L. 488.  >
À Charles Spon,
le 10 août 1657

Monsieur, [a][1]

Depuis ma dernière, laquelle fut du mardi 17e de juillet, de six grandes pages, je vous dirai que nouvelles sont venues d’Angleterre que Cromwell [2] y a accepté la qualité de protecteur des trois royaumes, avec le sceptre en main. [1] On dit que le roi de Danemark [3] et le roi de Suède [4] sont sur mer pour se battre, tandis que les Transylvains [5] entrent dans la Pologne contre l’empereur et son armée, pour le roi de Suède. [2][6] MM. de Gramont [7] et de Lionne [8] sont allés à Francfort [9] où l’on dit qu’ils ont porté force argent pour gagner les électeurs[10] Tous les marchands de Paris déplorent fort ici la calamité de la ville de Gênes, [11] laquelle est fort affligée de peste. [12] Le voyage de M. le cardinal Antoine [13] est différé et retardé, tant à cause des grandes chaleurs que pour la peste qui augmente à Rome, et en attendant des nouvelles d’un sien secrétaire, nommé l’abbé Brachesi, [3][14] qu’il a envoyé à Rome pour y préparer ses affaires ; c’est-à-dire qu’il ne partira d’ici que l’été passé, fracto et mitigato cestu[4] et selon que la maladie du pape avancera.

Ce 26e de juillet. On dit que ceux de Montmédy [15] se défendent fort bien et qu’ils ont fait quelques sorties sur les nôtres qui leur ont été fort avantageuses ; même que notre armée y diminue fort. On dit aussi que le duc de Bavière [16] nous demande une armée et qu’en ce cas-là, il se fera élire empereur. C’est qu’il a pour cet effet le suffrage de son oncle, l’électeur de Cologne, [17] et la sienne propre ; [5] de plus, il pourrait avoir celle du comte palatin, [18] son cousin, et les deux autres protestants, savoir Saxe et Brandebourg ; [19] et même il pourrait avoir Mayence, [20][21] si nous étions assez sages ; et Trèves [22] pareillement, si nous tenions Montmédy. Mais tout en est incertain, et même l’on dit ici d’aujourd’hui et pour fraîche nouvelle que le prince de Condé [23] marche devers là, avec grande quantité de cavalerie, pour tâcher de nous faire lever le siège.

Ce 27e de juillet. Voilà M. de La Mothe Le Vayer [24] qui vient de sortir de céans, qui avait besoin d’un livre rare que je lui ai prêté, [25] savoir Ocellus Lucanus, de Natura universi ; [26] c’était un ancien philosophe pythagoricien qui scripsit de physicis ante Aristotelem[6] Il m’a dit qu’il transcrirait une physique française qu’il a faite en faveur de son petit prince, [27] laquelle par ci-après on imprimera. [7] Il a été dispensé d’aller en campagne cet été, nomine et prætextu morbi ; [8] le bonhomme s’en va vieux, je pense qu’il n’a guère moins que 70 ans, quelque mine qu’il fasse. J’ai aujourd’hui écrit un mot à M. Guillemin, [28] par occasion, sur son voyage et son retour de Turin ; [29] et par même moyen, un mot à M. Fourmy, [30] que j’ai enfermé dans la lettre de M. Guillemin.

J’apprends que ceux de Rotterdam, [31] par honneur qu’ils portent à la mémoire de celui qui a été l’honneur de leur pays, font faire à leurs dépens une nouvelle impression de toutes les œuvres d’Érasme. [32] Voilà une nouvelle qui me réjouit, il y a encore de la vertu au monde et d’honnêtes gens qui ont du courage ; je prie Dieu qu’il soit vrai. [9] M. Vander Linden, [33] professeur à Leyde, [34] m’a mandé depuis peu qu’il y a 15 feuilles de faites à son Celse[35] qu’il est à la fin du sixième livre, qu’il pourra y avoir environ 21 feuilles, et qu’il m’a grande obligation du secours que je lui ai donné par le moyen de divers Celse que j’avais ici et que je lui ai fait tenir, où il y avait plusieurs corrections de la main de Fernel, [36] Chapelain, [37] Carpentarius, [38] Scaliger, [39] et Nancelius. [10][40][41][42] On dit que M. Rhodius [43] en fait imprimer un in‑4o à Padoue, et nous avons ici M. Mentel [44] qui en promet un pareillement, en vertu de plusieurs manuscrits et révisions qu’il a vers soi. Pour ce dernier, quoiqu’il dise et promette beaucoup, il ne fait jamais rien et dit toujours qu’il fera merveilles ; [11] pour M. Rhodius, il travaille toujours, mais il est bien long à achever ses entreprises. [45][46]

