Autres écrits : Ana de Guy Patin :
Borboniana 2 manuscrit
Note [51]
« Ôtez ces statues de ma vue, je ne veux pas avoir d’auditeurs sourds et muets. » Cela se passait au Collège de Beauvais {a} où enseignait Pierre Ramus. {b}
La quatrième page de son épître « À Monseigneur le Chancelier » et la suivante donnent un bel échantillon du style de Balzac :
« Mais passant des mœurs à l’esprit, si de temps en temps il s’est élevé des révoltes contre les chefs des arts et des disciplines, et si, de la mémoire de nos pères, on a dit publiquement à Paris qu’Aristote était un mauvais sophiste, {a} je pense qu’on me fait courtoisie, en ce pays-là, quand on se contente de m’y appeler mauvais écrivain. Ce grand blasphémateur du nom d’Aristote, c’était, Monseigneur, le docteur Ramus, {b} qui, depuis, bien qu’il fût catholique, passa pour huguenot au Massacre, {c} et mourut de la mort des rebelles et des factieux. Et, de fait, quelques-uns ont cru que Dieu le permit ainsi par un juste jugement, et que l’Ange tutélaire des bonnes lettres prit le prétexte de la cause de la foi, afin de venger les injures qu’il avait faites à la Raison. » {d}
- « Celui qui fait des surprises dans l’argumentation, qui a dessein de tromper ceux qu’il veut persuader. Ce mot, qui est maintenant odieux, était autrefois honorable, et signifiait simplement, comme dit saint Augustin, un professeur d’éloquence » (Furetière).
- Pierre Ramus a abondamment écrit et enseigné contre Aristote, ce qui fut la cause se sa querelle mortelle avec Jacques Charpentier (v. note [51], lettre 97).
- Contrairement à ce que disait ici Balzac, Ramus avait abandonné la religion catholique pour le calvinisme en 1561, et fut l’une des nombreuses victimes parisiennes du massacre de la Saint-Barthélemy (24 août 1572, v. note [30], lettre 211), bien antérieur à la naissance de Balzac (1597).
- On peut difficilement souiller plus méchamment la mémoire d’un éminent penseur, mort depuis 65 ans dans des circonstances aussi dramatiques. Cela explique la réponse cinglante du Borboniana, qui va suivre.
[Vie de Pierre Ramus, natif du Vermandois, professeur royal d’éloquence et de philosophie à Paris, écrite par Nicolaus Nancelius, {a} natif de Tracy-le-Mont dans le Noyonnais, disciple et familier de Ramus] ; {b}
Vie de Pierre Ramus par Ioannes Thomas Freigius] ; {c}
[Quatre livres de Commentaires sur la religion chrétienne de Petrus Ramus, natif du Vermandois, très célèbre professeur royal de philosophie et d’éloquence, qui n’ont jamais été précédemment publiés. Theophilus Bonasius {d} y a écrit sa vie]. {e}
Petri Rami Prælectiones in Ciceronis Orationes octo consulares. Una cum ipsius Vita per Ioann. Thomam Freigium collecta.[Leçons de Petrus Ramus sur les huit Discours consulaires de Cicéron. Avec la Vie de Ramus établie par Johann Thomas Freig]. {i}
- Bâle, Petrus Perna, 1585, in‑4o de 279 pages.
Theophili Banosii Censura orthodoxa in excommunicationem Sixti v PP. contra Henricum Borbonium, nunc Galliæ et Navarræ Regem Christianissimum : Innovata et aucta proœmio, quo subducuntur argumenta eorum, qui contra prædictum Regem arma sumpserunt.[Censure orthodoxe de Theophilus Bosanius contre l’excommunication de Henri de Bourbon, maintenant roi très-chrétien de France et de Navarre, prononcée par le pape Sixte v. {i} Revue et augmentée d’une préface, où sont réfutés les arguments de ceux qui ont pris les armes contre le susdit roi]. {ii}
- En 1585, v. note [20], lettre 405.
- Francfort, Ioannes Wechelus, 1592, in‑4o de 35 pages.