Congrès 2010

XVIe journées annuelles
Strasbourg, 24-26 mars 2010

Les prochaines journées annuelles de la Société d'histoire et d'épistémologie des sciences de la vie (SHESVIE) se tiendront à Strasbourg le mercredi 24 (après-midi), le jeudi 25 et le vendredi 26 mars 2010.

Ces journées sont organisées avec le soutien et le partenariat actif de l'IRIST/DHVS de l'Université de Strasbourg (Marion Thomas, Matthieu Fintz). Elles se dérouleront aux Hospices civiles de Strasbourg, au sein de l’Institut d’anatomie pathologique (salle 19).

Le mercredi 24 (après-midi) et le jeudi 25 mars est consacré à un colloque dont le thème sera Les sciences de la vie coloniale (XIXe et XXe siècles) : bilan, enjeux et perspectives.

24-25 mars : colloque

Le mercredi 24 (après-midi) et le jeudi 25 mars sont consacrés à un colloque dont le thème sera Les sciences de la vie coloniale (XIXe et XXe siècles) : bilan, enjeux et perspectives.

Argumentaire

L'essor remarquable des post-colonial studies a permis un renouveau du champ des études coloniales et de l'histoire de la colonisation. Nées sous l'impact du livre d'Edward Saïd, L'Orientalisme, L'Orient créée par  l'Occident (1980), ces études reprennent à leur compte l'idée maîtresse du livre de Saïd, à savoir qu'il n'y a pas eu imposition unidirectionnelle d'un savoir impérialiste sur un savoir indigène mais co-construction de différents types de savoirs, circulant dans les sociétés et cherchant une légitimation, non sans conflits et rapports de forces. En reconnaissant ce livre comme source immédiate d'inspiration, des auteurs tels que Gayatri C. Spivak, Homi K. Bhabha et David Arnold ont contribué au développement d’une approche du post-colonial, respectivement en étudiant la parole des dominés, en développant une théorie post-coloniale, en montrant comment la médecine occidentale avait pu être contestée dans des contextes coloniaux.

Si les post-colonial studies ont fondé leurs recherches autour de l'analyse des discours, des historiens, des sociologues et des anthropologues des sciences ont insisté sur la confrontation de ces discours avec les pratiques. Par exemple, Warwick Anderson (2002) en reprenant le concept d'« écologie des savoirs » insiste sur le fait que les études postcoloniales sur la science sont susceptibles de réintroduire la matérialité de la pratique scientifique là où les postcolonial studies ont peut-être trop souvent insisté sur la textualité de la rencontre coloniale.

On peut donc se demander dans quelle mesure le croisement des approches des science studies et des postcolonial studies n’est pas à même de mieux documenter les échanges scientifiques et la production d’identités (à la fois individuelles et sociales) le long de réseaux d'échanges qui, davantage que la dichotomie entre centre et périphérie, viendraient mettre à l’épreuve les agencements et jeux d’échelle entre le local et le global. Même si leurs approches diffèrent, post-colonial studies et science studies permettent peut-être de dépasser la vision réductrice d'un rapport univoque et dominateur des savoirs coloniaux sur les savoirs indigènes et ont résolument, chacune à leur manière, ouvert des pistes de réflexion sur l'histoire de la colonisation et les sciences coloniales. Qu'en est-il des recherches actuelles sur les sciences de la vie coloniales ? Dans quelle mesure ont-elles bénéficié du renouveau apporté par les post-colonial studies et les science studies? Comment ces études permettent de (re)penser la question des rapports entre savoirs et pouvoirs (ici scientifique) sans tomber dans la vision réductrice d'une manipulation coloniale de tous les savoirs.

Ce congrès se donne pour objectif d'échanger au niveau de ces nouvelles approches dans le champ des études coloniales et de mesurer leurs éventuelles influences sur les études actuelles d'histoire des sciences de la vie (i.e. sciences biologiques et médicales) coloniales. Différents points d'entrée et quelques pistes de réflexions s'y rapportant sont proposés ci-dessous pour susciter et alimenter ces échanges. Il est bien entendu que la liste des différentes thématiques proposées ici n'est ni exhaustive, ni exclusive, et encore moins impérative.

