Si l’on reste à un niveau général, on note que les ouvrages de la bibliothèque couvrent trois siècles : le XVIe, le XVIIe et le XVIIIe siècle. Le XVIIe siècle est le siècle prédominant (environ la moitié des ouvrages présents dans le catalogue). Le XVIe siècle représente environ 1 ouvrage sur 5 tandis que le XVIIIe siècle représente 3 ouvrages sur 10. Au sujet des langues utilisées, on note que le français et le latin se partagent équitablement la quasi-totalité des ouvrages. Seuls l’allemand et l’italien sont aussi présents.
Si l’on étudie les auteurs présents dans la bibliothèque du Collège de Pharmacie, on distingue deux catégories : d’une part les grands noms de la médecine et de la science de l’Antiquité au Moyen-Age (Hippocrate, Galien, Albert le Grand, Mesue le Jeune, Avicenne, Raymond Lulle…), d’autre part les grands auteurs contemporains de la période de la constitution de la bibliothèque. Les grands noms de la chimie, de l’alchimie et de la pharmacie au XVIIIe siècle se trouvent dans la bibliothèque : Glauber, Paracelse, Nicolas Lémery, Pierre Pomet, Jean de Renou, Boerhaave, Van Helmont, Brice Bauderon, Moyse Charas, Helvetius, La Mettrie, Duhamel de Monceau, etc.
Si l’on observe les titres des différents ouvrages présents dans la bibliothèque, on remarque le caractère important d’usage des ouvrages. On constate donc un grand nombre de dictionnaires de pharmacie ou de matière médicale, de nombreux traités pharmaceutiques et beaucoup de recueils de recettes à visée médicale. Deux grandes batailles idéologiques sont aussi présentes dans la bibliothèque : le débat virulent autour de l’antimoine qui couvre l’ensemble du XVIIe siècle, et la théorie des éléments métalliques que ce soit en chimie ou en alchimie.
L’étude des éditeurs et des lieux d’édition permet de tirer plusieurs enseignements. Si l’on croise ces informations avec les dates d’édition, on peut retracer l’évolution des grands centres d’étude dédiés à la chimie, à la pharmacie, et de façon moins évidente, à la médecine. Durant les 300 ans que couvre la bibliothèque, les références en matière de chimie et de pharmacie se sont déplacées dans l’espace.
En effet, la quinzaine de livres provenant du nord de l’Italie (Milan et Venise principalement) date surtout du XVIe siècle alors que la grande majorité des ouvrages édités en Allemagne date de la deuxième moitié du XVIIe siècle et du XVIIIe siècle. Si l’on recoupe ces informations on constate qu’il y a eu un déplacement des grands centres d’études européens depuis le nord de l’Italie vers l’Allemagne.
L’Italie du Nord autour des villes de Milan, Bologne et Venise semble être le principal centre de diffusion de la science entre 1550 et 1650. La deuxième moitié du XVIIe siècle semble être un moment de transition où le principal centre de diffusion et d’études en chimie et en pharmacie se déplace depuis l’Italie du Nord vers l’Allemagne. Si l’on étudie les ouvrages provenant d’Allemagne, on remarque que la plupart des grandes villes allemandes sont représentées. Cependant, deux villes se démarquent nettement par une production scientifique plus abondante : Leipzig et Francfort.
En ce qui concerne le reste de l’Europe, on remarque que seules Londres et Stockholm sont présentes pour l’Europe du Nord. La Haye et Amsterdam sont également présentes, notamment car ce sont de grands centres d’imprimerie durant cette période, tout comme les villes suisses de Bâle, Genève et Zurich. Pour ce qui est de la France, Paris est à l’origine de la majorité des éditions avec Lyon et Le Havre.