À Claude II Belin, le 14 mai 1630, note 10.
Note [10]

Georges Joudouin, natif de Rouen, d’abord docteur d’Aix vers 1610, avait été reçu docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1629. Guy Patin avait accédé à la régence (v. note [13], lettre 22) en présidant (et rédigeant), le 16 décembre 1627, la première quodlibétaire de Joudouin, Utrum μητρομανια balneum ? [Le bain est-il bon dans la métromanie (hystérie, v. note [14], lettre 97) ?] (affirmative).

Le sujet en avait été inspiré à Patin par un cas de sa clientèle concernant une belle jeune fille que, disait-il, sa mère eût bien voulu lui faire épouser (v. lettre à Spon du 19 septembre 1659, lettre 578). Voici, traduite du latin, la conclusion (5e article) de cette première thèse présidée par Guy Patin (qui l’avait aussi rédigée) :

« Que prescririez-vous à une femme en furie, hormis les liens et les verges d’Hippocrate, s’il ne s’agit pas d’une vierge, mais d’une veuve qui court après les étreintes amoureuses d’un homme ? Il convient pour le moins d’instituer une alimentation très restreinte, réfrigérante et humectante, de tirer souvent du sang des veines basiliques, saphènes et hémorroïdaires, de poser des ventouses aux lombes et à la face interne des cuisses, de faire boire du petit-lait, de mettre des épithèmes {a} réfrigérants sur l’épigastre, les organes génitaux et les lombes, de poser des ligatures aux extrémités et de les frictionner, et de fines plaques de plomb sur les lombes, d’injecter de fréquents clystères, de faire prendre hardiment des hypnotiques à base de diacode {b} et d’opium, plutôt que de laudanum de Paracelse, de répéter souvent la purge douce. Que faire si tout cela ne suffit pas ? Faut-il alors recourir aux émétiques ? ou à l’ellébore ? ou à la pierre magique de lapis ? {c} ou aux purgatifs violents ? ou à l’antimoine ? ou à la menthe ? ou au suc de rue, de vitex, {d} de chanvre ? {e} ou à des médicaments qui diminuent la semence par propriété occulte ? Qu’on s’en abstienne : on arrange toute l’affaire avec le bain fréquent d’eau douce et tiède, qui corrige l’intempérie chaude et sèche de tout le corps, apaise les viscères, calme la ferveur des esprits animaux, réprime la chaleur de l’utérus, éteint l’orgasme {f} de la semence, fait sortir la saleté qui déborde autour de l’utérus, provoque les purgations menstruelles, éteint la tumescence et la démangeaison des parties honteuses, envoie les vapeurs les plus douces à la tête, ménage le sommeil, adoucit l’acrimonie du sang tant veineux qu’artériel, la ferveur de tous les esprits et de la semence. Alors, la pudeur ayant été restaurée, toute pensée lascive s’éteint. Le bain est donc bon pour la passion utérine. »


  1. Humectations (v. note [1] de la Consultation 1).

  2. Sirop de têtes de pavots.

  3. Lapis-lazuli, v. note [2] de l’observation viii.

  4. Agnus castus, ou saule d’Amérique.

  5. Cannabis, v. note [13], lettre latine 109.

  6. La congestion, v. note [7], lettre 479.

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 14 mai 1630, note 10.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0003&cln=10

(Consulté le 29/03/2024)

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