La naissance de l'Oto-rhino-laryngologie en France

François LEGENT
Oto-rhino-laryngologiste
Université de Nantes

Août 2005

 

Lorsqu’au début des années 1860 la laryngoscopie fut maîtrisée et diffusée, rien ne prédisposait ses nouveaux adeptes à unir leur destin professionnel à des auristes aux pratiques ancestrales. Une innovation d’importance allait bouleverser l’éclairage artificiel en otologie sous l’influence de Antonin Von Trœltsch : le miroir concave que les oculistes venaient d’adopter pour l’examen ophtalmoscopique. C’est d’ailleurs en France, en décembre 1855, que ce jeune auriste allemand formé d’abord à l’ophtalmologie, fit part de son invention devant la Société des médecins allemands de Paris. Une étroite collaboration paraissait promise entre l’otologie et l’ophtalmologie. C’est ainsi qu’aux USA fut créée en 1869 une revue commune, les "Archives of ophtalmoloy and otology" qui se scinda huit ans plus tard en "Archives of ophtalmology" et "Archives of otology". En France, le ministère de l'Instruction publique demandait, en 1875, un rapport pour compléter l'enseignement officiel dans les facultés de Médecine. Ce rapport ignorait totalement la laryngologie ; quant à l'otologie, à peine évoquée, il était suggéré de la rattacher à l'ophtalmologie pour créer une chaire commune, à côté de chaires pour les maladies mentales, les maladies d’enfants, la dermatologie, la syphiligraphie, et les maladies des voies urinaires.

Très tôt, les laryngologistes et les otologistes découvrirent qu’ils avaient des points communs dans la recherche du meilleur éclairage pour explorer les organes de leur discipline. Les plus entreprenants d’entre eux créèrent trois revues dont les titres jalonnent l’évolution de la spécialité naissante. L’apparition en 1875 de la revue "Annales des Maladies de l'oreille et du Larynx, (otoscopie, laryngoscopie, rhinoscopie)" marque en France le début officieux de l’étroite collaboration entre ces deux spécialités. Son titre met en relief l’importance de l’examen "scopique". En 1877, les  "Annales" s'étendaient aux "organes connexes", essentiellement les fosses nasales et le pharynx. La "Revue mensuelle de Laryngologie, d'Otologie et de Rhinologie" était créée à Bordeaux en 1880 par Emile Moure qui venait de s’y installer après une formation parisienne [1]. Il fut un des premiers ORL à exercer son activité dans les trois branches de la nouvelle discipline. Albert Ruault, et Henri Luc, de Paris, conçurent en 1887 les " Archives internationales de laryngologie, de rhinologie et d'otologie". Puis elles furent dirigées par Claude Chauveau (1861-1940) qui publia plusieurs livres concernant l'histoire de l'ORL et . Elles deviendront en 1922 " Archives internationales de laryngologie, otologie, rhinologie et broncho-oesophagoscopie". Ce titre montrait l'intérêt des ORL pour l'endoscopie des voies aérodigestives dont ils avaient pratiquement l'exclusivité de fait.

Si le champ de la spécialité ORL se trouva bien dessiné en quelques années, peu de spécialistes avaient la double compétence oto-laryngologique, la plupart étant des auristes. Ainsi, fait probablement unique dans l’histoire des spécialités médicales, la spécialité précéda les véritables ORL. Devant l’absence de reconnaissance officielle de l’ORL, la formation des futurs spécialistes était laissée aux initiatives privées. On comprend le succès rencontré par la création d’une "Société Française d’Otologie et de Laryngologie" en 1882, à l’initiative de Émile Moure. Elle changea de nom en 1892 pour devenir "Société Française d’Otologie, de Laryngologie et de Rhinologie" faisant officiellement état du troisième pilier de l’ORL. La diffusion des connaissances reposait aussi sur les nombreux ouvrages qui furent publiés à cette époque de la fin du XIXe siècle, soit d’auteurs français, soit d’auteurs étrangers dont beaucoup bénéficiaient d’une traduction en français. Mais, à part quelques exceptions comme le "Guide pratique" de Baratoux publié en 1892, il fallut attendre le début du siècle suivant pour voir publiés des traités consacrés à l’ensemble de la spécialité tels que ceux de Castex et Lubet-Barbon, de Escat, de Lannois, de Moure. de Laurens. Ce dernier, ancien assistant de Marcel Lermoyez, s’était vu confier par deux célèbres chirurgiens de Paris, Paul Berger et Henri Hartmann, la rédaction du tome consacré à "La chirurgie Oto-Rhino-Laryngologique" de leur "Traité de médecine opératoire et de thérapeutique chirurgicale". Cet ouvrage, paru en 1906, témoignait de l’émancipation de la chirurgie ORL par rapport à la chirurgie générale.

Le développement de l’otologie en France

Depuis le début du siècle, la France avait connu d'illustres otologistes, avec Itard, Deleau, Menière. A la même époque, Kramer faisait progresser l’otologie en Allemagne .

