L'image pédagogique, innovation
de la dermatologie au XIXe siècle

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Jusque dans les dernières années du XVIIIème siècle, les ouvrages consacrés aux maladies de la peau ne donnaient pas aux lecteurs la possibilité de confronter les descriptions - souvent peu précises - des maladies à leurs représentations par l’image. En 1798, à Londres, Robert Willan (1752-1812) mit en place une nouvelle approche pédagogique en dermatologie. Perfectionnant les descriptions, il simplifiait le classement des dermatoses et publiait le premier fascicule d’un ouvrage novateur dans lequel il « explicitait (…) les maladies par des gravures colorées représentant quelques-uns des aspects les plus caractéristiques.» Malgré quelques imperfections, Willan insistait sur l'importance des images « utiles auxiliaires pour montrer des lésions que les mots ne suffisent pas toujours à décrire.» (trad. G Tilles).

Lepra vulgaris. Willan R. On cutaneous diseases. London, J Johnson, 1808, pp 106-108.

Willan décrivit le premier, sous le nom de Lepra vulgaris, le psoriasis, maladie sans relation avec la lèpre et qui « survient sous forme de petites lésions surélevées rougeâtres et brillantes (…) Examinées à travers un verre grossissant leurs surfaces semblent tendues et lisses. En 24 heures elles se recouvrent de fines écailles blanches. (…) Les écailles s'accumulent pour former une croûte épaisse qui se reproduit rapidement lorsqu'elle tombe spontanément ou après avoir été détachée. (…) L’éruption est indolore et légèrement prurigineuse (…) Cette forme de lèpre survient d'abord sur les coudes, les avant-bras mais le plus souvent sur les genoux. Dans ces cas les lésions initiales siègent immédiatement sous la rotule. (…) La maladie est souvent stationnaire et de très longue durée. » (trad G Tilles)
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Erythema nodosum. Willan R. On cutaneous diseases. London, J Johnson, 1808, p 483.

« La plupart des lésions sont rouges et de grande taille. Leur partie centrale est surélevée, devient dure et douloureuse au 6ème-7ème jour puis se ramollit au 7ème -10ème jour. Au 8ème–9ème jour, la couleur rouge devient bleuâtre ou livide et le membre atteint semble sévèrement contusionné. Cet aspect persiste pendant une semaine à dix jours avant qu'apparaisse une squame qui se sépare du tégument. L'érythème noueux atteint en général la face antérieure des jambes. Je ne l'ai observé que chez des femmes. » (trad G Tilles) .
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Rubeola vulgaris. Willan R. On cutaneous diseases. London, J Johnson, 1808, pp 215-218.

« Lorsque la maladie débute par de la fièvre chez un sujet de plus de 12 ans, l'éruption survient invariablement au 4ème jour. Elle est d'abord visible sur le front, le menton, la gorge puis sur le nez, les joues et autour de la bouche. (…) Elle atteint le cou et la poitrine au 5ème jour. (…) Le rash commence par des taches rouges presque circulaires (…) légèrement surélevées et donnent au toucher la sensation d'une surface inégale. (…) L'inflammation des yeux, le larmoiement, les éternuements, l'enrouement cessent au moment du déclin de l'éruption vers le 7ème jour » (trad G Tilles)

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Scarlatina simplex. Willan R. On cutaneous diseases. London, J Johnson, 1808, pp 253-255.

« La scarlatine est caractérisée par une éruption de couleur écarlate survenant à la surface du corps, dans la bouche le plus souvent au 2ème jour d'un épisode fébrile et se termine en environ 5 jours. (...) De petites taches rouge-vif surviennent sur le visage et le cou (…) et s'étendent en 24 heures à l'ensemble du tégument, les narines, à l'intérieur des lèvres, des joues, des paupières, sur la langue, le palais. (…) Au 8ème-9ème jour de larges surfaces de peau se détachent plus particulièrement sur les mains, les doigts, les pieds. (…) La maladie s'étend rapidement par contagion, parmi les enfants chez lesquels l'éruption apparaît 5 à 6 jours après qu'ils ont été infectés. » (trad G Tilles)

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Lepra vulgaris. Erythema nodosum. Rubeola vulgaris. Scarlatina simplex.