Contenu du catalogue de 1853
Notre catalogue de 1853 reflète bien le tournant que vient de prendre Claudius
Ash. c'est en introduction une présentation de la firme et des conditions commerciales, puis nous trouvons dès
la page 11 un choix important de dents minérales de différentes tailles et formes, avec ou sans gencive, dans
quatorze teintes. Il est important de souligner que la fabrication de ces dents minérales a été le tremplin de
départ de la maison. On retrouve d'ailleurs à la même époque ce même tremplin pour les maisons White à
Philadelphie et Billard à Paris. c'est le progrès de la prothèse dentaire, avec l'apparition de la vulcanite et
des dents minérales qui favorisera le formidable essor de toute la dentisterie, relayé par le développement de
l'anesthésie et l'utilisation du tour à pied permettant une dentisterie rotative.
Il est donc pas étonnant de retrouver dans ce catalogue de nombreuses
fournitures pour la prothèse dentaire : Page 13 de l'or en plaque et en fil de différentes tailles et qualités.
Page 14 de la soudure, des ressorts et un choix impressionnant de qualités de pivots. Notons pages 12 et 13 les
fournitures pour amalgame (metallic paste) et aurifications sans oublier les feuilles d'étain à fouler. Relevons
page 15 « Animals teeth » : Il s'agit de la fourniture de morceaux d'ivoire pour y sculpter des prothèses. Choix
incroyable entre des pièces d'ivoire d'hippopotame ou de morse, pièces brutes ou avec leur couche d'émail
décapée. Il y a même une possibilité d'ivoire de cachalot mais sans notification de prix ! Ces nombreuses
références nous montre bien qu'au milieu 19e ce matériau était encore très utilisé.
Toute la page 16 concerne des boites de rangement pour prothèses dentaires,
certaines avec des serrures à clefs ! Preuve du grand soin de conservation de ces prothèses. Page 17 on dispose
d'un grand choix de boites à poudre dentifrice et brosses à dents, souvent vendues par les praticiens de cette
époque. Les pages 18 et 19 sont manquantes et devaient commencer par des instruments pour le travail en bouche.
Pages 20 et 21 on y retrouve les premiers miroirs buccaux avec huit
possibilités de qualité de manche : Or, argent, métal argenté, ivoire, nacre, écaille, ébène, ou acier, ainsi
que scies, porte-foret d'Archimède, élévateurs et daviers, détartreurs et fouloirs. Puis des pages 22 à 28 toute
une instrumentation pour le travail des prothèses dentaires depuis des tours pour meulage et polissage jusqu'aux
petites meulettes en Corundum en passant par les différentes pinces et limes de laboratoire.
Pages 28 à 31 sous la rubrique «Sundries» que l'on peut traduire par
«Divers», nous sont proposés de nombreux produits à l'usage du laboratoire et du cabinet : notamment des
porte-empreintes pour utiliser avec des pains de cire d'abeille, des pièces de dragonnier, des bocaux à sangsue,
des seringues à aiguille en argent. Naturellement d'autres nombreux produits font encore partie de notre arsenal
thérapeutique. Une seule pièce d'équipement dentaire nous y est proposée : «Scagliola pedestals with marble top
and plinth» c'est un crachoir colonne garni de marbre.
c'est avec une émotion encore plus grande que nous examinons les deux
dernières pages de garde manuscrites par Mr Colin Logan, agent de la maison Claudius Ash & sons à Paris. Nous y
trouvons certainement ce qui ne figurait pas dans le catalogue et était cependant bien demandé : Plusieurs tours
à polir et meuler, les livres de Tomes et surtout de Harris qui rencontra un énorme succès, des morceaux
d'ivoire de morse de grosse taille, et toute la nouvelle série des daviers modèle de Tomes produite par les
ateliers de Joseph Gray à Sheffield. Mr Logan avait pris soin aussi d'établir un tableau de correspondance entre
la monnaie anglaise et les francs.
Conclusion
Ce catalogue a été éité à une période charnière de la maison Claudius Ash &
sons. En effet à côté d'importante fourniture dédiée à la prothèse dentaire s'appuyant sur sa première
spécialisation Claudius Ash commence à proposer toute une instrumentation pour le travail en bouche. Cependant
mis à part un crachoir, il n'y a encore aucune proposition d'équipement opératoire. Il semble qu'il faille
attendre un catalogue de 1858 pour trouver les premières traces de fauteuil dentaire : Catalogue sans titre
répertorié il y a plusieurs années par U.Lohse à la British Dental Association, mais actuellement indisponible.
Le fauteuil d'Owen ne sera présenté qu'en 1859. Le premier catalogue illustré de Claudius Ash & sons sortira en
1865 avec de remarquables présentations de fauteuils, équipements et instrumentations. Par ce nouveau catalogue
Claudius Ash, en s'adaptant à la demande du monde dentaire, nous montre qu'il s'est manifestement tourné vers
une production de qualité qui lui assurera un formidable succès commercial.
Provenance du catalogue 1853
Ce catalogue, annoté de sa main, était celui de Mr Colin Logan (1832-1913),
d'origine écossaise, agent de Claudius Ash & sons en France. Son fils Kenneth Logan (1875-1961) fit ses études
dentaires à Paris et fut diplômé de l'EDP en 1897. Cet éminent praticien exerça de nombreuses années à
Versailles où il était très connu, d'abord au 36 avenue de Saint Cloud puis en 1920 au 9 boulevard du Roi. Il
céda son exceptionnel cabinet vers 1940 au Dr Henri Touraille qui récupéra quelques archives transmises à sa
fille et à son gendre, les docteurs Marie Madeleine et Claude Lavaste. Leur fils le docteur Rémi Pierre Lavaste
continue la tradition familiale, en exerçant toujours au même cabinet.
|
Mr Colin Logan avec
ses filles vers 1900 |
Remerciements
l'ASPAD tient à remercier le Docteur Claude Rousseau qui grâce à sa sagacité d'Historien
repéra ce document important et nous le fit connaître. Tous nos plus vifs remerciements vont au Docteur
Claude Lavaste qui très spontanément nous a confié ce document et nous a autorisé à le faire photographier
et diffuser par la BIU Santé tout en nous apportant de nombreux renseignements complémentaires.
Numérisation du document par la BIU Santé.
Documentation photographique du Dr Rousseau pour l'aquarelle du cabinet de K.Logan.
Avec la très aimable autorisation de la famille des docteurs Lavaste pour toutes ces photos. |
|
|
Le cabinet de Kenneth Logan à Versailles.
Aquarelle de V.Lorant-Heilbronn 1918 |
Bibliographie