L. 46.  >
À Claude II Belin,
le 28 avril 1639

Monsieur, [a][1]

C’est pour vous remercier de votre pâté [2] (combien que m’eussiez bien promis que vous ne m’en enverriez jamais) et de votre bon souvenir, que je n’ai jamais mérité. Pour M. le conseiller Grassin, il ne faut pas que vous preniez la peine de m’en remercier, il est trop honnête homme de lui-même. Je ne pense pas aller jamais à Troyes, [3][4] si ce n’est que préalablement Dieu nous envoie une profonde paix, dans les délices de laquelle je prenne résolution de m’aller réjouir chez mes amis ; et en ce cas-là, je commencerai par M. Belin. Sinon, je ne pense pas y aller jamais, si ce n’est qu’ayant tout à fait changé d’humeur, je prisse ici par hasard quelque commission apostolique pour aller prêcher aux Troyens, qui ne sont pas grecs, le mérite des sectateurs de Maître Ignace, [5][6] leur piété, probité, humilité, charité et autres vertus, desquelles ils sont autant réellement éloignés que le pape [7] et le Turc [8] le sont (ou au moins le doivent être) de créance. [1] Nous verrons ce que l’année qui vient nous apportera. Prenons courage en attendant, puisque [9]

Superanda omni fortuna ferendo est[2]

Nos affaires vont fort mal en Piémont. [10] Le prince Thomas [11] y tient Verceil, [12] Chivas, [13] Crescentin [14] et autres places. [3] Il tient Turin [15] assiégée, dans laquelle est la duchesse, [16] avec le petit duc [17] et le cardinal de La Valette. [4][18] M. de Longueville [19] est aujourd’hui parti qui s’y en va, toutes ses troupes s’assemblent entre Grenoble et Lyon. M. le comte de Guiche [20] et M. de Chavigny [21][22][23] partirent le vendredi dernier pour y aller en poste, y consoler la duchesse et lui promettre secours. [5] M. d’Émery [24][25][26] est dans Pignerol, [6][27][28] qui y donne ordre de peur que le prince Thomas ne l’assiège. Les autres troupes vont en Flandres, [29] mais on ne sait pas encore vers quelle ville. [7] Toute la cour est à Saint-Germain. [30] Je vous baise les mains, à Mme Belin et à Messieurs vos frères, avec dessein de demeurer, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Patin.

De Paris, ce 28e d’avril 1639.

Le livre contre les jésuites imprimé à Bâle [31] est intitulé Vita iesuitica, Hospiniani, adaucta per N. Lucium, professorem Basiliensem[8] in‑4o ; c’est un fort bon livre. [32][33]



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Claude II Belin, le 28 avril 1639

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(Consulté le 14/10/2024)

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