1. Acclimatation, conservation de la nature et expérimentations

A travers les modèles végétaux, animaux (y compris d'élevage) et humains, proposés dans le cadre d'expériences d'acclimatation, on cherchera à comprendre dans quelle mesure l’équivalence supposée entre les trois modèles a pu produire des effets d’asymétrie. On pourra aussi revenir sur les concepts de « race » et d’« environnement » et montrer la manière dont  ils  se trouvent mêlés, et sur celui de « tropicalité », notion emprunte d’ambiguïté dans la mesure où elle fait référence à une nature sauvage qu’il faut préserver et/ou domestiquer sous un ordre colonial. Enfin, on pourra réfléchir à l'idée que la colonisation ait pu se présenter comme une expérimentation en plein champ, dans le sens où les conditions sociopolitiques du régime colonial ont pu favoriser la mise en œuvre de mesures qui auraient été disqualifiées en métropole.

2. Circulation et négociations des savoirs

Différents concepts, outils, métaphores et modèles ont contribué à la diffusion des savoirs coloniaux (métaphores de la guerre et de l'invasion, modèle de l'îlot, mais aussi du commensalisme et de relations pacifiées entre l’homme et son environnement) et, pour certains, sont devenus une composante de la pensée biologique et médicale. On pourra aussi documenter la double logique de contestation/validation des savoirs, notamment autour de ce que certains appellent la rencontre coloniale et les zones de contact.

3. Représentation des Tropiques

Jardins d’acclimatation, expositions coloniales, zoos humains, collections muséographiques, films de propagande médicale, autant de lieux et d'objets qui nous permettront de nous interroger sur les modes de représentations des colonies et des colonisés.

4. La professionnalisation des sciences de la vie et de la médecine

Souvent réduites au statut d’objets de science, les populations colonisées n’en sont pas moins devenues aussi des sujets de la science en train de se faire. On pourra ainsi revenir sur les logiques de l’institutionnalisation et de la professionnalisation des sciences de la vie et de la médecine à travers la création de facultés et d’instituts de recherche, de revues et de l’inscription de ces chercheurs dans des réseaux internationaux.

Programme du Colloque
Sciences de la vie coloniale (XIXe-XXe siècle) : bilans, enjeux et perspectives

24-25 mars 2010 - Hospices civils, Institut d'anatomie pathologique, salle 19

Mercredi 24 mars 2010
14h00-14h30 Introduction/Présentation (Matthieu Fintz, Marion Thomas)
1. Sciences de la vie coloniale et naturalisation des «Tropiques»
Président de séance : Christian Bonah
14h30-15h00 Colonial, racial, déterministe, climatique, progressiste: les adjectifs du débat scientifique et médical sous les tropiques (fin XIXe-début XXe siècles) Annick Opinel
15h00-15h30  Un essai colonial de naturalisation de l’histoire : l’ethnographie médicale d’Ernest Gobert en Tunisie (1906-1950) Anne-Marie Moulin
15h30-16h00 pause  
16h00-16h30 Anthropologie raciale et pratiques coloniales Carole Reynaud-Paligot
16h30-17h15 Mise en scène de la science et des tropiques dans le cinéma colonial accompagné par la projection du film Tropique de la Science (circa 1940-1950) Joël Danet
17h15-17h45 Discussion générale  
18h30 projection du film, Jean Rostand, le solitaire de Ville-d’Avray, de Jean-Claude Bringuier (1973) – au Jardin des Sciences  
Jeudi 25 mars 2010
2. Circulation et négociation des savoirs biomédicaux dans les espaces coloniaux
Présidente de séance : Odile Goerg
09h00-09h30 L’acupuncture et le moxa en Europe : de l’expérience pratique à la domination orientaliste (17e – 19e siècles) Ronald Guilloux
09h30-10h00 Femmes et professions médicales dans l’Algérie coloniale Claire Fredj
10h00-10h30 L'émergence de la médecine coloniale (XVIIe-XVIIIe siècle) et les "maladies des nègres" Elsa Dorlin
10h30-11h00 pause  
11h00-11h30 Histoires croisées de la médecine coloniale.
Sociabilités médicales et échanges inter-imperiaux en Afrique
Guillaume Lachenal
11h30-12h00 La surveillance de la grippe aviaire à Hong Kong : situation coloniale et postcoloniale Frédéric Keck
12h00-12h30 Discussion générale  
12h30-14h00 Déjeuner au Cerf d'Or  
3. Environnement & écologie : de l’acclimatation à la conservation de la nature
Présidente de séance : Anne Rasmussen
14h00-14h30 Indies beyond the Alps: acclimatization and Empire in Napoleonic Italy Joseph Horan
14h30-15h00 Réalisme économique et eugénisme dans le modèle colonial de protection de la Nature d'Abel Gruvel (1870-1941) Josquin Debaz
15h00-15h30 De la protection de la nature à la conservation des ressources naturelles : une histoire de l’IUCN en contexte colonial et postcolonial de la fin du 19ème siècle à 1980 Yannick Mahrane
15h30-16h00 pause  
16h00-16h30 Probing the seven seas. Towards an oceanic and postcolonial concept of tropicality (1950-1970) Franziska Torma
16h30-17h30 Discussion générale de la session 3 et synthèses (Christian Bonah, Odile Goerg et Anne Rasmussen)
26 mars : congrès

