Etienne BOURDET (1722 -1789)

Soins faciles pour la PROPRETÉ de la bouche et pour la conservation des dents 
Par M. Bourdet, Chirurgien Dentiste de la Reine
1759, A Paris chez Jean -Thomas Hérissant, Libraire, rue S. Jacques, à S. Paul & à S. Hilaire

Présentation par Micheline RUEL-KELLERMANN
Docteur en chirurgie dentaire et en psychopathologie clinique et psychanalyse
Membre titulaire de l’Académie nationale de chirurgie dentaire
Secrétaire générale de la Société française d'histoire de l’art dentaire (SFHAD)
micheline@ruel-k.net

Cet ouvrage à l’adresse du public paraît 22 ans après celui de Geraudly, 16 ans après celui de Bunon auquel il empruntera largement, entre autres, les préceptes de prévention, d’entretien des dents et les extractions pilotées des dents temporaires, 13 ans après celui de Mouton duquel il gardera le ton rassurant, empathique ainsi que sa calotte d’or, enfin, 5 ans après celui de Lécluze.

Deux ans après la parution de ses Recherches et observations, Étienne Bourdet offre à son tour une sorte d’Abrégé plus accessible qu’il présente ainsi dans l’Avertissement : Voilà toute la matière de cet Ouvrage, extrait en partie des Recherches sur toutes les parties du Dentiste, que j’ai publiées l’année dernière. J’ai voulu faire un petit livre très-substanciel, qui fût portatif, & que la commodité du format pût faire lire à ceux qui ont besoin d’être éclairés sur les intérêts les plus sensibles, & qui dans l’instruction ne craignent rien tant que l’ennui. Et ce livre « de poche » a bien pour but de réveiller les hommes sur un de leur plus précieux avantages, qui est le plus négligé de tous.

À juste titre, cet ouvrage remporte un vrai succès, il sera réédité plusieurs fois : 1771, 1790 (Paris), 1782 (Lausanne). Il sera traduit en allemand (Leipzig, 1762), en italien (Venise, 1773), et sera la première œuvre odontologique traduite en russe (1790).

L’édition de Lausanne (1782) est suivie de L’Art de soigner les pieds, contenant un traité sur les Cors, Verrues, Durillons, Oignons, Engelures, les accidens des Ongles & leur difformité par M. Bourdet, Chirurgien Dentiste.

L'ouvrage

L’ouvrage de 133 pages est divisé en dix chapitres.

La multiplicité des instructions, en prouvant le peu de fruit qu’elles produisent fait voir au moins la nécessité de les renouveler sans cesse, & de ne point les épargner. Cet avertissement nous annonce les inévitables répétitions d’un chapitre à l’autre. Seront extraits les passages les plus significatifs et de surcroît complémentaires aux Recherches.

Des causes qui gâtent les Dents ; & des moyens de les prévenir

On en retiendra parmi toutes les causes exposées, celles qui soulignent particulièrement l’insalubrité des lieux tant extérieurs qu’intérieurs : il est très-nuisible aux Dents, de trop se dégarnir la tête, & de s’exposer au serein, ainsi que de dormir la tête nue, ou trop peu couverte : de là proviennent bien des fluxions (p. 37).

Précautions à prendre pour empêcher que les Dents ne se gâtent par quelqu’une des causes qu’on vient d’exposer

Quand on séjourne dans un endroit où les eaux sont crues, & qu’on ne peut en avoir d’autres, il faut faire chauffer l’eau qu’on boit jusques à un certain degré, afin qu’elle soit moins préjudiciable aux Dents (p. 41).

Aux classiques recommandations, le bon régime, l’exercice modéré, bien mâcher les alimens etc. suivent celles de travailler promptement à détruire les affections scorbutiques ou de quelque autre vice particulier (p. 44). Ce « vice particulier » n’est pudiquement jamais désigné vérole dans cet ouvrage s’adressant à tous.

Et si nécessaire, il ne faut point différer à se mettre entre les mains d’habiles gens dont on ne manque pas à Paris (p. 44). Saignées, purges restent toujours salutaires.

