaississement, la secheresse et l’acrimonie du s[an]g, il doit y avoir une tension d[an]s le genre nerveux qui rend le malade susceptible de la moindre impression, son temperament vif nous sommes d’autant plus portes a le croire que nous savons qu’il a un temperament fort vif.

M. le consultant demande ce qui peut avoir occasionné ces douleurs, nous aurions cru ou nous sommes en droit d’exiger de luy des eclaircissements la dessus, et d’appendre s’il ne s’applique pas trop au travail de sa profession, s’il mene une vie trop sedentaire, s’il n’a pas quelque chagrin en un mot si des grandes conte[nti]ons d’esprit n’ont pas precedé ces a[ccid]ens, car alors ce seraient la les raisons au[x]q[uelles] auxquelles il faudrait donner toute son atte[ti]on.

La maladie en question ne paroit nullement dangereuse pour la vie, mais on ne doit pas la negliger. Les indications qu’on doit se proposer de remplir sont de soutenir les digestions, de fournir au s[an]g un chyle doux et louable, de jetter beaucoup de detrempe dans les humeurs, d’en adoucir l’acrimonie et de donner de la souplesse aux nerfs.

pour cet effet nous sommes d’avis, lorsque cette ord[onnan]ce luy parviendra , s’il etoit dans l’ac[cide]nt? qu’on luy fit une saig[née] au bras, que le lend[emain] on le p[urge] polyp[ode] 2 dr[achmes] foll[icules de séné], 1 pincée de fl[eurs] de viol[ette]s et 2 on[ces] ½ mann[e].

bouill[on] poul[et] 3 gran [semences froides] 1 dr[agme] ½ de piv[oine] male et chicorée p[endant] 12 dies, repurger | petit lait poud[re] de gutt[ete] | 20 j | repurgé | bains domestiques a l’issue bouillons poul[et] ou citronelle

a l’automne lait d’anesse apres bouill[ons] et petit lait

regime.

Exemple 2 : Consultation du 29 aout 1747 pour une femme de 30 ans présentant des tumeurs cutanées aujourd’hui très évocatrices de neurofibromatose de type I (maladie)

Le mémoire est accompagné d’une lettre de Lalinde datée du 29 août 1747 et signée Lavergne (« médecin et président de l’élection de Sarlat ») qui demandait l’avis d’Haguenot et de Fizes, et précisait que le mémoire avait aussi été envoyé à Paris. Lavergne y indiquait aussi avoir mis 18 livres pour la « consulte » à retirer au bureau de la poste de la ville.

J’ay l’honneur de vous envoyer, Monsieur, cy-joint un memoire au sujet duquel je vous demande vôtre avis et celui de M. fizes. Le même memoire a été aussi envoyé a paris. Je n’ay voulu moy-même conseiller aucun reméde a la dame pour laquelle je consulte. J’ ay mis au courier 18 livres pour vôtre consulte, que vous aurés la bonté de retirer au bureau de la poste de vôtre ville. Vous avés été et vous etes encore mes Maîtres et dans toutes les occasions, je vous marquerai le devoüement infini et le respect avec lesquels j’ay l’honneur d’etre, Monsieur, vôtre trés obéisssant serviteur, Lavergne, medec[in] et presid[en]t de l’election de Sarlat. Mes respects S’il vous plait à M. de Magnol. Repondre le plus promptement que faire se pourra.

Le mémoire lui-même, daté du 7 aout 1747 et rédigé d’une autre écriture que celle de la lettre, présente l’histoire d’une femme de 30 ans, dont les premières tumeurs sont apparues vers l’âge de 19 ans, et ont ensuite crû en taille et sont devenues sensibles et douloureuses. Le mémoire suggère aussi l’existence de tumeurs internes. Il présente tous les antécédents pathologiques (pâles couleurs, jaunisse et fièvre « lente », etc.) de la patiente et se termine par les résultats d’une petite enquête familiale.

Memoire ou Conseil

Mad[am]e pour laquelle on consulte est agée de trente ans ou environ, d’un temperemment vif, et ayant assés d'embonpoint.

Mad[am]e s’est assés bien portée dans son enfance, mais a l’age de dix a onze ans elle eut les pâles couleurs qui fûrent dissipées par le moyen de remedes: les règles parûrent dans les tems ordinaires et on ne remarque aucun vice de ce coté-là.

