À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 61.
Note [61]

Le (ou les) Marais du Temple était originellement toute la région inondable de Paris (et alors en partie inondée, v. supra note [29]) située entre le lit actuel de la Seine et son cours ancien, qui arrosait la base des collines de Belleville, Ménilmontant, Montmartre et Chaillot. D’abord couvert de pâturages, puis de potagers, le Marais se couvrit de maisons au fil des siècles. Les templiers (v. notule {b}, note [26], lettre 337) s’y étaient établis au xiie s., ce qui valut au Marais l’autre nom de « coulture du Temple » (v. note [3], lettre 118).

Dubuisson-Aubenay (Journal des guerres civiles, tome i, pages 137 et 139, 29 et 30 janvier 1649) :

« Ce jour, même 29, le Parlement eut avis que chez le sieur Galland, {a} secrétaire du Conseil, il y avait une cache pleine d’argent et de richesses ; des conseillers du Parlement y furent députés ; et sur la protestation de la dame Galland qu’elle n’avait point d’argent, firent lever un plancher parqueté sous lequel la cache fut trouvée. Il y avait vingt-cinq mille livres d’argent, dont le délateur attend le dixième, qui sont deux mille cinq cents livres pour sa part ; force vaisselle d’argent, bagues et un fil de perle de vingt à trente mille francs. Ladite dame en est du tout demeurée dépositaire […]

On dit que Mme Galland avait mis ses vingt-cinq mille livres en sûreté pour elle ; sur quoi se fait rumeur par les frondeurs ; et le jeune président Le Coigneux, {b} beau-frère du sieur Galland, se leva, disant que cet argent était à lui dû par son beau-frère, et s’en allait chez lui pour voir s’il y avait des gens assez hardis pour lui venir enlever son bien ; sortit, mais revint et se mit près du feu. Son père {c} voulut parler, et on lui contraria tant qu’il fut contraint de promettre ledit argent et s’y obliger. »


  1. Jean Galland.

  2. Jacques ii Le Coigneux, v. note [1], lettre 317.

  3. Jacques i Le Coigneux.

Je n’ai pas trouvé comment Jacques ii Le Coigneux se trouvait être beau-frère de Jean Galland, qui était le frère de celui dont parle le Catalogue des partisans (pages 5‑7) :

« Défunt Galland, dont la veuve est à présent remariée, demeurant près l’Échelle du Temple, dans un palais magnifique, que ledit défunt a fait bâtir, et possédant plusieurs belles terres aux champs, rentes constituées et argent monnayé.

[…] Ledit défunt Galland, qui est mort riche de plus de six millions de livres et n’a point laissé d’enfants, son bien ayant été partagé entre sa veuve et son frère. »

Poursuivi par la Chambre de justice en 1661, Jean Galland fut forcé de vendre sa charge de secrétaire du Conseil (Dessert a, pages 329‑330).

Étienne Pavillon (mort en 1674), frère de l’évêque janséniste d’Alet (v. note [9], lettre 733) et beau-frère de Jean du Verdier, était secrétaire du roi depuis 1639. Il a participé à treize traités entre 1644 et 1656. Il fut fermier général du convoi de Bordeaux (1645-1652), puis des cinq grosses fermes (1661), et fit partie, en 1652, des créateurs de la compagnie de commerce dite du Cap Nord (Dessert a, no 426). Catalogue des partisans (page 16) :

« Verdier et Pavillon demeurant au Marais, outre plusieurs affaires qu’ils ont faites, sont encore fermiers du convoi de Bordeaux avec Prier, et gagnent sommes immenses. »

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Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 20 mars 1649, note 61.

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(Consulté le 28/03/2024)

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