L. 202.  >
À André Falconet,
le 12 octobre 1649

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 12 octobre 1649

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0202

(Consulté le 19/04/2024)

 

Monsieur, [a][1]

Vous me mandez par votre dernière que vous m’écrirez un de ces jours. Je n’attendrai point celle-là pour vous faire réponse. Je suis si aise de m’entretenir avec vous qu’en attendant d’autre matière qui pourra venir, je vous trace la présente pour vous dire quod in pari casu scribebat ante annos 40 incomparabilis Iosephus Scaliger [2] amico suo illustri Isaaco Casaubono, convalescenti : Gaudeo quod convalescas et melius valeas, et sic alius factus fueris περι του ραιζειν. [1][3] Vous avez été malade, vous en êtes guéri, sit nomen Domini benedictum ! [2] J’approuve fort l’usage du bain d’eau tiède [4] in diathesi calculosa[3][5] après les grands remèdes, comme vous faites ; mais je pense que le meilleur de tous, et le plus grand secret qui soit en cette affaire, est αοινια, vini privatio[4] vu que le vin [6] est la chose du monde la plus propre à engendrer du sable et de la pierre. [7] C’est la raison qui m’oblige à ne boire que de l’eau ou du moins, du vin bien trempé, ayant peur aussi de la pierre qui est, comme vous savez litteratorum carnifex[5] Avec cela, cinq ou six bonnes saignées [8] de précaution par an et autant de breuvages faits de casse [9] et de séné, [10] avec une once de sirop de roses pâles [11] achèveront et accompliront le mystère d’une parfaite santé, telle que je vous la désire ; mais j’ai tort de vous dire des remèdes, vous les savez mieux que moi et peut-être devant moi. Noctuas Athenas asportavi, sed amico bene valenti ignoscat amicus meritissimus, ne dicam, aut potius, ut dicam, de me supra modum et optime meritus[6] Je vous remercie du bon accueil que vous avez fait à M. Mauger, [7][12] qui est véritablement un homme d’esprit et emucntæ naris[8][13] Notre pauvre et affligée province de Picardie n’en porte pas de tels treize à la douzaine ; et néanmoins, je me console de ce que unus Anacharsis apud Scythas natus, factus est philosophus[9][14] à ce que dit Sénèque, [15] et que le poète que j’aime le mieux, savoir sanctissimus Iuvenalis[10][16] a fort bien dit à mon sens et à mon profit :

                  Democriti sapientia monstrat
Magnos posse viros, et magna exempla daturos
Vervecum in patria, crassoque sub aere nasci
[11]

Si la peste [17] continue en Languedoc, il fera fort bien de n’y point aller ; aussi n’y a-t-il guère à faire. Nous avons ici quantité de fièvres continues, [18] doubles-tierces, [19] de dysenteries [20] et petites véroles [21] qui nous font fort courir. M. Riolan [22] est aujourd’hui l’ancien [23] de notre École par la mort de M. Toutain [24] qui est allé après notre grand Piètre [25] et qui n’a été notre ancien que sept mois ou environ. [12] On n’a rien imprimé ici depuis quatre mois de meilleur que le Courrier du temps[26] Ce sont huit cahiers antimazariniques [27] qui sont fort bons. [13] Si vous ne les avez point vus, je vous les offre. Je vous baise les mains et suis de toute mon affection votre, etc.

De Paris, ce 12e d’octobre 1649.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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