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Les traités et les œuvres d'Ambroise Paré

La fabrication d’un "chef-d’œuvre"

"…en toutes mes actions je me suis efforcé de servir au public, et témoigner à chacun quel je suis, ce que je sais, comme je l'entends, d'où je l'ai puisé, et en quelle sorte je le pratique."

Les Œuvres de M. Ambroise Paré, conseiller et premier chirurgien du Roy. Avec les figures et portraicts tant de l’Anatomie que des instruments de Chirurgie et de plusieurs Monstres. Le tout divisé en vingt six livres, comme il est contenu en la page suyvante, Paris, Gabriel Buon,1575.

In-fol. de 945 pages (plus dédicace, préfaces et table), 295 figures. Paré, qui a obtenu un privilège de 9 ans, le 30 novembre 1574, confie à Gabriel Buon —l’éditeur de Ronsard— la publication du livre qui paraît le 22 avril 1575.

Ambroise Paré offre, au roi Henri III, la première grande somme de chirurgie française, "Chef-d’oeuvre" fait pour résister aux injures du temps (Epître au lecteur) et pour témoigner d’une vie au service de la chose publique. Plus que la collection de tous ses traités, les Œuvres recomposent l’itinéraire d’un praticien méthodique pour "parvenir à la vraie connaissance de la chirurgie".

[ANM 11480]

 

 

"Le laboureur a beau parler des saisons, discourir de la façon de cultiver la terre; déduire quelles semences sont propres en chacun terroir : car tout cela n'est rien s'il ne met la main aux outils, s'il n'accouple ses bœufs, et ne les lie à la charrue. Aussi n'est-ce grande chose (bien que ce soit quelque cas) de feuilleter des livres, de gazouiller et caqueter en une chaire, de l’art Chirurgique, de ses perfections, et comme c'est la première partie de Médecine, la première connue, la plus ancienne, et plus anciennement usitée et expérimentée, si la main (suivant la signification du vocable) ne besogne, et si l’art n'est connu par l’expérience. Voilà l'occasion qui m'a fait sortir en campagne, pour rendre compte de ma ferme affection, et donner raison de ce que j'ai appris, par l'espace de quarante ans ou plus, qu'il y a que je traite et pratique cet art divin, tant loué jadis, et lequel les Princes et les Rois ne dédaignaient d'apprendre, pour l'utilité, et pour le voir plus que nécessaire pour notre vie. Doncques de tout ce que j'ai vu et connu par l'espace dudit temps, j'ai fait une entière recollection, n'ayant rien épargné pour en tirer la moelle, et pour éclaircir ceux qui viendront après nous, des choses, non peut-être connues par ci-devant, ou si elles l'ont été, non entendues ainsi qu'il était requis." (Au Lecteur)