Un exemplaire exceptionnel des Reports of medical cases de Richard Bright (1789-1858)

Richard Bright, parmi de nombreuses autres contributions à la médecine et à la science, est célèbre pour ses travaux sur la pathologie du rein.

Portrait de Richard Bright (1789–1858). In: Thomas Joseph Pettigrew, Medical Portrait Gallery vol. 2 (1838) [Source: Wikimedia]
Célèbre ? Il a été à vrai dire plutôt dédaigné par l’histoire de la médecine en langue française.

L’importance de Bright fut pourtant très grande, et reconnue par ses contemporains, notamment français. Un compte rendu détaillé des “recherches sur l’hydropisie dépendant d’un état morbide des reins” (sur le premier volume des Reports of medical cases, 1827) paraît en 1830 dans les Archives générales de médecine. L’œuvre de Bright est abondamment discutée par Pierre François Olive Rayer (1793-1867) dans son important Traité des maladies des reins (1839-1841), et c’est à partir de 1831 que le même Rayer a travaillé sur ce sujet ou qu’il a fait travailler ses élèves de la Pitié. Toute l’œuvre de Bright fit à sa mort l’objet d’un long article d’Ernest Charles Lasègue (1816-1883) : Richard Bright, sa vie et ses œuvres. In : Archives générales de médecine, 1859, p. 257-274. “C’est un devoir pour la presse médicale, y écrivait-il en introduction, de rendre un dernier hommage à un médecin si justement illustre, et dont le nom restera éternellement attaché à une des plus grandes découvertes pathologiques de notre temps”. Cet article de Lasègue est à ma connaissance le plus long travail en français consacré à Bright.

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Le Syndrome de Garcin : une thèse (1927), un récit (2018)

Fin mars 2018, le récit de Jérôme Garcin, «Le Syndrome de Garcin», a reçu le prix «Humanisme et Médecine», créé en 2001 par le Collège Français de Pathologie Vasculaire, dont le thème, cette année, était : «La médecine, une histoire de famille ?»

Issu de deux lignées ancestralement vouées  à l’exercice et à l’enseignement de la médecine comme à un sacerdoce, Jérôme Garcin (Le Masque et la plume, Le Nouvel Obs) retrace la généalogie de ses ancêtres.

«Familles hippocratiques», par alliance chez les Garcin, de père en fils chez les Launay, perpétuant une  tradition endogamique, dont  les deux éminents grands-pères  de l’auteur sont issus : Raymond Garcin (1897-1971) le neurologue et Clément Launay (1901-1992),  pédopsychiatre.

«Premier de cordée», Alexis Boyer (1757-1833), fils d’un tailleur et d’une mercière, du fond de sa Corrèze «ignorait encore le protocole que sa fille allait inaugurer puisqu’il épousa Gabrielle-Adélaïde Tripot, la fille d’une blanchisseuse qui le soigna d’une fièvre typhoïde avec un simple bouillon de légumes». Ayant gagné Paris, il  devint professeur, chirurgien et baron d’Empire, donna en mariage sa fille Adélaïde à un professeur de pathologie chirurgicale, inaugurant cette dynastie de gendres, à la fin de laquelle le grand-père paternel tant aimé de Jérôme, le neurologue Raymond Garcin, s’inscrira comme sixième du genre.

Collection BIU Santé Médecine  Collection de portraits : Garcin, Raymond M. Mathieu J.
Réf. image : CIPB1710

Nostalgique de son île natale de la Martinique, Raymond Garcin, lycéen puis étudiant  boursier à Paris, affronte la 1ère Guerre mondiale, puis démobilisé, devient externe et interne dans le service du Professeur  de Clinique des maladies du système nerveux, Georges Guillain, à la Salpêtrière. Celui-ci, appréciant à leur juste valeur ses qualités morales et médicales, ne tarde pas à lui accorder la main de sa fille aînée.

Raymond Garcin fonde sa spécialisation de neurologiste sur une très grande culture générale, qu’attestent le nombre et la valeur de ses publications de pure pathologie médicale en rapport avec la neurologie. Sa thèse sur le syndrome paralytique unilatéral global des nerfs crâniens (1927) deviendra classique en quelques années sous le nom de syndrome de Garcin.

De la cruelle expérience de la deuxième guerre mondiale sortira, en 1942, Traitement des blessures et des lésions traumatiques crânio-cérébrales récentes, prix Montyon de Médecine et de Chirurgie de l’Académie des Sciences. L’humanité de Raymond Garcin, à la IIIème armée, devient légendaire et ne le quittera pas dans sa pratique. «Écoutez vos malades, ce sont vos seuls maîtres.»

