À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 33.
Note [33]

V. note [3], lettre 20, pour la Bastille.

Louis xiii (Fontainebleau 27 septembre 1601-Saint-Germain-en-Laye 14 mai 1643), prénommé le Juste (pour être né sous le signe de la Balance), était alors, comme Guy Patin, âgé de 30 ans. Fils de Henri iv et de Marie de Médicis, il n’avait que 9 ans lors de l’assassinat de son père (14 mai 1610), quand sa mère prit la régence du royaume. La minorité de Louis xiii avait été marquée par des troubles de toute nature, agitations dans les Églises réformées, luttes d’influence entre les grands, révolte des princes (Condé, Conti et Bouillon), que la régente avait apaisée par le traité de Sainte-Menehould (15 mars 1614), mais aux dépens de la fortune publique et de l’autorité royale. À la fin de la même année, on avait assemblé les états généraux à Paris (pour la dernière fois avant 1789) sans résultat immédiat (v. note [28] du Borboniana 3 manuscrit). Louis xiii venait d’être déclaré majeur, c’est-à-dire âgé de 13 ans, mais le pouvoir était resté à la reine mère et à son ministre Concini (v. note [8], lettre 89).

Le 28 novembre 1615, on avait marié Louis à l’infante Anne d’Autriche, fille aînée du roi d’Espagne, Philippe iii. L’assassinat public de Concini, maréchal d’Ancre, le 24 avril 1617, avait mené Louis xiii à déclarer « Maintenant, je suis roi ! ». Il était en fait demeuré sous l’influence de sa mère et du connétable Charles d’Albert, duc de Luynes, qu’il avait pris pour favori, mais qui mourut de maladie le 15 décembre 1621, au moment où son influence commençait à décliner.

Le 24 avril 1624, la reine mère avait introduit le cardinal de Richelieu au Conseil, qui était devenu principal ministre d’État le 21 novembre 1629, après s’être acquis l’entière confiance du roi, tout aussi habilement que glorieusement (prise de La Rochelle aux protestants en 1628, v. note [27], lettre 183). Un an plus tard (Journée des Dupes, 11 novembre 1630, v. note [10], lettre 391), Marie de Médicis avait été obligée à l’exil (v. note [28], lettre 7). Depuis lors, ménageant habilement l’esprit ombrageux de Louis xiii, Richelieu avait pu exprimer sans presque aucune contrainte ses visions politiques, tant intérieures (mise à raison des fiefs protestants) qu’étrangères (opposition résolue aux Habsbourg d’Autriche et d’Espagne).

La plus grande préoccupation des Français était alors la stérilité du couple régnant ; elle assombrissait singulièrement l’avenir du trône qui, en cas d’infortune, eût échu à Monsieur, Gaston d’Orléans, le frère de Louis xiii.

Imprimer cette note
Citer cette note
x
Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 28 octobre 1631, note 33.

Adresse permanente : https://www.biusante.parisdescartes.fr/patin/?do=pg&let=0006&cln=33

(Consulté le 20/04/2024)

Licence Creative Commons