Ambroise Paré

Evelyne Berriot-Salvadore
Université de Montpellier III - UMR 5186
Institut de Recherche sur la Renaissance,
 l’âge Classique et les Lumières (IRCL)
evelyne.berriot@univ-montp3.fr 

  1. Liste des ouvrages numérisés

Novembre 2010

Voir aussi dans Medica, le dossier
Littérature médicale en français du seizième siècle

Les travaux de Joseph-François Malgaigne, au XIXe siècle, ont désigné Ambroise Paré (1510-1590) comme le restaurateur de la chirurgie française. Ses innovations les plus connues, dans le traitement des plaies par armes à feu, dans la pratique des amputations, dans la chirurgie réparatrice, ont peut-être laissé dans l’ombre la place qu’occupent ses traités et ses œuvres dans l’histoire de l’édition médicale en langue française.

Venu de Laval, après un apprentissage dont on sait peu de chose, Ambroise Paré exerce trois ans à l’Hôtel-Dieu de Paris avant de commencer, en 1537, une carrière de chirurgien aux armées, sans autre préparation que sa courte expérience et sa lecture de la Chirurgie de Jean de Vigo. Le traité qu’il publie, en 1545, avec les encouragements du médecin Jacques Sylvius, pour divulguer sa Methode de traicter les playes faictes par hacquebutes, est le premier acte d’une longue carrière qui va faire de ce praticien sans formation académique le « chirurgien de quatre rois de France » et l’auteur de la première grande collection écrite en langue française. Portant le titre de barbier-chirurgien depuis 1541, il est reçu Maître en chirurgie en 1554 et nommé premier chirurgien du roi en 1562, quelques mois après la publication de La Methode curative des playes et fracture de la teste et de l’Anatomie universelle où s’affirme déjà le projet de construire, « par la main et par la plume », une pratique générale du corps universel. La chirurgie militaire puis l’anatomie apparaissent comme les fondements d’une expérience et d’une science qui lui permettent d’élargir peu à peu le domaine de son art au-delà des opérations que la tradition lui concède. les œuvres offertes à Henri III en 1575, in-folio illustré de près de 300 figures, rassemblent, amplifient, recomposent les neuf traités précédemment publiés, et s’augmentent de livres nouveaux, achevant de tracer, pour la postérité, l’itinéraire d’un praticien qui, « par tous les moyens possibles, a mis la chirurgie plus au net que jadis ».

Doncques de tout ce que j’ay veu et cogneu par l’espace dudict temps, j’ay faict une entiere recollection, n’ayant rien espargné pour en tirer la mouelle, et pour esclaicir ceux qui viendront apres nous, des choses non peult estre cogneues par cy devant, ou si elles l’ont esté, non entendues ainsi qu’il estoit requis. […]

Et pour revenir à mon œuvre, j'en ay faicte la division par cy devant : mais craignant que par icelle, le corps dissout en parties, ne vint à quelque aneantissement, estant ainsi eschantillonné, je l'ay (avec bon conseil) reduict en un volume, entant que le tout ainsi assemblé, pourra mieux resister aux injures du temps, que s'il alloit çà et là separé, et divisé en parties. [A. Paré, Œuvres, 1575, Au Lecteur]

Malgré les tentatives de la Faculté pour s’opposer à la diffusion d’une somme chirurgicale en langue vernaculaire, qui, avec audace, traite des « hauts points de philosophie et médecine », les Œuvres rééditées et encore augmentées en 1579 et en 1585, rencontrent un accueil puis une fortune dont attestent les neuf éditions parues entre 1598 et 1685, et les traductions en latin, en anglais, en allemand, en néerlandais, en japonais.

Voir, aussi, l’exposition virtuelle
www.biusante.parisdescartes.fr/pare