L’année 1948, capitale pour lui, marque son retour définitif à la Salpêtrière, division Mazarin, où il dirige bientôt un service pilote  et crée une unité de microscopie électronique, qu’il dirigera toujours après sa retraite en 1968. Ses fonctions, professeur titulaire d’une  chaire  de clinique neurologique, secrétaire général de la Société de neurologie, vice-président de congrès neurologiques internationaux, membre de l’académie de Médecine, son œuvre publiée, importante et variée, sont à mettre au premier plan.

Même lorsqu’il se détendait en famille, en peignant d’après nature à Saint-Laurent-sur-Mer, en compagnie de son petit-fils Jérôme, «ce sémiologue ne se reposait jamais […] le monde était pour lui un malade menacé dont, en même temps, il fixait la beauté provisoire, diagnostiquait le symptôme et voulait absolument traduire le silence». On rapporte que «ses examens sémiologiques, où il faisait preuve d’une « patience contemplative presque irritante », avaient toujours la précision et l’élégance d’une « œuvre d’art »».

Clément Launay, grand-père maternel de l’auteur, est, quant à lui, spécialisé en médecine  puis en neuro-psychiatrie pour les enfants, chef de service à l’hôpital Hérold, professeur à la faculté de médecine de Paris, membre de l’Académie nationale de médecine. Les deux hommes se sont croisés, rencontrés sans être intimes.

Il avait lu Freud, était l’ami de Françoise Dolto, entreprit une psychanalyse et cherchait dans le milieu familial «la source des régressions intellectuelles, des stagnations affectives de l’enfant, de ses troubles du comportement et du langage». Clément Launay fonda  le premier centre médico-psycho-pédagogique et se consacra également à la question de l’adoption.  Il demandait à la psychiatrie de traiter différemment les adultes et les enfants, dont il avait le souci de favoriser la personnalité, l’originalité, ambitionnant de «préparer le petit d’homme à exercer plus tard sa pleine liberté, et de ne jamais empêcher un destin de s’accomplir».

Ces deux personnages, intimement liés à l’enfance et à la jeunesse de l’auteur, donnent lieu à des portraits attachants en même temps qu’au  panégyrique d’une tradition médicale qui place l’humain, l’humanité, l’humanisme au centre de sa pratique et de son éthique. Et qui possède sa propre temporalité, distincte des grandes dates du calendrier national – cours, publications, congrès,  ses hauts-lieux – La Salpêtrière, l’Hôtel-Dieu, Laennec, Bicêtre, Trousseau, Hérold, l’académie de Médecine…

Launay, Clément  Collection BIU Santé Médecine : Collection de portraits. Réf. image : CIPB1900

Et Jérôme Garcin, dont la vie a été précocement marquée par les deuils familiaux, qu’il exorcise en écrivant, de conclure : «Quelle consolation ou quelle argumentation, enfin, suis-je donc allé chercher en visitant cette dynastie de mandarins ? Peut-être l’idée toute simple que si soigner, c’est sauver des vies, écrire, c’est les prolonger.»

Emmanuelle Prévost

Bibliographie

Ouvrages de Raymond Garcin et Clément Launay disponibles à la BIU Santé, ou accessibles en ligne, bibliothèque Medic@ :

