Le scandaleux Docteur Doyen ou la tragédie solitaire d’un surdoué

Introduction par le Pr Jacques HM Cohen
Laboratoire d'Immunologie
CHU Robert Debré de Reims
Université de Reims Champagne-Ardenne
jacques.cohen@univ-reims.fr

Janvier 2006

 Liste des ouvrages numérisés

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Caricature parue dans la revue Chanteclair, n° 92, décembre 1911, p. 3

Eugène-Louis Doyen, né à Reims en décembre 1859 et décédé à Paris en novembre 1916, fut immensément célèbre dans le monde entier de son vivant et même quelque temps après : Boulgakov le cite dans un de ses romans et il figure encore parmi les 100 principales personnalités médico-chirurgicales dans un ouvrage anglais des années 40.

E.-L. Doyen est pourtant à peu près totalement oublié en France, où il n’a laissé que le souvenir ténu d’un virtuose chirurgical et son nom à une pince utilisée pour fixer les champs opératoires lorsqu’ils étaient en tissu. Son parcours météorique et solitaire, en conflit avec les institutions académiques, explique la méconnaissance d’une œuvre considérable et très diverse, partagée entre un héritage utilisé par tous sans en connaître la filiation (le « lit de Doyen » (fig. 1) est l’ancêtre de toutes les tables d’opération modernes, l’emploi d’une aspiration du sang dans le champ opératoire) et des thèmes de recherche qui furent interrompus à sa mort, pour n’être repris, pour certains d’entre eux, que plusieurs dizaines d’années plus tard.

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Fig. 1 : Table d'opération mise au point par le docteur E.-L. Doyen, dite "lit de Doyen", ancêtre de toutes les tables d'opération modernes. (Collection privée Jean Doyen)

L’œuvre chirurgicale du Docteur Doyen

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Fig. 3 : Démonstration d'un appareil de coagulation bipolaire dessiné par le docteur Eugène Doyen

E.L. Doyen a développé une logique d’économie de gestes opératoires et de ligatures des gros vaisseaux d’amont du territoire concerné. Il l’a déclinée sous la forme d’un très grand nombre d’instrumentations dédiées permettrant des gestes exacts et rapides, essentiels à son époque où l’anesthésie était périlleuse et où ni la réanimation post-opératoire ni la ventilation artificielle n’existaient encore. Il a remplacé par exemple la vingtaine de pinces nécessaires lors d’une hystérectomie par voie basse avec la technique de Péan par 5 ligatures de chaque côté. (fig. 2 et 3)

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Fig. 2 : E.-L. Doyen en tenue chirurgicale tenant une compresse avec une pince dite « de Doyen ».
(Collection privée Jean Doyen)

Sa virtuosité desservit paradoxalement la diffusion de ces principes opératoires de son vivant. E.-L. Doyen était en effet doué d’une coordination œil/main probablement exceptionnelle qui faisait de lui, en dehors de la chirurgie, un tireur d’élite qui gagna un jour un concours à Monaco et un redoutable escrimeur. Sa vitesse d’exécution chirurgicale devint légendaire mais permit le dénigrement facile des tenants des vieux procédés qui prétendaient que ses méthodes lui étaient réservées et inaccessibles au commun des mortels. L’analyse de ses écrits et instruments fut pourtant profitable longtemps après sa mort à des pionniers anglo-saxons, par exemple pour la mise au point des commissurotomies valvulaires cardiaques qu’il avait initiées sans succès.

Capable d’utiliser une règle à calcul, excellent mécanicien et maîtrisant les notions de physique et d’électricité de son époque comme bien peu de médecins et encore moins de chirurgiens contemporains, E.-L. Doyen les employa dans l’art chirurgical : il utilisa la radiographie (mais sera hostile à la radiothérapie curative) ainsi que l’électrocoagulation, en préférant les courants permettant une coagulation en profondeur à la fulguration de surface qui était à la mode, ce qui était carcinologiquement bien préférable.

Il utilisa de nombreuses instrumentations pneumatiques voire électriques (fig. 4) en particulier pour la trépanation et la chirurgie du crâne dont il fut également précurseur.

Il utilisa l’électricité pour obtenir un dégagement de chaleur locale dans un champ opératoire inondé afin d’atteindre une température de 56°C pour la destruction des cellules cancéreuses résiduelles en chirurgie carcinologique mammaire. Il réalisa également d’autres destructions thermiques de tumeurs. Il est tout à fait significatif que les deux seuls chirurgiens à oser une nécrologie favorable lors de son décès laissèrent des contributions novatrices significatives, en chirurgie maxillo-faciale pour J.L. Faure, et en chirurgie du cancer du rectum pour Toupet.