Des maladies, & autres causes qui altèrent la blancheur des Dents

Ceux qui fument ou qui mâchent du tabac pour leur santé, ou par simple habitude, ont ordinairement les Dents noires ou jaunes ; & l’on ne peut guères recouvrer leur blancheur, qu’en renonçant à la pipe ou au machicatoire. (…) Le blanc que l’on met sur le visage gâte aussi les Dents de plusieurs façons. Il se forme sur la Dent, au bord des Gencives, une noirceur qui commence par la ternir, qui ensuite la dessèche & en brûlant l’émail, si on n’a l’attention de la faire ôter à mesure qu’on en voit le moindre vestige (p. 50-51). Curieuse discrétion sur ces fards très destructeurs à base de mercure.

Des maladies des gencives, & des alvéoles

Véritable abrégé des Recherches, les causes sont didactiquement exposées et répétées une fois de plus : limon âcre & corrosif, l’abondance du tartre, une salive viciée, certaines drogues dont on se sert, les coups & les chutes etc. (p. 60).

Les Alvéoles sont susceptibles de carie comme les dents mêmes, mais plus rarement. Les causes ordinaires sont un vice scorbutique, ou un vice particulier fort commun (p. 62).

Quelle qu’en puisse être la cause, il est certain que dans la vieillesse les racines des Dents sont communément dégarnies, tant du côté de l’Alvéole que de celui des Gencives, & qu’elles sont par conséquent peu solides. Je me dispense d’entrer ici dans le traitement rigoureux de ces sortes de maladies, attendu qu’elles sont du ressort des gens de l’Art les plus expérimentés. Comme je n’écris point pour eux, je ne parlerai que des maladies où l’on peut remédier soi-même, ou faire remédier aisément. Ceux qui voudront des instructions plus étendues, (…) pourront consulter l’Ouvrage que j’ai donné l‘année dernière (p. 64-65).

Cette introduction aux chapitres suivants les fait pressentir beaucoup plus nouveaux par le développement de ce que chacun doit pouvoir faire pour entretenir, conserver ses dents.

Soins que l’on peut apporter soi-même aux dents gâtées, tant pour les conserver, que pour en éviter la mauvaise odeur, & pour avoir la Bouche propre.

En préambule, Bourdet attire l’attention sur ses pairs : Un Dentiste est toujours répréhensible quand il se presse d’ôter une Dent, qui quoique gâtée n’est pas sans ressource (p. 66).

Les conseils s’adressent aux personnes qui ne sont point à portée de recevoir aucun secours du Dentiste (p. 68). Autant dire pratiquement tout le monde ! L’importance et le succès de l’ouvrage se mesurent encore mieux quand on sait que : « Paris comptait en 1755, trente experts dentistes et deux spécialistes qui étaient maîtres en chirurgie dentaire. En 1763, d’après l’état établi alors par Beaumont et adressé au Roi, une quarantaine en tout pour Paris et les grandes villes du royaume » (Histoire d’un diplôme, p.55).

Voici un conseil d’auto-médication :

Lorsqu’une Dent gâtée est sensible au chaud & au froid, qu’elle incommode en mangeant, & qu’elle fait du mal, il faut avoir grand soin de ne rien laisser séjourner dans le creux que la carie y a fait & d’y tenir continuellement un peu de coton trempé dans l’essence de cannelle, ou de girofle, ou dans l’esprit de vin ; on le renouvellera tous les jours, tant pour la propreté, que pour accélérer la guérison de la Dent. On continuera cet usage jusqu’à ce qu’on mange bien sur la Dent, sans nulle douleur, & ensuite on la fera plomber (p. 70).

Remarques sur les douleurs des Dents

Lorsqu’une dent n’est sensible ni au chaud ni au froid ; mais (…) fort douloureuse au seul tacte, on sent souvent dans la Gencive & aux environs des battements & des élancements très-aigus ; souvent les parties voisines se gonflent &, il se forme quelquefois un abcès dans la Gencive même. (…) Les émolliens tels que l’eau tiède & le lait tiède, qu’il suffit quelquefois de tenir fréquemment dans la bouche, les figues grasses bouillies dans le lait qu’on porte sur la gencive malade, les cataplasmes de mie de pain & de lait arrosé d’huile de Behem, quand la joue est dure & enflée, relâchent les parties tendues et soulagent beaucoup le malade. Lorsque la douleur est considérable, que la fluxion ne diminue point, & que le malade souffre toujours, il faut le faire saigner : la saignée du pied quand on peut la faire est préférable à celle du bras. Les douleurs par ce moyen s’apaisent, & la fluxion se dissipe (p. 74-76).

