L. latine 452.  >
À Jan van Horne,
le 18 juin 1668

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Jan van Horne, le 18 juin 1668

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1484

(Consulté le 19/04/2024)

 

[Ms BIU Santé no 2007, fo 223 ro | LAT | IMG]

Au très distingué M. Jan van Horne, docteur en médecine et éminent professeur, à Leyde.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Comme je revenais du tribunal royal, [2][3] j’ai reçu votre lettre, avec votre très élégante Microtechne, pour laquelle je vous dois d’éternels remerciements. [1] Votre cadeau m’a été remis par ces deux jeunes Frisons, dont j’approuve volontiers les talents et les mœurs ; je fais grand cas de leurs personnes et, à ce titre et en votre nom, ils me seront toujours parfaitement recommandés.

[Ms BIU Santé no 2007, fo 223 vo | LAT | IMG] Pour votre livre de chirurgie, [4] que je trouve entièrement digne de louanges, je vous dirai sans fard que je l’ai presque entièrement parcouru et dévoré. Il contient bien d’excellentes choses et je trouve qu’on ne peut faire meilleur abrégé de l’art chirurgical.

  • Page 61, [2][5][6][7] je me rappelle avoir jadis lu, dans Jan van Heurne, [8] l’histoire du prince Guillaume d’Orange, [9] en son commentaire in Aphorismos Hippocratis, si je ne me trompe. [3][10]

  • Page 150, je vous dirai en toute vérité que j’ai vu cet homme opérer ici même, à Paris : c’était un pur vaurien et un parfait imposteur, tourmenté à l’excès par la maladie de philargyrie ; il disait s’appeler Raoux ; [11] il aurait fini sa vie pendu à une potence s’il n’avait préféré fuir pour préserver son salut. [12]

  • Page 151, vers le milieu, j’aurais voulu lire Parisiensis cystotomus, Franciscus Collot dictus[4][13][14] car dans cette opération, c’est la vessie qu’on coupe, et non la pierre ou le calcul ; d’autres Colot vivent aussi ici, qui valent bien moins que notre François et qui ne peuvent en aucune manière se comparer à lui.

  • Page 217, ce qu’on dit ici du résultat de la transfusion sanguine n’est que fable, et pur et simple mensonge : de fait, ce nouveau remède n’a jusqu’ici remporté aucun succès, et qui plus est, tous ceux chez qui on a mené l’expérience sont morts. [15]

  • Page 218, ce Claude Tardy, [16] est parfaitement indigne de figurer dans votre livre : [5][17][18] c’est un homme insensé et délirant, presque septuagénaire et travaillé par la passion de ce genre de nouveautés, sans autre fin que d’asseoir sa réputation et ut faciat rem, si non rem, quocumque modo rem [6][19] Jamais cette opération ne réussira et ce qu’on en a écrit jusqu’ici n’est pas tant fabuleux que ridicule.

  • Page 171, pour la mort de Vésale, [7][20][21][22] voyez Riolan dans l’Anthropographia ; [8][23] de même que pour Ambroise Paré : [24] je tiens pour absolument véritable ce que nos anciens m’ont jadis appris de lui, que son ouvrage chirurgical a eu pour auteurs deux jeunes médecins de Paris, savoir Jean Haultin [25] et Henri Blacvod, natif d’Écosse, [26] qui ont assemblé un tel livre pour Paré contre argent comptant ; il est à noter que ces deux docteurs sont ici morts bien vieux en 1616. [9]

Si quelques-unes de vos thèses médicales se trouvaient à vendre chez vos imprimeurs, je me les procurerais volontiers en payant rubis sur l’ongle, surtout de celles qui ont été disputées depuis 1660. [26] Je vous prie donc, très distingué Monsieur, de bien vouloir me les acheter ; je vous en rembourserai la dépense par l’intermédiaire d’un ami qui se trouve en ce moment chez vous. Je manque d’autres choses à vous écrire, hormis cette seule requête, qui est de bien vivre et vous bien porter, très distingué Monsieur, mais aussi de m’aimer.

De Paris, le 18e de juin 1668.

Vôtre de tout cœur, G.P.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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