Jean-Marc-Gaspard Itard est considéré non seulement comme le créateur de la première école française d’otologie mais aussi comme le fondateur de la psychiatrie de l’enfant. Médecin de l'Institution des sourds-muets depuis 1800 à la demande de son directeur, l’Abbé Sicard, successeur de l’Abbé de l’Épée, il s’adonna à l’étude et au traitement des maladies de l’oreille dans une annexe de l’établissement. Il put éditer en 1821 le premier véritable traité concernant les maladies de l'oreille et de l'audition . Un des grands progrès apporté par Itard fut la tentative de classement de la pathologie de l'oreille non plus en termes de symptômes mais de maladies. C'est ainsi qu'il substitua à la notion d'otalgie celle d'otite pour désigner l'inflammation de l'oreille. La séparation de l'étude des maladies de l'oreille et des maladies de l'audition est certes artificielle mais son traité peut être considéré comme la première pierre à l'édifice de l'otologie moderne. A la suite d’Itard, de nombreux médecins s’intéressèrent aux maladies de l’oreille dans le dessein de faire entendre les sourds-muets, et ceci pendant toute la première moitié du XIXe siècle. Ce fut ainsi le cas de Jean Antoine Saissy et de Nicolas Deleau.

Jean Antoine Saissy a largement contribué au développement de l'otologie par son "Essai sur les maladies de l'oreille interne" paru en 1827 , un des rares traités des maladies d’oreille de la première moitié du XIXe siècle. Plus âgé qu’Itard, il ne commença à s’intéresser aux maladies des oreilles que tardivement. Il disparut en 1822, peu de temps après la parution du traité d’Itard. Son livre fut édité cinq ans plus tard. Il s'est particulièrement attaché à décrire les différentes causes de surdité et à préciser le traitement en fonction de la cause.

L’apport de Nicolas Deleau dit Deleau jeune fut très important. Dès 1825, Deleau avait modifié l'art du cathétérisme tubaire en remplaçant l’injection de liquides ou vapeurs par l’insufflation d'air. Son "Traité du cathétérisme de la trompe d’Eustache et de l’emploi de l’air atmosphérique dans les maladies de l’oreille" , paru en 1838, marque une étape importante en otologie; il avait aussi comme titre "Recherches pratiques sur les maladies de l’oreille et sur le développement de l’ouïe et de la parole chez les sourds-muets" qui souligne l’objectif d’améliorer de l’audition des sourds-muets. Ce progrès ne portait pas seulement sur le traitement mais il permettait de mieux identifier certaines pathologies de l’oreille moyenne. J-M. G. Itard niait l'intérêt des injections d'air "puisqu'il pénètre de l'air sans cesse dans la trompe dans les mouvements respiratoires". Il s’en suivit de virulentes attaques de Deleau contre le médecin de l’Institution des sourds-muets.

Wilhelm Kramer, auriste berlinois, avait fait paraître un  "Traité sur les maladies de l'oreille" en Allemagne en 1836 . L'auteur apportait une innovation importante par rapport au traité de Itard qui ne distinguait que deux grands groupes de maladies d'oreille selon qu'elles affectaient ou non l'oreille externe et la membrane tympanique. Kramer fut le premier à diviser l’étude de l'oreille en trois grandes parties, en individualisant parfaitement l'oreille moyenne jusqu’alors confondue par les auristes avec le labyrinthe

Prosper Menière succéda à Itard en 1838, alors que Deleau revendiquait la place. L’agressivité que ce dernier avait manifestée contre l’ancien médecin de l’Institution fut probablement la cause de son échec. On lui préféra un agrégé de médecine qui méconnaissait les maladies de l’oreille. Menière s'initia grâce aux traités de Itard et de Kramer. Dix ans plus tard, il publiait une traduction du livre de Kramer accompagnée de nombreux commentaires concernant les "insuffisances "de ce livre, notamment pour les descriptions otoscopiques. Il montrait l'importance de bien examiner la membrane tympanique. Ses publications sur les vertiges, à la fin de sa vie, ont occulté ses autres travaux otologiques pourtant de grande valeur. Prosper Menière apporta beaucoup à l’ensemble de l'otologie en appliquant la rigueur scientifique qu'il avait apprise pour la pathologie des autres organes. D’ailleurs, lors de la deuxième édition du Traité de Itard publié en 1842  sous la direction de l’Académie de médecine, les membres de cette institution chargés de la mise à jour firent de larges emprunts aux travaux de Menière.

A l'aube de cette nouvelle période d’organisation de l’Oto-Rhino-Laryngologie, l'otologie française avait pour notoriétés Eugène Triquet, Jean-Pierre Bonnafont, Camille Miot, Jules Ladreit de la Charrière, Marie-Ernest Gellé, Émile Ménière (le fils de Prosper Menière avait modifié l'orthographe du patronyme en ajoutant un accent), tous auteurs de nombreuses publications et de traités concernant l’oreille.

