Une encyclopédie visuelle de la syphilis

<<     >  >> 

 

Une galerie entière de la collection générale, l’intégralité de la collection Fournier [442 pièces, 314 réalisés par Jumelin, 128 par Baretta], 50 moulages de la collection Parrot et quelques moulages de la collection Péan sont consacrés à la syphilis, au total plus de 1200 pièces soit un quart de l’ensemble. Bien que la syphilis soit présente dans les 4 sous-collections, l’essentiel de la production de pièces consacrées à la syphilis est antérieur aux années 1910, période au cours de laquelle la maladie faisait l’objet d’une attention soutenue des dermato-syphiligraphes. Au premier rang d’entre eux, Alfred Fournier (1832-1914), autorité incontestée en matière de syphilis, affirmait qu’à Paris près de 15% des hommes étaient syphilitiques, soit 125 000 malades.

 

Jean-Alfred Fournier (1832-1914)
Nommé médecin des Hôpitaux de Paris en 1863, chef de service à l’hôpital de Lourcine en 1868, chef de service à Saint-Louis en 1876, successeur de Hardy, Agrégé de la Faculté de Médecine de Paris en 1863, Fournier fut chargé en 1870 du cours complémentaire des affections syphilitiques à la Faculté de Médecine de Paris avant d’être nommé le 31 décembre 1879 le premier titulaire de la chaire de clinique des maladies cutanées et syphilitiques à la Faculté de Médecine de Paris. Membre de l’Académie de Médecine, Président fondateur de la Société française de prophylaxie sanitaire et morale, Président-fondateur de la Société française de dermatologie, Fournier fut Commandeur de la Légion d’Honneur. Sabouraud, qui fut interne de Fournier décrivait son Maître comme " l’homme d’une seule question. Ce fut avant tout et exclusivement un syphiligraphe […] son jour d’examen de malades était un cours de diagnostic différentiel de la syphilis. Ses livres, et il en publia beaucoup, toujours sur la syphilis ". « Grand et fort, le professeur Fournier avait une tête d'allure militaire, mais à qui un certain embonpoint, des yeux bleus très limpides regardant bien en face et avec douceur enlevaient toute rudesse. Le front était haut surmonté de cheveux blancs, peu abondants, rejetés en arrière, le nez presque bourbonien, la moustache courte, le visage rasé de très près, la lèvre inférieure ornée d'une mouche napoléonienne.  » Milian G. Le professeur Alfred Fournier (1832-1914) Paris Med, 1916, 20 : 133-137.
Archives du musée de l’hôpital Saint-Louis, cote 826 W, Archives de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris.
Caricature de Fournier parue dans la revue « Chanteclair » en 1906
Vêtu d'une redingote noire au revers piqué de la rosette rouge, ceint du tablier blanc, chaussé de chaussures vernies, le geste arrondi et sobre, la voix douce et paternelle, il donnait à ses leçons professorales à la fois une grande bonhomie et une grande distinction. Le vendredi, c'était la leçon didactique, à l'amphithéâtre toujours plein d'auditeurs. Assis devant la grande table recouverte d'une alèze blanche, entouré de son état-major de chefs de clinique, de chefs de laboratoire, d'internes, d'externes et de stagiaires ; ayant sous les yeux le petit cahier blanc écrit de sa main et souligné d'une multitude de traits rouges et bleus, qui mettaient en évidence les titres et les paragraphes importants, il lisait ses leçons avec un art parfait. Rien dans son cours n'était livré à l'improvisation ; aussi était-il merveilleusement didactique. Quand on en sortait, on n'avait pas entendu des foules de choses, mais ce qu'on avait entendu restait gravé, tant cela était présenté clairement et agrémenté d'exemples à la fois cruciaux et humoristiques, comme les maladies vénériennes y donnent lieu. Aux leçons cliniques du mardi, à la polyclinique comme on disait, faite dans la salle d'examen, les malades complètement nus, la peau bigarrée d'éruptions multicolores, la verge endommagée de plaies chancreuses ou d'enflure, le visage rongé de lupus, défilaient un à un sur la chaise dermatologique surélevée d'où les spectateurs les apercevaient tous. Pour chaque patient les éléments du diagnostic étaient exposés en quelques mots. Des moulages choisis dans l'inimitable musée de l'hôpital, des photographies en noir ou coloriées par l'habile Méheux et tirés de sa collection personnelle considérable complétaient l'histoire de chaque cas. Et cela était si simple, si expressif, qu'il semblait à chacun l'avoir toujours su.» Milian G. Le professeur Alfred Fournier (1832-1914) Paris Med, 1916, 20 : 133-137.
Archives du musée de l’hôpital Saint-Louis, cote 826 W, Archives de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris
Un examen à la Faculté de Médecine de Paris [1901], tableau de Toulouse-Lautrec exposé au musée Lautrec à Albi.
Alfred Fournier est probablement représenté - personnage à cheveux blancs, assis à gauche - sur ce tableau de Toulouse-Lautrec
Coll musée de l’hôpital Saint-Louis
Jean-Alfred Fournier (1832-1914) Caricature de Fournier parue dans la revue « Chanteclair » en 1906 Un examen à la Faculté de Médecine de Paris [1901], tableau de Toulouse-Lautrec exposé au musée Lautrec à Albi.