Raymond GARCIN

  1. Garcin R. Physiologie normale et pathologique des nerfs crâniens: trijumeau, nerf vestibulaire glosso-pharyngien, pneumogastrique, spinal et grand hypoglosse. Paris: Masson; 193X.
  2. Garcin R. Le syndrome paralytique unilatéral global des nerfs craniens: contribution à l’étude des tumeurs de la base du crâne thèse pour le Doctorat en médecine [Internet]. [Paris]: A. Legrand; 1927. Disponible sur: http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/cote?epo1111
  3. Garcin R. Les ataxies: rapport de neurologie. Paris: Masson et Cie; 1933.
  4. Garcin R, Bertrand I. Etude anatomo-clinique d’un cas d’hémiballismus. Lésion dégénérative du corps de Luys et de la zona incerta. Poitiers: Société française d’imprimerie et de librairie; 1933.
  5. Garcin R, Bertrand I, Frumusan P. Etude anatomo-clinique d’un cas de syndrome de Parinaud et de myoclonies rythmiques du voile du palais. Paris: Masson; 1933.
  6. Garcin R, Bertrand I, Thévenard A, Schwob RA. Sur un cas de melanoblastome diffus primitif des centres nerveux: étude anatomo-clinique. Paris: Masson; 1933.
  7. Garcin R, Chevalley M, Bize R. Etude anatomique d’un cas de dysostose cranio-faciale. Maladie de Crouzon. Paris: s.n.; 1934.
  8. Garcin R, Halbron P. Contribution à l’étude des migraines accompagnées et en particulier de la physiopathologie des migraines ophtalmiques accompagnées. Paris: Masson; 1934.
  9. Garcin R, Petit-Dutaillis D, Sigwald J. Tumeur latente de l’angle fronto-cerebelleux révélée tardivement par un syndrome de sclérose en plaques aiguë sur la valeur diagnostique. Paris: Masson; 1934.
  10. Garcin R, Bertrand I. Etude expérimentale des lésions du névraxe consécutives aux chocs anaphylactiques répétés et aux injections réitératives espacées d’albumine étrangère: Sur quelques considérations pathogéniques applicables à la pathologie humaine. Paris: s.n.; 1935.
  11. Garcin R, Bertrand I, Laplane R. Sur certaines lésions histologiques du névraxe consécutives aux chocs anaphylactiques et aux injections réitératives espacées d’albumines étrangères chez l’animal. Paris? s.n.; 1935.
  12. Garcin R, Bertrand Y, Petit-Dutaillis D. Compression medullaire par épidurite chronique staphylococcupie chez une diabétique. Paris: Masson; 1935.
  13. Garcin R, Kipfer M. Réaction pupillaire tonique à la convergence et immobilité à la lumière au cours d’une paralysie unilatérale de la IIIe paire associée à une double atteinte trigémellaire: Excentration marquée et de topographie variable de la pupille au repos. Paris: Masson; 1935.
  14. Garcin R, Rouguès L, Laudat M, Frumusan. Syndrome thomsenien et syndrome mysoedemateurx cliniquement associés: début simultané et évolution parallèle Etude clinique. Paris: Masson; 1935.
  15. Garcin R. Sclérose en plaques familiale ou paraplégie spasmodique familiale à forme de sclérose en plaques. Paris: Masson; 1936.
  16. Garcin R, Deparis M, Hadji-Dimo A. Hémiplégie spasmodique de l’adulte avec atrophie musculaire tardive considérable: Contribution à l’étude pathogénique des atrophies musculaires de l’hémiplégie cérébrale de l’adulte. Paris: Masson; 1936.
  17. Garcin R, Kipfer M. A propos du phénomène de l’excitation pupillaire variable. Paris: Masson; 1936.
  18. Garcin R, Darquier J, Tiret J. Sur deux cas de cataplexie. Paris: Masson; 1937.
  19. Garcin R, Legrand G, Bernard P. Sur un cas de fissures osseuses symétriques imulant des fractures spontanées (syndrome de Milkman) d’étiologie inconnue avec guérison clinique et réparation radiographique sous l’influence d’un traitement calcique et vitaminé. Sur l’intérêt pronostique de la connaissance de ce syndrome. Paris: s.n.; 1937.
  20. Garcin R, Varay A, Hadji-Dimo A. Effondrement vertébral aigu au cours d’une maladie osseuse de Paget. Quadriplégie transitoire. Syndrome de Brown-Séquard résiduel. S. l.: Hadji-Dimo; 1937.
  21. Garcin R. Contribution à l’étude semeiologique des tremblements, intentionnels et des hyperkinésies volitionnelles. Paris: Masson; 1938.
  22. Garcin R, Varay A, Hadji-Dimo A. Document pour servir à l’étude des troubles du shéma corporel (sur quelques phénomènes moteurs, gnosiques et quelques troubles de l’utilisation des membres du côté gauche au cours d’un syndrome temporo-pariétal par tumeur, envisagés dans leurs rapports avec l’agosognosie et les troubles du shéma corporel). Paris: Masson; 1938.
  23. Garcin R, Kipfer M. Syndrome de Claude Bernard – Horner et troubles oculo-sympathiques dans les lésions du thalamus optique. Paris: Masson; 1939.
  24. Garcin R, Guillaume J. Traitement des blessures et des lésions traumatiques cranio-cérébrales récentes. Paris: Masson et Cie, libraires de l’Académie de médecine; 1942.
  25. Garcin R, Pestel M. Thrombo-phlébites cérébrales. Paris: Masson; 1949.
  26. Garcin R. Titres et travaux scientifiques du Dr Raymond Garcin. Paris: Masson; 1953.
  27. Garcin R, Oeconomos D. Les aspects neurologiques des malformations congénitales de la charniere cranio-rachidienne. Paris: Masson; 1953.
  28. Garcin R. Addendum aux titres et travaux scientifiques (1953-1960) du Dr Raymond Garcin. Paris: Masson et Cie; 1960.
  29. Garcin R, Zülch KJ, Lazorthes G. Pathologie vasculaire de la moelle: Rapports presentés à la XXVe Réunion Neurologique Internationale (Paris, 5-6 juin 1962). Paris: Masson et Cie; 1962.
  30. Godlewski S, Dry J, Garcin R. Les anomalies congénitales de la charnière cervico-occipitale. Paris: Expansion scientifique française; 1964.
  31. Garcin R. Le syndrome paralytique unilatéral global des nerfs craniens: contribution à l’étude des tumeurs de la base du crâne thèse pour le Doctorat en médecine [Internet]. [Paris]: BIUM; 2003. Disponible sur: http://www.bium.univ-paris5.fr/histmed/medica/cote?epo1111
  32. Garcin R. Bibliothèque numérique Medic@ – BIU Santé, Paris [Internet]. [cité 3 mai 2018]. Disponible sur: https://www.biusante.parisdescartes.fr/histoire/medica/resultats/index.php?do=fullsearch&tout=garcin+raymond&op=OU&tout2=garcin+raymond&statut=charg