Eugène Triquet manifesta en 1851, dès la fin de son internat à Paris, des prétentions sur l'intérêt de ses travaux en otologie, ce qui lui valut une sévère remise au pas de Prosper Menière dans la Gazette des Hôpitaux civils et militaires. Il fonda un dispensaire et publia plusieurs ouvrages, notamment un "Traité pratique des maladies de l'oreille" en 1857 et des "Leçons cliniques sur les maladies de l’oreille" en 1869 .

Jean-Pierre Bonnafont était encore médecin militaire en activité lorsqu’il publia, en 1860, son "Traité théorique et pratique des maladies de l'oreille et des organes de l'audition" , réédité en 1873. Il était notamment le promoteur de l'aération transtympanique, et avait inventé le principe de l'éclairage endoscopique bien avant Desormeaux qui en fut pourtant crédité officiellement en 1853 pour son urétroscope. En effet, Bonnafont avait fait construire, dès 1834, un otoscope muni d'une source lumineuse latérale et d’un miroir pour réfléchir le flux lumineux vers l'oreille.

Jules Ladreit de Lacharrière occupait la place créée à l'Institution des Sourds-Muets par Itard. Sa clinique ouverte dans le cadre de l’Institution, avec une importante activité, était renommée. Il avait participé à la création des "Annales" aux côtés des laryngologistes Isambert et Krishaber. Est-ce parcequ’il n’a laissé aucune technique particulière, ni aucun traité parmi ses publications que son nom n’est plus guère connu ? Il rédigea pour le "Dictionnaire Encyclopédique des Sciences Médicales" de Dechambre dans le tome 17 paru en 1882, l'article sur "l'oreille" de plus de 300 pages, en fait un véritable traité d'otologie enrichi de très nombreuses références bibliographiques .

Camille Miot avait acquis une grande notoriété en otologie dès les années 1870. Il fit paraître en 1871 un important "Traité des maladies de l'oreille" agrémenté d'un atlas otoscopique en couleurs. En 1884, il entreprit l'édition d'un "Traité théorique et pratique des maladies de l'oreille et du nez" avec Baratoux, en fascicules publiés sur 10 ans . On y trouve en particulier la technique de Boucheron et celle de Miot sur la mobilisation de l'étrier, sévèrement condamnée les années suivantes. Quant à Jean Baratoux, il fut une des premiers parisiens  a s’intéresser aux trois pôles de l’ORL. Il publia en 1892 un "Guide pratique pour l’exploration des maladies du larynx, du nez et des oreilles" , probablement un des premiers ouvrages français consacré à l’ensemble de la spécialité.

Marie-Ernest Gellé a laissé un nombre impressionnant de publications. Ses études sur "les pressions centripètes" permettant de faire le diagnostic d’ankylose de l’étrier lui ont permis de décrire un signe passé à la postérité. Il a publié en 1885 un intéressant "Précis des maladies de l’oreille" où il faisait part de sa longue expérience. Émile Ménière se mit dans le sillage de son illustre père. Il attendit 1895 pour sortir un manuel d'otologie .

Tous ces spécialistes des oreilles étaient essentiellement des médecins des oreilles. Ils constituèrent la dernière génération des "auristes", remplacés par les "otologistes" formés avec la nouvelle spécialité ORL. Bien peu s'aventuraient à intervenir chirurgicalement. D'ailleurs, les indications étaient rares et habituellement confiées à des chirurgiens connus tels que Tillaux, Terrier, Duplay, Auguste Broca, Follin qui avait restauré la pratique de la chirurgie mastoïdienne en France, à la même époque que von Trœltsch, en Allemagne.

Simon Duplay était un des rares chirurgiens à s'intéresser aussi à la pathologie ORL et à avoir son spéculum et son miroir pour examiner les patients. Il publia de nombreux travaux consacrés à la gynécologie, aux traumatismes cérébraux et à l’ORL, notamment en 1889 avec un ouvrage de "Technique des principaux moyens de diagnostic et de traitement des maladies des oreilles et des fosses nasales ". Dans le "Traité élémentaire de pathologie externe" qu’il dirigea avec Follin et dont la parution des 7 volumes s’étala de 1872 à 1888, il décrivit la pathologie de l’oreille dans le tome 4, paru en 1875, consacré à la "chirurgie des régions" .