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Fig. 4 : Appareillage électrique à l'Institut Doyen,
soit matériel d'électrocautérisation, soit éléments d'installation de radiographie. (Collection privée Jean Doyen)

L’œuvre médico-biologique

Malgré son talent chirurgical, E.-L. Doyen considérait que la chirurgie devait dépérir avec les progrès de la médecine et croyait donc à la supériorité de la recherche physiopathologique. Il fit sa thèse sur le bacille du choléra au laboratoire de l’Institut Pasteur auprès de Nocard, ce qui à l’époque représentait pour la Faculté un sens unique pour quitter la médecine, ce qu’il refusa de faire.

Louis Pasteur lui proposa en effet une place à l’Institut Pasteur à condition de renoncer à soigner des malades, exigeant des chercheurs temps plein.

E.-L. Doyen refusa et quitta l’Institut mais n’en continua pas moins une recherche biologique importante, gênée au fur et à mesure des années par l’isolement croissant qui fut le sien en raison de ses conflits avec la Faculté de médecine et les institutions académiques.

Ainsi ostracisé, il lui fut peu à peu impossible de trouver des collaborateurs de qualité qui veuillent prendre le risque de partager sa mise à l’écart totale.

C’est dans le traitement du cancer que E.-L. Doyen put être excommunié par la Faculté. Menant des recherches sur l’immunologie des tumeurs, il tenta de transplanter un fragment de cancer du sein dévascularisé dans l’autre sein d’une patiente dans le but d’obtenir une réaction immune adjuvante à la chirurgie qu’il pratiquait par ailleurs.

La faculté qui attendait Doyen au coin du bois condamna ceci comme de la vivisection de savant fou et celui-ci dut cesser ses tentatives.

La patiente initiale présentait pourtant une neuvième récidive locale de cancer du sein qui justifierait de nos jours la qualification de thérapeutique compassionnelle pour un tel essai, d’autant que la tumeur transplantée avait été traitée à 56°C dans l’espoir de stopper son potentiel prolifératif propre, cette température assurant la dénaturation de la plupart des systèmes enzymatiques cellulaires.

Plus tard, Doyen crut découvrir le microbe étiologique du cancer lorsqu’il isola un microcoque de certaines tumeurs. Il prépara à partir de cet agent infectieux des antisérums et un vaccin qui eurent bien sûr un effet de rémission partielle par stimulation immune non spécifique sur certaines tumeurs et l’encouragèrent dans cette voie, tandis qu’au contraire la Faculté considérait qu’il avait définitivement perdu la raison.

On connaît de nos jours un certain nombre de virus responsables de tumeurs mais les exemples bactériens restent limités chez l’homme à une tumeur rare de la cordillère des Andes due à bartonella bacilliformis. Un récent modèle expérimental chez la souris basé sur Helicobacter pylori comme facteur ou co-facteur étiologique du cancer de l’estomac pourrait apporter une lointaine revanche posthume à E.-L. Doyen.

La principale œuvre médicale de E.-L. Doyen fut immunologique. E.-L. Doyen s’inscrivait dans le courant de Metchnikov soulignant l’importance de la phagocytose et de l’immunité non spécifique d’antigène. Il s’efforça de stimuler celle-ci et mit au point un extrait de levure qu’il baptisa Mycolysine pour l’usage humain et Phagédine pour l’usage vétérinaire. Ces produits furent commercialisés jusqu’à la seconde guerre mondiale où l’usine fut détruite en 1944. Ces produits avaient une efficacité certaine, comme en témoignent non seulement les données cliniques mais aussi les données expérimentales chez le lapin obtenues dans le laboratoire de Metchnikov. L’expérimentation chez la vache de l’inoculation de la fièvre aphteuse montra que l’administration de ce produit réduisait de moitié la perte de volume lacté de l’infection d’un troupeau.

L’utilisation d’immunostimulant de la phagocytose de la réaction inflammatoire, non spécifique d’antigène, semble avoir débuté au néolithique. Elle possédait une efficacité certaine sur les infections bactériennes chroniques comme la tuberculose ou la brucellose. E.-L. Doyen en fut le dernier représentant avant que l’apparition des antibiotiques ne renvoie ces traitements à la préhistoire… pour peu de temps ! En effet, les traitements des hépatites C à base d’interféron, le traitement adjuvant des cancers de la vessie par le BCG, ou des cancers du rein par l’interleukine 2 ne sont conceptuellement que le retour de ces thérapeutiques à l’aide de moyens contemporains.

L’œuvre didactique

E.-L. Doyen, qui pouvait opérer sans la bénédiction de la Faculté, fut beaucoup plus frustré de ne pouvoir enseigner. Il développa une activité débordante de publications, de livres, revues et conférences. Il fut indiscutablement un précurseur dans sa compréhension du rôle potentiel de l’image pour l’enseignement. Il perfectionna seul un épiscope pour la projection de coupes anatomiques témoignant ainsi de compétences en optique concurrentielles de celles de la maison Zeiss, disposant à l’époque de la meilleure équipe au monde.