Le vendredi 26 mars sera consacré au congrès annuel de la Shesvie.

Dans ce cadre une session spéciale de quatre communications est prévue. Celle-ci portera sur la question du déterminisme du sexe en biologie. Elle est organisée en partenariat avec le projet BIOSEX (Thierry Hoquet, Université Paris Ouest).

Programme du Congrès
Seizièmes journées annuelles – Strasbourg 2010

Vendredi 26 mars 2010 - Hospices Civils de Strasbourg, Institut d’anatomie pathologique, salle 19.

Avec le soutien et la participation de l’Institut de Recherches Interdisciplinaires sur les Sciences et la Technologie (IRIST).

Première partie
09h00 Ouverture de la journée Jean-Louis Fischer
(président de la Shesvie)
09h15 Le botaniste Désiré Cauvet et l’enseignement des théories transformistes pendant le dernier quart du XIXe siècle Christian Bange
(Université Lyon 1)
09h45 La vie d'une pratique scientifique : le séquençage ARN Jérôme Pierrel
(Laboratoire Epistémé, EA 2971, Université de Bordeaux)
10h15 La Connaissance du monde vivant chez le savant Al-Jâhiz (776-868) Meyssa Ben Saad
(CNRS-Sphere-Chspam, Université Paris 7)
10h45 Pause  
11h15 Biological Modularity: The Rise of a Notion Silvia Caianiello
(Istituto per la storia del pensiero filosofico e scientifico moderno, Consiglio Nazionale delle Ricerche, Napoli)
11h45 Le mutualisme biologique : une histoire des premiers modèles mathématiques Olivier Perru
(E.A. 4148, LEPS-LIRDHIST, Université Lyon 1)
12h15 Pause déjeuner  
Deuxième partie
14h00 Génétique et médecine : un mariage de raison ? Laurence Perbal
(Chargé de Recherches du F.R.S-FNRS - Université libre de Bruxelles, Columbia University)
14h30 Session Biosex : Histoire de quelques conceptions relatives à la biologie de la sexualité
Présentation générale : Thierry Hoquet
14h40 Evolution ou origine du sexe ? La tentation métaphysique de Geddes et Thomson (1889) Thierry Hoquet (Université de Nanterre Paris-Ouest)
15h10 L'école strasbourgeoise de l'intersexualité des années 1930 Jean-Louis Fischer (CNRS, Centre Koyré)
15h40 Pause  
16h10 La reproduction asexuelle, la régénération animale et les théories de l’hérédité non-Weismannienne : le cas de C.M. Child et W. E. Ritter Maurizio Esposito (University of Leeds, UK)>
16h40 La sexualité des protozoaires, son déterminisme, et la question de l’immortalité des unicellulaires (1880-1930) Laurent Loison (Centre François-Viète, Université de Nantes)
17h10 Assemblée générale et Conseil d’administration de la Société