La création de la laryngologie et de la rhinologie en France

La part rhinologique de l’ORL était considérée, tant par les auristes que les laryngologistes, comme une activité annexe pour ne pas dire accessoire de la spécialité ORL. Dans les livres et l’enseignement, elle était volontiers rattachée à la laryngologie. L’affichage de la rhinologie par la "Société Française" de la spécialité ne date que de 1892. Plusieurs raisons expliquent ce retard. L’éclairage des fosses nasales par rhinoscopie antérieure restait difficile, nécessitant toujours une source artificielle. La rhinoscopie postérieure, mise au point en 1858 par Czermak en même temps que la laryngoscopie, tarda à se vulgariser. Les divers modèles de crochets palatins pour dégager le voile ou de pinces pour tirer la luette, proposés pour "faciliter" l'examen du cavum, lui donnèrent une mauvaise réputation. Elle se répandit surtout lorsqu'on s'aperçut que l'examen pouvait être réalisé très simplement au miroir dans nombre de cas. Enfin, il fallut attendre 1884 pour avoir avec la cocaïne un anesthésique de contact efficace. Dans ce domaine rhinologique, l’apport de l’école Viennoise a été considérable, là aussi, avec notamment Emil Zuckerkandl. Son traité "Anatomie normale et pathologique des fosses nasales" en 2 volumes publié en 1882, traduit en français en 1895, a jeté les bases de la rhinologie moderne . Ses études cliniques et anatomiques portant sur les fosses nasales et les cavités pneumatiques ont longtemps servi de référence. Il fallut attendre la fin du XIXe siècle pour voir en France des ORL se faire un nom en rhinologie, comme Émile Moure avec son "Traité pratique des maladies des fosses nasales, de la cavité naso-pharyngienne et des sinus de la face" édité en 1895, Henri Luc avec ses "Leçons sur les suppurations de l’oreille moyenne et des cavités accessoires des fosses nasales" (en 1900), Sieur et Jacob avec leurs "Recherches anatomiques, cliniques et opératoires sur les fosses nasales et leurs sinus" en 1901.

Les maladies du larynx et de la voix furent étudiées bien avant l’apparition de la laryngoscopie. Armand Trousseau tient une grande place parmi ces précurseurs, comme en témoigne son "Traité pratique de la phtisie laryngée, de la laryngite chronique et des maladies de la voix" paru en 1837 ; le terme "pthisie" signifiait pour l'auteur "maladie chronique entraînant la consomption" et non pas nécessairement une maladie avec des tubercules. La maîtrise de la laryngoscopie vers 1858 permit l’éclosion d’une véritable laryngologie, alors que l’examen clinique se trouvait limité auparavant à la palpation digitale.

Avant le miroir de Garcia, de nombreuses solutions avaient été proposées depuis le début du XIXe siècle pour essayer de voir le larynx. Celle qui se rapprochait le plus du miroir laryngien actuel avait été imaginée par un chirurgien de Lyon. Dans le compte rendu des travaux de la Société de médecine de Lyon allant de juillet 1836 à juin 1838, on trouve la présentation par un chirurgien, Prosper Baumès, "d'un miroir de la largeur d'une pièce de deux francs placé à l'extrémité d'une petite tige de bois ou de baleine" qui lui avait permis de "reconnaître facilement les inflammations, engorgements ou ulcérations que l'on pouvait soupçonner, à l'extrémité postérieure des fosses nasales, au larynx, et dans quelques parties du pharynx". Sa méthode, sans précision sur l’éclairage, tomba dans l’oubli.

En septembre 1854, de passage à Paris, le célèbre chanteur Manuel Garcia eut l'intuition de chercher à voir ses propres cordes vocales à l'aide d'un miroir dentaire et d'un rayon de soleil réfléchi par un miroir. Il publia sa technique l’année suivante à Londres, dans l’indifférence, en attendant que des médecins germanophones s’y intéressent.

Sans entrer dans les querelles de priorité, Ludwig Türck, de Vienne, eut incontestablement le mérite d'avoir montré le premier, en 1858, l'importance de la laryngoscopie pour étudier les maladies du larynx. Johan Czermak, professeur de physiologie à Pest, fut certainement le plus actif propagandiste de cette nouvelle méthode d'examen. Dès 1860, il vint passer plusieurs mois à Paris pour réaliser des démonstrations opératoires. Il en profita pour éditer cette même année 1860 la traduction française de son livre "Du laryngoscope et de son emploi en physiologie et en médecine" . Parmi les médecins intéressés figuraient surtout Louis Mandl, et Maura-Bourouillou qui introduisit Czermak dans les hôpitaux, notamment chez Velpeau où son ami Fauvel était interne.

Charles Fauvel fit peu après ses premiers examens laryngés à l'hôpital Lariboisière où il put heureusement bénéficier de l'aide de son patron Voillemier et des encouragements de Trousseau qui sut reconnaître rapidement l'intérêt de la nouvelle technique de laryngoscopie. Ses observations constituèrent le sujet de sa thèse intitulée "Du laryngoscope au point de vue pratique" , soutenue en décembre 1861 sous la Présidence de Velpeau qui n’était guère convaincu par la nouvelle technique . Dans son "Traité pratique des maladies du larynx, précédé d’un traité complet de laryngoscopie" de plus de 900 pages paru en 1876, Charles Fauvel raconte que Velpeau prétendait qu'en dehors de cas exceptionnels, le doigt permettait de parfaitement examiner le larynx et le cavum. Le célèbre chirurgien parisien, en fin de carrière, était aussi hostile à l'usage de l'ophtalmoscope. Ce type de comportement explique la réflexion écrite par Lermoyez en 1923 à propos des différentes tentatives de laryngoscopie [2] : "ces inventeurs de génie s’ignoraient mutuellement parce que les savants officiels, planant dans les hauteurs des dogmes scolastiques, ne daignaient pas abaisser leurs regard vers ces travaux de la main. La laryngoscopie naissait et mourrait avec chacun d’eux".

