L. 806.  >
À Charles Spon,
le 1er janvier 1665

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 1er janvier 1665

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0806

(Consulté le 28/03/2024)

 

Monsieur, [a][1]

J’aurai soin de l’affaire que vous me recommandez pour M. de Rhodes, [2] votre doyen, et vous promets d’en parler à M. le premier président ; [3] on peut espérer de sa justice et de la protection dont il honore les gens de lettres. Enfin, vous avez perdu M. Gras ; [4] il était temps qu’il mourût, il était trop bourru et sa mauvaise humeur ne lui a pas pu aider à quitter ce monde ; il avait pourtant du mérite, mais il eût bien fait de vivre comme les autres hommes.

Notre jeune reine [5] se porte bien, Dieu merci ; elle n’a plus besoin que de se fortifier. Tout son mal a été une fièvre tierce [6] et un accouchement qui fut un petit < peu > avancé par un purgatif [7] donné à contretemps. Sénèque [8] a très sagement dit qu’il n’y avait rien de plus dangereux dans les maladies qu’un remède donné avec tant de précipitation. [1] Un médecin doit ajuster aux femmes encore plus qu’aux hommes, et encore plus aux femmes grosses qu’à celles qui ne le sont pas. [2] La reine mère [9] n’est pas si bien, on dit qu’elle a un cancer [10] à la mamelle gauche où les empiriques [11] de la cour ont perdu leur escrime. On a envoyé quérir un prêtre nommé Gendron, [12] près d’Orléans, qui l’a traitée. [3] Une certaine femme en promettait la guérison, mais elle en a quitté l’entreprise. On parle d’un moine de Provence et d’un autre charlatan [13] que l’on veut faire venir de Hollande. De quel côté qu’il vienne, il m’importe fort peu, mais je ne pense pas qu’ils la guérissent. Mon Dieu, qu’il y a de sottes gens au monde, et particulièrement chez les grands seigneurs, de croire que telles buses puissent guérir des maladies que les médecins n’ont pas pu guérir ! [4] Messieurs les courtisans n’entendent point ce passage de la Bible : Numquid resina est in Galaad et medicus non est ibi ? [5][14]

La semaine qui vient, l’on va procéder aux taxes des partisans, dont les uns sont à la cour et lesGalilée (Galileo Galilei), astronome et mathématicien italienautres sont la plupart cachés et fugitifs. Il y en a qui s’offrent d’en prendre le parti, promettant au roi 50 millions, mais on dit qu’il en faut bien davantage. Je prévois une étrange désolation sur les familles de ceux sur qui tombera ce tonnerre, ce sera bien pis que la comète, [15] qui ne se montre plus. Les jésuites en ont fait une thèse fort sèche et où il n’y a presque rien à apprendre. [6][16][17] Je suis, etc.

De Paris, ce 1er de janvier 1665.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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