Il s’intéressa ensuite à la photographie et réalisa des dizaines de milliers de clichés didactiques dont une partie en couleur qui malheureusement pour la plus grande part disparurent en 1944 lors du dernier bombardement allemand sur l’agglomération parisienne. Mais il fut surtout un pionnier du cinéma opératoire (fig. 5), s’efforçant même en 1913 de mettre au point une caméra couleur stéréoscopique.

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Fig. 5 : Projection de coupes anatomiques (projection par épiscopie). E.-L. Doyen est visible près de l'écran. (Collection privée Jean Doyen)

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Fig. 6 : Système de photomicroscopie à l'Institut Doyen, avec chambre à soufflet. (Collection privée Jean Doyen)

Ses films noir et blanc eurent un retentissement mondial mais lui valurent à nouveau l’anathème de la Faculté qui considérait qu’il s’agissait là d’un sacrilège vis-à-vis du secret et du compagnonnage chirurgical. E.-L. Doyen réalisa également un atlas de microbiologie basé sur de la photomicroscopie (fig. 6).

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Fig. 7 : E.-L. Doyen réalisant des coupes anatomiques
dans son laboratoire. (Collection privée Jean Doyen)

Il s’attaqua ensuite à un atlas d’anatomie bien particulier. E.-L. Doyen était un partisan de l’anatomie en coupe (fig. 7 et 8).

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Fig. 8 : Le docteur E.-L. Doyen avec l'installation d'éclairage des coupes anatomiques.
Le système oxyacétylénique est bien visible. (Collection privée Jean Doyen)

Or l’usage de coupes en anatomie cérébrale était proposé à cette époque par les neurologues dans une discipline nouvelle mais où on n’opérait pas, tandis que les anatomistes chirurgiens ne s’intéresseront sérieusement à ce procédé que bien après Doyen : Rouvière parsèmera son ouvrage classique de quelques coupes anatomiques plus de 15 ans après la publication de l’atlas d’anatomie en coupes de Doyan. Celui-ci avait choisi une présentation sans concession faite exclusivement de coupes photographiées, éventuellement rehaussées de fausses couleurs et annotations mais sans aucune vue anatomique classique ni aucun schéma simplifié. L’ouvrage était peu accessible à la culture chirurgicale de son temps. La généralisation de l’anatomie en coupe par l’usage des tomodensimètres X et surtout de résonance magnétique confère une étonnante modernité à la lecture de ces planches.

Doyen fut également le rédacteur en chef de la Revue Critique de Médecine et de Chirurgie où Babinski vint par exemple exécuter les théories d’organicité de l’hystérie de feu son maître Charcot, et surtout des Archives de Doyen , revue de l’Institut Doyen dont il fut l’infatigable et bientôt quasi seul rédacteur.

Doyen dormait très peu et de façon décousue. Il ne passait en effet jamais une nuit complète dans une chambre, dormait quelques heures sur un sofa dans une des pièces de son institut qui était également son domicile réel, prenait une douche et rameutait son monde pour opérer éventuellement à 3 heures du matin. Réciproquement, des accès brutaux d’endormissement subit dans une conversation font suspecter un trouble du sommeil organique comme une narcolepsie quoiqu’aucun autre cas ne soit connu dans sa famille.

L’œuvre scientifique extra-médicale

On ne peut en effet considérer comme totalement médicale, la part de son œuvre destinée à la balistique, puisque destinée à supprimer ses semblables. E.-L. Doyen dans ce domaine ne se contenta pas de tirer quelques projectiles sur des cadavres mais accomplit un travail tout à fait considérable en collaboration d’ailleurs avec Gustave Eiffel, ce qui en indique le sérieux. Testant systématiquement des calibres variés de la munition aiguille jusqu’au projectile de 12,5 mm, il établit l’opposition entre le caractère perforant et la puissance d’arrêt ainsi que les différents types d’effet vulnérant. Il utilisa la photographie et le cinématographie pour analyser les vitesses initiales de ces différents projectiles. Force est de constater qu’il avait encore une fois raison à peu près seul contre tous en s’opposant au projectile blindé destiné à percer des cuirasses de cavaliers par feu de peloton à 800 mètres cher aux Etats-majors d’avant la première guerre mondiale, pour préférer dans sa franchise directe un fort pouvoir d’arrêt à plus courte distance par des projectiles à tête molle beaucoup plus délabrant que perforant.

Ses collections anatomiques balistiques furent jugées suffisamment importantes par l’Etat-major japonais pour compromettre un agent implanté depuis plusieurs années à l’Institut Pasteur dans le laboratoire de Metchnikov et l’Institut Doyen qui vola toute la collection et leva le camp sans crier gare au décès subit d’E.-L. Doyen.