Vers l'age de quatorze ans et demy, Mad[am]e fût mariée, et quatre ans après ou environ, dans le tems des chaleurs, ayant ses ordinaires, elle se baigna dans un ruisseau d’eau courante, ce qui occasionna la suppression des Regles, il naquit en conséquence sur toute l’habitude de la peau une quantité infinie de boutons qui egaloient la grosseur des pois, et qui sans faire aucun remede se dissiperent dans l’espace de quatre a cinq jours. Mais il survint un commancement de jaunisse, une insomnie avec une espece de fièvre lente se faisant remarquer principalement la nuit qui durerent l’espace d’une année avec grande altération. Les accidents passerent par le secours des Remèdes et Mad[am]e devint enceinte d’une fille, dont elle accoucha heureusement.

Cependant après la dissipation des accidens qu’on vient d’enoncer, il survint à Mad[am]e dans toute l'habitude

du corps sous la peau un nombre prodigieux de petites glandes, dont le volûme a toujours augmenté depuis, en sorte qu’on en remarque une surtout a la partie superieure et un peu exterieure de la cuisse gauche, qui surpasse la grosseur du poing; d’autres, qui sont longuettes, et grosses comme le pouce, etc., et il en naît tous les jours de nouvelles. Ces glandes sont devenuës douloureuses, et Mad[am]e y sent de vives piqures dans les changemens de temps, surtout en tems pluvieux.

Mad[am]e mange peu et quand il lui arrive de manger un peu plus qu’a son ordinaire, elle sent son estomach fort gonflé: etant sujette à des vents, qui lui causent des gonflements a la Region epigastrique, a la poitrine et au cou; elle y est surtout sujette au commancement du printems et au commancement de l’hiver. Dans ces mêmes tems elle a coutume d’avoir un vomissement, qui dure quinze jours. Mad[am]e est aussi fort sujette aux insomnies.

Mad[am]e desireroit guerir de ses glandes, mais le medécin a qui elle s’est adressée pour cela, se mefiant infiniment de ses lumieres a trouvé a propos d’avoir recours a celles des maitres de l’art.

Il est a remarquer que Mad[am]e le bas ventre de Mad[am]e n’a pas plus de volume qu’il paroit devoir naturellement en avoir, et qu’on n’y observe d’autres duretés que celles qui sont sous la peau; il semble pourtant qu’on doit en soubçonner intérieurement. Elle a eté engendrée par un officier decedé depuis longtemps, et l’on n’a pû rien decouvrir tant de ce coté-là que du coté maternel. M son mari se porte parfaitement bien.

Mad[am]e jouë, veille et prend du caffé tous les jours. Du reste sa poitrine paroit en bon etat. Le 7e aoust 1747

Sur un premier brouillon de petite taille, Haguenot a repris (séparés également par des traits verticaux) les éléments importants du mémoire du malade, le tempérament vif de la malade, les antécédents, puis les caractéristiques des tumeurs et enfin quelques autres points du mémoire, notamment ceux concernant le système digestif et son fonctionnement. Ici encore des passages sont soulignés.

mariée a 14 ans 1/2 age 30 ans tempérament vif asses d'embonpoint

épaississement procuré pales couleurs a 10 ans

suppression de ses règles apres un bain pris lors de ses règles, alors boutons a l’habitude, d'un pois, dissipés d[an]s 4-5 j | jaunisse | et insomnie | fièvre lente

Cette jaunisse dura un an avec altération |

enceinte, accoucha heureusement | glandes a 19 ½ qui ont touj[ours] augmenté depuis, a la cuisse poing, autres co[mm]e pouce, nait des nouvelles | deviennent douloureuses en tems pluvieux

mange peu | et q[uan]d plus q[u’] a l'ord[inai]re son estomac gonflé

sujette vents, gonflemens poitr[ine] epigastre et col | vapeurs initio veris et hyemis | vomisse[men]t 15 j | sujette aussy aux insomnies | aucun vice paternel ny maternel

jouë veille caffé

Le second brouillon conservé pour cette consultation comprend une phrase ébauchée sur la physiopathologie de l’affection, une autre sur son pronostic et détaille ensuite le traitement avant encore une fois d’évoquer de manière très résumée le régime (« bon » et « sans veille ni café », deux comportements qui avaient été mentionnés dans le mémoire et repris dans le premier brouillon).