Louis Mandl s'intéressait à la pathologie des voies respiratoires depuis plusieurs années lorsqu’apparut la laryngoscopie. Il avait fait en 1855 une publication sur "La fatigue de la voix dans ses rapports avec la respiration". Son origine allemande l'avait amené à aider Czermak à traduire son ouvrage sur la laryngoscopie. Il entreprit dès la même année l'organisation d'un cours à l'école pratique de la Faculté de Médecine, et la création d'une clinique. Pour Lermoyez, il fut considéré comme un dissident. Son "Traité des maladies du larynx", paru en 1871, n'en représente pas moins un très beau travail de 800 pages avec un atlas de vues laryngoscopiques en couleur.

Maurice Krishaber écrivit aussi une importante mise au point sur la laryngologie dès 1872. Elle fut publiée dans le "Dictionnaire Encyclopédique des Sciences Médicales" de Dechambre dans le tome "Lab-Lar" au mot "larynx". L'article de 300 pages comporte un chapitre de Béclard sur la physiologie et un autre article de F. Guyon sur les corps étrangers ; il s’agit en fait un véritable traité de laryngologie enrichi de très nombreuses références bibliographiques. Pour le même dictionnaire, Krishaber rédigea l’article "rhinoscopie" en 1876, habituellement traitée jusqu’alors avec la laryngoscopie.

Le développement de l’enseignement officieux de l’ORL à Paris

Ainsi, dès les années 1870, l'otologie et la laryngologie étaient bien implantées à Paris, surtout en dehors des hôpitaux, mais sans aucune reconnaissance officielle. La plupart des auteurs d'ouvrages de la spécialité s'intitulaient professeurs, tantôt comme Miot "professeur libre de clinique et de chirurgie spéciale" en 1871 ou "Professeur d’otologie et de rhinologie" en 1884, tantôt comme Baratoux "Professeur libre d’otologie et de laryngologie" la même année, tantôt comme Gellé "professeur particulier d'otologie" en 1885.

Pendant plus d’un demi-siècle, la formation des futurs spécialistes ORL fut laissée à leur bon vouloir, reposant sur l'enseignement des spécialistes, otologistes et laryngologistes, installés dans les cliniques de ville et dans quelques services hospitaliers non reconnus pour leur spécialité.

En laryngologie, Charles Fauvel créa, peu de temps après avoir passé sa thèse, une clinique qui connut la célébrité pendant plus de 30 ans, jusqu'en 1895. C'est là que se formèrent les futurs laryngologistes des hôpitaux, notamment Isambert et Gouguenheim de Paris, Moure de Bordeaux, Garel de Lyon.

En otologie, Jules Ladreit de Lacharrière, médecin de l’Institution des sourds-muets, donnait comme ses prédécesseurs un enseignement pratique à la clinique gratuite annexée à l'Institution nationale des sourds-muets. En 1884, cette "clinique otologique" faisait état de plus de 8000 "consultations en pansements", c’est à dire de soins locaux car aucune intervention chirurgicale n’y était effectuée. D’autres centres privés contribuèrent à la formation des spécialistes telles que les cliniques de Mandl, de Miot, de Lubet-Barbon, de Luc.

Émile Isambert fut le premier médecin hospitalier français à consacrer le principal de son activité à la laryngologie. Alors qu'il était déjà médecin des hôpitaux et agrégé de médecine, il ouvrit une consultation à l'hôpital Saint Antoine, puis installa la première clinique laryngologique des hôpitaux en 1874 à Lariboisière. Il s'agissait en fait d'une consultation tolérée mais non réglementaire, installée "dans un local étroit et obscur, d'aspect plutôt misérable". Le titre du responsable était "chef du service laryngoscopique du bureau central". Sa disparition deux ans plus tard, à l'âge de 49 ans, allait arrêter pendant plusieurs années le développement hospitalier de cette nouvelle discipline. L'année suivante paraissaient ses "Conférences cliniques sur les maladies du larynx et des premières voies" .