Il court ici un bruit, que si l’affaire de l’élection d’un empereur à Francfort tire de long, que le roi, la reine et le Mazarin ne reviendront point passer l’hiver à Paris, mais qu’ils demeureront à Metz [47] pour être plus près d’Allemagne. [48]

Vous savez bien que la veuve de feu M. Saumaise [49][50] est morte depuis trois mois en cette ville. Elle avait quantité de bons manuscrits qu’elle gardait pour son cadet, qu’elle aimait plus que les autres ; depuis sa mort, ces papiers sont tombés entre les mains du fils aîné [51] qui, par conseil pris avec gens entendus, ses amis, s’en va les faire imprimer à Dijon. [12][52] L’on dit qu’entre autres il y a une histoire naturelle et autres traités restant du naufrage, j’entends du débris de tous les papiers de l’auteur après sa mort, à Spa, [53] le 3e de septembre 1653.

Les coureurs du prince de Condé ne cessent de courir vers Paris et d’attraper toujours quelqu’un, comme ils ont par ci-devant fait à M. Girardin ; [54] ils emmènent prisonniers ceux qu’ils prennent au Catelet [55] et à Rocroi. [56]

L’on dit ici que le Mazarin a la goutte, [57] et que le gouverneur de Montmédy [58] a fait une sortie sur nos gens où il a tué tout ce qui s’est trouvé dans nos tranchées, et qu’il a mandé à M. le maréchal de La Ferté-Senneterre, [59] que dans dix jours viendraient à Montmédy d’autres nettoyeurs qui balaieraient le reste ; [13] en suite de quoi, l’on dit que toutes les troupes espagnoles qui avaient paru sur la frontière de Picardie s’étaient retirées et que le prince de Condé marchait avec grandes forces pour aller vers Montmédy. On dit que le roi de Suède est pressé par le roi de Danemark et que Cracovie, [60] qui est encore occupée par les Suédois, est assiégée par le roi de Pologne [61] assisté des troupes impériales.

Ce 3e d’août. Marsin, [62] qui est un des lieutenants du prince de Condé, a surpris en Lorraine [63] une petite ville nommée Dieuze, [64] où se tenait la gabelle [65] de Lorraine et où l’on vendait le sel du pays. [14] J’ai ici trouvé et acheté Benedicti Silvatici Consiliarum et responsionum medicinalium centurias quatuor, in‑fo, Patavii 1656[15][66] Celui qui me l’a vendu m’a dit qu’on lui a envoyé de Londres et que c’est un libraire anglais nommé Alestri qui en a acheté toute l’impression. Je ne sais pas si quelqu’un de Genève en entreprendra l’impression, mais il me semble que ce livre ne le mérite point. La reine de Suède ne sait plus à quel saint se vouer : elle avait envie de se retirer à Rome, mais la peste [67] y est si grande que l’empêchement en semble fort légitime ; elle a voulu aller à Venise, [68] mais Messieurs les sénateurs l’ont priée de différer en un autre temps, et qu’ils sont trop empêchés pour le présent par la guerre contre les Turcs qu’ils ont aujourd’hui sur les bras. Delà reste qu’elle revienne en France qui est le refuge de tous les coureurs, Orbem receptans hospitem, atque orbi suas Opes vicissim non avara impertiens[16] comme dit quelque part Buchanan ; [69] aussi dit-on qu’elle y viendra passer l’hiver prochain, ainsi nous ne manquerons pas de principautés étrangères. Bourdelot, [70] qu’elle a fait abbé, disait qu’il s’en allait en Italie la trouver, mais il ne bouge et est très mal fait. Il est si maigre qu’il en a le nez aigu, ceux qui le connaissent disent qu’il est si méchant qu’il ne peut engraisser.