epaississement du sang et de la lymphe surtout | dispo[siti]on dans l’enfance puisq[ue] pales couleurs, ictere, etc. acrimonie marquée par les phlogoses ou douleurs des tumeurs.

mal invétéré difficile a guérir, p[uis]q[u’] il f[aut] q[ue] les r[eme]des aillent jusqua la peau, empecher du moins le progrés et qu'il ne se fasse des amas de lymphe dans p[ar]ties in[ter]nes, foye, matrice, mesentere | éréthisme de ces solides

indications rectifier digestions, detremper les humeurs, les inciser doucement et en adoucir saumure

Dans cette veüe saig[née] du bras, purg[ation] 2 verres 2 onc[es] rac[ine] polypod[e], 3 drag[mes] de senné, 1 drag[me] rhubarbe, 3 onces de manne

Bouill[ons] p[endant] 9 ou 10 dies avec poul[et] ou col de mout[on], 3 ecrev[isses], 2 drag[mes] rac[ine] de squine, douze cloportes, demy poign[ée] cress[on] et chicoree.

Repurg[ation] puis 6 jours opiate avec conserv[e] kinorrhod[on] et enul[a] camp[ana], extr[ait] rhub[arbe] et de genievre, antim[oine] diaphoret[ique], cachou, cascarille et sirop d’absynthe puis dix jours petit lait ferré cloporté et 2 p[oignées] feuille[es] lierre de terre puis trois onc[es] suc de cresson et hiere

Revenir sans purgatif a l’opiate et au petit lait | purg[er] a la fin lait d'anesse | deux f[ois] le jour | pend[an]t la prise du lait boiss[on] ord[inai]re decoction de squine et de 2 jours l’un bolus fait avec douze gr[os] cloport[es], 5 ou 6 gr[os] cinabre d’antimoine, dix gr[os] cachou, succin blanc incorp[oré] avec quelq[ue] conserv[e] de roses

conti[nuer] le lait jusqu’a l'hiver | alors purg[er] et alternat[ivement] le petit lait, le lait de vache coupé avec la squine ou citronelle

Le printemps repeter les memes remedes et lait de chèvre

bon régime ny caffé ny veille etc

Exemple 3 : Consultation de (mai) 1755 pour un homme atteint d’une « hydropisie ascite ».

Le mémoire, écrit par le médecin ordinaire du patient, Meullard (?) de Marseille le 5 mai 1755, rapportait que le patient, âgé de 51 ans, « ayant toujours aimé la bonne table », avait présenté plusieurs hémorragies nasales abondantes avant de développer en quelques mois une dyspnée de plus en plus intense puis des œdèmes déclives, une oligurie et probablement une ascite, qui peuvent faire évoquer aujourd’hui une insuffisance cardiaque.

Les deux brouillons de la consultation sont cette fois-ci rédigés par Haguenot sur la même feuille, séparée en deux par un trait. Le premier reprend une fois encore certains éléments du mémoire (la plupart de ceux-ci étant soulignés), le second mentionne de manière abrégée la thérapeutique et les quelques points de régime à prescrire dans l’immédiat, et se conclut par la phrase « L’on ne peut faire de plus longs projets » qui correspond bien à l’état jugé critique du patient.

Exemple 4 : Consultation du 9 juin 1757 pour un capitaine de vaisseau marchand de Marseille de passage à Montpellier, présentant une affection ostéo-articulaire et une hémoptisie

Dans ce cas, il s’agit d’une consultation de visu, « faite avec Mr Fizes ce 9 juin 1757 » d’un malade venu à Balaruc puis à Montpellier, et il n’y a donc pas de mémoire. Le brouillon de la consultation conservé est donc d’une structure différente des précédents (pas de résumé du mémoire nécessaire) et assez avancé dans la rédaction, avec deux versions successives et légèrement différentes des modalités du traitement. Il est indiqué par ailleurs à la fin de la seconde page du brouillon que la consultation a été « procurée » à Haguenot par un dénommé Glouquier.