Clément LAUNAY

  1. Launay C. Des tumeurs adénoïdes ou hypertrophies partielles de la mamelle. [Paris]: Imp. Rignoux; 1863.
  2. Launay C. Contribution à l’étude clinique et biologique de la maladie de Charcot et de ses formes anormales. [Paris]: A. Legrand; 1931.
  3. Launay C, Lemoyne de Morgues J, Laurence G. Précis de médecine infantile. Paris: Masson; 1948. (Collection de précis médicaux).
  4. Launay C, Soulé M. L’Adoption: ses données psychologiques et sociales. Paris: Ed. Sociales françaises; 1954. (Problèmes humains, techniques sociales).
  5. Launay C, Duché D-J. L’enfant physiquement handicapé: rôle médico-social du médecin. Paris: Doin & Cie; 1958. (Bibliothèque de thérapeutique médicale).
  6. Launay C. L’hygiène mentale de l’écolier: de 6 à 10 ans. Paris: Presses universitaires de France; 1959. (Paideïa).
  7. Launay C, Grenet P, Verliac F. Précis de médecine infantile. 2. éd. entièrement nouv. Paris: Masson; 1961.
  8. Launay C. Dyslexie. Paris: Choay; 1966. (Les Monographies Choay).
  9. Launay C, Houzel D. Dyslexie. Paris: Laboratoire Choay; 1968. (Les monographies Choay).
  10. Launay C, Soulé M, Veil S. L’adoption: données médicales, psychologiques et sociales. 3. éd., revue et mise à jour. Paris: Editions sociales françaises; 1968.
  11. Launay C, Davy C, Col C. Les enfants difficiles dans l’exercice journalier de la médecine praticienne. Paris: Maloine; 1969. (Pour le praticien).
  12. Launay C (1901-1992) A du texte, Borel-Maisonny S (1900-1995) A du texte. Les troubles du langage, de la parole et de la voix chez l’enfant (2 éd. revue et corrigée) / par Clément Launay et S. Borel-Maisonny ; avec la collaboration de A. Brauner, F. Brauner, Cl. Brocard, C. Chevrie… [etc.] [Internet]. Paris: Masson; 1975 [cité 27 avr 2018]. Disponible sur: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k48148712
  13. Launay C, Borel-Maisonny S. Les troubles du langage, de la parole et de la voix chez l’enfant. 2e édition revue et corrigée. Paris: Masson; 1975.

En avril, danse avec les Dievx (grecs)

Φοράν παρά φοράν

Télécharger le calendrier d’avril 2018.

Plutarque a fourni une description de la danse antique, analysée par Jean Nogué dans le Bulletin de correspondance hellénique en 1937. Il évoque les positions, les mouvements et même les temps où le danseur, selon l’expression de Reinach reprise par Nogué, «tient la note».

Au XIXe siècle, Maurice Emmanuel s’intéresse à la danse antique selon une approche reconstructionniste. Il collabore alors avec Étienne-Jules Marey, et tous deux emploient la chronophotographie pour retrouver, non seulement le mouvement du corps mais aussi celui du tissu du vêtement, comme en témoigne l’image choisie pour notre calendrier d’avril. Mais Emmanuel ne s’appuie pas sur les sources littéraires, comme le texte de Plutarque, qu’il considère comme peu fiables. Il préfère les sources visuelles, quitte à en assembler plusieurs différentes. Il a également recours à la danse contemporaine, grâce à l’aide de Joseph Hansen, maître de ballets de l’Opéra de Paris, pour retrouver les gestes perdus de l’Antiquité.

Au début du XXe siècle, Georges Demenÿ reprend les études de Maurice Emmanuel et compare quant à lui les attitudes des danseurs grecs, tels qu’ils avaient été reconstitués au XIXe siècle, à des mouvements de gymnastiques.

G. Demenÿ, Mécanisme et éducation des mouvements, Paris, F. Alcan, 1904. Cote BIU Santé : 5565

À la fin des années 1960, la danse antique fait l’objet de nouvelles études de Louis Séchan et les travaux d’Emmanuel et Marey ont été analysés récemment, dans un article d’Audrey Gouy qui nous a servi de support et dans un article de Josette Ueberschlag.

