XXXe congrès - Dusseldorf, 31 août au 5 septembre 1986

par R. Mayer (Genève)

Après Paris (1982), puis Le Caire (1984), c’est Düsseldorf qui fut le siège cette année du XXXe Congrès international d’histoire de la médecine, qui tient ses assises traditionnellement tous les deux ans.

Une trentaine de pays y étaient cette fois représentés par plus de 300 participants, dont vingt-cinq délégués nationaux. Une grande "première" à signaler: la présence de la Chine —tout récemment admise — qui avait délégué le Dr Ma Kanwen, professeur à l’Institut chinois d’histoire de la médecine de Pékin. Les congressistes allaient avoir l’occasion d’entendre — durant une semaine — nombre de communications, centrées sur quatre thèmes principaux: L’Histoire de la médecine maritime et tropicale, Médecine et Art, Ethnomédecine et L’Histoire et les rapports des grandes Ecoles de médecine européennes.

L’accueil des premiers congressistes eut lieu le dimanche soir déjà, et il fut suivi d’une réception à l’Hôtel de Ville par le premier Bourgmestre de Düsseldorf. Le lendemain matin, à 9 heures, le professeur Hans Schadewaldt — président de la Société internationale et président du Comité d’organisation du Congrès — déclara ouvertes ces journées lors d’une séance solennelle, honorée de la présence de Madame le professeur Rita Süssmuth, Ministre fédéral de la jeunesse, de la famille et de la santé, du professeur Gert Kaiser, Dr phil. et "Rector magnificus" de l’Université de Dusseldorf, ainsi que du premier Bourgmestre de la ville.

Cette séance inaugurale fut aussitôt suivie des premières communications scientifiques, données simultanément dans trois amphithéâtres de l’Université de Düsseldorf. Il serait présomptueux de prétendre relater ici l’ensemble des exposés de valeur présentés durant ces journées passionnantes, et nous ne relèverons simplement ici — à titre d’exemples — que quelques-unes des plus marquantes.

Sur le thème L’Histoire de la médecine maritime et tropicale figuraient entre autres au programme: Victor Hensen, Physiologe, Anatom und Meeresforscher (B. Lohff RFA), Die MarineKrankenhäuser des Osmanischen Reiches (A. Terzioglu. Turquie), Medical Research at the Institute of Tropical Medicine of Puerto Rico (Z.E. Rivera, USA).

Sur le thème Médecine et Art nous avons retenu surtout les communications sur Le peintre Johan van Neck et "La leçon d’Anatomie de Frédéric Ruysch": une énigme résolue (C. Gysel, Belgique), et Paul Valéry et la médecine (A. Mandin, France).

Après cette première journée de travail, les participants se retrouvèrent le soir au Jugendtheater pour assister à une pièce de Paul Valéry "L’Idée fixe", magistralement interprétée par Lucien Barjon et Philippe Landenbach, du Théâtre du Reflet de Paris et la soirée prit fin avec une agape dans une brasserie de la Vieille-Ville, où l’Altbier traditionnelle fut, bien entendu, à l’honneur.

Le mardi, les deux thèmes du premier jour furent illustrés par d’autres exposés, parmi lesquels nous avons noté La maladie du sommeil au Togo — aperçu historique et évolution (J. K Kekeh et J. Lapierre, Togo), Anthropologie — Communication de Beauperthuy aux professeurs du Musée national d’histoire naturelle en 1839 (R. Beauperthuy de Benedetti, Venezuela), ainsi que Les rapports entre la Faculté de médecine de Paris et celle de Buenos Aires (R. Rullière, France), Le rayonnement de l’Ecole de médecine de Montpellier à travers l’Encyclopédie de Diderot (G. Rudolf RFA), et Les relations entre l’Allemagne et l’Université de médecine de Montpellier au Moyen Age (L. Dulieu, France). Mais il faudrait aussi citer Zur Geschichte der Wiener Dermatologen-Schule : Neue Gesichtspunkte und Daten (K. Holubar, Autriche) et La "Théorie des êtres organiques" de Jedrzej Sniadecki et l’Ecole d’Edimbourg (Z. Podgorska-Klawe, Pologne), ainsi que — sur le thème Médecine et Art — Les séjours lyonnais de François Rabelais (A. Notter, France) et L’alcoolisme dans le roman du XXe siècle (J. C. Sournia, France).