Enfin toutes dents malades se dégradent encore plus par l’inaction. (…) Et d’ajouter : Il est certain que les meilleures Dents quand on ne les fait point travailler, s’ébranlent &, donnent de l’odeur (p. 79).

Soins journaliers qu’il est nécessaire de donner soi-même à ses Dents, quelque saines qu’elles puissent être, pour en conserver la blancheur, les tenir propres, & les préserver de la mauvaise odeur.

Soins de tous les jours dans l’état ordinaire

Il faut tous les matins commencer par bien se gratter la langue. Quand tout le limon est emporté, il faut passer un cure-dent de plume entre toutes les Dents, sans trop d’effort, pour enlever le sédiment qui s’y forme pendant le sommeil, & pour faire dégorger le sang arrêté dans les pointes des Gencives qui remplissent les intervalles des Dents. L’Ouvrage du cure-dent fini, on doit se bien nettoyer la bouche, c’est à dire les Gencives & les Dents avec une petite éponge fine, qu’on a trempé dans de l’eau tiède. (…) On porte l’éponge sur la Gencive, & en appuyant un peu, on la ramène à chaque fois, vers l’extrémité des Dents & non en travers. Cette éponge ainsi pressée sur la gencive & sur la dent fait sortir le limon qui peut s’être glissé sous la gencive, & sur la racine de la Dent quand les Gencives sont engorgées. (…) On finit cette opération par se bien rincer la Bouche. Il est bon, tous les trois ou quatre jours, de se servir d’une petite racine bien douce & bien préparée, pour emporter la crasse qui ternit la Dent. (…) Tous les vingt jours, ou tous les mois, il faut employer la poudre, si on s’aperçoit que malgré les soins qu’on a pris, les dents perdent de leur blancheur, & plus souvent si le cas le requiert. (…) Certaines personnes, pour avoir les Dents plus blanches, les frottent tous les matins, soit avec une racine, soit avec de la poudre, de l’opiat ou d’autres drogues, pendant l’espace d’un quart d’heure ; mais par succession de temps, elles en détruisent l’émail, & par conséquent la blancheur. (…) Lorsqu’on veut employer l’opiat, on en prend au bout du doigt, environ de la grosseur d’un poix ; on l’étend sur la Gencive & sur la Dent, toujours en allant vers l’extrémité & non en travers. (…) La propreté demande encore quelque soin après les repas, (cure-dent, serviette ou éponge et rinçage de bouche). Cet usage qu’il est aisé de faire passer en habitude, doit n’être jamais négligé (p. 82-89).

Soins journaliers que demandent les dents, & les Gencives malades

Les recommandations de base sont les mêmes, mais s’assortissent de produits plus adaptés.

Un bon vin blanc remplacera l’eau pour se rincer la bouche après le repas (p. 91). Après s’être servi de la racine de Guimauve, & du cure-dent, il faut user tous les matins d’un opiat fait avec le sang de dragon, & l’os desséché en poudre bien mêlés ensemble, & incorporés avec le miel de Narbonne, jusqu’à ce qu’il soit d’une juste consistence. (…) Si les Gencives sont dures, rouges, gonflées & douloureuses, (…) on les pique légèrement, on les presse avec le doigt, & on les fait saigner le plus possible (p. 92-93).

Mais si, (…) la maladie subsiste encore, il faut consulter les gens de l’Art, pour s’assurer si la maladie n’est pas produite par quelque Dent gâtée, par le défaut de l’alvéole, (…) par le vice de la salive ou de l’estomach, enfin par un vice scorbutique, ou quelqu’autre vice intérieur. Un Dentiste expérimenté en découvrira bien la cause, & une maladie connue est à moitié guérie (p. 96).

