L. 933.  >
À Charles Spon,
le 22 juin 1668

Monsieur, [a][1]

Nuper ad te scripsi, et iterum scribo [1] pour quelques points suivants. Carolus meus [2] m’a sommé de vous écrire pour vous prier d’une affaire qu’il a de reste avec un avocat de Provence [3] de votre connaissance qui était ici l’an passé. Il lui doit 100 livres et vous prie, si cela ne vous est à charge, de prendre le soin de l’en faire payer. Vous le connaissez et je pense que c’est vous qui < le > lui aviez adressé. [2] M. Julliéron, [4] imprimeur de Lyon, m’a délivré l’Hygiène de M. Gontier ; [5] mais j’apprends que depuis peu l’on a imprimé à Lyon un livre latin in‑fo de Febribus, d’un certain médecin d’Italie ; si vous l’avez vu et qu’il ait votre approbation, je vous prie de m’en envoyer un en blanc, aussi bien que l’Histoire du ministère du cardinal de Mazarin. Je vous en ferai rendre le prix à Lyon ; mais je suis bien en peine de savoir pourquoi M. Anisson [6] n’envoie point à Paris de son livre de notre bon ami M. Hofmann [7] in‑4o. Je vous prie de lui dire et de lui faire mes très humbles recommandations. [3] Il y a ici un gros procès entre le duc Mazarin [8] et sa femme, [9] que son frère, M. de Mancini, duc de Nevers, [10][11] a enlevée et ce dit-on (il est pourtant à Paris ; pour elle, lettres sont venues qu’elle est en Suisse [12] et qu’elle s’en va en Italie y voir sa sœur), [13] emmenée hors du royaume, d’autant qu’elle ne veut jamais retourner avec son mari., [4] Je pense que les affaires de cette famille ne vaudront point mieux que celles des neveux du cardinal de Richelieu ; [14] et que le diable emporte le tout à la fin ! comme il a si bien commencé. Il fait ici fort beau et fort sain, et < il y a > fort peu de malades. On dit que le pape [15] a envoyé au roi [16] un chapeau de cardinal pour le donner à celui qu’il voudra choisir. Plusieurs le destinent à M. l’archevêque de Paris. [17] L’on dit aussi que le roi envoie au pape 6 000 hommes, dont il fera ce qu’il voudra. Il y a grande apparence que c’est pour donner aux Vénitiens, qui les enverront en Candie [18] contre les Turcs. Ainsi soit-il. Vale, et me ama[5] Si M. Anisson eût envoyé des exemplaires de son Hofmann à Paris, il y en aurait bien de vendus. Je m’en étonne et ne sais pourquoi il n’en a pas envoyé à M. du Bray, [19] comme je lui en avais écrit et qu’il m’avait promis. Vale, et me ama.

Tuus ære et libra, G.P.

Parisiis, 22. Iunii, 1668[6]



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Charles Spon, le 22 juin 1668

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(Consulté le 12/12/2024)

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