L. 61.  >
À Claude II Belin,
le 12 octobre 1641

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 12 octobre 1641

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0061

(Consulté le 29/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Je vous dois réponse il y a longtemps, mais les fréquentes visites [2] qu’il m’a fallu faire à la campagne, à cause que la plupart de nos bourgeois sont aux champs pour leurs vendanges, [3] m’a < sic > empêché de m’acquitter de mon devoir. Premièrement donc, je vous remercie et vous prie aussi de remercier vasculum medone plenum, id est hydromelite[1][4] M. Camusat, [5] de la peine qu’il a prise de m’écrire les mémoires que m’avez envoyés ; je lui fais réponse par un petit mot que je vous prie de lui faire tenir. Je suis malheureux que je n’aie pas été céans quand monsieur votre fils [6] y est venu. Si je savais où il est logé, je l’aurais visité ; il faut nécessairement que j’attende son retour. Vos deux vers de Matthæus Paris [7] sont bien gentils ; [2] je suis bien aise de les savoir, je vous en remercie. Pour les deux vers de Pie v[8] il y a longtemps que je les sais bien ; mais en voici une réponse faite par M. Cachet, [9] médecin de Lorraine, centuria 3, epigr. 59 :

Papa Pius quintus moritur, res mira ! tot inter
Re sanctos, tantum nomine quinque pios
[3]

Le successeur de La Brosse [10] n’est pas encore arrêté. On dit néanmoins que M. Bouvard [11] en aura la meilleure part pour son fils, qui est premier valet de chambre du roi. [12][13] On dit aussi que M. de Noyers, [14] en qualité de surintendant des bâtiments du roi, y veut avoir sa part et en disposer en faveur de quelqu’un de ses amis. [4] Pour votre M. Le Fèvre, [15] on l’appelle ici l’égorgeur de rate[5][16][17] mais je pense que M. de Souvray [18] ne fera rien là pour lui. [6] J’ai lu tout entière la vie de M. de Peiresc, [7][19] c’est un agréable livre. J’ai seulement regret qu’il y ait trois ou quatre sortes de choses là-dedans où je n’entends rien : du prix des monnaies, du prix de l’or contre l’argent, de la marine, de l’astrologie, [8][20][21] de motu solis vel terræ secundum Copernicum[9][22] Les Espagnols sont toujours devant Aire, [23] avec apparence qu’ils la reprendront. Le sieur de Saint-Preuil [24] est prisonnier dans la citadelle d’Amiens ; [25] un habile homme m’a dit aujourd’hui qu’il y a de l’apparence qu’on ne lui coupera pas la tête. [10] La cour est encore à Amiens. On dit que le roi [26] sera ici dans huit jours, et Son Éminence [27] huit jours après. L’archevêque de Bordeaux [28] et son frère, le marquis de Sourdis, [29] sont disgraciés. [11] La reine mère [30] est dorénavant à Cologne. [12][31] Comme elle repassait par la Hollande en venant d’Angleterre, son confesseur y est mort dans le vaisseau, qui était le P. Suffren, [32] de genere loyoliticio[13] S’il était le dernier de sa cabale, ce serait un beau déblai. [14][33] Le pape [34] fait tout de bon la guerre au duc de Parme. [15][35] On parle ici d’une ligue du roi d’Angleterre [36] et du roi de Danemark [37] contre l’empereur, [16][38] pour l’obliger à restituer le Palatinat [39] aux petits Palatins. [17][40] Cela nous aiderait bien à entretenir la guerre en Allemagne et à faire tête au roi de Hongrie. Il me semble que voilà tout ce qu’il y a ici de nouveau. Je vous baise les mains, et à madame votre femme, pour être toute ma vie, Monsieur, votre très humble et obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 12e d’octobre 1641.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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