À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 1.
Note [1]

« qui n’entendent pas la nature de la peste ».

Les barbiers étaient les barbiers chirurgiens, que méprisaient les chirurgiens (v. infra note [22]) dits de robe longue (ou de Saint-Côme, à Paris). Travaillant dans des boutiques à l’enseigne des trois bassins, les chirurgiens barbiers étaient des artisans qui faisaient la barbe et assuraient les menues opérations de chirurgie. La principale et la plus lucrative était la saignée, dont l’exécution était prescrite par un médecin. La dépendance et la soumission des barbiers chirurgiens à l’égard de la Faculté de médecine était totale. Ils lui versaient une redevance annuelle en même temps qu’ils lui renouvelaient leur serment, le jour de la Saint-Luc (18 octobre, v. notes [46] des Décrets et assemblées de 1650‑1651 dans les Commentaires de la Faculté de médecine de Paris) :

« Vous jurez d’obéir au doyen et à la Faculté dans toutes les choses licites et honnêtes, de rendre aux maîtres de la Faculté honneur et révérence, comme il est juste que des écoliers obéissent à leurs précepteurs ; que, chacun de votre côté, vous agirez contre ceux qui pratiquent illicitement ; que vous aiderez en cela la Faculté de toutes vos forces (la Faculté regarde comme pratiquant illicitement tous ceux qui ne sont pas approuvés par elle) ; que vous ne pratiquerez à Paris ni dans les faubourgs avec personne qui ne soit docteur ou licencié de la Faculté ; que vous n’administrerez, ni à Paris, ni dans les faubourgs aucune médecine laxative, ou altérative ou confortative, {a} et que vous ne prescrirez rien de ce qui concerne l’opération manuelle. » {b}


  1. Fortifiante.

  2. Étymologiquement la chirurgie est l’opération manuelle (kheirourgia, en grec, de kheir, la main, et ergon, le travail), strictement réservée aux véritables chirurgiens qui, à Paris, étaient ceux de Saint-Côme.

Sauf quand il s’agissait de panser simplement, les barbiers n’osaient guère se lancer dans une périlleuse concurrence avec les chirurgiens. Leurs prescriptions illicites de médicaments, de connivence avec des apothicaires indélicats, étaient la cause principale de leurs démêlés avec les médecins. Comme le disait ici Guy Patin, la docte Faculté abandonnait (sans doute bien volontiers) les soins des pestiférés à ces « laquais bottés » de barbiers.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 1.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0006&cln=1

(Consulté le 23/04/2024)

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