Durant la première guerre mondiale, où sa ville natale de Reims était réduite en miettes, Doyen étudia un mortier mobile sur pneus dont il définit diamètre, longueur de tube et proportion de la munition par des essais systématiques.

Cette invention lui fit gagner de façon posthume un concours de l’Etat major en 1917. Une présérie de 2000 tubes et 100 000 munitions fut commandée mais l’arme ne fut pas employée à grande échelle avant la fin de la première guerre mondiale. Elle a pourtant une descendance universelle, puisque les paramètres définis par E.-L. Doyen pour son mortier lourd de 120 millimètres ont été repris par la quasi totalité des modèles contemporains. On peut aussi noter que la compétence en balistique d’ E.-L. Doyen fut mise à profit par Maître Labori pour contrer l’accusation au procès de Madame Caillot qui avait abattu Calmette, directeur du Figaro, de quelques coups de revolver. L’analyse d’E.-L. Doyen montrant que les lésions n’étaient pas obligatoirement mortelles si Calmette avait été opéré à temps et qu’en outre Madame Caillot avait vidé tout son revolver sans viser contribua grandement à l’acquittement de l’accusée (même si l’opinion des jurés considérant comme une vilénie la publication par Calmette de lettres intimes adressées par l’ancien Président du Conseil Caillot à sa future femme était sans doute aussi qu’il ne l’avait pas volé).

Les œuvres sociales et politiques

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Fig. 9 : Extrait des Archives de Doyen, n° 2, 15 décembre 1910, p. 116.
Disponible en texte intégral

Rejeté et ostracisé par la Faculté, E.-L. Doyen pratiqua une politique de vedettariat et de présence publique systématique, mettant en scène la « jet society » de son époque et multipliant les provocations, comme de considérer que les tentatives d’instaurer un Conseil de l’Ordre des Médecins n’était qu’un corporatisme frileux voire mafieux ou que les enseignants de médecine ne devraient pas avoir de consultations privées mais en revanche être payés pour leurs cours, au prorata proposait-il du nombre d’étudiants présents dans l’amphithéâtre !

Outre l’Institut Doyen, E.-L. Doyen couvrit Paris d’un réseau d’une vingtaine de dispensaires essentiellement financés par sa fortune personnelle comme l’ensemble de son activité de recherche (fig. 9).

Incapable de lever des fonds en faisant appel à la charité publique, E.-L. Doyen réclamait en revanche des honoraires fort élevés à sa clientèle fortunée (fig. 10).

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Fig. 10 : "Et il n'est pas encore pharmacien !" Caricature parue dans L’Assiette au Beurre, n° 187, 9 octobre 1904.

La vie privée du Docteur Doyen ne correspondait pas non plus aux habitudes de discrétion publique de l’époque. E.-L. Doyen, hostile à toutes dissimulations, divorça de sa première épouse qui lui avait donné 3 enfants, menant une vie sentimentale tumultueuse et exhibant les demi-mondaines que d’autres cachaient, puis se remaria avec une actrice.

E.-L. Doyen tenta une fois l’aventure politique en se présentant à la députation comme républicain social, ce qui serait de nos jours plutôt à gauche. Il y rencontra un univers aussi impitoyable que celui de la Faculté de Médecine puisqu’on l’accusa d’être royaliste du fait de ses bonnes relations avec le Prince de Monaco, Albert 1er, qui était à l’époque un authentique scientifique fondateur des Instituts Océanographiques de Monaco et de Paris.

Franc-maçon et libre penseur, E.-L. Doyen avait néanmoins accueilli des bonnes sœurs dans sa clinique, faisant ainsi des économies, d’après ses détracteurs. Il utilisait volontiers des paraboles évangéliques, en particulier de ne point faire à autrui ce qu’on ne voudrait point subir soi-même, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que ni la tolérance ni la magnanimité ni la charité au sens intellectuel du terme ne figuraient dans ses règles de vie. Affligé en prime d’une franchise naturelle et naïve, ainsi que d’un tempérament soupe au lait quelque peu sadique avec ceux qu’il méprisait, E.-L. Doyen souffrit certainement énormément de la solitude paranoïaque dans laquelle il était rejeté alors qu’il aimait tant le contact humain et l’enseignement.

La vie sociale de vedettariat exacerbé qu’il avait mise en scène ne représentait sans doute qu’un masque, voire une cuirasse à laquelle il devait considérer également qu’il consacrait trop de temps vis-à-vis de sa seule vraie réelle passion, la Médecine.

D'autres images des archives Jean Doyen dans la banque d'images

Nous adressons nos plus vifs remerciements à monsieur Jean Doyen, qui a bien voulu mettre à notre disposition sa collection personnelle de photographies