Les reconstitutions du XIXe siècle sont sûrement moins les témoins de la réalité de la danse antique que de la manière dont ce siècle s’est approprié l’Antiquité. En effet, bien qu’il soit possible de reconstituer les conventions au moyen des sources, si la danse exprime les «mouvements de l’âme»[1], peut-on espérer reconstruire et comprendre, à tant de siècles de distance, «l’âme» de la Grèce antique  ?

C’est une question que nous aurions pu poser à M. Guy Cobolet, lui qui a exercé pendant six ans à l’École française d’Athènes avant de prendre la direction de la BIU Santé de 2000 à 2018. Nous souhaitons d’ailleurs lui dédier les DIEVX du mois d’avril et le remercier, personnellement, pour la confiance qu’il nous a accordée et pour son soutien dans tous nos projets, de ce simple calendrier à la journée d’étude Fecit ex natura, entre autres.

Chloé Perrot

[1] Nous empruntons ces mots à la présentation de l’exposition Corps en mouvement, qui s’est tenue au Louvre du 6 octobre 2016 au 3 juillet 2017.

En savoir plus

Les documents sur Étienne-Jules Marey à la BIU Santé

La science du mouvement et l’image du temps, 473 plaques photographiques d’Étienne-Jules Marey (exposition virtuelle BIU Santé)

 

Mathurin Méheut (1882-1958), observateur de la nature

Le Pôle pharmacie de la BIU Santé vous fait découvrir en cette veille de printemps deux très beaux ouvrages illustrés par Mathurin Méheut (1882-1958), artiste peintre originaire de Lamballe en Bretagne : Étude de la mer, faune et flore de la Manche et de l’océan, paru chez Lévy en 1914, et La Plante exotique, paru chez Massin et Cie en 1931. Ces ouvrages sont exposés à l’entrée de la salle Dorveaux jusqu’au vendredi 11 mai 2018.

Diplômé de l’École des Beaux-Arts de Rennes, Mathurin Méheut se distingue très tôt par un regard aiguisé et un talent d’observation quasi-ethnographique de son environnement, qu’il s’agisse des ports de pêche de sa Bretagne natale, des conditions de vie dans les tranchées durant la Grande Guerre ou bien de la faune et de la flore qu’il a l’occasion d’explorer à l’occasion de ses différents voyages et missions. C’est à ce dernier volet de son œuvre que se consacre notre exposition.

Mathurin Méheut à Roscoff
Source : http://www.musee-meheut.fr

Lorsqu’il publie Étude de la mer : faune et flore de la Manche et de l’océan, en 1914, Mathurin Méheut vient de passer deux années dans la Station de biologie marine de Roscoff dans le Finistère, dédiées à l’observation des fonds marins dans un contexte scientifique. Cet ouvrage en deux tomes publié sous la direction du peintre décorateur Maurice Pillard-Verneuil (1869-1942) le rend célèbre. Il décroche un an plus tard la bourse Autour du monde financée par la fondation Albert Kahn et part pour Hawaï et le Japon avant d’être mobilisé pendant la Grande Guerre où il devient peintre aux armées.

Près de vingt ans après la publication de son Étude de la mer, Mathurin Méheut poursuit son œuvre naturaliste avec la publication en 1931 de La Plante exotique, un portefeuille de 24 planches gravées en héliochromie consacré aux plantes exotiques issues de divers endroits du globe : Hawaï, Mexique, Afrique du Sud…

Pour en savoir plus sur Mathurin Méheut, découvrez le site Internet du Musée qui lui est consacré à Lamballe (réouverture le 7 avril 2018).
En 2010, le musée a organisé une exposition intitulée «Méheut, le monde de la nature» dans le cadre de l’année de la biodiversité.

Catherine Blum, sur une idée de Jean-Luc Spagnol

Mathurin Méheut (1882-1958), observateur de la nature
Debut: 03/05/2018
Fin: 05/11/2018
4 avenue de l'Observatoire
Paris
75006

 

 

Actes Journée d’étude « Fecit ex natura »

Le 18 novembre 2016, la BIU Santé organisait une journée d’étude sous le titre «Fecit ex natura. Le métier d’illustrateur des sciences médicales du XVIe au XXe siècle».

Nous avions invité les intervenants à exposer leurs travaux sur les différents aspects de la production d’illustrations dont la bibliothèque possède une vaste collection.

Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’annoncer à ceux qui n’ont pas pu être présents ce jour-là ou à ceux qui souhaiteraient retrouver les différentes allocutions, que nous avons réuni et publié en ligne les actes de cette journée.

De nombreuses pistes de recherche ont été évoquées et nous ne pouvons qu’espérer qu’elles ouvrent la voie à de nombreuses et fructueuses recherches.