Ce 6e d’août. On est venu ce matin céans à six heures du matin, de la part de M. l’ambassadeur de Venise, [17][71] me demander si je veux aller à Venise y faire la médecine ; [72] que j’aurai 6 000 francs d’appointement du sénat, sans l’emploi qui est de grand gain. C’est un médecin de notre Compagnie qui m’y nomma hier, et erat ipse Samaritanus[18][73][74] c’est-à-dire antimonial, [75] mais il n’en donne guère ; c’est le bonhomme M. Des Gorris, [76] qui n’a point grand emploi. J’ai remercié ce Monsieur de la peine qu’il a prise de me venir faire cette proposition, et me suis excusé sur ma santé et sur les habitudes que j’avais à Paris, et que je ne pouvais honnêtement quitter. Là-dessus on m’a proposé de donner mon fils aîné, [77] à quoi j’ai répondu qu’il n’était pas capable d’un tel emploi et qu’il fallait encore qu’il étudiât ici près de moi cinq ou six ans. J’ai prié le porteur de faire cette réponse à Monsieur son ambassadeur et qu’après cela, s’il était besoin, j’irais moi-même saluer mondit sieur l’ambassadeur ; mais quoi que l’on m’offre, je n’irai jamais en ce pays-là, c’est le pays de Merlin Coccaye, [78] patria diabolorum[19] Le pape, les jésuites, les juifs, les turcs sunt nomina mihi odiosissima[20] L’Italie est un pays de vérole, [21][79] d’empoisonnements et d’athéisme, [80] de juifs [81] et de renégats, et des plus grands fourbes de la chrétienté. Tout y est plein de moinerie, de moines [82] et d’hypocrites : patria dæmoniorum : tout cela fait que jamais je n’irai. [11] On dit que la reine de Suède est à Turin, qu’elle vient à Avignon [83][84] et delà, qu’elle viendra ici passer l’hiver ; on dit que le pape [85] lui donne 18 000 écus par an. Mutant cuncta vices[22] voilà la vicissitude des choses humaines : le feu roi son père [86] a autrefois ruiné et pillé l’Allemagne, et aujourd’hui elle pille et mange le pape qui a coutume de manger les autres ; le feu roi son père n’y a procédé que de force ouverte, et celle-ci y va plus finement ; sa prétendue conversion [87][88] lui sert de couverture et de prétexte à faire la pèlerine et à se promener par toute la terre, comme elle en a déjà fait une bonne partie, par le conseil des Espagnols et des jésuites ; ô les bonnes gens !

Ce 7e d’août. Je viens de recevoir un petit paquet de M. Meyssonnier. [89] Bon Dieu quel homme ! il est aussi fou que notre Tardy, [90] j’ai pitié de l’un et l’autre. Il m’a envoyé sa Médecine spirituelle où je n’entends rien. [23] Ce n’est qu’un petit livret et néanmoins, il n’est que trop long. Multæ non possent, una litura potest[24][91] Tout cela n’est que du fatras d’un esprit malade et inquiet. Puisqu’il est si dévot et qu’il a tant de soin du salut de son âme, il devrait s’abstenir de faire de si méchants livres et au lieu de cela, prier Dieu lorsqu’il n’a point de pratique qui le presse et qu’il abonde en loisir, qui est une des choses du monde qui me manque le plus. Je vous prie de lui dire quand vous le rencontrerez, nisi tibi grave fierit[25] que j’ai reçu sa lettre et son livret, et que je l’en remercie. Si vous prenez cette peine, vous me sauverez la peine de lui écrire une lettre et vous lui ferez pareillement plaisir car cela l’exemptera de m’écrire à l’avenir, qui serait une chose que je désirerais fort et de tout mon cœur. Tout ce qu’il écrit ne vaut pas le port de sa lettre que j’ai reçue aujourd’hui. [11]

L’événement du siège de Montmédy est ici réputé fort douteux, Mulciber in Troiam, pro Troia stabat Apollo[26][92][93] Les uns disent qu’il sera pris dans trois jours, mais il y a six semaines que cela se dit ; d’autres disent qu’il n’y a pas encore d’apparence et que le prince de Condé marche pour attaquer les lignes. On dit que le roi et la reine s’ennuient fort de delà. Un conseiller de la cour me vient de dire que nous aurons Montmédy cette semaine.

