Les Suédois se font ici bien marchander, écoutant les propositions de divers princes. Les principaux sont l’empereur, [2] le roi d’Angleterre [3] et le nôtre ; [4] si bien qu’ils feront comme la fille aux vilains, celui<‑là > l’aura qui donnera le plus. [1] Jusqu’ici plusieurs ont grondé contre la Chambre de justice, [5] disant qu’elle tenait les bourses fermées et qu’elle empêchait le négoce. Aujourd’hui, l’on dit qu’elle s’en va être éteinte parce qu’il se présente un parti de huit hommes qui offrent au roi la somme de 120 millions payables en quatre paiements, et qui se chargent de poursuivre tous les traitants et de les faire payer tout du long, selon qu’ils auront été taxés ci-devant par ordre du Conseil et de six députés qui furent nommés il y a quelque temps. [2] On parle ici d’une grande réformation des abus du Palais, d’en abréger les procédures, et d’un grand retranchement des frais que font les plaideurs. Cela tombera sur plusieurs sortes de gens et entre autres, sur les conseillers clercs de la Grand’Chambre et sur leurs clercs, qui n’ont pas les mains engourdies, et sur les greffiers. Les procureurs s’en sentiront aussi car ce sont eux qui sont en partie cause de la longueur des procès, comme les apothicaires [6] le sont des maladies. Je suis, etc.
De Paris, ce 23e d’octobre 1665.