L. 65.  >
À Claude II Belin,
le 18 juillet 1642

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 18 juillet 1642

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0065

(Consulté le 28/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Comme je pensais à vous faire réponse, monsieur votre frère [2] est ici tombé malade. Il a eu quelques accès d’une tierce [3] qui n’est pas encore bien réglée, laquelle néanmoins le sera si la nuit prochaine elle revient, stata periodo ; [1] comme, quoi qu’elle fasse, j’espère que nous en aurons raison, soit qu’elle vienne ou non. Il a été saigné quatre fois [4] et a pris quelques lavements [5] qui l’ont fort soulagé. J’ai pressé les saignées au commencement, metu suffocationis quæ a nimia plethora videbatur periculum minari[2] Quand il sera tout à fait guéri, nous solliciterons votre procès. [3] Je ne crois ni ne croirai ni en possessions, ni en sorciers, [6] ni en miracles [7] que je ne les voie et les discerne. [8] Je crois tout ce qui est dans le Nouveau Testament comme article de foi, mais je ne donnerai pas telle autorité à toute la légende des moines, fabulosis et commentitiis narrationibus Loyolitarum[4][9] qui, dans leurs romans qu’ils nous envoient des Indes, [5][10] disent des choses aussi impertinentes et aussi peu vraies que les fables d’Ésope. [6][11] Vous diriez que ces gens-là ne travaillent qu’à infatuer le monde. Il est vrai que si nous étions tous bien sages, ces maîtres pharisiens du christianisme seraient en danger de bientôt mourir de faim. [12] Credo in Deum Christum crucifixum, etc., de minimis non curat prætor[7] Le mensonge est une chose horrible et indigne tout à fait d’un honnête homme, mais c’est encore pis que tout cela, quand il est employé et mêlé dans les affaires de la religion. Christus ipse, qui veritas est, non indiget mendacio[8][13] Je ne saurais goûter les puantes faussetés que les moines [14] débitent par le monde pour autoriser leur cabale, et m’étonne fort, imo serio irascor[9] de ce qu’ils ont tant de crédit. Nocturnos lemures, portentaque Thessala suaviter rideo, sed tacitus[10][15] Vide Franciscanum Georgii Buchanani sub finem : videbis opus mirabile, ut sunt omnia admiranda illius hominis[11][16] MM. de Cinq-Mars, [17][18] de Thou [19] et Chavagnac [20] sont encore de delà, et ne sais s’ils seront si heureux d’être ici amenés. [12] Son Éminence [21] est encore à Tarascon, [22] nondum confirmata valetudine[13] Le roi [23] vient, ce dit-on, bientôt à Fontainebleau ; [24] mais néanmoins, on ne dit pas encore qu’il soit parti de Lyon. La reine mère [25] est morte à Cologne, [26] le 3e de ce mois. [14] Pour Monsieur, [27] frère du roi, sunt turbatæ res suæ[15] son traité n’est pas encore achevé. Je vous baise très humblement les mains, à Mme Belin et à monsieur votre frère, et serai toute ma vie, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Patin.

De Paris, ce 18e de juillet 1642.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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