Des causes qui donnent de l’odeur à la Bouche, & des moyens d’y remédier

Au delà des causes internes ou externes :

On peut ajouter à ces causes un excès, dont quoiqu’on en dise, les hommes aujourd’hui ne sont pas plus exempts que les femmes : c’est de parler trop & trop long-temps. À force de parler en effet, la bouche s’échauffe, & la salive s’aigrissant, l’haleine devient forte & désagréable. (…) j’ai principalement en vue les Prédicateurs, les Avocats, & tous ceux qui sont obligés par état de parler en public (p. 98-99).

Les remèdes seront les mêmes soins journaliers redoublés, et le médecin rétablira, s’il y a lieu, l’estomach par des remèdes convenables (p. 100). Et bien évidemment, dent malade ou tartre doivent être ôtés (p. 102-103).

Soins qu’il faut donner aux Dents artificielles, pour la propreté de la bouche

Les solutions prothétiques sont brièvement expliquées et se veulent rassurantes à l’instar de Mouton. Une estimation prudente de la durée d’une dent à tenon est donnée : Les chicots sont de bonnes bases sur lesquelles on asseoit l’édifice. On y ente aussi avec un pivot ou un tenon d’or des Dents naturelles, & ces dents sont aussi solides que nos propres Dents, sans qu’il soit nécessaire de les attacher aux Dents voisines, en sorte qu’il n’est pas rare d’en voir durer pendant six ans & plus sans le secours du Dentiste (p. 106).

Concernant les pièces de Dents artificielles : beaucoup de personnes se les attachent elles-mêmes fort bien avec des fils ordinaires qu’elles renouvellent à leur gré, & c’est alors qu’il est nécessaire pour la propreté de les renouveler souvent (p. 107).

Pour les pièces où il ne reste plus de dents, grâce à la compétence de Fauchard alliée à celle de Bourdet : nous avons surmonté cette difficulté, & nous avons trouvé les moyens de faire tenir ces sortes de Dents avec des ressorts. (…) Les soins (..) consistent à les ôter tous les matins, ce qui est aussi facile que de les remettre ; à les bien nettoyer avec une petite brosse ; & à les frotter de temps en temps avec un peu de poudre pour les tenir blanches. Il faut aussi tous les sept ou huit jours regarnir les ressorts de la façon que le Dentiste l’aura montré. C’est ainsi que les Dents artificielles bien faîtes & bien mises, pour peu qu’on ait soin de les tenir propres, ne sont non plus susceptibles d’odeur que nos propres Dents (p. 108-110). À noter l’usage d’une petite brosse pour nettoyer les dents artificielles.

Instructions nécessaires pour les Pères & Mères de famille, & pour ceux qui élèvent des Enfans

Le Ptialisme ou la salivation annonce que la Dent pousse & est arrivée à la Gencive. Alors il faut la frotter de temps en temps avec du jus de citron, dont on a le doigt bien trempé, jusqu’à ce que la Dent soit découverte, & la Gencive divisée. (…) Quand les Dents causent le devoyement en se formant ou en perçant, c’est d’ordinaire un bien pour l’enfant, que ce dévoyement garantit souvent d’autres accidents plus fâcheux . Presque pas de bouillie ou légère et pas trop de lait : car si vous ne lui retranchez point une partie de cette nourriture, comme il se trouvent alors dans son estomach certains acides qui font aigrir & cailler le lait ou la bouillie, il aura des indigestions continuelles ; le dévoyement augmentera & deviendra dangereux (p. 112-113).

Si fièvre et convulsions, il faut faire emporter la Gencive, afin d’éviter qu’elle ne se réunisse (…) ; cette petite opération est bien plus effrayante pour les parens, que douloureuse pour l’enfant même (p. 114).

