Le musée des Hospices Civils
de Lyon est la mémoire historique des établissements hospitaliers lyonnais et
de l'histoire de la médecine de cette ville.
A l'Hôtel-Dieu, dans un
cadre somptueux du XVIIème, en plein centre de Lyon, ce musée recèle un
patrimoine hospitalier et médical d'une très grande richesse. Tentons d'évoquer
quelques pièces majeures : Les deux magnifiques pharmacies hospitalières
complètes du XVIIIème, la salle des archives de la Charité fin XVIIIème, de
nombreux meubles, peintures, pots de pharmacie et vitrines garnies d'instruments
anciens en n'oubliant pas d'y associer les grands praticiens lyonnais.
Ce musée a en outre la
particularité d'exposer deux fauteuils dentaires exceptionnels : les
fauteuils de Billard et Morrison.
Maison E. BILLARD au 4 Passage
Choiseul à Paris.
Ce fauteuil à bascule, par sa
conception, est inspiré du fauteuil américain de Justus Ask que construisait
R.W.Archer à Rochester. N.Y. vers 1860.
Un système très simple à
pédale agissant sur une crémaillère fixe les différentes positions de la
bascule antéro-postérieure du fauteuil sur sa base. A l'arrière du fauteuil
une manivelle en liaison avec un vérin permet d'ajuster la hauteur de l'assise
du siège. Ce modèle possède une petite tablette fixe derrière le dossier. La
têtière est ajustable en hauteur, en latéralité et d'avant en arrière.
Le fauteuil du musée, en noyer
patiné avec son velours rouge et sa grande frange cache-mécanique, est
absolument prestigieux par l'équilibre de son ébénisterie sculptée lui
donnant une allure vraiment remarquable.
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Détails de la
têtière à multipositions. |
Détails de la
pédale et de la crémaillère
à trous pour contrôle de la
bascule.
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La manivelle pour
l'élévation de l'assise.
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Détail de
sculpture.
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Ce fauteuil figure sur les
pages de " réclame " d'une édition française du Cosmos
Dentaire de 1876 publié par la maison Billard. Il est représenté avec un
crachoir fixé à gauche du fauteuil avec système d'évacuation et
récupération des fluides par un grand réservoir caché dans la base du
fauteuil. Un repose-pieds est accroché en façade.
c'est le Dr Louis Alexandre
Billard qui fonda à Paris en 1834 la première fabrique de matériels et
dépôt dentaire. Il y vendait aussi des dents porcelaine et de l'instrumentation.
Son fils E.Billard et son neveu A.Heymen Billard donnèrent un essor tout
particulier à cet établissement jusqu'au début du XXème siècle. Cette
maison était suffisamment importante et dynamique pour revendre et importer du
matériel d'autres fournisseurs, mais aussi pour produire une fabrication
propre tant en petite instrumentation qu'en gros matériel.
Naturellement ce modèle de
prestige devait faire partie de commandes particulières, personnalisées et n'a
pas d'être produit en de nombreux exemplaires. Nous connaissons un même
modèle dans la collection du Conseil National de l'Ordre des chirurgiens
dentistes à Paris (don Ferrand), et un autre dans une collection particulière
du centre de la France.
LE FAUTEUIL DE MORRISON
C. 1872 Fabrication Johnston
Brothers. New.York.
C. 1875 Cl. Ash and son.
Londres.
C. 1881 Samuel S. White.
Philadelphie.
C. 1885 Adam Schneider. Berlin.
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Le fauteuil
de Morrison
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Fauteuil et tour
dentaire, tous les deux de J.B. Morrison.
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En 1872 c'est réellement un
fauteuil révolutionnaire. c'est le premier modèle tout en fonte. Sa
conception par James Beall Morrison est animée d'une recherche avancée d'ergonomie.
Il est destiné au travail debout mais aussi au travail assis du praticien.
Le corps du fauteuil est
activé par un système à manivelle et crémaillère permettant une très
grande amplitude d'élévation, avec possibilité de bascule antéro
postérieure limitée de l'ensemble. Pour faciliter l'approche du patient et
assurer une bonne stabilité, les pieds sont asymétriques. Le dossier en deux
parties est modulable en hauteur et latéralement. La têtière à rotule et à
déplacement permet une grande possibilité de positions. Les accoudoirs sont
réglables et escamotables. Le repose-pieds à deux niveaux est aussi adaptable.
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Détails
du fauteuil de Morrison.
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Ce modèle eut un grand succès
tant en Amérique qu'en Europe. Sa production a été assurée par de
nombreuses maisons. Cependant à cause de la finesse de certaines pièces en
fonte, il est d'une relative fragilité, c'est pour cela qu'il n'en
reste seulement que quelques exemplaires dans les musées et collections
privées.
Le fauteuil de l'Hôtel-Dieu,
en excellent état, avec sa peinture décorative d'origine, sa tapisserie en
velours gaufré à grandes franges, par son incroyable prouesse de fonderie, est
absolument remarquable d'élégance et de légèreté. c'est une véritable
sculpture.
Incontestablement le musée des
Hospices Civils de Lyon expose deux pièces prestigieuses du patrimoine
historique de l'Art dentaire.
Dans ces mêmes salles des
vitrines sont aussi consacrées à la stomatologie avec des pièces et des
instruments anciens en évoquant Claude Martin (1843-1911) et la maxillo-faciale
avec le souvenir de Joseph Gensoul et Albéric Pont (les gueules cassées). De
nombreux autres instruments de dentisterie sont aussi montrés, dont
quelques-uns uns proviennent du musée dentaire de Lyon (à la faculté d'odontologie),
autre musée lyonnais incontournable pour les amateurs de l'histoire de l'Art
Dentaire.
Documentation photographique de
l'ASPAD
avec la très aimable autorisation du musée des Hospices Civils de
Lyon.
POUR INFORMATION
Le musée des Hospices Civils
de Lyon se trouve à l'Hôtel-Dieu :
1 place de l'Hôpital et 61
quai Jules Courmont
69002 LYON (FRANCE)
Tél. : 04 72 41 30 42
Fax. : 04 72 41 31 42
Métro : Bellecour ou
Cordeliers.
Ouverture
du lundi au vendredi de
13h30 à 17h30.
Le samedi matin, d'octobre à
juin, de 9h30 à 13h30.
Un dimanche par mois, de 14h à
18h.
Visites commentées, sur
rendez-vous.
BIBLIOGRAPHIE