Ce 8e d’août. [J’ai aujourd’hui délivré à M. Ferrus, [94] qui fait balle pour Lyon, un petit paquet dans lequel vous trouverez quelques petites curiosités du temps, dont vous prendrez une part pour vous et l’autre pour M. Gras, [95] notre bon ami, à qui vous la délivrerez, s’il vous plaît, avec mes très humbles recommandations ; et outre cela, vous y trouverez le privilège du Varandæus [96] pour M. Fourmy, [27] auquel vous le rendrez s’il vous plaît, et lui direz que j’ai reçu sa lettre du 3e d’août et que je le remercie. On nous promet toujours ici la 19e lettre de Port-Royal. [97][98][99] J’ai choisi cette voie comme bien sûre, et laquelle ne pâtira rien car le messager est tout à fait déraisonnable pour les petits paquets ; je m’étonne comment on souffre cette tyrannie.] [28]

Ceux de Montmédy capitulent, nous les aurons bientôt. Leur gouverneur a été tué sur leur rempart d’un coup de canon, [13] il avait autrefois été page du roi d’Espagne. Le cardinal de Retz [100] a passé par Milan et delà a écrit au pape une belle lettre ; c’est le nonce du pape [101] qui a ici débité cette nouvelle.

Les charges de maîtres des requêtes sont ici tellement rehaussées de prix que les deux dernières ont été vendues 110 000 écus la pièce, qui est une effroyable cherté. Ces deux derniers vendeurs ont été MM. de Marillac [102] et Du Boulay-Favier, [29][103] que l’on dit être plus sages que ceux qui achètent si chèrement des charges qui n’ont que 1 500 livres de gages.

J’ai changé d’avis pour le privilège de M. Fourmy : j’ai fait le paquet un peu plus gros et j’ai délibéré de le donner au messager de Lyon qui le remettra entre les mains de M. Fourmy, qui en paiera le port ; je l’ai moi-même délivré au commis du messager qui l’a écrit sur son livre ; [30] ce que je fais ainsi d’autant que j’ai remarqué à la fin de sa lettre qu’il me mande que je prenne cette voie et qu’il a besoin que je lui renvoie ledit privilège en diligence pour en achever son impression. Utinam secundæ cogitationes sint meliores[31] Vous recevrez le reste de M. Fourmy et y trouverez un petit in‑fo que je vous prie d’envoyer à Nuremberg [104] à M. Volckamer quand vous en trouverez la commodité.

Nouvelles sont ici arrivées, que l’historiographe Scipion Dupleix, [105] âgé de 86 ans, est à Bordeaux tellement malade que l’on n’y attend plus rien. Je le tiens pour mort puisqu’il est si malade en un si grand âge. [32]

Nos ambassadeurs qui allaient à Francfort ont reçu commandement et ordre du roi de s’arrêter et de ne point passer plus outre jusqu’à nouvel ordre. J’écris un mot à M. Fourmy et lui donne avis du paquet que je lui envoie par le messager qui part aujourd’hui. J’enferme celle-ci dans sa lettre afin qu’il vous la rende dès qu’il l’aura reçue ; ce que je lui écris n’est que réponse à la sienne. Je vous supplie de faire mes recommandations à MM. Gras, Guillemin, Falconet, Garnier et Sauvageon, et aux deux frères MM. Huguetan, comme aussi à MM. Devenet et Fourmy. Je dois quelque chose à M. Devenet que je lui ferai tenir, je vous prie de lui dire. M. de Tournes [106] s’en est retourné à Genève, content de moi. Si votre paquet des manuscrits de feu M. Hofmann, [107] et du Sennertus[108] n’est encore parti, je pense que vous le pourriez mettre entre les mains de M. Fourmy lorsque son Varandæus sera achevé ; vu que je ne doute point qu’il en enverra ici quelque bon nombre à quelqu’un de nos libraires qui me remettrait ledit paquet. J’ai toujours fait état de M. Varanda, je l’ai publiquement loué en mes leçons et l’ai recommandé comme un bon livre à mes écoliers, dont j’ai eu bon nombre cette année. Quand je l’aurai céans, j’espère d’y profiter et de m’en amender par la lecture de quelque traité nouveau, qui si non arrideat[33] je relirai son traité de Indicationibus qui m’a autrefois semblé fort beau.