Chloé Perrot

 

 

Bonne lecture à tous !

Colloque « Assistance, prévoyance, assurance… » (17-18/1)

Les 17 et 18 janvier 2018 aura lieu un colloque intitulé «Assistance, prévoyance, assurance au prisme de la Grande Guerre et d’un changement de paradigme (fin XIXe-années 1920)».

Il se tiendra à l’Institut national d’histoire de l’Art et ses actes seront ensuite publiés. Plusieurs communications intéresseront les spécialistes de l’histoire de la santé durant la Grande Guerre.

Le colloque se déroule sur deux journées autour des quatre grands axes suivants :

  • Quel paradigme ? L’État social et la culture juridique à l’épreuve de la guerre
  • État et organisation privée face aux risques et réparations : entre paix et guerre
  • Statistique mathématique et actuariat au service d’un changement de paradigme
  • Prévision et régulation face à la question sociale : de l’État-nation aux organisations internationales

Le programme complet est disponible en téléchargement.

Pour des raisons de sécurité, l’inscription est obligatoire auprès de l’Institut des sciences juridique et philosophique de la Sorbonne (ISJPS-CNRS)(01 44 78 33 61).

En savoir plus

Programme complet du colloque

Argumentaire scientifique

Institut National de l’Histoire de l’Art (INHA) Salle Vasari- 1er étage 6, rue des Petits-Champs
Paris, Île-de-France
75002
FR

 

Les collections patrimoniales du pôle Pharmacie : sélection de nouveautés

Recueil de remèdes et recettes en français et en espagnol, fin XVIIIe-début XIXe s.

Le pôle Pharmacie de la BIU Santé vous présente une sélection de documents récemment entrés dans ses collections patrimoniales en salle de lecture Dorveaux jusqu’au vendredi 2 mars 2018. Manuscrits, brochures et objets datant du XVIe au XXe siècle viennent enrichir les collections patrimoniales de la bibliothèque, héritière de la bibliothèque de la communauté des apothicaires de Paris puis du Collège de pharmacie sous l’Ancien Régime.

Pour ceux qui ne peuvent pas se déplacer jusqu’à la Faculté de pharmacie de Paris, la plupart des documents libres de droits entrant dans les collections patrimoniales sont numérisés et visibles dans la bibliothèque numérique Medic@ ou dans la Banque d’images et de portraits de la BIU Santé. La sélection ci-après témoigne de la grande variété documentaire de nos collections patrimoniales, que ce soit en termes de support, date de publication ou contenu :

  • Fermentation pour les tumeurs exémateuses, pierre vulnéraire

    Recueil de remèdes et recettes en français et en espagnol, fin XVIIIe-début XIXe s.
    Manuscrit contenant de nombreuses recettes de remèdes contre divers maux, vérole, fièvre quarte, dysenterie, gale… Reliure en parchemin
    Cote : MS 224
    Numérisé dans Medic@

Les recueils de remèdes manuscrits sont une source utile pour connaître l’histoire des pratiques thérapeutiques, et plus particulièrement de la médecine populaire. Les rédacteurs de ces recueils y consignaient les remèdes réputés soigner les maladies les plus fréquemment rencontrées à une époque et dans un lieu donnés. Les recettes, parfois assez hétéroclites (incluant notamment le nettoyage des métaux, du cuir, la cuisine…), proviennent de livres imprimés ou sont issues de la tradition orale.
Découvrez d’autres documents consacrés aux remèdes dans Medic@.

La BIU Santé possède un ensemble composé d’une soixantaine de boîtes de tisanes et documents d’accompagnement (publicités, lettres, brochures). Ces objets et documents témoignent de la production, de la vente et de la consommation de tisanes et boissons à base de plantes à visée thérapeutique ou de bien-être dans la première moitié du XXe siècle.
Plus de détails sur cette collection dans ce billet de blog.

  • Le guide vacances des Laboratoires Sandoz
    Laboratoires Sandoz. Guide vacances
    [Paris], Édition Publicité Parisienne Prenant, [1965]
    Cote : RES 69324

Cette brochure atteste de l’inventivité des Laboratoires Sandoz en matière de publicité et de communication d’entreprise. Elle s’insère parfaitement dans le contexte économique et culturel des Trente Glorieuses, qui permet aux Français les plus aventureux de voyager à l’étranger. Les laboratoires Sandoz ont tout prévu, et vous proposent des médicaments en adéquation avec le pays visité et les maladies que vous êtes susceptibles d’y attraper.
Le pôle Pharmacie possède une collection de plus de 4 500 brochures de laboratoires, présentée dans ce billet de blog.