Achille Gouguenheim fut pour beaucoup dans la reconnaissance de l’ORL dans les hôpitaux de Paris. Médecin adjoint du Conservatoire national de musique, médecin des hôpitaux en 1877, Gouguenheim prit un service en 1882 à l'hôpital Bichat et y créa une clinique laryngologique rapidement connue. Il fit paraître en 1885, en collaboration avec Lermoyez, un traité sur la physiologie de la voix . En 1887, il put reprendre à Lariboisière le service occupé 10 ans auparavant par Isambert. Entre temps, les titulaires du service, Maurice Raynaud puis Adrien Proust, père de l'écrivain, avaient laissé cette activité péricliter. Le nouveau titulaire y fit renaître la laryngologie et s'adjoignit la collaboration d'otologistes car cette branche d'activité prenait de plus en plus d'extension. De clinique laryngologique, elle devenait progressivement un véritable centre d'ORL. C'est dans ce sanctuaire naissant de l'ORL parisienne que furent formés les premiers responsables hospitaliers parisiens de la spécialité, notamment Marcel Lermoyez, et Henri Bourgeois. En 1895, l'Administration hospitalière avait donné l'estampille officielle à la "Consultation des maladies du larynx et du nez de l'hôpital Lariboisière". En novembre 1897, un arrêté reconnaissait la spécificité ORL du service appelé désormais "Clinique des maladies du larynx, du nez et des oreilles". En 1899, Gouguenheim publiait les statistiques de son service ORL, avec une activité croissante notamment pour l'oreille. En revanche, la chirurgie cervicale se cantonnait aux trachéotomies. Les rares interventions de cancérologie cervicale étaient encore confiées à des chirurgiens comme Périer. Gouguenheim disparut fin 1901.

En 1899, l'administration hospitalière proposait de nommer deux ORL des Hôpitaux. Deux hospitaliers allaient permettre à l'ORL hospitalière d'acquérir ses lettres de noblesse, Pierre Sebileau et Marcel Lermoyez. Tous deux étaient connus et déjà titrés lorsqu'ils choisirent cette spécialité. Comme l'écrivait au début du siècle Jean Garel, ORL et médecin de l'Hôtel-Dieu de Lyon, dans la préface des "Travaux de rhino-Laryngologie" de Gouguenheim : "Il y a 30 ans environ, notre spécialité ne jouissait pas d'une haute considération dans les milieux officiels, et on eût été mal venu d'aborder les concours en manifestant l'intention formelle de se consacrer ultérieurement à des études laryngologistes ".

Marcel Lermoyez, nommé médecin des hôpitaux en 1891, puis chef de service à l'hôpital Saint Antoine en 1895, put créer un service d'ORL en 1898 que l'Assistance Publique reconnut officiellement l'année suivante. Dans ces mêmes années, Lermoyez publia des précis de thérapeutique, l'un sur les maladies des fosses nasales, l'autre sur les maladies de l'oreille et

Pierre Sebileau, chirurgien des hôpitaux en 1895, agrégé d'anatomie, se porta volontaire en 1899 pour "se spécialiser dans l'exercice de l'ORL", après 15 ans de chirurgie générale. "Une prédilection de vieille date pour l'anatomie et la pathologie du cou m'entraîna vers l'ORL", expliqua-t-il lors de sa leçon inaugurale en 1919 [3]. Ses compétences chirurgicales reconnues représentaient un atout considérable pour la nouvelle spécialité. En 1898, il avait publié un précis de "Thérapeutique chirurgicale des maladies du crâne". Il se fit élève à plus de 40 ans pour apprendre l’ORL dans une clinique de ville où exerçaient Luc et Lubet-Barbon, avant de devenir le principal responsable parisien de son enseignement.

En 1901, il prit la succession hospitalière de Gouguenheim à Lariboisière où il retrouva Étienne Lombard qui l'aida à parfaire ses connaissances dans la spécialité, notamment en otologie. Dans les mois qui suivirent, il put obtenir la construction d'un nouveau bâtiment bientôt connu sous le nom de Pavillon Isambert qui allait accueillir la chaire de clinique ORL de Paris pendant plus d'un demi-siècle.

L'exercice hospitalier de la spécialité n'était pas effectuée exclusivement dans ces deux centres, Lariboisière et Saint Antoine. C'est ainsi que le Professeur Charcot créa une consultation d'otologie annexée à sa Clinique des Maladies du système nerveux à la Salpêtrière en 1889, confiée à Marie-Ernest Gellé.

Le développement de l’ORL en province

En province, la spécialité se développa de façon très inégale selon les régions. En 1907, l’Administration des Hospices de Nantes * fit une enquête auprès d’Hôpitaux de plusieurs villes de province, notamment Angers, Bordeaux, Lyon, Marseille, Toulouse et Lille, pour savoir comment étaient organisées différentes spécialités dont l'ORL. On y apprend qu'hormis Bordeaux, il n’y avait pas de service ORL autonome. Dans certains hôpitaux, des consultations ou des services annexes étaient rattachés à des services de médecine ou de chirurgie. L'enquête révélait aussi que l’activité ORL était exercée essentiellement par des médecins non titulaires, sans rétribution ou avec des émoluments très inférieurs à ceux des médecins et chirurgiens titulaires.

Indiscutablement, deux villes bénéficièrent de pionniers entreprenants : Bordeaux et Lyon.

