L. 1036.  >
À Julien Bineteau,
le 30 septembre 1651

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Julien Bineteau, le 30 septembre 1651

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=1511

(Consulté le 28/03/2024)

 

À Monsieur Monsieur Bineteau médecin, à Paris. [a]

Monsieur, [1][1]

Ce petit mot n’est que pour vous avertir de ne point faire la gageure que vous fûtes hier tout prêt de faire sur l’antimoine ; [2][2] vu que, si vous la faites, vous ne sauriez manquer de perdre en même temps. Je sais trop bien ce que c’est que l’antimoine : j’entends, Dieu merci et mes bons maîtres qui m’ont fait l’honneur de m’instruire autrefois, si bien sa vénénosité que je suis fort éloigné de l’avis de ceux qui en abusent tous les jours, summa certaque ægrorum pernicie[3] De cent qui en prennent, il n’en réchappe pas quatre, [3] qui est un certain indice qu’il est un poison ; joint même que ceux qui se veulent rendre recommandables dans l’esprit du peuple, en disant qu’ils s’en servent, n’en prennent jamais pour eux ; ils ne sont pas si sots. Il y a bien d’autres raisons que vous pouvez trouver dans les bons livres, si déjà vous ne le savez. C’est pourquoi ne gagez point que j’en ai donné ; et vous-même, n’en donnez jamais, ne pro Medico carnificem agas, quod passim faciunt impostores et tortores quidam publici in necandi hominem ad imaginem Dei formatum, et anima immortali donatum occidisse ludus est[4][4] J’ai tant de bonnes choses à dire contre l’antimoine que disertus esse possem, si contra illud dicerem ; [5][5] mais peut-être que vous les savez aussi bien que moi et que ce qu’en avez dit n’a point été tout de bon. Souvenez-vous seulement qu’un bon chimiste [6] et médecin antimonial ne peut être qu’un méchant homme, et indigne aussi bien qu’incapable de pénétrer dans la science d’une sainte et vraie méthode. Au reste, je vous prie d’excuser la hardiesse que je prends de vous écrire. Prenez, s’il vous plaît, en bonne part ma franchise et ma liberté ; et croyez que je suis, de volonté, de cœur et d’affection, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur,

Guy Patin, docteur en médecine et doyen de la Faculté. [7]

De Paris, ce 30e de septembre 1651.


Rédaction : guido.patin@gmail.com — Édition : info-hist@biusante.parisdescartes.fr
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