  • Facture de la pharmacie Cadet pour Monsieur le Baron Danger, XIXe s.
    [Facture à l’en-tête] Cadet, pharmacien, rue Saint-Honoré, n°108, vis-à-vis l’Hôtel d’Aligre, ci-devant au coin de la rue de l’Arbre-Sec.
    [Paris], [Vers 1820]
    Cote : MS 223
    Numérisé dans Medic@

Il s’agit d’une importante facture manuscrite détaillant une cinquantaine de produits vendus à «Monsieur le Baron Danger» au cours des dix premiers mois de 1825 : éther acétique, rouleau de sirop de gomme, sirop d’écorces d’oranges amères, feuilles de mélisse, farine de lin, huile de ricin, emplâtre vésicatoire au camphre, lait d’amandes, laudanum, baume du Pérou, parfum de Russie, seringue à injection, etc.
L’officine appartient à la célèbre famille de médecins et pharmaciens Cadet de Gassicourt.
Pour en savoir plus sur cette illustre famille, consultez notre base biographique.

  • Ordonnancier de la pharmacie Lhopitallier
    Page de la libération de Paris, août 1944 : «Libération de Paris. Glaces brisées»
    Cote : MS 210-16

Les collections d’ordonnanciers apportent un témoignage rare et précieux de l’activité officinale aux XIXe et XXe siècles, qu’il s’agisse des pratiques médicales et pharmaceutiques, de l’évolution des épidémies ou encore du prix des médicaments. La pharmacie Lhopitallier, dont la façade est encore visible aujourd’hui rue Soufflot dans le 5e arrondissement, subit quelques dégâts durant la libération de Paris, visibles sur les pages tâchées d’encre de son ordonnancier datant d’août 1944.
Une thèse d’exercice de pharmacie consacrée à l’histoire de cette officine est disponible sur la page Asclépiades de notre site : Maisonnier, Clotilde. De la pharmacie Lhopitallier au Musée Carnavalet. Thèse pour l’obtention du Diplôme d’État de Docteur en pharmacie. Paris Sud, 2013.
De nombreux articles consacrés aux ordonnanciers sont publiés dans la Revue d’histoire de la pharmacie, notamment « Ordonnancier et préparations magistrales de 1906 à 1960 », par Jean-Marc Aiache, Marie-Dominique Dussaud et Simone Aiache (n°261, 1984. pp. 151-157).

Ces acquisitions sont à la disposition des chercheurs et étudiants en histoire de la pharmacie, de la chimie ou de la cosmétologie souhaitant enrichir leur corpus d’étude ou à la recherche de sources pouvant faire l’objet d’un mémoire d’étude voire d’une thèse. N’hésitez pas à contacter la bibliothèque pour en savoir plus et découvrir nos collections patrimoniales.

Catherine Blum

Les collections patrimoniales du pôle Pharmacie : sélection de nouveautés
Debut: 08/01/2018
Fin: 02/03/2018
4 avenue de l'Observatoire
Paris
75006

Madeleine Pelletier, psychiatre et militante

Photo Gallica

«Mon costume dit à l’homme : je suis ton égal.»

Avec son costume, sa canne, et son chapeau melon, elle fait passer un message fort.

Première femme interne en psychiatrie, Madeleine Pelletier (1874-1939) est connue pour son combat moral et politique en faveur de la lutte des femmes.

Née de parents pauvres, elle se voit refuser l’inscription au concours des internats des asiles en 1902, sous prétexte qu’elle est une femme. Elle décrochera finalement ce concours l’année qui suit, avec l’aide du journal féministe La Fronde, fondé par Marguerite Durand.

Parallèlement à son métier de psychiatre, Madeleine fréquente les mouvements communistes et anarchistes, où elle tente de faire entendre ses idées. Droit de vote des femmes, droit à l’avortement, mais aussi destruction du modèle familial sont ses chevaux de bataille. Elle, qui assume une chasteté militante, affiche des prises de position jugées extrêmes, même chez les féministes.

Ironie du sort, 30 ans après ses études à Saint-Anne, elle est internée, jugée coupable de «crime d’avortement» sur une fille de 13 ans. Elle mourra quelques mois plus tard.

On doit à Madeleine Pelletier de nombreuses publications telles que : la femme en lutte pour ses droits (1908), L’émancipation sexuelle de la femme (1911), ou encore Mon voyage aventureux en Russie communiste (1922). Elle créé même sa propre revue mensuelle, La suffragiste, en 1907.

Vous trouverez dans les collections de la BIU santé sa thèse d’exercice : L’association des idées dans la manie aiguë et dans la débilité mentale, ainsi qu’un ouvrage qui lui est consacré : Madeleine Pelletier, une féministe dans l’arène politique.

