L. 827.  >
À André Falconet,
le 7 juillet 1665

Monsieur, [a][1]

On parle fort ici du feu qui a pris aux poudres et qui a renversé la citadelle de Pignerol [2] en tuant bien du monde, et a épargné M. Fouquet ; [3] on en parle diversement, pourtant fort en sa faveur. [1][4] On dit que le roi [5] s’en va donner du secours aux Hollandais en vertu de l’accord qu’il a fait avec eux contre les Anglais. J’ai rencontré ce matin M. Rompf, [6] mon bon ami, secrétaire de M. l’ambassadeur d’Hollande, qui m’a dit que sur les côtes de Normandie on avait pêché 2 800 corps de soldats qui avaient été submergés dans leur dernière défaite. [2][7] On dit que les Portugais ont eu de l’avantage sur les Espagnols [3] et que le pape [8] est bien fâché d’avoir perdu depuis peu sa prétendue infaillibilité, [9] tant par l’arrêt de la Cour que par divers décrets de Sorbonne. [10] Le pape et les jésuites, [11] que M. Servien [12] appelait les janissaires de l’évêque de Rome, travaillent à la rétablir, mais ils n’en peuvent venir à bout : Maître Gonin est mort, le monde n’est plus grue[4]

On m’a dit que M. l’archevêque de Lyon [13] veut acheter la bibliothèque [14] de M. Gras [15] et la rendre publique à Lyon. Dieu lui en fasse la grâce comme il fit à saint Charles Borromée [16] à Milan, [5][17] et qu’après sa mort il serait canonisé : voilà ce que je souhaite à monsieur votre prélat ; et en attendant cela, longue et heureuse vie pour lui et pour les siens. Je vous prie de dire à M. Spon [18] que je lui baise les mains et qu’il me semble qu’il faudrait ajouter au dernier tome du Sennertus[19] après les Épîtres médicinales, le petit et gentil livre de Michael Döringius [20] de Medicina et medicis. Je l’ai à son service in‑8o, impression de Giessen, l’an 1611. Ce serait un fort bon Appendix pour grossir ce volume qui sera petit. [6] Je vous baise les mains et suis de tout mon cœur votre, etc.

De Paris, ce 7e de juillet 1665.



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À André Falconet, le 7 juillet 1665

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(Consulté le 20/04/2024)

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