L. 623.  >
À André Falconet,
le 16 juillet 1660

Monsieur, [a][1]

Le roi [2] est à Fontainebleau [3] avec les reines, [4] mais la reine mère [5] est ici attendue demain, et Son Éminence, [6] au Bois de Vincennes. [7] Le mercredi 14e de juillet la dame Constantin, sage-femme, [8][9][10] a été condamnée au Châtelet [11] à être pendue et étranglée après avoir été mise à la question, [12] d’où elle a appelé et a été transférée en la Conciergerie. [13] On croit que la semaine prochaine, la sentence sera confirmée à la Tournelle. [14] M. le lieutenant criminel [15] me contait hier que N. était bien ignorant, et qu’il avait fait un rapport plein de fausseté ; Le Large, [16] chirurgien, s’y est excusé du mieux qu’il a pu. [1] M. le chancelier [17] revint hier de Fontainebleau. Les nièces [18] sont aujourd’hui parties pour y aller saluer le roi et la reine. On dit que les états de Pologne veulent élire un successeur à leur roi [19] et que l’on songe au prince de Condé, [20] qui a été jusqu’à Amboise [21] au-devant du roi, de qui il a été fort bien reçu. [2]

M. le lieutenant criminel me fit hier grand état d’un passage que je lui ai fourni de l’Apologétique de Tertullien [22] contre la sage-femme : Nobis vero seper homicidio interdicto etiam conceptum utero, dum adhuc sanguis in hominem delibatur, dissolvere non licet. Homicidii festinatio est prohibere nasci, nec refert, natam quis eripiat animam an nascentem disturbet. Homo est et qui est futurus ; etiam fructus hominis iam in semine est[3] Je lui en avais aussi fourni les commentaires. Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 16e de juillet 1660.

M. l’abbé de Gaillac [23] a mis de l’eau à son vin et a reconnu que les plus courtes folies étaient les meilleures. Il a présenté requête ce matin au Parlement et demande la paix, pour laquelle avancer on a aussitôt levé la prise de corps qui avait été ordonnée contre lui. Le roi et la reine seront lundi au Bois de Vincennes. M. le duc d’Anjou [24] sera à Paris, c’est M. de La Mothe Le Vayer, [25] son précepteur, qui m’en vient d’assurer. Je salue Mlle Falconet et M. Spon.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 16 juillet 1660

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(Consulté le 28/03/2024)

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