L. latine 145.  >
À Hieronymus Bauhin,
le 21 octobre 1660

[Ms BIU Santé no 2007, fo 89 vo | LAT | IMG]

Au très distingué M. Hieronymus Bauhin, [1] nouveau professeur d’anatomie et de botanique de l’Université de Bâle.

Très distingué Monsieur, [a][1]

Votre lettre m’a enfin été remise. Sa lecture m’a profondément réjoui en m’apprenant que vous avez été nommé professeur public d’anatomie et de botanique. Cela rend justice à vos mérites personnels, et comble à la fois mon attente et celle des honnêtes gens. J’ai ressenti comme un comble de réjouissance en y voyant que vous cumulez maintenant deux professorats publics, et que des liens très serrés d’affection et de bienveillance m’attachent à vous. Nous voici tous deux enchaînés, vous en Germanie et moi en France, par la tâche strictement identique d’enseigner la jeunesse. Il va sans dire pour moi que vous avez fort à cœur de remplir soigneusement cette charge que nous avons tous deux reçue ; comme plusieurs choses nous y invitent et nous y forcent presque, chacun de notre côté. Tant d’exemples familiaux vous incitent à vous consacrer diligemment à votre devoir, car tant d’aveuglantes lumières de la médecine, vos arrière-grand-père, [2] grand-oncle [3] et grand-père, [4] et votre père, que j’honore au plus haut point, [5] ont brandi la torche éblouissante de la science à la face du monde entier depuis déjà tant d’années, comment vous, qui êtes le très digne descendant de tant de héros, ne brilleriez-vous pas par votre vertu pour favoriser l’essor de la doctrine ? [2] [Ms BIU Santé no 2007, fo 90 ro | LAT | IMG] Pour ainsi bien présager de vous, je ne suis pas conduit par une opinion ou des conjectures légères, mais par ce désir, qui m’est déjà apparu depuis longtemps en vous, de nourrir et d’augmenter la gloire familiale qui n’a pas souffert, et ne souffrira pas que vous ne vous ménagiez jamais aucune peine, jusqu’à ce que vous ayez surpassé et l’estime de tous les savants, et leur espérance en vous, si grande qu’elle puisse être. Vale et aimez en retour celui qui vous aime tant,

Guy Patin.

Ad Dom. Henr. Bauhinum, Medicinæ Doctorem eximium, et in Acad. Basil. rei Anat. et Bot. Profess. nuper electum,

Epigramma

Iam Tibi majorum clarissimus ordo sequendus,
Orbita et his primùm trita tenenda Tibi est.

Ne dubita stantem ante fores admittere famam,
Debita vel studijs præmia ferre tuis.

Quin fructus nunc ede tui, Bauhine, laboris,
Et clausas docto pectore profer opes.

Post Te victuræ, per Te quoque vivere chartæ
Incipiant, nomen sparge et in orbe tuum.

Lutetiæ Parisiorum viro cl. et amico suo vovebat ex animo Guido Patin, Med. D. et Prof. R.
die Iovis, 21. Oct. 1660.
 [3]

Je salue votre très distingué père et vous prie de bien vouloir vous souvenir des thèses médicales de votre Université que vous m’avez naguère promises. [6] Vous en enverrez le paquet à Lyon chez mon ami, M. Spon, docteur en médecine à Lyon, pour faire tenir à M. Patin, docteur en médecine à Paris[7]



Correspondance complète de Guy Patin et autres écrits, édités par Loïc Capron. – Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2018. – À Hieronymus Bauhin, le 21 octobre 1660

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(Consulté le 19/04/2024)

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