XVIIIe congrès  - Paris, 29 août au 3 septembre 1982

par R. Mayer et R. Joris

C’est à Paris qu’eut lieu, cette année, le XXVIIIe Congrès international d’histoire de la médecine qui tient ses assises, traditionnellement, tous les deux ans.

Une quarantaine de pays y étaient représentés, par plus de 300 participants qui, durant une petite semaine, du 29 août au 3 septembre, eurent l’occasion d’entendre nombre de communications de valeur, groupées autour de trois thèmes principaux: L’histoire de la santé publique, La communication en médecine, L’histoire de la thérapeutique et du médicament.

Après l’accueil des congressistes, le dimanche soir, au siège du Congrès, installé à la Faculté de médecine de la rue des Saints-Pères, la séance inaugurale débuta le lundi matin par une allocution du professeur J. C. Sournia, président de la Société internationale d’histoire de la médecine. Elle fut aussitôt suivie d’une conférence magistrale, prononcée par Emmanuel Le Roy Ladurie, professeur du Collège de France, sur Le médecin "Trompe-la-mort". Le professeur Sournia enchaîna par une présentation du thème de la journée, Pour une histoire de la santé publique, sujet sur lequel les orateurs présentèrent dans deux amphithéâtres simultanément, des communications aussi nombreuses qu’intéressantes, allant de la définition du concept d’assistance (E. Bonuzzi) jusqu’à la prévention de la rage en France au XVIIIe siècle (J. Théodoridès), en passant par l’évaluation du rôle de l’Etat dans la santé publique et la description de plusieurs épidémies mémorables au cours des âges.

Le deuxième jour — consacré, lui, à La communication en médecine — la matinée s’ouvrit par une présentation de Mme M. C. Tesson-Millet, directeur du " Quotidien du médecin ", qui traita avec brio de l’Evolution de l’information des médecins dans les dernières années, évoquant l’origine du journalisme médical et rappelant ainsi les débuts du journal qu’elle a créé.

Suivirent une série de communications sur l’histoire des publications médicales dans diverses parties du monde (Tunisie, Argentine, Canada, Belgique!) et sur quelques ouvrages médicaux remarquables par l’importance et la qualité de leur diffusion, de leur bibliographie ou de leur iconographie. Enfin, un film exceptionnel fut présenté (H. Schadewaldt), film réalisé dans des conditions techniques particulièrement difficiles sur un plateau des environs du lac Victoria, et qui montra divers exemples de trépanations crâniennes exécutées dans la tribu des Kisii (Bantous) par des opérateurs rituels, se transmettant la technique de père en fils.

Le même jour, dans un second amphithéâtre, deux exposés, Les défauts de communication en médecine et leurs conséquences (Ph. Decourt) et Pasteurisme et communication (J. Léonard), retinrent spécialement l’attention des auditeurs.

Après une journée de pause — le mercredi étant réservé à une excursion — les séances de travail reprirent le jeudi matin. Le professeur R. Rullière ayant ouvert les feux par un exposé intitulé Inventaire et réflexions sur une histoire de la médecine, les participants eurent l’embarras du choix entre de nombreuses communications de qualité, groupées sous le titre de varia, et présentées simultanément dans trois amphithéâtres!

Enfin, le vendredi — tout entier réservé à l’Histoire de la thérapeutique et du médicament — débuta par une magistrale introduction du professeur Jean Bernard Le conférencier, brillant comme à l’accoutumée, subjugua son auditoire en présentant — en trente minutes — un tour d’horizon aussi varié que complet sur ce sujet passionnant.

Parmi les exposés qui suivirent, on retiendra les deux communications de J. P. Escande sur l’aventure antibiotique, qui furent d’abord pour l’orateur l’occasion de rendre un vibrant hommage au bactériologiste René Dubost récemment disparu et qui — en 1939 déjà — découvrit la gramicidine. puis de faire ensuite le bilan des " pouvoirs et des limites " de l’arme antibiotique. Ph. Decourt, après lui, rappela comment l’étude des phénomènes de Reilly conduisit à la création des antihistaminiques puis de la Chlorpromazine. Sa qualité de contemporain des premières études de B. Halpern donna un intérêt tout particulier à son intervention, sur un beau sujet d’histoire de la médecine du XXe siècle, puisque la mise au point de la Chlorpromazine, premier médicament neuroleptique, a été à l’origine d’une série de découvertes qui ont permis les premières thérapeutiques médicamenteuses des maladies mentales.

Hors programme, un film du Russe Boris Dimitrievitch Petrov de Moscou, était attendu avec curiosité. Il fallut bien se rendre à l’évidence que son contenu était plus riche en propagande qu’en histoire de la thérapeutique...

Il serait bien incomplet de se borner à évoquer — d’ailleurs trop brièvement — les seules communications, si intéressantes soient-elles, car la posssibilité de participer, en dehors des séances de travail, à de nombreuses manifestations, ne fut pas l’un des moindres attraits de ce congrès.

Citons d’abord deux expositions remarquables: celle préparée par la Bibliothèque nationale, qui présenta un choix exceptionnel de manuscrits et d’incunables rarement montrés au public, et celle organisée par la Bibliothèque inter-universitaire des Facultés de médecine de Paris, au Musée d’histoire de la médecine, où furent exposés des livres extrêmement rares, sortis tout exprès de la " Réserve ".

Citons ensuite les visites de musées historiques, qui permirent de redécouvrir bon nombre de documents précieux :

Enfin, l’occasion fut donnée aux participants de visiter sous la conduite de guides, les grands hôpitaux historiques de Paris que sont l’Hôtel-Dieu, La Salpétrière, Laennec, Saint-Louis, Port-Royal et le Val-de-Grâce. Là aussi, un choix s’imposait, la diversité des possibilités dépassant le nombre des heures disponibles!

Ce congrès si riche et si varié, fut encore agrémenté de plusieurs manifestations culturelles qui donnèrent aux hôtes de Paris l’occasion de se rencontrer de manière informelle et de nouer ou renouer de nombreux contacts amicaux. Il y eut ainsi entre autres:

Nous ne voulons pas décerner des mentions, mais nous ne pouvons pas oublier tout le mérite des responsables de l’organisation de ce Congrès, les professeurs Sournia et Rullière, président et secrétaire, ainsi que tous leurs collaborateurs. Malgré un certain nombre de difficultés inattendues, ils sont tout de même parvenus à une réussite remarquable.

Soulignons encore une innovation particulièrement appréciée, celle d’enregistrer immédiatement sur cassette tous les exposés. Ces cassettes étaient disponibles et vendues aux congressistes à peine une demi-heure après la séance. Malgré les inévitables imperfections d’un début, ce système a été fort apprécié.

Et pour terminer, nous signalons bien volontiers l’existence d’un petit musée Claude Bernard à Saint-Julien en Beaujolais, bien près de chez nous.

Le prochain congrès aura lieu au Caire en 1984.

* Pierre-Christian Taittinger, ancien ministre, président du Conseil municipal.