L. latine 432.  >
À Sebastian Scheffer,
le 15 juillet 1667

[Ms BIU Santé no 2007, fo 216 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Sebastian Scheffer, docteur en médecine, à Francfort. [a][1]

Je vous écrivis ce 17e de juin pour ces livres que vous m’avez envoyés, mais que je n’ai pas encore vus : les directeurs de la librairie, qu’on appelle en français le syndic et les adjoints des libraires[2][3][4][5] réclament une déclaration des ouvrages contenus dans le tonnelet que vous avez expédié ; c’est ce qu’ils appellent une lettre de voiture, laquelle nous indiquera ce qui s’y trouve. [1] Écrivez-moi donc, soit vous, soit l’imprimeur, et remettez votre lettre à M. Öchs, [6] qui l’enverra à M. Le Preux, [7] qui me la délivrera ; car autrement, vos livres ne me seront pas restitués en raison de {cette interdiction} cet obstacle. [2] Je pense pourtant (car vous ne m’avez pas écrit ce dont il s’agit) que ce ne peut être autre chose que de sept ou huit exemplaires des Quæstiones medico-legales de Paolo Zacchias, [8] en dédommagement du privilège de la toute dernière édition, et de quelques autres des livres de Caspar Hofmann [9] que vous m’avez destinés en remerciement des manuscrits que je vous ai confiés. Cependant, vos livres sont enfermés dans une maison qu’on appelle la douane, d’où ils ne peuvent être tirés sans cette déclaration, ou lettre de voiture[3] Je ne suis pas inquiet du prix, et ferai en temps et lieu ce qui doit l’être. Je suis tout à fait ignorant du reste, car même le nom de votre libraire m’est caché. Qu’est devenu le livre de Caspar Hofmann de Medicamentis officinalibus ? [4] Écrivez donc et éclairez-moi sur tout cela. Vale et aimez-moi.

De Paris, ce vendredi 15e de juillet 1667.

Vôtre de tout cœur, Guy Patin.


a.

Brouillon autographe d’une lettre que Guy Patin a écrite à Sebastian Scheffer, ms BIU Santé no 2007, fo 216 vo.

1.

L’italique est en français dans le manuscrit. V. notes :

2.

Par précaution autant que par discrétion, Guy Patin a barré interdiction (impedimentum), mis entre accolades dans ma traduction, par obstacle (obicem), sans avouer sa nature coercitive et contrariante, liée à la méfiance des libraires parisiens.

3.

Les mots en italique sont en français dans le manuscrit.

Alertée par le syndicat des libraires parisiens qui redoutait une nouvelle contrebande des Patin, la douane ne pouvait laisser entrer sans preuve formelle de leur parfaite légalité les livres qu’ils recevaient d’Allemagne. V. notes :

4.

Comme le montre la note [5] de la lettre à Sebastian Scheffer du 14 avril 1667, Guy Patin ignorait que la réédition du livre « des Médicaments officinaux » de Caspar Hofmann était intégrée à ses Opuscula de 1667 (v. supra note [3]).

s.

Ms BIU Santé no 2007, fo 216 vo.

Cl. viro D. Seb. Scheffero, Med. Doct. Francofurtum.

Die 17. Iunij ad Te scripsi, pro libris quos ad me misisti, nec tamen adhuc
vidi : Præfecti rei librariæ, vulgo dicti le Syndic et les Adjoints des libraire[s,]
postulant Indicivam librorum in modiolo vestro quem misisti contentorum
et hoc vocant une lettre de voiture : quæ nobis indicet quales hîc libri
contineantur : scribe ergo vel Tu, vel Typographus, et epistolam tuam
trade D. Ochs, quam mittet ad D. Le Preux, qui eam mihi reddet : aliter enim
per ejusmodi impedimentum obicem libri vestri mihi non reddentur : quos tamen alios
esse non puto, ^ (nec enim scripsisti quinam illi sunt,) quàm aliquot exemplaria Quæst. Medicoleg. P. Zacchi[æ]
pro Privilegio exsolvendo novissimæ editionis, nempe 7.vel 8. et aliquot exe[m-]
plaria librorum Casp. Hofmanni, mihi destinata, pro MS. quæ tradidi.
Interea v. libri ili vestri detinentur in quadam domo, dicta la Doüane, unde
non possunt depromi absque ista Indiciva, lettre de voiture. De pretio non
sum sollicitus : tempore et loco faciam quod debet. Singula Cætera adeo nescio, ut etiam
Bibliopolæ vestri nomen me lateat. Casp. Hofmanni libro de medicamentis officinal[.]
quid factum est ? scribe igitur, et indica mihi isthæc singula. Vale, et me ama.
Parisijs, die Ven. xv. Iulij, 1667. Tuus ex animo, Guido Patin.


Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Sebastian Scheffer, le 15 juillet 1667

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1465

(Consulté le 13/05/2024)

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