Enfin Bourdet décrit un possible malaise atteignant les enfants et précédant généralement d’une ou deux années la percée des premières molaires : Souvent l’enfant est triste, perd l’appétit, maigrit à vue d’œil, & se trouve tourmenté d’une fièvre lente, sans qu’on sache à quoi en attribuer la cause. (…) Quand les accidents subsistent trop long-temps, & que malgré tous les remèdes l’enfant dépérit de jour en jour, quoique la Dent ne fasse point encore d’éminence à la Gencive, si l’on veut promptement tirer l’enfant de ce fâcheux état, il faut débrider le péri-maxillaire d’où vient tout le mal (…) en ouvrant la Gencive, & en divisant cette membrane ; (...) [ ou] en leur ôtant simplement la dernière Molaire de lait (p. 115-117). Ces gestes se justifient par l’explication suivante : la présence de la Dent, encore renfermée dans la machoire, comprime & dilate avec force & l’Alvéole & le Périoste qui l’environne, ce qui irrite ces parties & occasionne tous les accidents dont j’ai parlé. Il en est ici comme des Dents de sagesse, qui, ne trouvant pas de place, causent beaucoup de douleur ; il s’en trouve même qui ne peuvent sortir, & le malade ne guérit qu’en ôtant l’avant-dernière. Vers l’âge de dix à onze ans, on voit quelquefois arriver les mêmes accidents, & il y a tout lieu de croire qu’ils sont produits par les Dents (p. 118-119).

Façon de conduire ou de gouverner la Bouche des Enfans, pour procurer un bel arrangement aux Dents, à mesure qu’elles se renouvellent.

S’insurgeant contre les extractions non justifiées des dents temporaires, il déclare : Ce n’est jamais la Dent de lait qui empêche la seconde Dent de paroître, ou de se développer ; ce n’est non plus cette Dent de lait qui est cause que celle qui vient lui succéder se place mal : c’est toujours faute de terrain. Ce sont les Dents voisines qui gênent la nouvelle Dent, parce qu’elle est plus large que celle qu’elle vient remplacer. Quand la Machoire a une étendue suffisante, (…) il faut laisser tomber les premières d’elles-mêmes, ou lorsqu’elles sont fort ébranlées, les ôter avec les doigts, ou avec un fil ; on peut alors se passer de la main du Dentiste. Mais pourquoi faire souffrir inutilement de pauvres enfans  (…) sans nécessité? (p. 122-123). Mais pour bien gouverner la bouche, quand deux nouvelles Dents ne trouvent pas une place suffisante, (…) il faut avoir recours au Dentiste, & faire ôter la Dent de lait voisine (p. 124-125). L’extraction bi-latérale d’une des petites molaires est souvent salutaire, particulièrement en cas de menton de galoche où ces extractions sont réservées à la mandibule.

Conclusion

Ces Soins faciles pour la propreté de la bouche sont un « condensé » des Recherches et observations sur toutes les parties de l’art du dentiste. Destinés à un public éclairé, les conseils sont précis et didactiques, les explications accessibles à tous, ce qui fait une œuvre à la fois bien distincte mais aussi très complémentaire des Recherches et observations. Il n’en demeure pas moins que ces conseils d’auto-prise en charge seraient actuellement délicats à proposer à la plupart de nos contemporains. On peut s’interroger sur l’adresse requise ou présumée à réaliser certaines opérations et sur l’attendue patience des patients. On mesure en même temps au travers des détails exposés le degré de précarité sanitaire de l’époque et la monstruosité de certaines manifestations pathologiques.

Les mesures de propreté ne sont pas nouvelles mais plus complexes et bien précisées pour chaque cas.

Concernant les prothèses, on mesure les contraintes imposées pour des réalisations d’avant-garde, à des personnes aisées qui s’y pliaient pour sauver l’apparence due à leur rang social. La brosse existe, mais seulement pour les pièces prothétiques.

Le discours général se veut évidemment optimiste : il s’agit de ne pas effrayer pour engager à s’occuper de soi et à faire confiance aux gens de l’Art. Mais c’est aussi à ceux qui liront ce petit livre très-substanciel et portatif qu’il est fait une grande confiance.

Bibliographie

Fr. VIDAL (dir.), Histoire d’un diplôme : 1699-1892 : de l’expert pour les dents au docteur en chirurgie dentaire. Etude réalisée sous la direction de François Vidal, 1992. Recueil d’articles parus en 1992 dans la revue « Le Chirurgien dentiste de France ».