Il n’est pas douteux que M. le consultant a la masse de son sang infectée du virus puisque la chaude pisse qu’il prit il y a six ou sept années tomba dans les bourses, que l’ecoulement verdatre fût supprimé, et que la seconde chaude pisse qu’il a pris aussy depuis ce tems la a été guérie par des injections. Les frictions mercurielles qu’il fit luy même jusqu’a la ceinture sans s’etre préparé auparavant par des bains, sortant et mangeant de toute sorte d'alimens ne peuvent avoir detruit la cause verolique, ainsy la douleur qu’il ressent au pli de l'aine droite doit etre regardée comme un symptome venerien.

Quoyque le malade ait ressenti cette douleur ayant resté pendant neuf mois dans un rets de chaussée fort humide et apres avoir passé une nuit exposé à l’humidité de l’air a la suite d’un excès qu’il avoit fait en dansant, cependant il n’est pas vraysemblable que ce soit là la véritable cause, l’opiniatreté de cette douleur et les sudorifiques differens qu’on a employé qui auroient dû le guerir ou du moins le soulager, marquent evidemment que cet excès n’a fait tout au plus qu’indisposer la cuisse et la jambe et le virus a porté sur ces parties foibles.

Mr le consultant se plaint comme d’une douleur qu’il ressent au pli de l’aine et qui le fait marcher comme [mot illisible] qu’a la jambe [et] l’empeche de se redresser, qui suppose un embarras dans les muscles de l'abdomen qui vont s'attacher aux os des iles causé par une lymphe epaissie. Enfin D’où il est aisé d’etablir un sang acre sec et depourveu de serosité, desseché par l’abus qu’on a fait des sudorifiques qui ont diminué les 2 jambes. De plus il paroit que les vaisseaux du poumon a [?] du crachement de s[an]g sont faibles et faciles à casser puisque le malade a souv[en]t craché le s[an]g, meme en dernier lieu etant aux bains de Balaruc.

Les indications sont donc icy p[rinci]palement d’eteindre le virus venerien, mais nous entrons d[an]s l’été, et que d’ailleurs la verole est ancienne et le malade fort sec, il convient de le p[ré]parer longtemps. P[ou]r cet effet, il faut q[uan]d il sera arrivé à Marseille saigner du bras, le purger avec trois onc[es] manne dans une decoction de fl[eurs] de violette et de peschers en 2 verres ensuite pend[an]t 9 jours bouill[ons] poul[et] avec 10 gr[os de] pavot, les cuisses de 3 ou 4 gren[ouilles] et une poign[ée] chicor[ée] et le cœur d’une laitue. Alternativ[emen]t 40 bains, lait de vache ou coupé ou petit lait

Cette maladie estant inveterée, et le sang du malade qui est

Il est donc essentiel et indispensable de faire un traitement méthodique pour détruire radicalement le virus, sans quoy tous les remedes seroient inutiles, mais comme le mal est inveteré, que le s[an]g du malade dont le temperament est extremement vif est dans un etat de secheresse et d’acrimonie c[on]sidérable, causé par nous estimons qu’il faut le preparer longtemps à l’a[ct]ion du mercure et jetter pendant tout cet esté beaucoup de detrempe et de douceur dans le sang, d’autant plus que le malade a les vaisseaux du poumon foibles et délicats puisqu’il a souv[en]t craché le sang et meme en dernier lieu aux bains de Balaruc

Bon regime | moderer son extreme vivacité | ventre libre p[ar] lavemens | qd il sera arrivé icy, saig[né], purgé, 40 bains petit lait | ressaigné frict[ions] ménagées avec soin lait de vache en petites doses, le tenir longtemps dans le mercure.