Après une journée de pause — le mercredi étant traditionnellement réservé à une excursion — les séances de travail reprirent le jeudi matin.

Sur le thème de l’Ethnomédecine, citons The Application of medical Theory to Medical Therapy in Ancient Egypt: Any Evidence from Paleopathology? (P. Ghalioungui, Egypte et W M. Pahl, RFA), Traditionelle Geburt und Geburtshilfe in geschichtlicher und ethnomedizinischer Sicht (N. Kohnen, RFA), Medizinische Motive in der Kunst des alten Peru (J. Heck, RFA), illustré de très remarquables diapositives en couleur, et Rituelles Medizinwesen im präkolumbianischen Peru und sein Fortleben im rezenten Curanderismus (W Andritzky, RFA), alors que dans la matinée — réservée aux Varia — on put entendre une évocation sur Frédéric Chopin als Mensch, Patient und Kunstler (A. Karenberg, RFA), ainsi que La chirurgie dans les papyrus grecs de médecine (M. -H. Marganne-Melard, Belgique).

Simultanément, dans un autre amphithéâtre, la journée du jeudi voyait la suite — et fin — du thème L’Histoire et les Rapports des grandes Ecoles de médecine européennes, où nous relèverons également quelques titres marquants, dont Die Berliner klinische Schule des 19. Jahrhunderts — ein europäisches Zentrum der medizinischen Wissenschaft (K -J. Burmeister, RDA), Die Berliner und die Moskauer Schule der architektonischen Hirnforschung (M. Lindemann et J. Richter, RDA), Das Junckersche Collegium clinicum Halense und seine Bedeutung für die medizinische Schulbildungen (W Kaiser, RDA), Les origines de l’Ecole médicale de Bologne (M. Maragi, Italie), Relationships between Italian and European Psychiatry in the l9th Century (A. Coluccia et F. Vannozzi, Italie) et American-German Medical Collaboration (M. Cornesco, USA).

Enfin, le vendredi — dernier jour du Congrès — était réservé en totalité aux Varia. Sur ce thème, plus de cinquante communications extrêmement diverses étaient annoncées, parmi lesquelles nous citerons ici Die Entstehung der ersten staatlichen zahnärztlichen Lehrstätte in Polen (S. Wajs, Pologne), The History of Hypnosis in Brazil (A. R. de Castro Monteiro, Brésil), La "myologie dynamique" de Gerolimo Fabrizio de Acquapendente dans le langage scientifique à l’époque de la Renaissance (L. Stroppiana, Italie) et Medical Practice in World War II Prisoner-of- War Camps in Europe and Asia: Ethical and Moral Dilemmas (C. G. Roland, Canada).

Cette énumération très partielle — et bien évidemment incomplète — ne peut donner qu’un reflet sommaire des quelque 200 communications présentées à ce Congrès, qui fut par ailleurs agrémenté de nombreuses manifestations annexes, qui toutes obligeaient à un choix.

Notons tout d’abord qu’une vingtaine d’expositions nous étaient proposées, parmi lesquelles nous citerons Santé et maladie dans les livres pour enfants, Des débuts de la trépanation à la neurochirurgie moderne, une exposition sur Robert Koch et sur Paul Ehrlich, mais, surtout, une remarquable collection —très bien mise en valeur dans les locaux modernes de la Caisse d’Epargne de la ville de Dusseldorf — sur le thème Les professions médicales et les danses macabres: chefs d’oeuvres de Dürer à Dali. Il ne fallait pas manquer aussi de voir l’exposition des Trésors du département des manuscrits de la Bibliothèque universitaire, ainsi que Medicina in nummis, superbe collection de médailles — exposée dans le grand hall de la Deutsche Bank —collection en provenance du Dr Carl Duisberg (1861-1935), médecin et collectionneur passionné, qui fut en son temps directeur général chez Bayer.

Terminons ce récit en soulignant le mérite tout particulier qui revient au professeur Hans Schadewaldt — président de la Société internationale et président du Congrès — dans le succès de ces journées en tout point réussies, et précisons encore que le prochain Congrès de la Société internationale d’histoire de la médecine aura lieu en 1988 à Bologne.