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Les champs de l’odontologie de Pierre Fauchard

Remédier aux maladies

Comme tous ses prédécesseurs et ses contemporains, il est encore sous l’emprise du dogme hippocratico-galénique de la théorie humorale, et privilégie les saignées, purgations et diètes pour rétablir l’équilibre entre les quatre humeurs garant de la bonne santé du corps. Quant à sa pharmacopée, elle est traditionnelle, complexe et souvent tellement compliquée qu’on peut se demander si les prescriptions étaient réellement suivies.     

Des maladies que les dents de lait causent aux enfants

Largement exposé par Urbain Hémard, le tableau hippocratique des complications souvent dramatiques de l’éruption des premières dents est longuement décrit avec fièvres et convulsions :

le gonflement de la gencive se manifeste ensuite par de grandes douleurs. Si l’enfant ne périt pas, il lui survient encore au-dedans ou autour de la bouche des aphtes ou petits ulcères …

Pour prévenir & calmer la violence de ces accidents, il faut tâcher de rendre la gencive molle, plus souple & plus flexible […] ; il faut donner de bonne heure un hochet à l’enfant ; ce hochet par la fraîcheur calme la douleur, & modère l’inflammation pour un peu de temps : & par sa dureté il facilite la division de la gencive en la pressant, lorsque l’enfant excité par la douleur, porte ce corps dur à la bouche. On frottera les gencives avec des racines de guimauve, du miel de Narbonne ou mieux encore, de la cervelle de lièvre avant le dernier recours, l’incision de la gencive avec un déchaussoir


Les maladies des dents

Je parle de toutes les maladies qui peuvent attaquer les dents pendant le cours de la vie. J’en désigne plus de cent réellement distinctes les unes des autres ; ce qui surpasse de beaucoup le nombre qui en avait été indiqué jusqu’à présent par les Auteurs.
Figures de dents extraordinaires
Tableau des anomalies morphologiques, planche 27, éd. 1746, t. 2, p. 210

Figures de dents extraordinaires
   

Le nombre des maladies est excessif : des répétitions de causes et d’effets identiques, de simples variantes cliniques en surmultiplient le nombre. Les causes de ces maladies sont de trois sortes : extérieures, occultes ou cachées ou intérieures, produites par les dents elles-mêmes

  • Les causes intérieures des maladies dépendent pour l’ordinaire des vices de la lymphe peccante (acide ou corrosive), celle-ci associée au scorbut, écrouelles ou vérole. Mais aussi le régime de vie, le lait des nourrices, les tempéraments pituiteux ou pléthorique et les femmes grosses privées de menstrues.
  • Les causes extérieures proviennent des vapeurs trop épaisses qui s’élèvent de l’estomac et qui forme un limon visqueux très contraire aux dents. Les portions d’aliments qui se nichent entre les dents, les injures du temps, les efforts trop violents avec les dents, les mauvais dentifrices, les sucreries, et aussi le manque d’hygiène et le tabac et le mercure.
  • La carie est la première maladie qui travaille à détruire les dents ; et qui leur fait de plus la guerre dans tout le cours de la vie et particulièrement depuis l’âge de vingt-cinq ans à cinquante ans.
    De causes extérieures, elle est plus aisée à reconnaître & aussi plus aisée à guérir.
    De causes intérieures, elle est plus difficile à connaître : On ne peut souvent la découvrir que par des conjectures fondées sur la violence & la permanence des douleurs pulsatives, des gonflements, des tumeurs, des abcès plus ou moins considérables qui très souvent l’accompagnent.