B. Comparaison des brouillons (52) avec les consultations achevées (53) d’Haguenot

Les différences statistiquement significatives sont notées en gras dans les tableaux

Longueur moyenne en mots (écart-type) 866 (269) 294 (228)
     
Longueur et caractéristiques générales Haguenot
(complètes)
%
Haguenot
(brouillons)
%
Rappel des symptômes/signes 94 74
Mention de l'ancienneté des symptômes 44 53
Antécédents mentionnés 50 49
Histoire de la maladie mentionnée 42 55
Diagnostic énoncé ou raisonnement diagnostique 96 70
Pronostic énoncé 81 38
Thérapeutique déduite de la physiopathologie 87 26
Thérapeutique déduite des symptômes 6 0
Remèdes prescrits 98 92
Recettes données 77 11
Régime de vie prescrit 98 72
Durée du traitement précise mentionnée 90 75
Durée du traitement imprécise mentionnée 4 4
Adaptation selon les décisions du médecin ordinaire 19 4
Adaptation selon les symptômes initiaux 17 9
Adaptation selon l'évolution des symptômes 84 34
Adaptation selon les goûts 4 2
Adaptation selon la saison 39 23
Adaptation selon complexion 4 0
Instruction pour le suivi 15 9
Rhétorique Haguenot
(complètes)
%
Haguenot
(brouillons)
%
Présence de la section    
Exorde 6 2
Narration 6 [48]
Confirmation 100 32
Péroraison 12 4
Partie technique 98 98
Intrication confirmation et partie technique 71 13
Prospective 10 0
Valeurs    
Utile 13 2
Nuisible 35 6
Juste 0 0
Injuste 0 0
Admirable 6 0
Exécrable 6 0
Types de preuves
Logique (syllogisme/enthymème) 71 9
Logique (induction/exemple) 15 0
Ethique (Auteur affirme) 77 32
Ethique (Auteur cité) 0 0
Ethique (Lieu commun) 0 0
Pathétique (passions) 2 0
Pathétique (pression) 75 11
Nombre de preuves de type différent
3 types 46 2
2 types 39 15
1 seul type 13 17
Aucune preuve 2 66
Figures et tropes
Figures de pensée 35 11
Figures de mot 31 23
Langue de bois 15 2
Digression savante 2 0
Citation 0 0
Méthodes thérapeutiques Haguenot
(complètes)
%
Haguenot
(brouillons)
%
Prescription de purgation 92 89
Prescription de saignée 65 42
Prescription de sangsues 0 0
Prescription de gaiac 0 0
Prescription de remèdes chimiques 73 55
Prescription de lait 81 59
Prescription de petit lait 64 59
Prescription de tabac 0 0
Prescription de topiques 35 34
Prescription de lavements 13 17
Prescription de cautère/séton 6 2
Prescription de vésicatoire/sinapisme 0 0
Prescription de ventouse 0 0
Prescription de frictions (sauf locales/mercure) 0 0
Prescription d'eaux minérales (per os) 44 30
Prescription de bains 58 38

Les circuits et les réseaux, les « petits arrangements », les honoraires de la consultation

A. Consultations procurées par des intermédiaires, circuits et réseaux

Trois exemples d’intermédiaires mentionnés dans les textes conservés sont donnés ici, celui d’une consultation « pour un mr de Genes que Mr Goulard m’a procuré ce 2 août 1752 », une « consultation pour une dame que m’a procurée Melle Manville, faite avec Mr Fizes ce 6e mars 1751 », et une « Ordonnance pour Mr le commissaire de marine, menacé d'hydrocèle, procurée par Mr d’Abbé de Pradines le 12 décembre 1764 ».

D’une manière assez remarquable, le début de l’« ordonnance que j’ai envoyé à Mr Bernadac pour Mr l’évèque de Pamiers », datée du 20 mars 1757, fait état de la déficience de « Bernadac fils » (François-Joseph Bernadac), alors étudiant en médecine à Montpellier, à transmettre à son père s’occupant de l’évêque de Pamiers la réponse de Haguenot à une demande de consultation. Cette déficience donna l’occasion à Haguenot de faire une savoureuse mise au point sur les talents du jeune homme. Elle permet de rappeler opportunément l’existence de réseaux, parfois complexes, d’acheminement des mémoires et des consultations, et… l’importance de la fiabilité de ceux-ci.