Bordeaux se révéla l'école provinciale la plus précoce et la plus dynamique grâce à Émile Moure. Sébileau écrivit à son propos: "Pourvu d'un bagage scientifique fort précaire qu'il s'était fait donner par Fauvel et Ladreit de la Charrière, M.Moure arrive à Bordeaux en 1880. Il y ouvre une polyclinique et y fonde un journal. Empêtré dans une lourde instrumentation et des appareils d'éclairage incommodes, Moure, homme de progrès, se sent à l'étroit dans son passé. Il part pour Londres, puis pour Vienne et en rapporte, avec le miroir de Clar et des outils maniables, toute une technique, toute une méthode nouvelles". Son activité intéressait l'ensemble de la spécialité, ce qui était une nouveauté car, à Paris comme dans beaucoup d'autres grandes villes européennes telle Vienne, l'exercice de la laryngologie et celui de l'otologie restaient habituellement cloisonnés. Grâce à Moure, c'est à Bordeaux que fut créé le premier enseignement officiel de l'ORL en France sous la forme d'un "Chargé de cours" d'ORL, en 1891. Puis il lui revint l'honneur d'être le titulaire de la première chaire d'ORL créée en France, en 1913. Il publia plusieurs traités intéressant les différents domaines de l’ORL.

A Lyon [4], Émile Blanc, se forma à la laryngologie dans les cliniques parisiennes après avoir soutenu sa thèse en 1874 sur le cancer du larynx. Antonin Joly, otologiste, fut surtout connu comme traducteur du célèbre "Traité des maladies de l'oreille " de Politzer paru en français en 1884, et longtemps considéré en France comme la référence en otologie . Mais les véritables fondateurs de la laryngologie et de l'otologie furent à Lyon, respectivement Jean Garel et Maurice Lannois. Dès qu'il fut titularisé médecin des hôpitaux de Lyon, Garel obtint l'autorisation d'annexer à son service une consultation d'ORL. On lui doit de nombreuses publications sur les maladies du larynx et du nez. Lannois réussit à réaliser une consultation d'otologie annexée à son service hospitalier des maladies nerveuses. En 1911, des locaux lui furent attribués pour créer une clinique universitaire officielle d'ORL. Mais il fallut attendre 1920 pour voir la création d'une chaire d'ORL à Lyon dont Lannois fut le premier titulaire.

Jules Mouret à Montpellier et Paul Jacques à Nancy, eurent des carrières similaires, mais avec des formations différentes. Tous deux furent d'abord des anatomistes, reçus à l'agrégation lors de la même promotion de 1895. Mouret se forma à l'ORL auprès de Luc à Paris et Moure à Bordeaux. Il s'intéressa particulièrement à la rhinologie et publia en 1898 un remarquable travail anatomique sur le labyrinthe ethmoïdal . Jacques, germanophone, s'initia à la nouvelle discipline à Vienne et en Allemagne. Tous deux durent aussi attendre 1920 pour voir créer une chaire d'ORL.

A Toulouse, la chaire d'ORL ne fut créée qu'en 1925, pour Étienne Escat. Toulousain d'origine, il fut reçu au concours d'internat des Asiles de la Seine. Cette situation lui permettait d'aller se former l'après-midi dans les cliniques privées auprès de Lubet-Barbon, Ruault, Chatellier et Luc. Dès son retour à Toulouse en 1894, il se consacra exclusivement à l'ORL et créa une consultation spécialisée à l'Hôtel-Dieu dans le service de dermato-syphiligraphie. Son embryon de service fonctionna ainsi pendant 25 ans.

À Nantes, une consultation d'ORL a été assurée gratuitement à l'Hôpital dès 1885. En 1907, la Commission administrative créa un corps de "chirurgiens ORL en tous points assimilés aux chirurgiens et médecins des hôpitaux", avec les mêmes émoluments et prérogatives que les médecins et chirurgiens nommés au concours. Une telle décision était alors une exception en France à cette époque. Victor Texier fut ainsi titularisé chef de service après avoir exercé bénévolement pendant des années.

Parmi les auteurs d'ouvrages concernant l'ORL, on trouve plusieurs médecins militaires du Val de Grâce, en dehors de Bonnafont et de Sieur. On peut retenir les travaux de Michel Lévi qui participa à la traduction du traité des maladies de l’oreille de Von Trœltsch en 1868 et publia un  "Manuel pratique des maladies de l’oreille" en 1885. La médecine militaire s'intéressa très tôt à l'ORL, et notamment à son enseignement avec Paul Chavasse. Dès 1898 était créée une "Chaire de chirurgie spéciale : yeux, oreilles, larynx, dents, manœuvre d'ambulance, pansements et appareils de campagne". Il s'agissait d'une chaire de spécialité tête et cou, associé à l'enseignement de la logistique militaire. La médecine militaire avait ainsi reconnu l'intérêt d'un enseignement officiel de l'ORL bien avant l'Université.

La création de l’enseignement officiel de l'ORL

L'enseignement officiel de l'ORL se mit en place en France très tardivement, contrairement à celui d'autres pays, notamment de langue allemande. Il fallut attendre plusieurs décennies pour voir crées deux chaires de la spécialité, d'abord à Bordeaux en 1913, puis à Paris en 1919.