Si vous voulez en savoir plus France culture lui a récemment dédié un portrait :

Fabien LAFAGE

En savoir plus

Madeleine Pelletier (1874 – 1939), une femme d’avant-garde, sur le site de France Culture

Femme travestie en homme et morte il y a 75 ans, Madeleine Pelletier était la première interne en psychiatrie (HuffPost, 2014)

Séance commune de la SHP et du Groupe d’histoire de la chimie, le 15/11

De l’officine au laboratoire pharmaceutique : la transformation de la fabrique familiale en entreprise internationale au XXe siècle.

Le mercredi 15 novembre 2017 se tiendra la prochaine séance (entrée libre) de la Société d’histoire de la pharmacie, sous la présidence du Professeur Olivier Lafont, et du Groupe d’histoire de la chimie, sous la présidence du Professeur Patrice Bret.

Elle aura lieu au siège de la Société chimique de France (250, rue Saint-Jacques, Paris 5e), à 13h45.

À l’ordre du jour :

14h-14h10 – Accueil et introduction par Danielle Fauque (GHC) et Bruno Bonnemain (SHP).

Maison de Paris, atelier de pilules, granules.
Source : Medic@

14h10-14h45 – Communication de Cécile Raynal (pharmacien, membre de l’Académie internationale d’Histoire de la Pharmacie) : La mutation du Laboratoire J. Ratié, des pilules de beauté aux médicaments.

14h45-15h20 – Communication d’André Frogerais (pharmacien, secrétaire général adjoint de la SHP) : La Cooper au service des spécialités fabriquées par les pharmaciens d’officine.

15h20-15h55 – Communication de Pierre Laszlo (professeur émérite de l’Université de Liège et de l’École polytechnique, GHC) : Une boutique en aval d’une usine.

15h55-16h15 – Pause.

Usine de Courbevoie, atelier des produits chimiques.
Source : Medic@

16h15-16h50 – Communication d’Yves Ménillet (ancien collaborateur des laboratoires Faure) et de Michel Faure (pharmacien, directeur scientifique des laboratoires Faure) : Les laboratoires H. Faure, laboratoires ardéchois spécialisés en ophtalmologie, de l’officine à l’industrie.

16h50-17h25 – Communication de Thierry Lefebvre (pharmacien, maître de conférences à l’Université Paris-Diderot, membre de l’Académie internationale d’Histoire de la Pharmacie et vice-président de la SHP) : Les chaînes de fabrication dévoilées par le cinéma.

17h25-18h – Communication de Jean-Pierre Poirier (médecin, historien de la chimie) : Quel avenir pour l’industrie pharmaceutique en France ?

Date : Mercredi 15 novembre, à 13h45.

Société chimique de FranceLieu : siège de la Société chimique de France (250, rue Saint-Jacques, 75005 Paris), l’entrée est libre.

Si vous souhaitez assister à cette séance, vous pouvez contacter Danielle Fauque et Olivier Lafont.

Sidonie Vicet

Séance commune SHP et GHC
Debut: 11/15/2017 01:45 pm
Duree: 4 heures: and 15 minutes
250, rue Saint-Jacques
Paris
75005
FR

Nouvelle expo virtuelle : le musée de l’hôpital Saint-Louis

Connaissez-vous le musée de l’hôpital Saint-Louis à Paris ? Ses collections, classées monument historique depuis 1992, prennent place dans un bâtiment qui vient tout juste d’être rénové.

«À côté de quelque 600 moulages de pièces opératoires de chirurgie viscérale et osseuse, plus de 4000 moulages en cire, réalisés entre 1865 et 1958, reproduisent des maladies de la peau et les formes multiples de la syphilis, alors préoccupation permanente des dermatologues.»

Des collections en ligne

Jusqu’à présent, les photos de ces moulages étaient déjà consultables sur le site de la BIU Santé (plus de 4000 clichés).

La verrière du plafond du musée vient d’être remise à neuf, grâce au soutien de partenaires publics (Assistance publique, DRAC Île-de-France) et privés (industrie pharmaceutique impliquée dans la dermatologie). Les conditions de conservation sont désormais bien meilleures pour ces objets précieux et fragiles.

C’est aussi l’occasion choisie par la BIU Santé pour proposer une nouvelle exposition virtuelle, retraçant l’histoire du musée, au travers de nombreuses illustrations. On y découvre les collections mais aussi les fonds d’aquarelles, jamais mis en ligne jusqu’à alors :

Les textes et les choix d’images sont l’œuvre de Gérard Tilles, médecin membre de la Société française d’histoire de la dermatologie. Réalisation technique et infographie par Jacques Gana.

En savoir plus

L’exposition virtuelle sur le musée de l’hôpital Saint-Louis

Le site de la Société Française d’Histoire de la Dermatologie propose une visite virtuelle du Musée des moulages

1 Avenue Claude Vellefaux
France, Île-de-France
75010
FR
Phone: 01 42 49 99 15