Mr Bernadac fils m’a fait l’honneur de me communiquer la lettre que Mr son père luy a écrit au sujet de Mr leveque de Pamiers, j’ay fait des reproches a ce jeune homme semblables a ceux que Mr son pere luy fait sur sa negligence et surtout de ce qu’il ne luy envoya pas la reponce que j’eus l’honneur de luy faire a la lettre qu’il m’avoit ecrit en sa faveur lorsqu’il partit de Pamiers pour retourner a ses etudes. Mr Bernadac le pere doit etre persuadé que j’auray autant d’attention qu’il m’en sera possible sur la conduite de mr son fils; il y a de l’etoffe chez ce jeune homme pour s’avancer s’il s’applique car il a de l’esprit et des talens, mais je crains qu’il ne soit trop facile et qu’il ne se laisse entrainer par ses camarades, je feray tout ce qui dependra de moy pour le contenir dans son devoir. A l’egard de Mr leveque de Pamiers je prie Mr Bernadac apres luy avoir presenté de ma part mes humbles respects de luy dire que ses incommodités habituelles qui durent depuis long temps n’ont aucun danger pour la vie […].

B. Décryptages et « petits arrangements »

Un exemple de décryptage d’une situation compliquée, ici pour des relations difficiles de l’entourage d’une malade avec le soignant, est fourni par cet « Extrait d’une lettre de Toulouse le 14 juin 1760 », qui accompagnait un mémoire relatif à une religieuse âgée de 54 ans, Madame de Sentoux, se plaignant de douleurs d’estomac et fièvre.

Je ne puis plus reculer de vous écrire, principalement pour joindre à ma lettre un nouveau mémoire sur l’état de la maladie de Mad[emoisel]le de Sentoux, et vous expliquer l’usage que l’on se propose d’en faire. On a eu pour objet en fesant faire ce second memoire, qui est comme vous le connoitrés aisément, de la même main que le premier, de suppléer à ce qu’il pouvoit y avoir d’imparfait, de defectueux, d’embrouillé ou même d’inexact et d’omis dans celui sur lequel MM. nos medecins de Montpellier ont donné leur consultation. Les personnes qui s’interessent à la conservation de la chère malade, après avoir lû ce second memoire n’en sont guéres plus contentes que du premier. On trouve que le medecin ni dans l’un ni dans l’autre memoire ne s’exprime pas sur l’état actuel de la maladie et sur le danger de la malade aussi nettement et aussi fortement qu’il le fait dans les conversations qu’il a à ce sujet avec les personnes de la maison, auxquelles il represente cette chère malade comme étant dans un état très dangereux et dont il paroit beaucoup plus craindre qu’espérer.

Rarement observe-t-on aussi bien les « petits arrangements » des soignants (sur ce qu’ils devaient dire ou devaient faire) que dans deux lettres adressées à Haguenot par médecin Maurel de Saint Pons. Dans la première, du 23 avril 1763, concernant une jeune femme de 19 ans présentant une fièvre prolongée avec de multiples suppurations, peut-être tuberculeuses, Maurel demanda en effet en post-scriptum qu’Haguenot ne « parle pas de la très mauvaise conformation » de la poitrine de la patiente :

Ayez la bonté Monsieur de vouloir consulter avec Mr fizes, j’avois oublié de vous faire observer que Mme la consultante a son estomac presque toujours enflé en sorte qu’elle observe de ne pas se lasser autant qu’elle le devroit pour ne pas suffoquer. La poitrine a une très mauvaise conformation, elle est d’ailleurs bossue devant et derriere mais je vous prie de ne pas en parler dans votre consultation

Dans la seconde, du 4 mai 1763, accompagnant un mémoire concernant un homme de 60 ans pour une « sciatique », Maurel mentionna l’honoraire qui serait donné par un intermédiaire à Haguenot, mais aussi lui demanda explicitement de faire des éloges sur sa prise en charge si celle-ci lui convenait « sans qu’il paroisse [qu’il en a été] prié » ou du moins de ne pas formuler de blâme dans le cas contraire.

Je prends la liberté de vous écrire cette seconde lettre, au sujet de la consultation que je vous prie faire avec Mr fizes pour une sciatique qui tourmente un m[alade] dont je prends soin; M Boudet qui remettra ma relation aura le soin de vous donner l’honoraire. […]

Si vous trouvés que je l’aye conduit selon les regles, faites moy la grace de l’observer dans votre consultation, comme aussi si vous trouvés ma rélation en forme de vouloir bien en faire mention sans qu’il paroisse que je vous ay prié et au cas que j’ai manqué dans l’un et dans l’autre de me donner vos avis. Je les recevrai avec reconnoissance […]

Si vous me faites la grace de m’adresser une lettre ne me parlés de rien parce que le paquet ne doit pas m’etre adressé mais au malade

C. Les honoraires

Les honoraires, et leurs montants, sont également souvent mentionnés dans les lettres accompagnant les mémoires. Par exemple, dans cette lettre du 20 juin 1739 du chirurgien Bavoux demandant une consultation pour un homme atteint de maladie vénérienne, il est question d’un honoraire de 12 livres.