Quelle nouvelle me direz-vous de mes deux tomes de Heurnius que j’ai envoyés à M. Huguetan, les réimprimera-t-il ? [109] S’il n’en fait rien, je voudrais bien qu’il me les voulût renvoyer. Il y avait ici des laquais qui voulaient recommencer à porter des épées, mais ils en ont été mauvais marchands : ils en ont eu le fouet par les carrefours, et même on saisit tous ceux qui portent ici épées. [34][110]

Les charges de maîtres de requêtes sont ici tellement renchéries que l’on dit qu’avant-hier il y en eut un qui en offrit 112 000 écus, o miram et meram infamiam ! [35] Je ne sais plus où l’on trouvera des sages. L’amour, l’avarice et l’ambition gâtent tout et renversent tout ce qui reste de beau au monde, adeo verum est quod ille sapienter dixit, quamvis in re dispari : Si omnes fatui ad arma properabunt, non inveniet sapientia defensores[36]

On m’a dit que votre M. Meyssonnier a fait quelque chose qu’il a ajouté à une Pharmacie de Bauderon [111] depuis peu imprimée à Lyon. [37] Si cela se vend à part, je vous prie de me l’acheter, et de me l’envoyer avec quelque autre chose ; mais ne lui en parlez point, je ne veux point de commerce avec cet homme. On attend d’heure à autre la lettre de cachet [112] du roi [113] pour faire chanter le Te Deum à Notre-Dame [114] touchant la prise de Montmédy. [115] La paix entre nous et les Hollandais s’exécute de part et d’autre au grand contentement des deux partis, et les Hollandais en portent un fort grand honneur à M. le président de Thou, [116] dont je suis ravi car il est excellent personnage. [38]

M. de Brienne, [117] secrétaire d’État, a fait donner une commission à un de nos compagnons, j’entends à un professeur du roi en mathématiques. C’est celui qui a succédé à M. Morin, [118] natif de Villefranche en Beaujolais ; [119] il est de Saint-Quentin [120] en Vermandois. Il est allé à Calais, delà il passe en Hollande puis à Hambourg ; [121] delà il doit chercher le roi de Suède, [122] puis après aller vers le marquis de Brandebourg, et après aller vers le duc de Saxe ; [123] et delà se rendre à Francfort, où se doivent rendre tous les députés. Il s’appelle M. Blondel ; [39][124] il a autrefois été précepteur du fils aîné de M. de Brienne [125][126] et a fort voyagé avec lui. [40][127] On dit qu’après tous ces voyages on lui fendra la tête, et [41] qu’on le fera évêque avec une belle mitre. On commence fort à dire que ce sera M. le président de Mesmes [128] qui sera premier président de notre Parlement[42] et que M. de Lamoignon, [129][130] son beau-frère, qui est maître des requêtes, aura sa charge de président au mortier ; [43][131] et que M. de Nesmond [132] le fils, conseiller de la Cour, sera maître des requêtes à la place de son oncle. [44] Si cela arrive, ce sera un premier président fort ami des jésuites et grand ennemi de tous ceux qui les haïssent, mais il faut se résoudre à tout. Je me recommande à vos bonnes grâces et suis, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Guy Patin.

De Paris, ce vendredi 10e d’août 1657.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 10 août 1657

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(Consulté le 28/03/2024)

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