assure que les dents et les mâchoires, sont faites de la même semence, je ne nie pas que la croissance particulière des dents ne m’offre aucune raison de douter. Mais cela m’en donnerait une plus grande si j’avouais qu’elles croissent particulièrement et toujours. D’ailleurs, selon Aristote, les choses qui croissent vraiment augmentent de volume en quelque lieu que ce soit. Comme nous ne voyons pas ce phénomène se produire dans les dents plus que dans les autres os, même si je ne juge pas du tout que ce philosophe divague sur un fait très connu, cette prétendue croissance ne me pousse pas à m’écarter de mon avis précédent. En outre, si l’on admet que les dents poussent seulement en longueur, ce qui leur est propre et ne convient pas aux autres parties du corps, charnues ou séminales (sauf les ongles et les poils qui jusqu’à la fin sont régénérés, plus qu’ils ne grossissent), il ne s’ensuit pas qu’elles doivent leur origine au sang plutôt qu’à la semence. Les dents ne grandissent pas de cette manière pendant toute la vie, mais les fonctions naturelles de toutes les parties du corps se détériorent dans la vieillesse et les dents sont les premières à être atteintes. Car, pour taire les autres inconvénients, elles s’affaiblissent par manque de nourriture et sont recouvertes d’un mauvais suc. Elles noircissent et, à cause de la mollesse de leur substance, elles s’usent par frottement, si bien que le tranchant des incisives et des canines s’émousse et diminue. En même temps, toute éminence et relief abolis, les molaires finissent par être unies et planes. S’il en est ainsi, je ne crois pas qu’il soit vrai, comme certains écrivent l’avoir observé, que les dents opposées à celles qui ont été arrachées, puisqu’elles évitent désormais leur contact réciproque, croissent toujours et partout, alors que j’ai expérimenté le contraire sur ma personne.
Je suis intimement persuadé que Galien(71, 32), l’admirable interprète de la nature, a dit que ce phénomène avait lieu souvent