La responce que j’espere que vous feré l’honneur de faire le plustost que vos occupations le permettront vous obligeré sensiblement le malade qui est dans la derniere impatience de la recevoir, comme il n’a d’occasion pour vous faire toucher de l’argent voieons une lettre de change de 12 livres sur monsieur Bouclier et fils. La reconnoissance […]

Pour le médecin Pons, nouvellement installé à Trévoux, la consultation d’Haguenot pour un « malade […] en état de faire toutes les dépenses nécessaires, passé entre les mains de tous les médecins et chirurgiens de Lyon et de Trevoux, [qui] s’est adressé à lui depuis 3 jours » pour des « vapeurs » a fait l’objet d’une lettre « d’approche » le 16 octobre 1757 pour obtenir l’accord et connaître le montant des honoraires (et aussi pour donner son opinion sur la cause des troubles du malade), puis d’une seconde le 22 octobre (après la réponse rapidement positive d’Haguenot) dans laquelle Pons demanda encore un « accusé » des honoraires reçus (24 livres) afin qu’il ne fût pas accusé de faire « surpayer les consultations des medecins »

J’ose me flatter que vous voudrés bien avoir la bonté de faire une prompte expedition du judicieux deliberé que nous attendons de [votre] part. Le malade dont il s’agit est en etat de faire toutes les depanses necessaires pour sa guerison. Il a deja passé par les mains de tous les medecins et chirurgiens de Lyon et de Trevoux sans pouvoir guerir, il s’est adressé a moy depuis trois jours, je suis son dernier ressort, avant que de luy faire aucun remede, j’ay trouvé a propos d’avoir recours a vos lumieres pour tacher de le guerir, il est vray que soit dit entre nous, je crois qu’il y a beaucoup de chagrin dans sa maladie et qu’il ne vit pas bien avec son epouse. Vous aurez la bonté de me marquer le montant de vos honoraires que j’auray l’honneur de vous envoyer par la poste comme etant la voye la plus seure, c’est Mr Isnard, medecin a Grasse qui procuré par relation l’honneur de votre connoissance, je suis nouvellemant etabli dans ce pays […].

 

Je vous envoye les honoraires téls que vous me le demandés par la lettre que vos m’avés fait l’honneur de m’écrire, je suis fasché de vous [donner] tant de peine mais je suis charmé que vous m’ayés ecrit la lettre que vous m’avés ecrit pour que Mr le consultant n’ait aucun soupson contre moy parce que bien souvant il s’ay trouvé qui ont cru que je leur faisois surpayer les consultations des medecins. Vous me fairés le plaisir de m’accuser par votre response les 24 livres que vous recevrés avec la presente.

Les malades et les maladies pris en charge et la pratique médicale d’Haguenot

A. Les malades et les maladies

L’analyse a porté sur les mémoires et les consultations manuscrites du MS 2440, auxquels on a adjointes les 45 consultations publiées du vivant d’Haguenot dans différents volumes de Consultations choisies de plusieurs médecins celebres de l'université de Montpellier sur des maladies aigues et chroniques, concernant au total 123 patients. Haguenot a consulté seul dans 63% des cas, et avec des collègues de Montpellier dans 37% (notamment 19 fois avec Fizes et 7 fois avec Lazerme). La nature du demandeur ou du destinataire était reconnaissable 67 fois (54%) : 39 fois, il s’agissait du malade ou de l’entourage et 28 fois du médecin ordinaire. Dans 29 cas (24%), la consultation s’est faite de visu.