Ceci explique l'attrait des pionniers français de l'ORL pour se former à l'étranger, notamment à Berlin, à Prague chez Zaufal, et surtout à Vienne. Véritable voyage initiatique, il fut entrepris par beaucoup, notamment Gouguenheim en 1886 et Lermoyez en 1893. Tous deux, chargés de mission par le Ministère de l'Instruction publique, ont laissé de savoureux et fort intéressants rapports. Dans son livre "Enseignement pratique de la Faculté de Médecine de Vienne" de plus de 500 pages paru en 1894, Lermoyez non seulement explique les modalités de l'enseignement dans l'Université de Vienne, mais rapporte aussi en détail l'enseignement qu'il y a suivi, dans les différentes cliniques otologiques d'une part, et laryngologiques et rhinologiques d'autre part. Au total, il put suivre le cours de 13 enseignants. "L'organisation de l'enseignement de la médecine à la Faculté de Vienne est établie suivant un programme à peu près analogue à ceux qui sont en vigueur dans les Universités d'Allemagne. Au reste, il n'y a, à proprement parler, pas plus de Facultés autrichiennes qu'il n'y de Facultés prussiennes: il y a, avant tout, des Facultés de langue allemande, et quiconque parle allemand, quelles que soient sa nationalité ou sa religion, peut y enseigner et y atteindre les plus hauts grades. Cela tient en partie à ce que les Universités ont une existence propre, vivant des revenus qui leur appartiennent, et relevant si peu de l'État". Les cours étaient payants et parfaitement organisés. L'enseignement officiel de la spécialité en France n'avait aucun point commun avec une telle organisation.

Il fallut attendre 1896 pour voir apparaître à Paris un enseignement officiel sous forme de "Cours complémentaire de clinique des maladies du larynx, du nez et des oreilles", près de la Faculté de médecine. Un local lui était réservé dans un vieux bâtiment de l'École pratique, rue Racine, avec possibilité d’exercices de médecine opératoire. André Castex, ancien prosecteur d'anatomie, qui avait par ailleurs une clinique, en fut le premier responsable. Son "Manuel des maladies du nez, des oreilles et du larynx "connut plusieurs éditions. Il écrivit aussi un "Traité d’orthophonie". En 1908, Sebileau devenait officiellement chargé de cours, mais il dut attendre 1919 pour voir son service de Lariboisière élevé au rang de Clinique ORL de la Faculté, la deuxième créée en France. D'autres chaires étaient promises, dont certaines à des spécialistes agrégés dans une autre discipline telle que la médecine pour Lannois de Lyon et Escat de Toulouse, l'anatomie pour Jacques de Nancy et Mouret de Montpellier. A Lille, par suite d'un "barrage" provenant de la chirurgie générale, la Chaire d’ORL ne sera obtenue qu'en 1945 par transformation de la Chaire de Pathologie externe du Professeur Jean Charles Piquet. Mais dès 1890, Gaudier, chef du service de chirurgie des enfants, avait assuré un enseignement de la spécialité.

Conclusion

Les otologistes français du XIXe siècle ont beaucoup contribué au développement de la discipline. Lorsqu’apparut la laryngoscopie au début des années 1860, plusieurs jeunes médecins se consacrèrent à cette nouvelle branche de la médecine qu’était la laryngologie. Au cours des années 1870, otologistes et laryngologistes unirent leurs efforts pour créer la spécialité oto-rhino-laryngologique.

L'obstacle essentiel à l'essor de la spécialité en France fut l'absence d'enseignement officiel pendant plus de 20 ans pourtant réclamé depuis 1875 par la toute nouvelle revue des "Annales". Il est difficile de savoir la part respective de l'inertie administrative et de l'obstruction de certains titulaires de chaires de chirurgie dans ce retard.

L’attirance pour cette nouvelle discipline de deux hospitaliers parisiens confirmés, Lermoyez et Sébileau, a certainement contribué à lui donner une plus grande crédibilité auprès des autorités. De même, les titres de chirurgien des hôpitaux et d’agrégé d’anatomie du premier titulaire de la chaire d’ORL de Paris ont donné, vis à vis du monde médical, une nouvelle image du spécialiste ORL qui n’était plus confiné aux soins. Mais il fallut encore de nombreuses décennies pour que l’étiquette chirurgicale lui soit officiellement reconnue.

Autres sources

1. Moure, Émile. – « Cinquantenaire de la revue de Laryngologie, Otologie et Rhinologie », Revue de Laryngologie, Otologie et Rhinologie, 1930, 51 : 1-11.
2. Lermoyez, Marcel. – « Les débuts de l'éclairage en laryngologie », Annales des Maladies de l'oreille et du Larynx, 1923, 62 : 287-318.
3. Sebileau, Pierre. – Mes Maîtres, Mes Élèves, Mes Précurseurs. Leçon d'ouverture, Paris : Baillière, 1919.
4. Lannois Maurice. – « Aperçu historique sur l'Oto-Rhino-Laryngologie à Lyon », Lyon médical, 1941, 379-388 et 401-410.