À André Falconet, le 26 décembre 1662
Note [6]
Louis xiv estimait que la tolérance religieuse ne s’appliquait pas au Pays de Gex (situé dans l’actuel département de l’Ain, aux confins de la Franche-Comté, de la Savoie et de la République de Genève) parce qu’il avait été annexé par la France en 1602, quatre ans après la promulgation de l’édit de Nantes. Le 23 août 1662, le Conseil du roi avait ordonné la destruction des temples calvinistes qui y étaient établis, ce qui fut promptement exécuté. Les Genevois poussèrent de hauts cris, et la France menaça de les châtier en investissant leur ville.
Loret, Muse historique, livre xiii, lettre xlix, du samedi 16 décembre 1662, pages 582‑583, vers 119‑146 :
« Autour, ou proche de Genève
(dont la susdite ville endêve), {a}
Messieurs les huguenots de Gex,
Assez tumultueux sujets,
Donnant aux leurs mauvais exemples,
Avaient fait bâtir plusieurs temples,
Et bien au delà des édits
Qu’on fit en leur faveur jadis ;
Mais Bouchu, qui sous notre prince
Est intendant de la province,
Par ordre de Sa Majesté,
En a fait raser quantité
Dans l’enclos d’icelui bailliage,
De quoi maint prédicant enrage ;
Il voit par ce grand abatis
Tous ses pauvres sens abrutis,
Il voit sa famille angoissée,
Il voit sa table renversée,
Et sa cuisine en désarroi ;
Mais il faut obéir au roi. Par les soins et la vigilance
De ce magistrat d’intendance,
Dont partout les faits sont prisés,
Vingt-trois temples furent rasés,
Mais avec tant de promptitude,
Et même tant d’exactitude,
Conformément à son souhait,
Qu’en quatre jours cela fut fait. » {b}
Théodore Claparède, « ministre du Saint Évangile », a procuré de riches détails sur cette affaire dans la Seconde Période de son Histoires des Églises réformées du Pays de Gex (Genève, Joël Cherbuliez, Genève et Paris, 1856, in‑8o).