L’âge des patients était mentionné dans 57 cas (46%), la médiane était de 35 ans, les extrêmes de 4 et 84 ans. A l’exception d’un cas, le sexe était toujours mentionné, avec un sexe-ratio masculin/féminin de 72/50. L’origine sociale n’était précisée que pour 34 cas (28%), avec une répartition presque égale entre les ordres (noblesse 14 fois, clergé 10 fois, bourgeoisie et métiers 10 fois). L’origine géographique était précisée dans 49% des cas, avec une écrasante majorité de malades résidant dans le Sud de la France (4 seulement à l’étranger).

La catégorisation épidémiologique des maladies, présentée dans le tableau qui suit, fait apparaître une répartition assez équilibrée des maladies, avec toutefois une prédominance relative des maladies génito-urinaires, digestives et ostéo-articulaires. Les maladies que l’on pourrait qualifier aujourd’hui d’« infectieuses » représentaient un peu plus d’un quart de l’ensemble.

Caractérisation épidémiologique des maladies (n= 123) %
Absence de maladie 0,8
Nature ou mécanisme de l’affection
Affection épidémique 0,8
Affection fébrile ou purulente 26,8
Affection malformative 0
Affection traumatique et empoisonnement 1,6
Affection tumorale 5,7
Pathologie de la grossesse 0,8
Appareil ou système atteint
Multiple ou imprécisable 20,3
Non localisée 0,8
Maladies endocriniennes, de la nutrition. etc. 1,6
Maladies du sang, organes hématopoïétiques etc. 10,6
Maladies du système nerveux 4,1
Maladies mentales 3,3
Maladies de l'œil etc. 2,4
Maladies de l'oreille etc. 1,6
Maladies de l'appareil circulatoire 1,6
Maladies de l'appareil respiratoire 6,5
Maladies de l'appareil digestif 12,2
Maladies de l'appareil génito-urinaire 15,5
Maladies de la peau etc. 5,7
Maladies du système ostéo-articulaire 11,4
Pathologies multiples 17,0

B. La pratique médicale d’Haguenot

La pratique médicale, également analysée sur l’ensemble des 123 patients du Ms 2440 et des Consultations choisies de plusieurs médecins celebres… est résumée dans le tableau qui suit. Dans l’ensemble, elle diffère assez peu de celles des médecins montpelliérains actifs au milieu du XVIIIe siècle. L’analyse diagnostique était conduite dans 96% et un pronostic énoncé dans 81% des cas. Les traitements étaient déduits de la physiopathologie dans 87% des cas, des remèdes étaient prescrits dans 98% des cas comme un régime de vie. Haguenot a eu massivement recours aux évacuations (purgations dans 92% et saignées dans 65% des cas), ainsi qu’au lait et au petit lait (dans 81% et 64% des cas respectivement). On remarque encore l’importance de la prescription des remèdes chimiques (fer, antimoine, cinabre…) dans près de ¾ des cas, ainsi que des bains et des eaux minérales (dans 58% et 44% des cas respectivement).

Caractéristiques des consultations et méthodes
thérapeutiques utilisées (53 consultations achevées)
%
Rappel des symptômes/signes 94
Mention de l'ancienneté des symptômes 44
Antécédents mentionnés 50
Histoire de la maladie mentionnée 42
Diagnostic énoncé ou raisonnement diagnostique 96
Pronostic énoncé 81
Thérapeutique déduite de la physiopathologie 87
Thérapeutique déduite des symptômes 6
Remèdes prescrits 98
Recettes données 77
Régime de vie prescrit 98
Durée du traitement précise mentionnée 90
Durée du traitement imprécise mentionnée 4
Adaptation selon les décisions du médecin ordinaire 19
Adaptation selon les symptômes initiaux 17
Adaptation selon l'évolution des symptômes 84
Adaptation selon les goûts 4
Adaptation selon la saison 39
Adaptation selon complexion 4
Instructions pour le suivi 15
Prescription de purgation 92
Prescription de saignée 65
Prescription de sangsues 0
Prescription de gaiac 0
Prescription de remèdes chimiques 73
Prescription de lait 81
Prescription de petit lait 64
Prescription de tabac 0
Prescription de topiques 35
Prescription de lavements 13
Prescription de cautère/séton 6
Prescription de vésicatoire/sinapisme 0
Prescription de ventouse 0
Prescription de frictions (sauf locales/mercure) 0
Prescription d’eaux minérales (per os) 44
Prescription de bains 58