De Roland Desmarets de Saint-Sorlin, Avant 1650
Note [14]
Les opuscules d’Éléphantis, poétesse grecque de l’Antiquité, ne nous sont connus que par les allusions contenues dans trois ouvrages latins.
Cubicula plurifariam disposita tabellis ac sigillis lascivissimarum picturarum et figurarum adornavit librisque Elephantidis instruxit, ne cui in opera edenda exemplar imperatæ scenæ deesset.[En divers endroits, il avait décoré des cabinets avec des peintures et des statuettes extrêmement lascives, et y avait aussi rangé les livres d’Éléphantis, afin que nul ne manquât de modèle pour s’adonner au ballet qu’il avait ordonné].
Facundos mihi de libidinosis
Legisti nimium, Sabelle, versus,
Quales nec Didymi sciunt puellæ
Nec molles Elephantidos libelli[Les vers que tu m’as lus, Sabellus, m’en ont bien plus appris sur les débauches que n’en savent les filles de Didyme {a} ou les langoureux opuscules d’Eléphantis].
Obscenis rigido deo tabellas
Ducens ex Elephantidos libellis
Dat donum Lalage : rogatque, tentes,
Si pictas opus edat ad figuras.[En offrande au dieu en érection, Lalage apporte des tablettes qu’elle a tirées des petits livres d’Éléphantis, et demande son aide pour essayer les postures qui y sont dépeintes]. {c}
Elephantis puella Græca σχηματα συνουσω varios coëundi modos scripserat. Ex hujus ergo libris ductas picturas Lalage Priapi sacello suspendit, rogans ut se stuprare velit et tentare, an omnes istos pictos coëundi modos fideliter imitari possit. Hic sensus est carminis, aliud qui dicunt, campas loquuntur.[Éléphantis, jeune femme grecque formée aux relations amoureuses, avait décrit les diverses manières de s’accoupler. De ses livres, Lalage a donc tiré des dessins qu’elle a accrochés dans le petit sanctuaire de Priape, lui demandant qu’il veuille la caresser et la saillir, et puisse reproduire fidèlement toutes les manières de copuler qui y sont dépeintes. Tel est le sens de ce poème, ceux qui l’interprètent autrement s’égarent].