À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 32.
Note [32]

Siméon de Malmédy, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris en 1564 (Baron) et professeur royal de philosophie grecque et latine de 1572 à 1584 (année de sa mort d’après la liste des professeurs au Collège de France), a laissé quelques ouvrages de poésie et d’érudition en latin, et une histoire de la Maison de Croï en français (1566). Il participa à la dispute philosophique entre Jacques Charpentier et Ramus (v. note [51], lettre 97).

Guy Patin devait ici se souvenir de ce passage des Mémoires-journaux de Pierre de L’Estoile (édition de Paris, 1875, tome 1, pages 364‑365) :

« La peste, en ce temps, {a} rengrèg {b} à Paris ; et pour y remédier, Messieurs les prévôts de Paris et des marchands, avec quelques conseillers de la Cour, députés par icelle, s’assemblent souvent en la salle de la chancellerie, bien empêchés à y donner quelque bon ordre et provision. Enfin, ils créent un officier qu’ils appellent le prévôt de la santé, qui va rechercher les malades de la peste par tous les quartiers de la ville, et par certains satellites {c} qu’il a en sa charge, les fait porter à l’Hôtel-Dieu, au cas qu’ils ne veuillent et n’aient le moyen de demeurer en leurs maisons. Malmédy, liseur du roi aux mathématiques, philosophe et savant médecin, entreprend la visitation et cure générale cure des pestiférés, et fait bien son devoir et son profit. Tentes et loges sont dressées vers Montfaucon, les faubourgs de Montmartre et Saint-Marcel, où se retirent plusieurs pestiférés, qui y sont passablement nourris et pansés.

On commence à bâtir à Grenelle, lieu champêtre, à l’endroit des Minimes, de l’autre côté de la rivière de Seine, vers Vaugirard, que l’Hôtel-Dieu achète de l’abbé < de > Sainte-Geneviève et autres particuliers auxquels ladite ferme appartenait. Et pour les frais nécessaires pour les bâtiments, afin d’y loger les malades de peste et les y panser et traiter, contribuent tous les habitants de Paris, les uns de gré par forme d’aumône, et les autres par cote imposée sur eux. La contagion {d} et mal furent grands, et plus effroyables toutefois que dangereuse, car il ne mourut point, à Paris et aux faubourgs, en tout ledit an 1580, plus de trente mil personnes. Et fut néanmoins l’effroi tel et si grand que la plupart des habitants de Paris ayant quelque moyen vida hors la ville, et les forains n’y vinrent environ six mois durant ; de façon que pauvres artisans et manœuvres criaient à la faim, et jouait-on aux quilles sur le pont Notre-Dame et en plusieurs autres rues de Paris, même dans la grande salle du Palais. Cette peste, par contagion venant de Paris, s’épandit par maints villages, bourgs et bourgades, et petites villes d’alentour, où il mourut grand peuple de cette maladie ; et y fut plus cruelle et dangereuse qu’à Paris. »


  1. Juillet 1580.

  2. Augmenta.

  3. Sergents.

  4. La peste (v. note [6], lettre 7).

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 32.

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(Consulté le 16/04/2024)

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