L. 633.  >
À André Falconet,
le 3 septembre 1660

Monsieur, [a][1]

Noël Falconet [2] étudie sa physiologie et s’y prend bien. J’en aurai le même soin que j’en ai eu pour mes deux fils, je n’en dois pas moins au fils de mon meilleur ami. Il court ici des lettres du cardinal de Retz [3] au roi, à ses grands vicaires et à Messieurs du Clergé, qui ont été jetées la nuit dans les portes de certaines maisons. [1] Il y en a qui croient que ces lettres ne sont qu’un éclair qui précédera le tonnerre et qu’ensuite, M. le cardinal de Retz enverra un interdit à Paris, par lequel il sera défendu à tous les prêtres de célébrer la messe jusqu’à ce que le pape en ait ordonné ; ce qui fera ici bien du bruit, mais les moines, et principalement les jésuites, se mettront du côté des plus forts. On va imprimer trois tomes de sermons in‑8o du feu P. Lingendes, [4] jésuite. [2] Il y a bien du bruit à Paris pour un conseiller de la seconde Chambre des enquêtes nommé M. Le Clerc de Courcelles [5] qui, en colère, a donné un soufflet à un avocat fort honnête homme nommé M. Laurencher, [6] natif de Beaune. Les avocats en veulent une grande réparation, sinon ils menacent de tout quitter ; les procureurs suivront les avocats.

On s’en va rebâtir les grottes et le château neuf de Saint-Germain [7] qui fondent, on dit qu’elles coûteront beaucoup faute d’avoir été réparées en leur temps. [3] Le prince de Condé [8] a gagné un grand procès à la Grand’Chambre contre le duc de Lorraine [9] pour les villes de Clermont, [10] Stenay [11] et Jametz. [4][12] M. Talon, [13] avocat général, a fort parlé contre la Maison de Lorraine [14] et a dit que ces gens-là n’étaient descendus ni de Charlemagne, [15] ni de Godefroy de Bouillon, mais seulement d’un général d’Alsace ; a conclu au profit du prince de Condé qui a été lui-même en remercier M. Talon. M. de Bordeaux, [16] maître des requêtes et chancelier de la reine, ci-devant ambassadeur en Angleterre, est ici fort malade. Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 3e de septembre 1660.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 3 septembre 1660

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(Consulté le 05/10/2024)

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