Je ferai à monsieur votre fils [2] tout ce que je pourrai, à cause de vous et de lui ; et afin que nous n’ayons point de querelle ensemble, recommandez-lui bien son devoir. Il me sera très recommandé, n’en doutez point, c’est assez qu’il porte votre nom. Je n’ai jamais voulu prendre personne en pension, bien que j’en aie été plusieurs fois prié, mais je ne puis vous rien refuser. Vous me parlez du prix d’une pension, je ne sais ce que c’est, je ne vous demande rien. Dites-moi seulement si vous voulez qu’il fasse son cours en philosophie et quel vin vous voulez qu’il boive. Du reste, il sera nourri à notre ordinaire qui suffira à un étudiant. Pour son étude, j’en aurai soin et vous en avertirai de temps en temps. À la fin, je vous en rendrai bon compte.
Le roi [3] est parti d’ici le 26e pour Dijon. M. le chancelier [4] est parti le 28e. On dit ici que ce voyage du roi est tout politique et mystique : tam grande arcanum deteget ipsa dies. [1] Le parlement de Dijon [5] a charge de s’assembler de lundi en huit jours, où le roi se rendra. On dit que c’est pour créer une Chambre de l’édit [6] et une Cour des aides. [2][7]
Je me recommande à vos bonnes grâces, et à Mlle Falconet, s’il vous plaît, à laquelle je donne assurance que nous aurons grand soin de son cher fils, pourvu que j’aie sur lui cet avantage qu’il me veuille croire. [3] Ma femme [8] est encore en vendanges, [9][10] et ne reviendra ici qu’environ le 15e de novembre parce qu’il y a des arbres à couper et du bois à planter. Nous y faisons mettre cette année cent pieds de bons poiriers, dont plus de la moitié sera de bon-chrétien [11] d’hiver, il y en a déjà plus de cinq cents. [4][12] Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.
De Paris, le 29e d’octobre 1658.